intellectuel engagé
•Ancien élève de Normale sup, enseignant à la Sorbonne puis à l'Ecole pratique des hautes études, consacré par le
Collège de France en 1981, P. Bourdieu, pourtant, n'avait pas que des amis. Depuis une dizaine d'années, ses positions
d'« intellectuel engagé » auprès des chômeurs et des grévistes (en 1995) ou des leaders de l'antimondialisation, ne
laissaient pas d'excéder une partie de la communauté intellectuelle. Beaucoup lui reprochaient d'être passé du statut de
sociologue à celui de « prophète dominateur ». Ce à quoi il répondait que la sociologie devait fournir les outils pour
comprendre le monde et agir sur lui, s'opposant à ces savants qui « se croient doublement savants parce qu'ils ne
font rien de leur science » (Le Monde diplomatique ).
•Pour lui, donc, la sociologie était « un sport de combat » , selon le titre du film de Pierre Carles : « Il faut, pour être
un vrai savant engagé, légitimement engagé, engager un savoir. Et ce savoir ne s'acquiert que dans le travail
savant, soumis aux règles de la communauté savante », affirmait-il.
•A l'aide de quelques concepts-clés - les champs, le capital culturel, le pouvoir symbolique, l' habitus - Bourdieu
veut dévoiler les mécanismes de domination qui s'exercent entre les individus dans les différentes sphères (qu'il
nomme les champs) du macrocosme social.
•L'école, par exemple, pénalise les enfants de milieux populaires en véhiculant une culture qui s'acquiert naturellement,
dans les milieux cultivés.
•Le capital culturel, par ailleurs, induit une hiérarchie des pratiques culturelles, régies par les critères de « la
distinction » : les cadres supérieurs jouent au golf, les ouvriers au football ; les milieux populaires aiment l'accordéon,
les classes moyennes, le jazz... Notre culture, nos goûts, nos manières d'être, de faire, de penser, constituent nos
habitus , qui orientent nos comportements sociaux. Il découle de cette analyse que les dominants exercent sur les
dominés une violence symbolique « douce et masquée », qui peut prendre par exemple l'allure d'un discours d'autorité
condescendant du maître envers ses élèves.