atelier B1 jpl - Jean

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Que peut espérer le
psychotique aujourd'hui?
"D'abord, en un premier sens, on appelle cause ce dont provient une chose et qui est en
elle; ainsi, l'airain est en ce sens la cause de la statue; l'argent est cause de la coupe,
ainsi que tous les genres de ces deux choses. En un autre sens, la cause est la forme et
le modèle des choses; c'est a dire la notion qui détermine la quiddite de la chose, et tous
ses genres supérieurs. Par exemple, en musique, la cause de l'octave est le rapport de
deux a un ; et d'une manière générale, c'est le nombre et les éléments de la définition
essentielle du nombre. Dans une troisième acception, la cause est le principe premier
d'ou vient le mouvement ou le repos. Ainsi, celui qui a donne le conseil d'agir est cause
des actes qui ont été accomplis ; le père est la cause de son enfant ; et, en général, ce
qui fait est cause de ce qui est fait ; ce qui produit le changement est cause du
changement produit. En dernier lieu la cause signifie la fin ; et c'est alors le pourquoi de
la chose. Ainsi la santé est la cause de la promenade..." Aristote, Leçons de physique,
Livre II, Chap III, 3-5.
Jean-Paul Laurent
Université Paris 8
http://www.jeanpaullaurent.fr
Introduction
► De
nos antécédents:
 La psychothérapie institutionnelle: La clinique
de Chailles (1975-1997)
►Le
laboratoire de psychophysiologie clinique
►La psychanalyse
►Une pratique institutionnelle
 L’université Paris 8
►La
recherche en neuropsychologie de la
schizophrénie
 Une pratique clinique analytique
Quelle articulation possible?
► Il
s’agit de nouer trois plans différents:
 Le plan de la cognition au plan de la
psychopathologie (lien cognitivo-clinique)
 Le plan de l’électrophysiologie au plan de la
cognition (lien neuro-cognitif),
 Le plan de la psychopathologie au plan du
corps (lien somato-clinique)
Attention et psychose
► Niveau
Clinique :
 Les troubles de la forme et du contenu de la
pensée dans la psychose
►Les
troubles de la forme de la pensé (TFP+): la
désorganisation de la pensée schizophrénique
►Les troubles du contenu de la pensée (TFP-):
l’automatisme mental, le délire et l’hallucination
 Distinction entre schizophrénie et psychose
hallucinatoire chronique
►La
psychose hystérique (J-C Maleval)
Attention et psychose
► Niveau
Cognitif : lien avec les stratégies
attentionnelles
 TFP+: Déficit dans la mise en jeu du response
set et anomalie de la modulation du stimulus set.
 TFP-: Difficulté dans l’articulation du stimulus et
du response set: phénomène d’intrusion
Attention et psychose
► Niveau
Electrophysiologique
 Composante P3
► TFP+:
Réduction d’amplitude de la composante P3, grande variabilité
de l’amplitude et de la latence cette composante
► TFP-: Perte de la sélectivité de l’attention
 Composante N1
► TFP+:
Disparition de la modulation de la N1
► TFP-: Réduction de cette modulation
 Composante lente tardive
► TFP-: Retraitement
itératif
Langage et psychose
► Niveau
Cognitif
 La mémoire sémantique est-elle intègre ou non?
 Trouble de la prise en compte des éléments du
contexte (M-C. Hardy-Bayle)
 Trouble de l’amorçage sémantique
►TFP-:
Hyper amorçage : traitement automatique
►TFP+: Réduction de l’effet d’amorçage : traitement
contrôlé
Langage et psychose
► Niveau
Electrophysiologique
 La composante N4
► Les
facteurs qui modulent son
amplitude chez le sujet sain
2 stratégies également efficaces mais qualitativement
différentes de compréhension du langage et qui exploitent
différemment le contexte pour accéder au sens des mots
► Stratégie
prédictive
basée sur
l’anticipation
 Contexte saillant, liens
fréquents
 Rapidité, efficacité
 Effet de la mémoire
sémantique
 Le mot est comparé aux
attentes
 Traitement du langage
courant
► Stratégie
intégrative
 Si échec de la stratégie
prédictive
 Intégration du contexte
 Le mot est comparé au
contexte local maintenu en
mémoire de travail
 Traitement du langage
figuré, humour…
Langage et psychose
► Les
défauts de la modulation de la N400 dans la
schizophrénie (TFP+) indique
 Efficacité de la stratégie prédictive
 Une difficulté persistante de la stratégie
intégrative
Langage et psychose
► Niveau
Cognitif
 Trouble du traitement du langage figuré
►Y-a-t-il un
traitement cognitif spécifique du langage
figuré ?
 Les modèles compositionnels
 Le modèle de la saillance (Giora)
►Le
traitement des idiomes par les schizophrènes
désorganisés.
Traitement du langage figuré
► Pour
rendre compte du traitement cognitif des
expressions figurées deux classes de modèles
psychologiques ont été proposées : des modèles
non-compositionnels et des modèles
compositionnels. Les différences principales entre
les deux types de modèles portent, d’une part, sur
l'importance accordée aux exceptions à une théorie
standard du traitement littéral et, d’autre part, sur
les modalités de la construction de la signification :
- Le modèle configurationel de Cacciari et Tabossi
- Le modèle de la saillance de Giora
Le
modèle configurationnel de
Cacciori et Tabossi
► Ce
modèle postule qu'il existe, dans la mémoire des
individus, des unités complexes ou des configurations
familières de mots, certaines idiomatiques, d’autres
non.
► Les significations littérales liées aux éléments
constitutifs de ces configurations seraient toujours
activées, tandis que, dès que le sujet possède
suffisamment d’indices pour reconnaître une
configuration, celle-ci serait alors activée comme telle
Le
modèle configurationnel de
Cacciori et Tabossi
► Le
moment où le sujet peut reconnaître une
configuration n'est pas fixe, il peut varier d'une
expression à l'autre et correspond à ce que Cacciari et
Tabossi appellent la “clé idiomatique”.
► Cette clé dépend, entre autres facteurs, de la
prédictibilité des expressions idiomatiques et du
contexte gauche après lequel elles sont présentées.
Le modèle de la saillance de
Giora
► Selon
ce modèle, c’est la saillance du sens, plutôt que
le caractère figuré ou littéral d’une expression, qui
détermine le type de processus de traitement qui va
être engagé.
► Le sens est considéré comme saillant dans le cas où le
sens d’un énoncé pourrait être directement accédé
dans le lexique mental.
► Les significations saillantes sont traitées en premier
avec un accès direct. Un traitement en parallèle est
induit quand plus d'une signification est saillante. En
revanche, ce processus relève d’un traitement
séquentiel, quand la signification la moins saillante
que la signification saillante est visée
Modèle de la saillance suivant
Giora
► La
saillance intrinsèque d'un mot ou d'une expression
est fonction de son caractère conventionnel ou
prototypique, de sa familiarité, de sa fréquence.
► La saillance relative est la signification activée par un
contexte antérieur, ou rendue prédictible par celui-ci.
► Il y a lieu de bien distinguer deux aspects différents
de la saillance: la saillance intrinsèque d'une
expression, de la saillance relative qui dépend de la
signification que lui confère un contexte spécifique
antérieur.
Matériel expérimental
►
Exemple du matériel expérimental en fonction des différents types
d’expression
N
Dernier mot de
l’expression
Cible
armes
abandonner
déposer
Idiome à faible saillance 20 Enfoncer le
suivi d’une cible liée
clou
insister
fixer
Idiome de remplissage
suivi d’une cible liée
40 Balancer
quelqu’un
dénoncer
Idiome de remplissage
suivi d’une cible n. liée
40 Cirer les
bottes
éloigner
Phrase de remplissage
suivie d’une cible liée
40 Tondre la
pelouse
jardiner
Phrase de remplissage
suivie d’une cible n.liée
80 Mettre la
table
vibrer
Idiome à forte saillance
suivi d’une cible liée
Début
d’expression
20 Rendre les
Résultats sur l’idiome
Discussion des modèles
► Nos
résultats sont en faveur du modèle de
la saillance de Giora car :
 Si la saillance est forte une seule acception
est activée
 Si la saillance est faible les 2 acceptions sont
activées
► Le
modèle de Cacciori et Tabossi ne rend
pas compte de nos résultats
Étude de l’effet de la
saillance chez des patients
schizophrènes.
► Les
résultats expérimentaux indiquent que
la saillance de l’idiome est le seul facteur qui
guide le traitement cognitif du schizophrène
Comment comprendre?
► Une
proposition de R. Thom:
 Chez l'homme,à la différence de l’animal, la prégnance
originelle attachée au corps de la mère se ramifie au
cours du développement, essentiellement grâce au
processus de la deixis: la mère montre un objet à l'
enfants, en le touchant ou en le pointant, et le
nomme. Dans ce processus, un quantum de la
prégnance maternelle et émis par le corps maternel et
vient investir l'objet montré ; cet investissement se
trouve stabiliser par l'association temporelle avec le
mot correspondant. Une partie de la prégnance sur
l'objet peut, en quelque sorte, se stabiliser dans l'objet
sans nécessairement remonter vers la mère, vers la
forme sources initiale. D'où le rôle fondamental du
langage dans cette stabilisation des prégnances émises
qui finissent par perdre toute connexion à la mère,
éventuellement même toute utilité pragmatique et
deviennent de simple concept
Comment comprendre?
► Une
proposition de R. Thom:
 Capacité ou non de la prégnance à se séparer, à se
détacher du corps maternel et à se stabiliser dans le mot
pour se convertir en prégnance du concept que nous
proposons de nommer prégnance symbolique. Ce faisant
l’infans perd la capacité à réinvestir le corps maternel et
gagne l’accès à l’activité classificatoire du concept. Ainsi
le langage suppose ce travail de décollement d’avec
l’opacité muette du corps et fait du mot une prégnance
locale à capacité de propagation étroitement limitée.
Cette dernière est contrôlée par l’ agencement de la
langue et les structures cognitives qui la porte.
Prégnance de la Raison et
Saillance du familier
► La
saillance
 Dans le domaine physique
►un
flash de lumière, un tintement de sonnette,
formes qui se définissent par le contraste qu’elles
présentent par rapport à un fond indifférencié sur
lequel elles se détachent
►Le concernement (H. Grivois)
 Dans le domaine de la langue
►Le
jaillissement du sens
Prégnance de la Raison et
Saillance du familier
► Articulation
de la prégnance à la saillance:
 L’effet figuratif: investissement des saillances
par le flux des prégnances
 Contrôle de la jouissance par la représentation
ritualisée de la figure paternelle
Prégnance de la Raison et
Saillance du familier
► Diffusion
de la prégnance
 La présentation à l’homme du monde et de
l’homme
►La
question de la représentation et celle des raisons de
vivre
 La question de la légitimité de la place et de son articulation à la
saillance
►Le
langage comme « instrument privilégié grâce
auquel l’homme refuse d’accepter le monde tel qu’il
est » (G. Steiner)
 La limitation de prégnance du corps maternel
comme forme archaïque de l’effet contextuel
Que peut espérer le
psychotique aujourd’hui?
► Une
possibilité de rencontre avec la
négativité
► Une limite à l’auto-fondation délirante
 Le délire psychotique: une croyance autofondée
Que peut espérer le
psychotique aujourd’hui?
► La
nécessité
 de la présentation de l’homme et du monde à
l’homme au travers du travail du signe langagier
►Il
doit apprendre qu’il n’est ni le dieu créateur du
langage ni l’ancêtre de lui même et que c’est au Tiers
que revient de le fonder. Il doit se reconnaître dans
ce Tiers qui le met en scène en tant que sujet séparé
et s’en trouve par là authentifié
 de la production de la scène du garant.
►Comment
une société donne statut à la scène
intérieure de l’homme, authentifie la relation du sujet
à soi et au monde?
Que peut espérer le
psychanalyste aujourd’hui?
► La
découverte de l’universalisme des
montages institutionnels:
 Les institutions analytiques face à l’autofondation
► La
civilisation du phantasme et la question
du Totem
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