Anthropologie de la prise en charge de la coinfection TB/VIH au Cameroun : institutions, professionnels, malades et associations J. Mballa (1), A. Socpa (2), C. Kuaban (3), L. Vidal (4) pour le projet ANRS 12155 (« Les prises en charge croisées du VIH et de la tuberculose au Cameroun et au Sénégal : processus historique et contraintes sociales ») (1) ANRS/Université de Provence (2) CASSRT-Yaoundé 1 (3) Faculté de Médecine-Yaoundé (4) : IRD (UMR SE4S) - FPAE Contexte et objectif Sachant que l’intégration des luttes contre la TB et le VIH est encouragée, comment est gérée la coinfection au plan institutionnel, dans les structures de santé et au sein de la société civile ? Donc : les particularités des 2 programmes les exigences de la prise en charge de chacune des 2 maladies les expériences des professionnels et les logiques des associations permettent-elles le « croisement » des approches de la TB et du VIH, et donc une « prise en charge de la coinfection »? Méthode Une recherche socioanthropologique Dépouillement des textes officiels des programmes, des curricula de formation, des rapports d’activité des associations Enquêtes dans 2 régions (Centre et Littoral - 4 prévues à terme) : 2 structures dans chaque région observations des pratiques des professionnels prenant en charge TB et VIH entretiens (professionnels de santé, patients, responsables institutionnels) Participation aux réunions d’instances de structuration de la lutte (CCM, GCOP) et aux séminaires de formation Entretiens avec des responsables d’associations et suivi de leurs activités ; suivi des réunions d’organisation de la société civile (CCM, RECAP) L’intégration au plan institutionnel Depuis 2006, les processus de prise en charge croisée de la TB et du VIH s’inscrivent progressivement au sein des politiques et pratiques de lutte contre les deux pandémies. Mise en place d’un cadre formel pour la prise en charge croisée TB-VIH, au sein de la DLM (point focal) Mais : - Absence de passerelles institutionnelles entre PNLT et CNLS : effet direct sur leur collaboration au niveau régional Défis majeurs des programmes TB et VIH : - Organiser des plateformes de collaboration, notamment au niveau opérationnel (CDT et CTA/UPEC) - Pour le programme TB : veiller à l’application du TDO La prise en charge de la coinfection Dans les structures sanitaires, flottement entre intégration et verticalité des activités des deux programmes 2 principales configurations: 1) la structure possède deux services prescripteurs « spécialisés » ou « professionnalisés » pour chacune des deux pathologies; 2) la structure possède un service prescripteur mixte Pour chacune de ces configurations : éléments d’intégration et de séparation à différentes étapes de la prise en charge des pratiques médicales partiellement ou totalement conjointes (dépistage, prescription) des pratiques paramédicales disjointes (counseling, éducation thérapeutique, dispensation des ARV, aide à l’observance) le patient n’est pas toujours clairement informé de sa co-infection VIH-TB Société civile, tuberculose et VIH - - Contexte : un souci de légitimité et de visibilité de la société civile : en témoigne l’intégration des représentants des 3 maladies (VIH, TB, palu) dans le CCM du Fonds Mondial Ceci étant, rares sont les associations de lutte contre le sida qui mènent des actions sur la TB Pour celles qui intègrent la TB, rôles de l’expérience personnelle, des échanges internationaux, des opportunités de financement Actions : éditions de documents, formations de pairs éducateurs, causeries sur TB et VIH, charte du patient, appui nutritionnel Mais : pour les associations, la TB est moins porteuse financièrement que le VIH les relations entre acteurs de la TB et associations sont plus récentes et moins habituelles que celles entre acteurs du VIH et associations Conclusion Au niveau central, absence de passerelle opérationnelle entre les programmes, et communication insuffisante entre les niveaux central et périphérique Dans les structures bi-spécialisées étudiées, la prise en charge conjointe VIH-TB tend à se consolider : mais, des pratiques disjointes à certaines étapes du processus compliquent cette prise en charge Les associations intègrent timidement la TB dans leurs activités, dans un contexte général où la visibilité et la légitimité de la société civile sont plus fortes lorsqu’elles s’intéressent au VIH qu’à la TB