24 janvier 2006 PREVENTION ET QUALITE DE VIE SEXUELLE Projet Pilote de mise en place d’un programme d’information et d’accompagnement sur la prévention en direction des personnes séropositives au VIH dans deux services de soin à Paris : Hôpital Européen Georges Pompidou et Hôpital Saint Antoine Résultats action 1er janvier 2004 au 5 octobre 2005 conduit par Counseling, Santé et Développement (CSD) en partenariat avec Comment Dire sous la direction scientifique de Catherine Tourette-Turgis, MCU Projet 2004-2006 Y-a-il un problème ? Dans l’enquête Vespa, 35 à 44% des personnes séropositives en traitement déclarent avoir des troubles de la sexualité. Sur les 60% des personnes séropositives ayant des relations sexuelles avec un partenaire stable, 32 à 45% disent avoir eu des ruptures dans leur prévention. (Lert F, et al., Enquête Vespa, 2004). Une étude conduite à Londres auprès de 78 hommes gays montre que 69% d’entre eux déclarent avoir un ou plusieurs troubles sexuels. 38% d’entre eux souffrent de troubles érectiles, 41% déclarent une perte d’intérêt sexuel. 90% des hommes ayant des troubles érectiles déclarent que ce type de trouble sexuel affecte leur usage du préservatif (Cove J, 2004) COMMENT DIRE, 2006 2 Une étude européenne auprès de 166 femmes montre chez 25% des femmes des troubles de la fonction sexuelle. Ces troubles sont liés à l’impact de la séropositivité et aux facteurs psychologiques qui en découlent (Florence E. , 2004) Une étude anglaise auprès de 21 femmes séropositives démontre l’impact négatif de la séropositivité : sur la qualité de leur vie sexuelle (baisse de libido, réduction du plaisir sexuel difficultés à trouver des partenaires sur la prévention (difficultés à négocier l’usage du préservatif, peur du rejet si elles informent leurs partenaires de leur statut sérologique). Cette étude définit les stratégies compensatrices utilisées : usage de drogue pour endormir les besoins sexuels, choix des partenaires occasionnels pour pratiquer le safer sex sans avoir à s’exprimer sur leur séropositivité (Keegan, 2005). COMMENT DIRE, 2006 3 Nos observations Auto-questionnaire Vie sexuelle et prévention Années de découverte Année de découverte de la séropositivité : répartition des répondantEs par sexe (N=32) 1985 et moins 1986-1990 1991-1994 1995-1999 2000 - 2002 2003-2004 2005 Hommes (N=26) Femmes (N=6) 0 2 4 6 8 10 12 Nb de répondantEs COMMENT DIRE, 2006 4 Situation thérapeutique des répondantEs (N=32) Nos observations Sans traitement 16% Auto-questionnaire Vie sexuelle et prévention (N=32) En traitement 84% Déclaration de difficultés d'érection (hom m e), de douleurs lors des rapports sexuels (fem m e) (N=32) 4 Femmes (N=6) 2 Non Oui 6 Hommes (N=26) 20 0 5 10 15 20 25 Nb de répondantEs COMMENT DIRE, 2006 5 Situation thérapeutique des répondantEs (N=32) Nos observations Sans traitement 16% Auto-questionnaire Vie sexuelle et prévention (N=32) En traitement 84% Nb de répondantEs Niveau de charge virale (N=32) 15 13 12 10 6 5 1 0 0 0 0 0 Détectable Indetectable Hommes (N=26) Je ne sais pas Sans réponse Femmes (N=6) COMMENT DIRE, 2006 6 Déclaration d'une perte de libido (désir sexuel) (N=32) 0 non documenté 2 Femmes (N=6) 3 Non 10 Hommes (N=26) 3 Oui 0 2 4 14 6 8 10 12 14 16 Nb de répondantEs Déclaration d'une perte de plaisir (N=32) 1 Femmes (N=6) 5 Non Oui 12 Hommes (N=26) 14 0 5 10 15 Nb de répondantEs COMMENT DIRE, 2006 7 Nb de répondantEs Répartition par sexe des répondantEs selon qu'ils/elles ont ou non un(e) partenaire principal(e) (N=32) 25 20 15 10 5 0 4 16 A un partenaire principal(e) Femmes (N=6) 2 Hommes (N=26) 10 N'a pas de partenaire principal(e) Durée de la relation avec le ou la partenaire principal(e) (N=20) moins d'1 mois 0% 1 à 6 mois 6% 6 à 12 mois 13% plus de 12 mois 81% COMMENT DIRE, 2006 8 Statut sérologique Statut sérologique du ou de la partenaire principal(e) des répondantEs (N=20) je ne sais pas inconnu Femmes (N=4) Hommes (N=16) séronégatif au VIH séropositif au VIH 0 2 4 6 8 10 Nb de répondantEs COMMENT DIRE, 2006 9 Réponse prévue – SAT& HEGP Dispositif réalisé – SAT& HEGP Dans chaque service : A Saint Antoine Une consultation « Sexualité et prévention » Une consultation d’information et de soutien en prévention (10 mois) *hebdomadaire (12 h à 15 h /mois) Et Une Consultation de sexologie (10 mois) *2 fois par mois (6h/mois) *1 médecin du service (hebdomadaire / 10 mois) *1 Sexologue N=90 (bi-mensuelle / 12 mois) N=105 A l’HEGP Une consultation d’information et de soutien en prévention des IST *1 médecin du service (hebdomadaire / 10 mois) Une Consultation de sexologie •1 Sexologue •(bi-mensuelle / 12 mois) COMMENT DIRE, 2006 10 Réponse prévue – SAT& HEGP Dispositif réalisé – SAT& HEGP 6 ateliers (38 h) / 72 patient(e)s 6 ateliers (75 h) / 73 patient(e)s *2 Ateliers Estime de Soi 8 h / atelier réparties en 3 modules N=72 *4 Ateliers Estime de Soi (66 h) 15 h / atelier réparties en 5 modules *2 Ateliers Techniques de négociation 8 h / atelier réparties en 3 modules *1 Atelier Techniques de négociation 9 h (3h x 3 modules) *2 Ateliers Préservatifs 3h / atelier + 1 Atelier Estime de Soi (février 06) 15 h / atelier réparties en 5 modules Formation et Supervision (90 h) Formation / Supervision (64 h) Création d’outils Création d’outils Guides d’entretien Outils de suivi Outil diagnostique N=58 N=15 Guides d’entretien Outils de suivi et d’évaluation Outil diagnostique COMMENT DIRE, 2006 11 De quoi ça parle? Thèmes transversaux du dispositif : le stress engendré par la séropositivité dans les relations affectives et sexuelles, les modalités concrètes et contextuelles de rencontre affectives et sexuelles, l’usage de drogue, d’alcool, de drogues récréatives, les modalités de communication sur la séropositivité, le vécu des effets secondaires en lien avec la sexualité, l’image de soi le vécu de la prise de risque, les informations sur les IST, leurs modalités de transmission. COMMENT DIRE, 2006 12 Qui sont elles ? Qui sont ils ? Nombre de patient(e)s Répartition par hôpital de prise en charge des patient(e)s inclus dans la plateform e (N=163) 120 100 80 60 40 58 Consultations (N=105) 47 Ateliers (N=58) 36 18 20 0 4 0 Saint Antoine (N=94) HEGP (N=65) Autres hôpitaux (N=4) COMMENT DIRE, 2006 13 Leur âge… Répartition par sexe et par âge des patient(e)s inclus dans les consultations des deux services (N=105) non documenté plus de 65 ans 61-65 ans 56-60 ans 51-55 ans 46-50 ans 41-45 ans 36-40 ans 31-35 ans 26-30 ans 21-25 ans Femmes (N=22) Hommes (N=83) 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 Nombre de patient(e)s COMMENT DIRE, 2006 14 Nb patients inclus (N=58 dont H=48 et F=10) La consultation de St Antoine 72,41% (42) 18,97% (11) Mode accès consultation (N=58) 8,62% (5) 20,69% 1,72% 8,62% 58,62% 3,45% 6,90% COMMENT DIRE, 2006 15 Résultats consultation Sexualité et prévention N= 36 dont H=30 et F=6 Age moyen patient Orientation sexuelle Homme : 48 ans [34 à 65] Femmes : 47 ans [37 à 67] Situation familiale Lieu de naissance COMMENT DIRE, 2006 16 Les ateliers Un lieu d’échanges entre pairs Répartition par atelier et par sexe des patientes ayant participé aux ateliers (N=53) Négociation Estime de Soi N°4 Hommes (N=37) Estime de Soi N°3 Femmes (N=16) Estime de Soi N°2 Estime de Soi N°1 0 2 4 6 8 10 12 14 Nombre de patientEs 2 COMMENT DIRE, 2006 17 Les ateliers Estime de Soi Un lieu d’échanges entre pairs La séropositivité et la maladie endommagent l’estime de soi et, en retour, elles sont à l’origine de difficultés relationnelles, affectives et sexuelles qui représentent un obstacle à la prévention. 2 COMMENT DIRE, 2006 18 ATELIERS ESTIME DE SOI Les attentes et motivations des participant(e)s C.Tourette-Turgis Sortir de la solitude et de l’isolement, se re-construire, refaire des projets, améliorer sa confiance en soi, oser être aimé(e) à nouveau, terminer les deuils, se relancer, savoir communiquer, faire son coming out, parler de sa séropositivité avec d’autres personnes séropositives, se re-positionner dans sa vie affective et sexuelle, se reprendre en main. COMMENT DIRE, 2006 19 Ateliers Estime de soi Répartition des participantEs aux ateliers Estim e de Soi par nom bre de séances suivies (N=46) + de 3 séances 28% 1 séance 11% 2 séances 17% 1 séance N= 5 2 séances N= 7 3 séances N= 18 plus de 3 N= 16 3 séances 44% 2 82% ont suivi au moins 3 séances COMMENT DIRE, 2006 20 Ateliers Estime de soi EVALUATION PAR LES PARTICIPANT(E)S N=30 Répartition des répondantEs par mode de connaissance de l'existence de l'atelier (N=30) Autre patient 1 Soignants 1 Assistante sociale 1 Psychologue 1 Intervenante de l'atelier Livret (St Antoine) Kiosque Info Sida 2 2 3 9 Affiches 10 Médecin Nombre de répondantEs COMMENT DIRE, 2006 21 Ateliers Estime de soi EVALUATION PAR LES PARTICIPANT(E)S N=30 Réponses des répondantEs à la question : Cet atelier vous a-t-il permis de vous exprimer pour la première fois sur le vécu de votre séropositivité ? (N=30) Tout à fait (N=12) Plutôt (N=7) 7% 7% Plutôt pas (N=2) 39% 17% Pas du tout (N=5) Je ne sais pas (N=2) Non documenté (N=2) 7% 23% 62% des répondantEs s'exprimaient pour la 1ère fois sur le vécu de leur séropositivité COMMENT DIRE, 2006 22 Ateliers Estime de soi EVALUATION PAR LES PARTICIPANT(E)S N=30 Réponses des répondantEs à la question : L'atelier vous a-t-il permis de vous sentir plus à l'aise entre les séances dans votre présentation aux autres ? (N=30) 0% Plutôt pas 3% NSP 7% Non documenté 3% Tout à fait (N=13) Plutôt (N=13) Tout à fait 44% Plutôt pas (N=1) Pas du tout (N=0) Je ne sais pas (N=2) Plutôt 43% Non documenté (N=1) 87% des répondantEs se sentent plus à l'aise dans leur présentation aux autres COMMENT DIRE, 2006 23 Moyenne du niveau d'estime de soi avant et après l'atelier auto-attribué par les répondantEs à l'issue de la séance 3 (N=24) Ateliers Estime de soi EVALUATION PAR LES PARTICIPANT(E)S N=30 5,83 Femmes (N=6) 3,56 Moyenne post-atelier Moyenne pré-atelier 6,33 Hommes (N=18) 3,50 0 1 2 3 4 5 6 7 8 Niveau auto-attribué (de 0 à 10) 9 10 Taux de satisfaction des répondantEs par rapport à l'atelier Estime de Soi (N=30) Plutôt satisfait(e) 40% Très satisfait(e) 60% 100 % des répondantEs sont satisfaitEs COMMENT DIRE, 2006 24 ATELIERS ESTIME DE SOI Observations C.Tourette-Turgis Les participants prennent conscience de l’impact imaginaire de l’infection à VIH dans leurs relations affectives et sexuelles. Une présentation de soi différente (mobiliser leurs capacités de résilience). Une mobilisation du potentiel affectif en lâchant prise sur les colères et les peurs ayant trait à la séropositivité, la maladie, la sexualité. La création de normes collectives en prévention grâce aux discussions et aux échanges avec les pairs. Le soutien des pairs pour résoudre certaines difficultés en prévention (incidents et ruptures de prévention). COMMENT DIRE, 2006 25 CONSULTATION DE SEXOLOGIE Dr T. Troussier Les plaintes les plus fréquentes pour les hommes à l’origine de la consultation (d’après la classification de P. Brenot AHIUS 2004) Troubles de l’excitation sexuelle = Dysfonction érectile secondaire : – DE circonstancielle/préservatif – DE sélective/partenaire/séroconcordant ou sérodifférent – DE permanente/annonce du VIH Trouble du désir sexuel : d’origine psychique, en fonction des représentations du VIH, du lien, de l’autre Trouble du plaisir et de l ’orgasme : manifestation d’un grand état de tension / peur de transmettre / VIH / rejet = Trouble de l’éjaculation précoce ou retardée COMMENT DIRE, 2006 26 CONSULTATION DE SEXOLOGIE Dr T. Troussier Les plaintes les plus fréquentes pour les femmes à l’origine de la consultation (d’après la classification de Basson R J. sex. Med. 2004) Les troubles du désir sexuel absent ou diminué – peur de transmettre le VIH – sentiments de colère / acte sexuel / rejet de l’homme sexuel Les troubles de l’excitation sexuelle : absence ou diminution – subjective / colère / VIH – génitale / absence de lubrification/ traitement, préservatif – mixte Les troubles de l’orgasme – blocage par rapport au Sida, rejet, punition, mort Les troubles sexuels douloureux – dyspareunie – vaginisme avec évitement phobique / VIH Les troubles de l’aversion sexuelle – anxiété extrême – dégoût : corps et sécrétions / VIH COMMENT DIRE, 2006 27 CONSULTATION DE SEXOLOGIE Dr T. Troussier Les conséquences de ces plaintes Arrêt des rapports sexuels par peur de la transmission VIH Des rapports sexuels insatisfaisants à cause du besoin continu de 8,62% contrôle et d’usage des préservatifs Des prises de risque dans les rapports sexuels à cause des troubles de l’érection et de la perte de l’illusion fusionnelle. Des rapports sexuels avec des partenaires multiples pour éviter l’amour, l’attachement et la révélation de sa séropositivité Perte de la congruence sexuelle à cause du VIH (inversion des fantasmes, des orientations et des pratiques sexuelles Rupture ou dysfonctionnement de couple à cause du poids trop lourd du VIH dans le couple COMMENT DIRE, 2006 28 ENQUETE PATIENTS Quel bénéfice pour le patient ? Consultation Saint Antoine N=30 Changements perçus Acquisition de connaissances 100% 100% 60% Négatif 53% 60% 13% 43% 23% 0% 0% sexualité prévention Sexualité Vie Affective 80% Aucun Positif 10% Prévention 60 % ont une meilleure compréhension de leur sexualité 43 % constatent une amélioration dans leur vie sexuelle ENQUETE PATIENTS Les conclusions de l’enquête Consultation Sexualité et Prévention N=30 80 % des patients satisfaits Près de la moitié des patients ont constaté un changement positif dans leur vie sexuelle Néanmoins, la satisfaction n’est pas liée aux résultats effectifs mais plutôt à la verbalisation des problèmes liés à la sexualité et à la vie affective. Leçons apprises Il n’y a pas de demande directe en prévention mais il y a des difficultés qui s’expriment facilement si le cadre est facilitant La prévention nécessite des approches indirectes comportant un bénéfice patient perçu (qualité de la vie affective et sexuelle, estime de soi) Les personnes séropositives ont des difficultés mais aussi des besoins spécifiques en prévention (soutien, estime de soi, informations) La prévention nécessite un soutien car la séropositivité, mais aussi la prévention de la transmission sexuelle, sont causes de troubles affectifs et sexuels La prévention peut être implantée dans les lieux de soin VIH COMMENT DIRE, 2006 31 Conclusions -1- L’infection à VIH est une infection transmissible par voie sexuelle . Cela nécessite donc pour les personnes séropositives le développement de stratégies de prévention adaptées .Or il y a des problèmes sexuels qui bloquent la prévention et la prévention génère des problèmes sexuels COMMENT DIRE, 2006 32 Conclusions -2- La séropositivité n’est pas seulement une condition médicale, c’est aussi une condition sociale soumise à un haut degré de stigmatisation vécue et/ou perçue. La stigmatisation a un impact négatif sur la qualité de vie affective et sexuelle et donc elle a une influence sur les attitudes ,les intentions et les comportements de prévention . COMMENT DIRE, 2006 33 Conclusions -3- Les interventions en prévention doivent intégrer toutes les composantes de la qualité de vie affective et sexuelle en lien avec la séropositivité Les approches de la prévention par la qualité de vie affective et sexuelle présentent un haut degré d’acceptabilité auprès des personnes séropositives COMMENT DIRE, 2006 34 COMMENT DIRE, 2006 35