Le rejet de la loi de Say

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L’économie selon Keynes
• La théorie keynésienne ne peut se comprendre
qu’en opposition à la théorie classique –
néoclassique.
• Le projet de Keynes est de faire la
démonstration qu’il peut exister du chômage
involontaire…
• … Sans pour autant imputer cette possibilité à
une quelconque défaillance des marchés (des
rigidités de prix ou de salaire).
Le choix « rhétorique » de Keynes
• Pour mener sa démonstration, Keynes cherche
à se situer « au plus près » de la théorie
néoclassique.
• C’est la condition pour être compris, et pour
qu’on puisse clairement identifier le point de
rupture.
• Cependant, le « petit écart » qu’il va introduire
avec la pensée classique va emporter
d’énormes conséquences sur le plan de la
compréhension du fonctionnement d’ensemble
d’une économie capitaliste moderne.
Petit écart… grands effets
• On peut dire que le « petit écart » que Keynes
va faire avec la doctrine classique aboutit à une
conception de l’économie dans laquelle la
logique du marché, au plan macroéconomique,
se trouve dominée par une logique du circuit.
• Ou: une vision dans laquelle le caractère
capitaliste de l’économie, domine la coordination
par le marché.
• Une vision dans laquelle le caractère
involontaire du chômage devient pensable.
Le fondement de l’opposition de
Keynes aux classiques
• Le fondement de l’opposition de Keynes aux
classiques réside dans le caractère monétaire
de l’économie (le fait que les revenus soient
payés en argent).
• La monnaie est un dispositif de dé-coordination:
elle permet aux agents d’entreprendre des
actions sans être coordonnés a priori.
• Cette propriété de la monnaie conduit à rejeter
l’idée qu’il existe un marché des fonds prêtables.
L’exclusion du marché des
fonds prêtables
La volonté d’investir ne « compensant »
pas automatiquement la volonté
d’épargner… le marché des biens et
services va s’équilibrer de manière
« dramatique »… ouvrant à la possibilité
du chômage involontaire.
Le rejet de la loi de Say
• Le point critique de la rupture introduite par
Keynes peut finalement être identifié dans son
rejet de la loi de Say (conséquence de
l’exclusion du marché des fonds prêtables)
• Au niveau macroéconomique, l’offre ne crée pas
sa propre demande… sauf pour un seul niveau
envisageable de l’offre (et ce niveau ne réalise
pas forcément le plein-emploi).
Le rejet de la loi de Say
w
~
P
Pour illustrer:
~
P 1,10
W=1
L*= 900
Q* = 1000
w/P~
*
L
L*
Le circuit économique: l’absence
du marché des fonds prêtable
banques
Sm = 250
b  1300
I = 200
C = 850
entreprises
ménages
~
P Q*  1100
PQ* = 1050
Π = 150
Se = –50
~
  200
D = 1050
Sm = 250
~
Se  0
~
wL*    900  200
Rm = 1100
Si il existait un marché
des fonds prêtables…
Sm = 220
banques
r
b  1100
I = 220
C = 880
entreprises
ménages
~
P Q*  1100
PQ* = 1100
Π = 200
Se = 0
~
  200
D = 1100
Sm = 220
~
Se  0
~
wL*    900  200
Rm = 1100
Mais le marché des fonds
prêtables n’existe pas (1)
Les revenus des ménages étant monétaires, les
ménages n’ont pas « besoin » d’attendre
l’hypothétique « ouverture » (et encore moins
« clôture ») d’un marché des fonds prêtables
pour effectuer leurs dépenses de consommation,
ni pour renoncer à consommer une partie de
leurs revenus (épargner).
Ils peuvent effectuer ces actions sans s’être
coordonnés avec le désir d’investir des
entreprises.
Mais le marché des fonds
prêtables n’existe pas (2)
Le souhait de consommer des ménages
se trouve d’emblée exaucé par leur
dépense effective d’une partie de leur
revenu.
Leur souhait d’épargner se trouve
également d’emblée exaucé sous la forme,
provisoirement, d’une somme d’argent non
dépensée.
L’égalité de l’épargne et de
l’investissement
L’absence d’un marché des fonds prêtables n’empêche
pas ce résultat remarquable: au total (au niveau
macroéconomique) l’épargne réalisée est bien égale à
l’investissement réalisé:
Se  Sm  I
Mais une partie de l’épargne est involontaire: les
entreprises n’ont pas réalisé leurs souhaits d’épargne.
~
Se  50 alors que : Se  0
Le « marché » des fonds
prêtables intervient trop tard
Si marché des « fonds prêtables » il y avait, il ouvrirait trop
tard : une fois réalisées les dépenses de consommation et
d’investissement, et une fois constatée l’épargne (pour
l’instant monétaire) des ménages… et le manque à gagner
des entreprises.
Ce marché confronterait le besoin de financement des
entreprises et la capacité de financement des ménages.
~
e  PQ*  (wL*)  I  250
m  Rm  C  Sm  250
Le marché des fonds prêtable
serait toujours équilibré…
Intervenant trop tard, le marché des fonds
prêtables serait toujours « équilibré ».
Ce ne serait donc pas un marché. Nous
n’avons besoin d’aucun prix (le taux d’intérêt)
pour ajuster la volonté d’emprunter de
l’argent d’un côté, et la volonté de prêter de
l’argent, de l’autre… puisque ces deux
quantités (besoin de financement et offre de
financement) sont nécessairement égales.
Le rejet de la loi de Say (suite…)
La dépense totale sur le marché des biens et services
n’est pas nécessairement égale (en valeur) au prix de
l’offre globale.
La raison fondamentale est que l’épargne n’engendre pas
automatiquement une dépense d’investissement
équivalente.
Si la volonté d’épargner des ménages et les « souhaits »
d’épargner des entreprises sont supérieurs à
l’investissement… les ménages arriveront tout de même à
épargner « à volonté », et les entreprises subiront un
manque à gagner… donnant la mesure du problème de
débouchés
Le rejet de la loi de Say (fin)
Dernière chance d’ y comprendre quelque chose : l’épargne
des ménages crée un « trou dans la caisse » des entreprises,
en empêchant une partie des revenus versés par les
entreprises de refluer vers elles par la dépense.
Si ce « trou » n’est pas compensé entièrement par la dépense
d’investissement, la dépense totale ne couvrira pas les
revenus versés par les entrepreneurs (en contrepartie de la
valeur espérée de la production). Mettant en échec de la loi de
Say…
L’épargne souhaitée en excès de la dépense d’investissement
crée un besoin de financement supplémentaire équivalent.
L’excès d’épargne (souhaitée) finance le déficit (involontaire)
qu’il a engendré
Correction des décisions des
entreprises
w
~
P
Pour illustrer:
~
P1  1,05
W=1
L1= 865
w/P~
Q1= 952,4
1
w/P~
*
L
L1
L*
Convergence vers l’équilibre
banques
Sm = 227
 b  1200
I = 200
C = 773
entreprises
ménages
~
P1Q1  1000
PQ = 973
Π = 108
Se = –27
D = 973
Sm = 227
~
  135
~
Se  0
~
wL1    865  135
Rm = 1000
Nouvelle correction des
décisions des entreprises…
w
~
P
Pour illustrer:
~
P2  1,021
W=1
w/P~ 
w/P~
2
L1= 830
1
Q1= 920
w/P~
*
L
L2 L1
L*
Jusqu’où va s’effectuer la
correction ?
L’emploi et la production vont continuer de
baisser tant qu’une partie de la production ne
pourra être vendue au prix anticipé.
Les décisions des entrepreneurs cesseront
donc de se modifier quand:
~
PQ  CI
Peut-on essayer de « déduire »
quel est ce niveau (PQ) ?
On sait que les ménages dépensent en consommation
une partie fixe (c) de leurs revenus en consommation
C  c.Rm
Or, on a supposé que les entreprises versaient comme
revenus aux ménages la totalité de la valeur anticipée
du produit:
~
Rm  P Q
Peut-on essayer de « déduire »
quel est ce niveau (suite…) ?
On peut donc exprimer le montant de la consommation
comme une fraction du produit anticipé:
~
C  c.P Q
Pour reprendre le fil… Les entrepreneurs arrêteront
donc de modifier leurs décisions lorsque:
~
~
PQ  c.PQ  I
Peut-on essayer de « déduire »
quel est ce niveau (fin) ?
Un tout petit peu d’arithmétique permet d’en
déduire PQ:
~
~
PQ  c.PQ  I
~
(1c).P Q  I


~
~
PQ  c.PQ  I

~
I
PQ 
(1c)
L’équilibre de la demande
effective
Le niveau de la production Q (et de l’emploi) qui
trouve son débouché au niveau de prix P qui avait
justifié la mise en œuvre de Q est donc tel que:
I
PQ 
(1c)
Avec:
P  Cmarg.(Q)
Ce niveau de production ou d’emploi s’appelle
l’équilibre de la demande effective
Dans notre exemple…
c  0,773 et I  200
PQ  881
Ce qui pourrait correspondre (cela dépend
de la forme de la demande de travail) à:
P  1 ; Q  881; L  820
L’équilibre de la demande
effective
banques
Sm = 200
b  1081
I = 200
C = 681
entreprises
ménages
~
P Q  881
PQ = 881
Π = 61
Se = 0
D = 881
Sm = 200
~
  61
~
Se  0
~
wL    820  61
Rm = 881
La situation sur le
« marché du travail »
w
~
P
Pour illustrer:
P 1
W=1
w/ P  1
L= 830
Q= 920
L
L=830
L*
Le principe de la
demande effective (1)
Le principe de la demande effective remplace
chez Keynes la loi de Say des classiques.
Il n’y a qu’un seul niveau de la production (et
de l’emploi) qui « crée » son propre débouché.
Ce niveau de production et d’emploi ne
correspond pas forcément au plein emploi.
Le principe de la
demande effective (2)
Pour le formuler de manière exacte (et forcément un peu lourde):
Il n’y a qu’un seul niveau de production,
jugé optimal du point de vue des
entrepreneurs (correspondant à une
quantité de travail embauchée sur leur
courbe de demande de travail) qui pourra
être vendu à un prix validant l’anticipation
de salaire réel initial… laquelle avait
présidé à cette décision optimale (ouf !..)
Le principe de la
demande effective (3)
Si la demande effective est insuffisante pour assurer
le plein-emploi, le salaire réel se trouvera supérieur
au niveau d’équilibre « théorique » du marché du
travail.
On peut dire (mais attention à ce qu’on dit !) que
comme chez les classiques, quand il y a du
chômage, le salaire réel est « trop » élevé…
Mais le salaire réel « trop » élevé n’est pas la cause
du chômage. Il en est le corollaire.
Le principe de la
demande effective (4)
C’est l’insuffisance de la demande effective qui
génère un salaire réel « trop » élevé.
On peut dire que chez Keynes, le salaire réel
est déterminé par le marché des biens et
services, et non sur le marché du travail.
C’est pourquoi les « solutions » aux problèmes
d’emploi et de chômage ne se trouvent pas sur
le marché du travail.
Une autre représentation du principe
de la demande effective…
w
~
P
(w/ P)K*
Contrainte de
demande effective
(w/P)C*
L
LK*
LC*
Les deux modalités
d’ajustement de I et S
Dans la période courante, I = S parce que l’épargne des
entreprises s’ajuste de manière involontaire aux
décisions d’épargne et d’investissement des autres
agents:
Se  I  Sm
A l’équilibre cette égalité est toujours vérifiée, mais
l’épargne des entreprises ne comporte plus de
composante involontaire… puisque tout le processus
d’ajustement mis en œuvre par les entreprises consiste
justement à trouver le niveau de production qui validera
leurs paris (y compris donc leurs anticipations de profit et
d’épargne)
Le rendement escompté d’un
projet d’investissement
PI 
1
1
2
2 ...
(1e) (1e)
i
i 
(nVR)
(1e) (1e)
n
Calculer le rendement escompté d’un projet d’investissement
(d’un montant PI) c’est calculer le facteur d’escompte (e) qui
rend égaux la série des profits attendus et le coût du projet (PI).
Cela revient à considérer l’investissement comme un placement,
et à calculer le « taux d’intérêt implicite » que rapporte ses
revenus futurs. Mais à la différence d’un vrai taux d’intérêt, le
rendement calculé (e) est très incertain…
La courbe de l’efficacité
marginale de l’investissement
e
I
La décision d’investir (1)
e, r
r1
r2
I
I1
I2
La décision d’investir (2)… avec
des anticipations plus optimistes
e, r
r1
r2
I
I1
I2
L’incitation à investir
L’incitation à investir peut s’exprimer comme une
fonction du taux d’intérêt (r) et des anticipations
à long terme concernant la série des profits
~ )
futurs attendus de l’investissement ( 
L.T.
~
I  I (r,  L.T.)
L’équilibre de la demande
effective (complété)
Lorsqu’on met la théorie keynésienne en « modèle »,
on « oublie » souvent que l’incitation à investir dépend
des anticipations à long terme (ou on considère ces
dernières comme données). Le principe de la demande
effective peut être réécrit :
I(r)
PQ 
(1c)
La théorie du taux d’intérêt
La théorie du taux d’intérêt répond à deux
questions :
– Qu’est-ce que le taux d’intérêt ?
– Comment se détermine le niveau du taux
d’intérêt ?
Qu’est-ce que le taux d’intérêt ?
C’est « le prix » qu’il faut offrir aux
détenteurs de liquidités pour qu’ils veuillent
bien prêter ces liquidités… C’est-à-dire
pour qu’il veuillent bien détenir une partie
de leur richesse (leur patrimoine) sous
forme « illiquide » (des prêts).
Autrement dit encore : c’est « le prix » du
renoncement aux avantages de la liquidité.
Les motifs de détention de la
monnaie
• Le motif de transaction et le motif de
précaution (fonction de PQ)
• La préférence pour la liquidité ou le motif
de spéculation (fonction de i)
La préférence pour la liquidité
• La liquidité est une qualité des actifs
financiers.
• La liquidité d’un actif financier particulier
se « juge » relativement à l’actif liquide
« idéal »: la monnaie.
• La monnaie représente la liquidité parfaite:
– Utilisable immédiatement et sans coût dans
les paiements
– Absence de risque de perte en capital
La demande de monnaie
(de liquidité)
Consommation
Revenus des
agents
Transactions
Épargne
courante
Monnaie
i
Patrimoine
Titres
obligations
Offre et demande de liquidité
i
Mo = MM
Md = M(i, PQ)
M
Le modèle keynésien simplifié
Demande de
monnaie
Offre de
monnaie
Taux d’intérêt
Investissement
Consommation
Niveau de l’activité
économique
Emploi, salaire réel et profit
Revenus des
ménages
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