Les réactions d’oxydoréduction et l’électrochimie II La spontanéité des réactions d’oxydoréduction • le tableau des potentiels standard de réduction nous permet de calculer dans quelle direction une réaction d’oxydoréduction va lorsque tous les réactifs et produits sont dans leur condition standard • dans la section sur la thermodynamique, on a vu qu’une réaction spontanée a une variation d’énergie libre négative (G < 0) et que cette valeur correspond à l’énergie “libre” à faire du travail utile ΔG w max (wmax est la quantité maximale de travail pouvant être fait) La spontanéité des réactions d’oxydoréduction • le travail électrique qu’on peut faire avec une cellule électrochimique est w él tension charge w él ε (nF) w él nFε où • n est le nombre de moles d’électrons transférés • F est la constante de Faraday (96 487 C (coulombs), la charge d’une mole d’électrons) • est la tension maximale que la cellule peut atteindre (tension mesurée lorsque le courant est très bas) • N.B. 1 C V = 1 J • car est la tension maximale: w max w él nFε cell La spontanéité des réactions d’oxydoréduction • wmax = G et wmax = -nFcell , donc • sous les conditions standard: • car Go = -RT ln K : ΔG nFε cell ΔG o nFε ocell nFε ocell RT ln K ε ocell • N.B. pour une réaction spontanée: RT ln K nF ΔG 0 ε0 La spontanéité des réactions d’oxydoréduction • Exemple: Est-ce que H2O2 (en solution acide) oxydera Mn2+ en MnO4- dans les conditions standards. • Solution: Mn 2 (aq) 4 H 2 O(l) oxydation : 2 MnO (aq) 8 H (aq) 5 e 4 réduction : 5 H 2 O 2 (aq) 2 H (aq) 2 e 2 H 2 O(l) globale : ε o 1.51 V ε o 1.70 V 2 MnO 4 (aq) 6 H (aq) 2 H 2 O(l) ε o 0.19 V 5 H 2 O 2 (aq) 2 Mn 2 (aq) • ocell > 0, donc la réaction est spontanée et le H2O2 oxydera le Mn2+ La spontanéité des réactions d’oxydoréduction • Exemple: Calculez Go et K pour la réaction suivante, à 25oC: 2 Al 3 (aq) 3 Mg(s) 2 Al(s) 3 Mg 2 (aq) • Solution: N.B. 6 électrons sont transférés ε ocell ε oox ε oréd ε oMg/Mg 2 ε oAl3 /Al ε ocell 2.37 V (1.66 V) 0.71 V ΔG o nFε o (6)(96487 C)(0.71 V) ΔG o 4.1 10 5 CV 410 kJ RT ε ln K nF o Ke donc (6)(96487)(0.71) (8.3145)(298) Ke nFε o 1.1 10 72 RT L’équation de Nernst • jusqu’à présent, on a seulement parlé de la fem d’une cellule sous les conditions standards • pour des conditions arbitraires (non-standard): ΔG ΔG o RT ln Q • car G = -nF et Go = -nFo nFε nFε o RT ln Q ε εo RT ln Q nF • cette formule, l’équation de Nernst, nous permet de calculer la valeur de pour n’importe quelle cellule L’équation de Nernst • Exemple: La réaction suivante se produira-t-elle spontanément à 25oC, si [Fe2+] = 0.60 M et [Cd2+] = 0.010 M? Cd(s) Fe 2 (aq) Cd 2 (aq) Fe(s) • Solution: oxydation : Cd(s) Cd 2 (aq) 2e ε o 0.40V réduction : Fe 2 (aq) 2e Fe(s) ε o 0.44V globale : Cd(s) Fe 2 (aq) Cd 2 (aq) Fe(s) ε o 0.04V RT RT [Cd 2 ] o εε ln Q ε ln nF nF [Fe 2 ] (8.3145)(2 98) 0.010 ε 0.04 V ln 0.01 V (2)(96487) 0.60 o • la réaction est spontanée sous ces conditions L’équation de Nernst • dans l’exemple précédent, on voit que la réaction est spontanée même si o est négative • la réaction est spontanée car le quotient réactionnel, Q, rend positive • il est souvent utile de savoir quelle concentration minimale d’un réactif (ou concentration maximale d’un produit) est nécessaire (ou permise) afin que la réaction devienne (ou demeure) spontanée • afin de faire un tel calcul, on donne une valeur de zéro à et on trouve la concentration en question L’équation de Nernst • Exemple: Quelle concentration minimale de Fe2+ est nécessaire afin que la réaction suivante soit spontanée à 25oC, si [Cd2+] = 0.010 M? Cd(s) Fe 2 (aq) Cd 2 (aq) Fe(s) • Solution: De l’exemple précédent, on sait que o = -0.04 V. RT [Cd 2 ] εε ln nF [Fe 2 ] (8.3145)(2 98) 0.010 0 0.04 ln (2)(96487) [Fe 2 ] 0.010 3.115 ln [Fe 2 ] o 0.010 e 3.115 0.04436 2 [Fe ] [Fe 2 ] 0.22 M L’équation de Nernst • Exemple: On a une cellule galvanique où l’anode est une tige de Zn dans une solution contenant Zn2+(aq) et la cathode est une électrode à hydrogène. La fem () de la cellule est 0.54 V. [Zn2+] = 1.0 M et PH2 est 1.0 atm. Quelle est la valeur de [H+]? • Solution: Zn(s) 2 H (aq, ? M) Zn 2 (aq, 1 M) H 2 (g, 1 atm) 2 RT [Zn ]PH 2 ε εo ln nF [H ] 2 (8.3145)(2 98) (1.0)(1.0) 0.54 0.76 ln (2)(96487) [H ] 2 1.0 1.0 17.13 ln 2 17.13 e 27508346 2 [H ] [H ] [H ] 1.9 10 4 M Les piles et les accumulateurs • les piles et les accumulateurs sont des cellules électrochimiques pouvant servir de source de courant électrique continu à tension constante (à comparer avec les cellules qu’on a vu où varie car les concentrations des réactifs changent au cours de la réaction) • les piles et les accumulateurs n’utilisent pas de pont salin • les piles et les accumulateurs peuvent être confinés dans des boîtiers La pile sèche de Leclanché • l’anode est le boitier de zinc en contact avec une solution de ZnCl2 et NH4Cl dans une pâte d’eau/d’amidon Zn(s) Zn 2 (aq) 2 e • la cathode est une électrode de graphite avec une couche de MnO2 plongée dans cette même pâte 2 NH 4 (aq) 2 MnO 2 (s) 2 e Mn 2 O 3 (s) 2 NH3 (aq) H 2 O(l) • la réaction globale ( 1.5 V) est Zn(s) 2 NH 4 (aq) 2 MnO 2 (s) Zn 2 (aq) Mn 2 O 3 (s) 2 NH3 (aq) H 2 O(l) La pile sèche alcaline • la pile sèche alcaline remplace le NH4Cl de la pile Leclanché avec le KOH • l’anode devient Zn(s) 2 OH (aq) Zn(OH) 2 (s) 2 e • la cathode devient 2 MnO 2 (s) H 2 O(l) 2 e Mn 2 O 3 (s) 2 OH (aq) • la réaction globale ( 1.5 V) est Zn(s) 2 MnO 2 (s) H 2 O(l) Zn(OH) 2 (s) Mn 2 O 3 (s) • la pile sèche alcaline est une amélioration de la pile Leclenché car la tension est plus constante (il n’y a pas de soluté impliqué dans la réaction globale qui peut affecté la tension) La pile au mercure • cette pile est utilisée dans les montres, les régulateurs cardiaques, les prothèses auditives... • à l’anode: Zn(Hg) 2 OH (aq) ZnO(s) H 2 O(l) 2 e • à la cathode: HgO(s) H 2 O(l) 2 e Hg(l) 2 OH (aq) • la réaction globale (avec une tension d’environ 1.35 V) est: Zn(Hg) HgO(s) ZnO(s) Hg(l) • la tension demeure constante car il n’y a pas de soluté impliqué dans la réaction globale L’accumulateur au plomb • une batterie est un assemblage de plusieurs piles raccordées en série • à l’anode: Pb(s) SO 24 (aq) PbSO 4 (s) 2 e • à la cathode: PbO 2 (s) 4 H (aq) SO 24 (aq) 2 e PbSO 4 (aq) 2 H 2 O(l) • la réaction globale (avec une tension d’environs 2 V par pile) est: Pb(s) PbO 2 (s) 4 H (aq) 2 SO 24 (aq) 2 PbSO 4 (aq) 2 H 2 O(l) • N.B. Pb est le réducteur, Pb4+ est l’oxydant, et Pb2+ est le produit de chaque demiréaction La pile à combustible • on peut convertir la chaleur libérée par une réaction exothermique telle que CH 4 (g) 2 O 2 (g) CO 2 (g) H 2 O(l) à une station génératrice, mais cette approche n’est pas très efficace • dans une pile à combustible (prenant H2(g) comme exemple): anode : 2 H 2 (g) 4 OH (aq) 4 H 2 O(l) 4e cathode : O 2 (g) 2 H 2 O(l) 4e 4 OH (aq) réaction globale : 2 H 2 (g) O 2 (g) 2 H 2 O(l) fem : ε ε oox ε oréd 0.83 V 0.40 V 1.23 V La pile à combustible • la réaction globale est identique à la combustion directe du H2(g), mais dans la pile à combustible, le H2(g) et le O2(g) n’entre pas en contact • les électrodes de Ni et de NiO sont nécessaires car elles servent de conducteurs électriques et, en plus, le H2(g) et le O2(g) se dissocient en atomes sur leurs surfaces (le Ni et le NiO sont des électrocatalyseurs) • N.B. contrairement à une pile ordinaire qui stockent de l’énergie chimique, une pile à combustible demandent une source continue de O2(g) et de combustible (H2(g) dans notre exemple) La corrosion • la corrosion est la détérioration d’un métal par un processus électrochimique • exemples: la rouille, la ternissure de l’argent (pour produire Ag2S) et la patine verte (CuCO3) qui se forme sur le cuivre • pour la rouille: oxydation : 2 Fe(s) 2 Fe 2 (aq) 4 e réduction : O 2 (g) 4 H (aq) 4 e 2 H 2 O(l) globale : Fe(s) O 2 (g) 4 H (aq) 2 Fe 2 (aq) 2 H 2 O(l) fem : ε o ε oox ε oréd 0.44 V 1.23 V 1.67 V La corrosion • les H+ viennent de l’acide carbonique (H2CO3) qui vient du CO2 dissout dans l’eau • le Fe2+(aq) est ensuite oxydé par l’oxygène 4 Fe 2 (aq) O 2 (g) (4 2x)H 2 O(l) 2 Fe 2 O 3 xH 2 O(s) 8 H (aq) où Fe 2 O 3 xH 2 O(s) est la rouille (la quantité d' eau associée à Fe 2 O 3 est variab le) • la formation de la rouille est accélérée avec la présence d’un sel car la migration des ions est nécessaire pour compléter le circuit électrique La corrosion • d’autres métaux s’oxydent aussi • l’Al s’oxyde très rapidement pour former le Al2O3 • cependant, le Al2O3 se forme à la surface et ensuite forme une couche qui protège le Al qui reste à l’intérieur • la rouille ne fait pas ceci car elle est poreuse et l’oxygène réussit à venir en contact avec le Fe La corrosion • on peut protéger un métal contre la corrosion avec la peinture (le O2(g) n’entre pas en contact avec le métal), la passivation (une mince couche de l’oxyde est formé sur la surface), ou en formant des alliages (par exemple, l’acier inoxydable) • dans la protection cathodique du Fe, un métal qui est même plus facilement oxydé que le Fe est mis en contact avec le Fe • ce métal devient l’anode “sacrificielle” et s’oxyde plutôt que le Fe La corrosion L’électrolyse • l’électrolyse est un processus dans lequel on utilise l’énergie électrique pour provoquer une réaction chimique nonspontanée • dans une cellule de Downs, on fait l’électrolyse du NaCl fondu (NaCl demeure un composé ionique lorsqu’il devient un liquide) anode : 2 Cl Cl 2 (g) 2 e cathode : 2 Na 2 e 2 Na(l) globale : 2 Na 2 Cl 2 Na(l) Cl 2 (g) L’électrolyse • l’électrolyse de l’eau pure ne fonctionne pas car il n’y a pas assez d’ions pour former un courant électrique ([H+] = [OH-] = 1.0 x 10-7 M) • si on ajoute le H2SO4, le courant peut passer anode : 2 H 2 O(l) O 2 (g) 4 H (aq) 4 e cathode : 4 H 4 e 2 H 2 (g) globale : 2 H 2 O(l) 2 H 2 (g) O 2 (g) Les aspects quantitatifs de l’électrolyse • Faraday a observé que la masse d’un produit formé à une électrode est directement proportionnelle à la quantité d’électricité transférée à l’électrode • rappelons-nous que la charge d’une mole d’électrons est 1 F (un faraday) • pour l’électrolyse du NaCl fondu • 1 F est stoechiométriquement équivalent à 1 mole de Na • 2 F est stoechiométriquement équivalent à 1 mole de Cl2 • pour l’électrolyse de l’eau • 4 F est stoechiométriquement équivalent à 1 mole de O2 • 2 F est stoechiométriquement équivalent à 1 mole de H2 • la charge transférée est donnée par le produit du courant (en ampères, A) et le temps (en secondes, s): 1 C = (1 A) x (1 s) Les aspects quantitatifs de l’électrolyse Les aspects quantitatifs de l’électrolyse • Exemple: Un courant de 0.452 A passe durant 1.50 heure dans une cellule électrolytique de CaCl2 fondu. Ecrivez les réactions aux électrodes et calculez la quantité de produits (en grammes) qui s’y sont formés. • Solution: anode : 2 Cl Cl2 (g) 2e cathode : Ca 2 2 e Ca(l) globale : Ca 2 2 Cl Ca(l) Cl2 (g) 3600s 3 charge (0.452 A)(1.5 h) 2.44 10 C 1h 1 F 1 mol Ca 40.08 g Ca masse de Ca 2.44 103 0.507 g 96487 C 2 F 1 mol Ca 1 F 1 mol Cl2 70.90 g Cl2 3 0.896 g masse de Cl2 2.44 10 96487 C 2 F 1 mol Cl2 Les aspects quantitatifs de l’électrolyse • Exemple: Un courant constant passe pendant 18 heures dans une cellule électrolytique contenant du MgCl2 fondu. Si l’on obtient 4.8 x 105 g de Cl2(g), quel est le courant (en ampères)? • Solution: • 2 F est stoechiométriquement équivalent à 1 mole de Cl2(g) 2 Cl- Cl2(g) + 2 e• on a produit 4.8 x 105 g de Cl2(g), soit (4.8 x 105 g)/(70.90 g/mol) = 6070 mol de Cl2(g) • la charge est donc (6070 mol)(2 F/mol)(96 487 C/F) = 1.31 x 109 C • le courant est donc (1.31 x 109 A s)/(18 x 3600 s) = 2.0 x 104 A La production de l’aluminium • on extrait l’aluminium de la bauxite (Al2O3.2H2O) • on enlève l’eau du bauxite et on dissout l’oxyde de l’aluminium dans le cryolithe (Na3AlF6) liquide anode : 6 O 2 3 O 2 (g) 12 e cathode : 4 Al 3 12 e 4 Al(l) globale : 2 Al 2 O 3 4 Al(l) 3 O 2 (g)