Economie de la transition Daniel Labaronne 2009 Site internet : http://d.labaronne.free.fr/ 1 1 Présentation Mes travaux 2 Analyse du comportement des acteurs publics nationaux engagés dans la définition et la mise en oeuvre des politiques publiques de privatisation dans leur pays Sur ce thème 7 articles dans des revues à comité de lecture et 1 ouvrage consacré aux « privatisations à l’Est ». Depuis 2005, je m’intéresse aux relations entre la gouvernance des firmes, à la suite de leur privatisation, et la gouvernance publique des Etats PECO-PM Sur ce thème 3 articles dans des revues à comité de lecture Actuellement, liens gouvernance des firmes publiques et la RES dans PM. RSE = « stratégie d’enracinement » des managers publics. (1 article) 3 3 2010 Revue Management International « "Corporate Social Responsibility, Managerial Entrenchment and Privatization. An Algerian Public Company" (en co-signature avec Emna-Oueslati), forthcoming» 2008 Revue d’économie politique « Transition institutionnelle des pays méditerranéens et des pays d’Europe de l’Est. Analyse comparative de l’évolution de leur système de gouvernance » 2007 Revue d'études comparatives Est-Ouest « Privatisation de masse et abus d’une position publique à des fins privées dans les économies de l’Est en transition. Approche théorique et empirique » 2006 Revue d'études comparatives Est-Ouest « Le développement comme liberté, approche comparative MENA-PECO » 2002 Revue économique « Privatisation et performances des firmes des économies de l'Est » 2002 Revue d'études comparatives Est-Ouest « Les privatisations à l’Est : une question de marchandage politico-économique » 4 2001 Economie internationale, la revue du CEPII « Privatisation et croissance dans les pays de l'Est » 1999 Les Privatisations à l'Est Éditions Management et Société, collection "L’actualité de la gestion" 1998 Revue d’économie politique « Les lenteurs de la privatisation en Europe de l’Est : une conséquence de la stratégie d’enracinement des managers » 1997 Revue d'études comparatives Est-Ouest « Les lenteurs de la privatisation en Roumanie. Une analyse du comportement des acteurs publics » 1995 Revue d'économie du développement « Théorie des choix publics et privatisation en Europe de l'Est, avec une application à la Roumanie » 5 1. La politique économique de la transition 2. Les privatisations 3. La dimension institutionnelle de la transition 6 1.La politique économique de la transition 1.1. La politique économique recommandée par la théorie éco standard 1.1.1. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de repli, selon la théorie économique standard 1.1.2. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de repli, selon la théorie économique standard 1.1.3. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de croissance : l'estimation de fonctions de croissance standard 1.2. L'analyse de la croissance dans le cadre de l'analyse non-standard 1.2.1. La politique économique recommandée par l’analyse non standard 1.2.2. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de repli selon l’analyse non standard 7 1.1. La politique économique recommandée par la théorie éco standard 1.1.1. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de repli, selon la théorie économique standard 1.1.1.1. Une politique de stabilisation visant à lutter contre l'inflation 1.1.1.2. Des réformes structurelles visant à libéraliser l’activité économique 1.1.1.3. Les arguments en faveur du big bang 8 2.Les privatisations 2.1. La privatisation : approche théorique 2.1.1. Définition 2.1.2. Privatisation et droits de propriété 2.1.3. Les arguments théoriques en faveur de la privatisation 2.1.4. Les difficultés de la privatisation 2.2. Les modalités de la privatisation 2.2.1. Les modalités juridiques et techniques de la privatisation 2.2.2. Les stratégies de privatisation des économies de l'Est 9 1.1.1.1. Une politique de stabilisation visant à lutter contre l'inflation La lutte contre l'inflation est une priorité Les prix relatifs doivent jouer leur rôle de signaux dans l'affection optimale des ressources rares. Suppose une politique d'inspiration monétariste : le niveau des prix intérieurs dépend de la quantité de monnaie en circulation, quantité que l'on doit réduire pour limiter l'inflation. 10 Inflation : + 500% en moyenne dans les PECO, en 1992, près de 1300 % en moyenne dans la CEI, en 1994. Il s’agit de mettre en place des politiques déflationnistes Combattre les 4 principaux facteurs d'accélération des prix au début de la transition 1 2 3 Demande financée par l'épargne forcée Financement par la "planche à billets" du déficit budgétaire creusé par l'érosion fiscale La création monétaire alimentée par des taux d'intérêt réels négatifs 4 L'inflation importée à la suite de l'ouverture des marchés domestiques aux produits étrangers. 11 Les politiques de stabilisation = politique de rigueur Il s’agit de restreindre la demande et ralentir la hausse des prix intérieurs En mettant en place 4 politique de rigueur : 1 2 3 4 Rigueur salariale Rigueur budgétaire Rigueur monétaire Rigueur cambiaire 12 Rigueur salariale Contenir l'évolution de la masse salariale en faisant dépendre la progression des salaires réels des gains de productivité marginale du travail Rigueur budgétaire Equilibrer les comptes publics par l'augmentation des prélèvements obligatoires et la réduction des dépenses publiques Rigueur monétaire Réduire la masse monétaire en circulation par l'encadrement du crédit, la fixation de taux d'intérêt réels positifs, l'assainissement du financement des déficits publics Rigueur cambiaire Mettre en place une politique "d'ancrage nominal" de la monnaie nationale par rapport à une monnaie étrangère ou un panier de monnaies. 13 1.1.1.2. Des réformes structurelles visant à libéraliser l’activité économique Engager une dynamique visant à libérer les marchés de leurs entraves Marché intérieur •Libéralisation des prix •Abandon réglementation adm des prix •Suppression subventions étatiques •Démantèlement protections marché intérieur •Développement secteur privé •Introduction concurrence Démonopolisation de l'économie •Transfert des actifs publics au secteur privé Privatisation •Abandon intervention Etat dans gestion des entreprises Désétatisation de l'économie Marché extérieur •Ouverture des frontières •Libéralisation des échanges •Uniformisation et l'abaissement des droits de douane •Suppression des restrictions quantitatives. •Politique de change rigoureuse •Unification du taux de change •Convertibilité interne de la monnaie •Fixité du taux de change ou sa flexibilité dans marges étroites •Politique "d'ancrage nominal". 14 1.1.1.3. Les arguments en faveur du big bang La lutte contre l'inflation et les mesures en faveur de la libéralisation de l'activité économique doivent être engagées sans délai. Cette rapidité repose sur trois arguments 1 2 3 Un argument constructiviste Un argument lié aux anticipations rationnelles Un argument lié aux «fenêtres d'opportunités» 15 1.1.2. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de repli, selon la théorie économique standard 1.1.2.1. Des biais statistiques nombreux 1.1.2.2. Les rigidités de l'offre 1.1.2.3. Les conditions initiales 16 1.1.2. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de repli, selon la théorie économique standard La chute de la production va « surprendre » Libéralisation + privatisation, logique d'offre = incitations ++ à réallocation des ressources rares vers activités profitables et relance de l’activité 1 Chocs exogènes (désintégration CAEM, Aide internationale insuffisante, dégradation des termes échange énergie importée) 2 Programmes standard bien élaborés mais mal appliqués (bons médecins, mauvais malades) 3 3 explications plus rigoureuses 17 1.1.2.1. Des biais statistiques nombreux La récession initiale serait la conséquence de biais statistiques Avant Tx , entreprises "contraintes par les ressources" + que par la demande [Kornaï, 1992] Avec des fois une valeur ajoutée négative [Hughes et Hare, 1991]. La situation de pré-transition = sur-évaluation des performances réelles. La situation post-transition = sous-évaluation du niveau réel de production. 18 1.1.2.1. Des biais statistiques nombreux Lipton et Sachs [1990] : PIB officiel + activités informelles qui crée de la valeur ajoutée et relativise la chute initiale de la production. Les progrès statistiques sur 4 composantes de l'économie informelle à l’Est 1 L'activité des "micro-entreprises" privées 2 Les activités sont déclarées 3 L'économie "cachée" , "fantôme" , "virtuelle" 4 L'économie criminelle 19 1.1.2.2. Les rigidités de l'offre Libéralisation + privatisation, révèlent l’inélasticité de l’offre 1 2 3 Offre concentrée et polarisée (faible valeur ajoutée industrie de base) offre internalisée, héritée de l'ancienne économie de pénurie, intégration verticale et horizontale poussée des activités Offre inadaptée pour répondre aux sollicitations du marché faute de restructuration initiale 20 1.1.2.2. Les rigidités de l'offre Libéralisation + privatisation = "pression de marché" sur des entreprises non préparées : 1 2 Abandon et chute de production Désorganisation de la chaîne de production et de commercialisation 21 1.1.2.3. Les conditions initiales Si les biais statistiques et condition d’offre jouent, pourquoi certains pays recouvrent des taux de croissance positifs à partir de 1994 et pas d’autres ? Pourquoi les PECO émergent plus rapidement que pays de la CEI ? 1 Les facteurs d'offre jouent + dans la CEI que dans les PECO, biais statistiques les mêmes 2 Influence des conditions initiales 22 1.1.2.3. Les conditions initiales Relation conditions initiales / activité économique : Evoquée par Fischer et Gelb [1991], Bruno [1992] Modélisée par de Melo et al [1997] Ces auteurs montrent que les PECO ont bénéficié de conditions initiales plus favorables que les pays de la CEI 2 catégories de variables discriminantes : 1 Le degrés de distorsions macro-économiques initiales : Le degrés de distorsions macro-économiques initiales : Part des échanges extérieurs dans le PIB, du marché noir, surplomb monétaire, la "mémoire" de marché 2 Niveau de développement avant la transition : Revenu par habitant en 1989 en parité de pouvoir d'achat, l'urbanisation, l'industrialisation, les richesses naturelles et le 23 taux de croissance sur la période 1985-1989. 1.1.2.3. Les conditions initiales Si conditions initiales favorables facteur de reprise de l'activité : Pourquoi pays avec mêmes conditions n’ont pas les mêmes performances ? Pourquoi les Etats baltes qui ont les mêmes conditions (surindustrialisation) que pays CEI n’ont pas les mêmes résultats ? Les effets des conditions initiales un caractère permanent dans le temps ? S'atténuent-ils avec l'avancée de la transition ? Ont-ils un caractère irréversible ? Peuvent-ils être neutralisés par les réformes mises en oeuvre ? Des travaux nombreux d'inspiration standard ont tenté de répondre à ces questions à travers l'estimation de fonctions de croissance. 24 1.1.3. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de croissance : l'estimation de fonctions de croissance standard Si la chute d'activité initiale = embarras des partisans du modèle standard La reprise dans les PECO/CEI = les remets dans une situation + favorable. Selon eux, les PECO ont mis en oeuvre leurs recommandations pas CEI Des études économétriques (à partir de 1995 ) tentent de confirmer cela. Elles sont conduites, en partie, par les mêmes auteurs Les résultats de ces études publiés principalement dans les Working Papers du FMI ou de la Banque Mondiale. 25 Ces travaux, qui prennent la forme d'estimations de fonctions de croissance se rangent en trois catégories. 1 Facteurs spécifiques de la croissance comme : réformes structurelles, stabilisation , conditions initiales 2 Les estimations qui associent ces trois facteurs dans une démarche explicative globale de la croissance 3 Les estimations qui associent ces trois facteurs + l’environnement institutionnel Dans ces estimations, la variable expliquée = taux de croissance du PIB réel. Le champ d'étude porte sur les vingt-cinq pays de l'Est. 26 1.1.3. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de croissance : l'estimation de fonctions de croissance standard 1.1.3.1. Libéralisation et croissance 1.1.3.2. Stabilisation et croissance 1.1.3.3. Conditions initiales et croissance 1.1.3.4. Stabilisation, réformes structurelles, conditions initiales et croissance 1.1.3.5. L'environnement institutionnel et la croissance 27 1.1.3.1. Libéralisation et croissance Le tout premier travail est celui de de Melo, Denizer et Gelb [1996]. Ils construisent un indicateur de réformes structurelles dont la valeur est égale à la somme de trois indices pondérés : La libéralisation des prix et l'état de la concurrence (pondération égale à 0,4); La liberté du commerce et le régime de change (0,3); La privatisation et la réforme bancaire (0,3). La valeur de cet indicateur est calculée pour chacun des pays de l'Est sur la période 1989-1994. 1 Les auteurs montrent que + vite les réformes structurelles sont mises en oeuvre,+ vite l'activité économique se redresse, après la phase de repli. 2 Le succès ou l'échec de la stabilisation = intensité des réformes structurelles engagées mesurée par l'indicateur "de Melo". 28 1.1.3.2. Stabilisation et croissance Fischer, Sahay et Végh [1996] calculent une fonction de croissance sur trois années : 1992-1994. Dans leurs régressions, deux variables explicatives significatives : la valeur de l'indicateur "de Melo" pour chacun des pays de l'Est La valeur du taux d'inflation. Ils ajoutent une variable auxiliaire pour le régime de change (1 pour fixe, 0 pour flexible). 1 Les pays qui ont mis en oeuvre une politique de stabilisation rigoureuse (réduction de l'inflation, instauration d’un taux de change fixe), et engagé des réformes structurelles (indicateur "de Melo") : Sont ceux qui ont bénéficié les premiers d'une reprise durable de leur activité économique 29 1.1.3.3. Conditions initiales et croissance De Melo, Denizer, Gelb et Tenev [1997] : fonction de croissance 1990-1994 Les variables explicatives sont : •La valeur de l'indicateur de libéralisation "de Melo" •La valeur des conditions initiales (variables MDGT): - Le degré de distorsions macro-économiques - Le niveau de développement avant la transition 1 2 La mise en oeuvre des réformes structurelles (libéralisation de l'activité économique) joue positivement sur la croissance. Les distorsions initiales et un faible niveau de développement jouent négativement sur la croissance. 3 Le "stock" de réformes agit positivement sur la croissance. 4 La mise en oeuvre des réformes, une année, joue immédiatement contre la croissance cette même année 30 1.1.3.4. Stabilisation, réformes structurelles, conditions initiales et croissance Havrylyshyn, Izvorski, Van Rooden [1998] : 1990-1997. Les variables explicatives sont : . La politique de stabilisation (le taux d'inflation) . Les réformes structurelles (indicateurs " "de Melo" et "BERD " ) . L'importance de la bureaucratie (dépenses budgétaires en % du PIB) . Les conditions initiales (les deux catégories de variables MDGT) 31 1.1.3.4. Stabilisation, réformes structurelles, conditions initiales et croissance Havrylyshyn, Izvorski, Van Rooden [1998] : 1990-1997. Les résultats : 1 Les variables de stabilisation (inflation) et de libéralisation expliquent à elles seules 70 % de la variation de la croissance. 2 Plus les dépenses gouvernementales sont élevées, relativement aux PIB, plus la croissance est faible. 3 4 Les effets < 0 associés aux contraintes budgétaires "molles sont supérieurs aux effets > 0 de relance de type keynésien. Les réformes structurelles = effet en forme de "courbe de J" sur la croissance. D'abord un impact < 0 (récession initiale) ; Ensuite un impact >0 Réformes précoces (tardives) = reprise rapide (lente) Les conditions initiales = effet défavorable sur croissance mais effet non permanent. Décroît au fur et à mesure que le processus de transition avance dans le temps. 32 1.1.3.4. Stabilisation, réformes structurelles, conditions initiales et croissance Berg, Borensztein, Sahay et Zettelmeyer [1999] . 1990-1996. Les variables explicatives sont : . Des variables macro-économiques (politique de stabilisation) : déficit budgétaire en % PIB, taux d'inflation, régime du taux de change. . Les réformes structurelles (indicateurs "de Melo" , "BERD ") . Les conditions initiales (les deux catégories de variables MDGT) 33 Berg, Borensztein, Sahay et Zettelmeyer [1999] . 1990-1996. Les résultats : La récession initiale = conditions initiales adverses. 1 Ne tient pas aux conséquences mise en oeuvre des réformes structurelles. Il n'y a donc pas d'effet de courbe en J. Ces réformes : impact < 0 sur activité mais joue uniquement sur l'activité des entreprises publiques. En revanche, ces réformes jouent >0 sur activité entreprises privées. Ce dernier effet > 0 sur la croissance compense, et au-delà, le premier < 0 sur entreprises publiques. 34 Berg, Borensztein, Sahay et Zettelmeyer [1999] . 1990-1996. Les résultats : 2 3 4 La lutte contre l'inflation favorise le retour à la croissance, mais le facteur essentiel, le degré des réformes structurelles engagées Les conditions initiales défavorables rien d'irréversible. Leurs effets négatifs initiaux sur la croissance sont neutralisés, puis renversés, par la mise en oeuvre et l'approfondissement des réformes structurelles. Plus vite les réformes sont engagées, plus tôt la reprise s'opère et plus forte est la croissance. 35 1.1.3.5. L'environnement institutionnel et la croissance Havrylyshyn et Van Rooden [2000] n et al 1998] 1991-1998. Ajoute une variable supplémentaire "d'environnement institutionnel" aux 3 autres variables . Un indice d'environnement légal pour les activités économiques : qualité du cadre juridique, Etat de droit, protection des droits de propriété, libre entreprise, règlement des faillites, sécurité des contrats, transparence des activités). . Un indice de libertés politiques et civiques : avancée du processus démocratique, droits des assemblées, liberté d'expression, égal traitement des citoyens et des responsables politiques ou judiciaires. 36 Havrylyshyn et Van Rooden [2000] n et al 1998] 1991-1998. Les résultats : 1 La variable institutionnelle exerce bien un impact sur la croissance, Mais cette influence n'est pas déterminante. Un environnement institutionnel favorable est nécessaire pour assurer les bases de la croissance, mais cela n'est pas suffisant 2 Un bon fonctionnement des marchés (les réformes structurelles) Des prix stables (la stabilisation) restent les deux facteurs essentiels de la croissance 3 L'influence des conditions initiales étant décroissante avec le temps. 37 1.2. L'analyse de la croissance dans le cadre de l'analyse non-standard Les partisans du modèle non-orthodoxe ont proposé des politiques économiques alternatives au modèle standard (1.2.1.). La récession initiale les conforte dans le bien fondé de leur hypothèse (1.2.2). La phase de reprise les invite à un approfondissement de leur analyse (1.2.3.). 38 1.2.1. La politique économique recommandée par l’analyse non standard Les marchés ne sont pas parfaits. Si pas d'infrastructure institutionnelle les marchés ne joueront pas leur rôle de révélation de l'information et de coordination des intérêts divergents. Les marchés ne sont pas les seuls à créer une structure d'incitations. L'Etat peut fournir les incitations adaptées afin de stimuler et guider les acteurs économiques. Les institutions ne sont pas une donnée exogène. Elles doivent être traitées de façon endogène. 39 1.2.1. 1. Des interrogations sur l'efficacité des politiques standard Lutter contre l'inflation pour que les prix exercent leur fonction de signal ? Encore faut-il que tous les marchés existent et fonctionnent correctement. Libéraliser l'activité économique en déréglementant ? Facile de démanteler un ancien système réglementaire inefficace plus difficile de créer le cadre institutionnel nécessaire à l'épanouissement du marché. Stabiliser et engager des réformes structurelles pour libérer les marchés ? Condition nécessaire, pas suffisante. Les marchés ont besoin d'une infrastructure institutionnelle pour bien fonctionner Désengager l'Etat ? Obligation pour rompre avec l'ancien système. Mais le marché n'a pas la propriété de s'auto-instituer. L'Etat corrige les lacunes du marché et il en institue 40 1.2.1. 2. Des recommandations alternatives Pour les partisans de l'approche non-orthodoxe : « Les réformes économiques dans les économies en transition doivent démarrer avec la création d'une infrastructure institutionnelle avant que les prix ne soient libérés » [Siebert et al, 1996, p. 8]. Dans les étapes de la transition : « il peut être essentiel d'établir un cadre pour la concurrence et la régulation avant de privatiser; ou il peut être primordial de mettre en place un système de régulation financière avant de libéraliser le marché des capitaux ou le secteur financier » [Stiglitz, 1998, p. 19]. 41 Dans ce cadre d'analyse, la définition, l'installation, et l'application d'un cadre légal suppose l'interférence de l'Etat. . Macro-analyse Sur le marché économique de la propriété l'Etat doit définir les règles juridiques qui garantissent l'exercice des droits et des pouvoirs de propriété (usus, usus fructus, abusus). Sur le marché des biens et services L’Etat doit mettre en place une structure légale, renforce la concurrence, régit la faillite, favorise la création d'infrastructures par le secteur privé, veille aux abus de situation dominante 42 Sur le marché bancaire et financier l'Etat doit définir un cadre réglementaire qui garantit la sécurité et la solvabilité des opérations, qui favorise la concurrence, qui encourage les investissements directs ou de portefeuille Dans la sphère sociale L’Etat doit favoriser les arrangements institutionnels intermédiaires entre l'Etat et le marché (syndicats, associations, communautés, etc.) qui peuvent jouer un rôle entre les impératifs d'efficacité économique (de production), et ceux de justice sociale (répartition) 43 . Micro-analyse institutions de la gouvernance l'Etat doit définir les accords ou aménagements institutionnels qui vont permettre aux unités économiques de coopérer ou de se concurrencer. Il s'agit d'instaurer les institutions de la gouverance en prenant en compte les coûts de transaction. L'Etat doit réduire les incertitudes en sécurisant les accords institutionnels, 44 1.2.1. 3. Les arguments en faveur du gradualisme Rejet du "tout, tout de suite". Du temps pour reconstruire un système d'économie de marché à partir d'un système d'économie planifiée, peut pas être le fait d'un big bang institutionnel instantané. De la réussite de cette refondation dépendent l'efficacité et la pérennité des mesures de stabilisation macro-économique et de libéralisation de l'activité. Un ajustement trop rapide : une contrainte budgétaire dure, risque d'être "détournée" arriérés de paiements fiscaux, sociaux, inter-entreprises ou bancaires, troc et activités non déclarées. Les coûts d'un ajustement trop rapide peuvent être préjudiciables au processus même de la transition et à sa réussite. Coûts économiques avec la destruction du potentiel industriel Coûts sociaux avec le chômage associé à la fermeture des usines Coûts politiques avec le risque d'une coalition des perdants qui vont bloquer la transition 45 1.2.2. Les déterminants de l'activité économique, durant la phase de repli, selon l'analyse économique non-standard La récession initiale n'a pas surpris les partisans de l'approche non orthodoxe. Inévitable du fait des conditions initiales et des multiples facteurs de blocage après 40 de 70 communisme. La démarche standard projette dans économies en transition, les lois du modèle néo-classique, désincarnées dans espace et temps. Elle butte sur des réalités locales intangibles et datées historiquement. 46 L'approche non orthodoxe prend en compte de facteurs inertiels dans l'explication de la récession initiale L'analyse porte alors sur les conditions locales qui se sont opposées à la réalisation des programmes standard de transition [Andreff a, 1998]. Dans ce cadre d'analyse, trois séries de facteurs inertiels ont été mis en avant dans l'explication de la récession transformationnelle : 1 Des inerties macro-économiques 2 Des inerties institutionelles 3 Des inerties comportementales 47 1.2.2.1. L'inertie macro-économique Maintien d'un déséquilibre durable entre une offre inertielle et une demande nouvelle associée à la transition. Inertie de l'offre domestique : incapacité à répondre à la demande nationale accrue en biens de consommation ou d'investissement, découlant de la libéralisation économique. Inertie de la spécialisation internationale, héritée de l'ancien système, frein au développement des exportations. Incapable de répondre aux sollicitations du marché intérieur et extérieur, l'appareil productif des économies de l'Est aurait enregistré une chute brutale de son activité. Les politiques délibérément déflationnistes au début de la transition ne pouvaient avoir que des effets ... déflationnistes et recessionnistes. Dans logique de demande, les politiques macro-économiques restrictives ont déprimé la demande entraînant, sans surprise, une chute brutale de la production. 48 1.2.2.2. L'inertie institutionnelle Dans le cas de la privatisation : •Nombre d'entreprises à privatiser •Nature des entreprises •Environnement économique et légal •Epargne initiale faiblement dirigée vers l'investissement •Pas d'établissement bancaire ou financier pour mobiliser cette épargne •Pas de bourse de valeur ou encore balbutiante •Peu de personnel formé à la mise en place de l'infrastructure juridique et administrative = freins au transfert institutionnel de la propriété d'Etat Les méthodes de privatisation révèlent également des situations inertielles. Rachat des entreprises par leurs salariés ou privatisation de masse = Renforcement du pouvoir de contrôle des insiders = Structure de propriété inertielle La vente directe devait favoriser un gouvernement d'entreprise efficace avec amélioration rapide des performances des firmes de l'Est (Bornstein [1997]). 49 1.2.2.3. L'inertie comportementale Andreff [1998 a, p. 52.] : Inertie négligée par l'analyse standard de la transition. Réhabiliter les mécanismes de marché pour que l'ancien "homo sovieticus" se transforme instantanément en "homo oeconomicus" ? La transition = zone d'incertitude économique. Génère des comportements : •d'inquiétude ou de confiance dans l'avenir •d'opposition ou d'adhésion au processus •d'inertie ou d'opportunisme dans l'action Ce "maelstom" comportemental n'a pas facilité les anticipations •de nature keynésienne,liées à la demande effective •ou de nature néo-classique, de forme adaptative ou rationnelle. 50 Face aux bouleversements économiques et sociaux, les acteurs ont adopté des stratégies de "survie" : Le durcissement de la contrainte budgétaire : détourné par un accroissement des arriérés de paiements de toute nature. Le processus de privatisation : dénaturé par le rejet méthodes "orthodoxes" (vente directe) choix méthodes non-standard (res, pm). Les liens étroits entre responsables politiques, administratifs, bancaires et managers ont perduré = "coalitions à vocation redistributive ". Ces "chercheurs de rentes" soit : •Ont bloqué le processus de transition quand il menaçait leurs intérêts économiques ou leurs prérogatives statutaires, •L‘ont accéléré, quand ce processus pouvait servir leur utilité personnelle, par exemple dans le cas des privatisations. FIN CHAPITRE 1 : LA POLITIQUE ECONOMIQUE DE LA TRANSITION 51 2. Les privatisations 52 2.Les privatisations 2.1. La privatisation : approche théorique 2.1.1. Définition 2.1.2. Privatisation et droits de propriété 2.1.3. Les arguments théoriques en faveur de la privatisation 2.1.4. Les difficultés de la privatisation 2.2. Les modalités de la privatisation 2.2.1. Les modalités juridiques et techniques de la privatisation 2.2.2. Les stratégies de privatisation des économies de l'Est 53 Introduction Le vaste mouvement de privatisations qui touche les pays de l’Est à partir de 1990 se distingue des privatisations du reste du monde par : 1 2 3 Son ampleur La nature des entreprises à privatiser L’environnement institutionnel dans lequel interviennent les privatisations 54 1 Son ampleur Tableau 1 Estimation OCDE du nombre de grandes et de moyennes entreprises d'Etat au début de la privatisation Biélorussie 3000 Moldavie 3000 Bulgarie 3500 Mongolie 1406 Estonie 500 Pologne 8200 Géorgie 1100 Rép tchèque 4319 Hongrie 1848 Roumanie 7100 Kazakhstan n.d Russie 31000 Lettonie Lituanie 650 4800 Rép slovaque 1265 Slovénie 1280 55 2 La nature des entreprises à privatiser : faible rentabilité La concentration de ces entreprises dans activités à faible valeur ajoutée ou industries de base. Entreprises à l'écart de la révolution industrielle associée aux biotechnologies et aux nouvelles technologies de l'information Nombreux désavantages comparatifs Hare et Hughes (1991) entreprises des PECO : 20 à 25 % dans une situation désespérée et devaient être fermées 60 à 70 % restructuration préalable 10 à 20 % seulement aptes à affronter la concurrence internationale. 56 L'internalisation de nombreuses activités . Dans économie de pénurie, les entreprises contournent les obstacles rencontré en amont de leur production, en développant une intégration verticale et horizontale de leur activité. Les entreprises de l'Est s'étaient transformées en combinats, capables de vivre pratiquement en autarcie. La fonction de redistribution sociale concourait aussi à éloigner un peu plus les entreprises de l'Est des standards occidentaux de productivité et de rentabilité. La diversification extrême de l'activité des entreprises à l'Est s'est traduite par une très forte concentration de la main d'oeuvre dans ces conglomérats. 57 3 L’environnement institutionnel dans lequel interviennent les privatisations Peu ou pas d'épargne Peu d'établissements bancaires/financiers pour mobiliser cette épargne Peu de Bourses de valeurs, ou encore balbutiantes Peu de personnels compétents pour l’infrastructure juridique et administrative de la privatisation. Droits de propriété de l'Etat sur entreprises pas toujours bien établis. Certaines propriétés avaient été confisquées (restitutions) D'autres concédées aux conseils ouvriers (renationalisation) D'autres confiées aux organes du PC, à la nomenklatura ou aux collectivités locales (recentralisation). 58 2.1. La privatisation : approche théorique 2.1.1. Définition L'optique macro-économique : Privatisation = accroissement du poids du secteur privé dans l'économie. L'optique micro-économique : Privatisation = Transfert des droits de propriété juridique du secteur d'Etat à des propriétaires privés et Transfert économique des pouvoirs de contrôle que confère la propriété privée sur les actifs. Selon cette optique, est privée la propriété qui permet à son titulaire d'avoir : •le plein usage de l'actif, •d'en percevoir des revenus, •et d'avoir la possibilité de l'aliéner. 59 En combinant ces deux optiques La privatisation à l'Est peut être définie de manière restreinte ou de façon étendue. Une notion restreinte : la privatisation = développement d'entreprises privées nouvellement créées ou comme la cession de droits de propriété sur des actifs publics de petite dimension. L'activité de ces entreprises privées a vite représenté une part importante du PIB Une conception large : la privatisation = nombreuses modalités visant : A assigner aux dirigeants des entreprises publiques un objectif de maximisation du profit À transférer le contrôle des entreprises d'Etat à des agents privés (contrat location-gérance, mise en régie, concession, louage, affermage). A céder les actifs publics au secteur privé. 60 2.1.2. Privatisation et droits de propriété 2.1.2.1. La théorie des droits de propriété La théorie de la propriété (Furubotn et Pejovich, 1974) associe à tout actif des droits de propriété. 3 attributs : • Subjectif : à chaque droit de propriété correspond un actif. • Exclusif : il ne peut y avoir de propriété simultanée pour un même actif. Le principe est : un droit, un individu. • Cessible : un individu est libre de vendre ou d'acheter des droits de propriété. 62 Les droits de propriété confèrent à leur titulaire 3 types de pouvoir : Le pouvoir d'usage (l'usus, dans le droit romain) assure au propriétaire la capacité d'utiliser l'actif qu'il possède comme il l'entend. L'usus détermine qui a le pouvoir de décider de l'utilisation de l'actif. Le pouvoir de jouissance des revenus (l'usus fructus) donne au propriétaire le moyen de profiter des revenus que génère son actif. Le pouvoir de disposition de l'actif (l'abusus) confère au propriétaire le droit de vendre l'actif, de le détruire, d'en interdire l'accès à autrui. Ce droit garantit la totale souveraineté du propriétaire sur l'actif. 63 La privatisation dans les économies de l'Est va consister : A transférer des droits de propriété et des pouvoirs de contrôle sur les actifs publics de manière à faire évoluer : •La forme de la propriété (propriété publique propriété privée) •Le type d'entreprise (entreprise d'Etat entreprise coopérative ou managériale ou capitaliste). 64 Privatisation et gouvernement d’entreprise : un schéma d’analyse Qui possède ? L’entrepreneur individuel Ent individuelle Les actionnaires Les salariés de l’entreprise L’Etat Ent managériale Ent coopérative Ent publique Dirigeant nommé par l’Etat Dirigeant Dirigeant Entrepreneur nommé par nommé par individuel les salariés actionnaires Qui dirige ? 65 2.1.2.2. Privatisation, théorie de l'agence et gouvernement d'entreprise La privatisation des entreprises de l'Est s'est traduite par l'instauration de nouvelles relations d'agence au sein des entreprises privatisées. Ces relations soulèvent de nombreux problèmes d'agence. Le gouvernement d'entreprise vise à résoudre les problèmes d'agence Les moyens de contrôle dont disposent les propriétaires pour contrôler la dérive gestionnaire des dirigeants sont regroupés en distinguant les systèmes externes et les systèmes internes de contrôle. Ces systèmes de contrôle constituent le “gouvernement d’entreprise” 66 Privatisation des actifs Théorie de la propriété Usus Fructus Abusus Théorie de l’agence Droit d’utilisation Confusion Propriété Droit de rémunérationGestion Droit d’aliénation Séparation Propriété gestion Problème d’agence Théorie gouvernement entreprise (objectif profit) Contrôle externe Contrôle interne Par le marché CA 67 2.1.3. Les arguments théoriques en faveur de la privatisation Economiques Améliorer l’efficacité éco, Maximiser le profit des entreprises, Développer l’actionnariat, Réduire l’aversion, Faciliter la stabilisa Politiques Evincer la nomenklatura, Réduire l'influence de l'Etat,. Consolider la démocratie. Créer situation d'irréversibilité pour le capitalisme, Servir le Idéologiques le postulat : efficacité éco-propriété privée, Atteindre une masse critique d'agents privés pour faire triompher la rationalité privée Sociaux Restituer la propriété aux anciens propriétaires, Elaborer un new contrat social, Privilégier salariés des entrs, Distribuer la propriété d'Etat à la population, Réduire la pression syndicale Financiers Procurer à l'Etat des recettes buds, Faire rentrer des devises dans le pays, Stopper les subventions versées aux entreprises 68 2.1.4. Les difficultés de la privatisation Instabilité macro-éco Manque de capital domestique. Economiques Inflation qui réduit la valeur nominale de l'épargn rend difficile l'évaluation marchande des entreprises Techniques Difficulté d'évaluation des ents publiques, Problème Identification propriétaires Modalité complexe des restitutions.. Juridiques Lenteur du processus législatif, Instabilité de la réglementation multiplicité textes législatifs, Complexité dispositions juridiques Multiplicité des institutions de privatisation, Conflits de InstitutionnellesCompétences entre adms, Changement fréquent de gouvt et des priorités de l'action politique Méfiance de la population, Aversion aux risques, Comportementales Absence d'entrepreneurs individuels et classe moyenne 69 2.2. Les modalités de la privatisation 2.2.1. Les modalités juridiques et techniques de la privatisation 2.2.2. Les stratégies de privatisation des économies de l'Est 70 Critère du mode de Critère de la transformation de la teechnique de Présentation générale forme juridique transfert des actifs publics Critère des agents initiateurs Critère de la taille de l'entreprise à privatiser Privatisation par création de sociétés. Privatisation par enregistrement de nouvelles sociétés. Privatisation par les entrepreneurs individuels. micro-privatisation (petits commerces de rues, petites boutiques,resto, etc.). Privatisation par restitution aux anciens propriétaires. Privatisation par restitution en nature ou en valeur. Privatisation par les anciens propriétaires. Petite privatisation (fermes, commerce, bâtiments, ateliers, etc.). Privatisation par liquidation des entreprises publiques. Privatisation par reprise de l'entreprise par les salariés ou par vente à des investisseurs. Privatisation par les salariés des entreprises ou par des investisseurs stratégiques. Petite et moyenne privatisation (P.M.E., magasin, coopérative agricole, etc.). Privatisation par commercialisation des sociétés publiques. Privatisation de masse par distribution de coupon de privatisation. Privatisation par l'Etat ou par des organismes de privatisation. Grande privatisation (conglomérats, combinats industriels, etc.). 71 Les modalités de la privatisation 2.2.1. Les modalités juridiques et techniques de la privatisation Mode de transformation de la forme juridique Techniques de transfert des actifs publics vers le secteur privé Petites privatisations Par création Par restitution 20 % Par liquidation 56 % Par création ex nihilo Restitution en nature Restitution en valeur Insiders privilégiés 43% Outsiders privilégiés 13% Par commercialisation 24 % Actions vers fonds publics 72 Actions vers population Méthode de privatisation par création d’unités nouvelles Libéralisation des conditions de création d'entités privées (privatisation ex-nihilo) Transfert des actifs détenus par l'Etat : vente aux enchères, vente de gré à gré (petite privatisation). 73 Privatisation par création d’unités nouvelles Avantages Permet l'émergence d'une classe d'entrepreneurs Inconvénients Alimente l'inflation par atomisation de l'activité Contribue Fragilise la gestion des à la création de la richesse nationale ents par dispersion de l'épargne Transforme l'environnement éco Accélère les entrées et sorties du permet l'adhésion de la population marché sans contrôles administratifs Privatise rapidement et simplement des petites unités Favorise le développement des activités informelles 74 Privatisation par restitutions Avantages Inconvénients Répare un préjudice Ne profite qu'aux anciens propriétaires Affirme la primauté du droit sur la voie de fait Retarde les programmes de privatisation Restaure la confiance à l'égard de la propriété privée Réduit les recettes de l'Etat Privatise rapidement et simplement un grand nombre d'actifs publics Augmente les dépenses de l'Etat 75 Méthode de privatisation par liquidation Méthode MBO Méthode EBO Management Buy Out Employee Buy Out Cession des actifs des entreprises à leurs managers. Méthode MEBO Management Employee Buy Out Vente des entreprises à Reprise des entreprises leurs employés à des par leurs dirigeants et conditions préférentielles leurs salariés. 76 Privatisation par liquidation Avantages Reconnaît les droits des salariés . Inconvénients Ne profite qu'aux salariés des entreprises Légitime la privatisation aux yeux des salariés Retarde les programmes de restructuration Evite la résistance des salariés à l'égard de la privatisation Freine la rentabilité : les salariés privilégiant revenu et emploi Privatise rapidement et simplement un grand nombre d'actifs publics Renforce l'inégalité entre les salariés 77 Méthode de privatisation par vente à des investisseurs stratégiques Vente aux enchères, de gré à gré par appels d'offre ouverts à des investisseurs 78 Privatisation par vente à des investisseurs stratégiques Avantages Inconvénients Remet la gestion d’entreprises entre les mains d‘agents solvables . Procédure longue, qui nécessite évaluation complexe Procure des recettes budgétaires Risque d'effets d'éviction Finance la restructuration d'autres entreprises Risque de favoritisme politique Favorise la réduction de l'endettement de l'Etat. Risque de brader les "joyaux de la couronne" 79 Méthode de privatisation par commercialisation Les citoyens obtiennent des coupons leur donnant droit : D'échanger ces coupons contre des actions d'entreprises mises aux enchères par le gouvernement D'échanger ces coupons contre des actions émises par les fonds publics de privatisation 80 Privatisation par commercialisation Avantages Avantages Respecte le principe d'équité, Crée les conditions d'un "actionnariat populaire" Profite à l'ensemble de la population Contourne la difficulté de l'insuffisance d'épargne domestique Légitime politiquement le processus Limite l'évaluation préalable des entreprises d'Etat Eveille l'intérêt de la population pour la privatisation Facilite et accélère la privatisation des entreprises 81 Privatisation par commercialisation Inconvénients Entraîne une dispersion et une dilution du capital Ne permet pas un contrôle efficace des managers. Ne procure aucune recette budgétaire pour l'Etat Alimente l'inflation quand les coupons sont librement transférables. 82 Méthodes de privatisation principales Ventes directes d’actifs Privatisation de masse Bulgarie Estonie Hongrie Pologne Arménie Azerbaïdjan Kazakhstan Kirghizistan Lettonie Lituanie Moldavie Rép Tchèque Res Albanie Biélorussie Croatie Géorgie Macédoine Ouzbékistan Roumanie Russie Slovaquie Slovénie Tadjikistan Turkménistan Ukraine 83 3. La dimension institutionnelle de la transition 3.1. Les grandes phases du développement 3.2. Comparaisons PECO-PM 84 3.1. Les grandes phases du développement L’accumulation du capital (années 50) L’aide étrangère pour combler l’écart entre épargne nationale et l’investissement requis Suraccumulation et endettement, lien faible entre investissement et croissance 85 L’équilibre macro-économique (années 80) Ajustement macro-économique et libéralisation La croissance pas toujours au rendez-vous 86 L’ouverture (année 90) Bouleversements géopolitiques Crise financière faute de régulation, réhabilitation du rôle de l’Etat 87 Les institutions (année 2000) Le rôle de la bonne gouvernance La croissance qui n’est toujours pas au rendez-vous 88 3.2. Comparaisons PECO-PM Pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) PECO (Hongrie, Lituanie, Pologne, Rép Tchèque, Bulgarie Roumanie) Une expérience commune, depuis 1990 une double transition Economique Politique macro-éco Stabilisation Ouverture Privatisation etc. Politique micro-éco Libéralisation du marché intérieur Sécurisation des droits de propriétés et des contrats Pression concurrentielle Informations sur les entreprises Réforme du système bancaire Etc. Politique Démocratisation … Mise en place des mécanismes démocratiques Renforcer les droits politiques et les libertés publiques Etc… 89 Préambule La « gouvernance » : risque de marginalisation & concept attrape tout D’un terme flou vers un concept Mettre ce concept dans un cadre théorique établi 90 Deux objectifs : 1. Conceptualiser la gouvernance 2. Opérationnaliser le concept de gouvernance Illustration : Analyse comparative des systèmes de gouvernance PSEM/PECO 91 Deux constats 1. La transition vers le marché et la démocratie dans les PSEM : un processus en panne Ould Aoudia [2007] ; Yousef [2004] 2. Analyse comparative avec les PECO : divergence dans le rythme de transition institutionnelle Une question centrale Comment expliquer les divergences des trajectoires institutionnelles des PSEM et des PECO? 92 Notre approche de la gouvernance L’étude de la gouvernance n’a pas pour objet : d’examiner la façon dont les dirigeants gouvernent Ce serait confondre la gouvernance avec le management des entreprises ou la gestion des affaires publiques L’étude de la gouvernance a pour objet : d’examiner la façon dont les dirigeants sont « gouvernés » Charreaux [1997] 93 Une définition stricte de la gouvernance Ensemble des mécanismes organisationnels et institutionnels ayant pour effet de délimiter les pouvoirs et d’influencer les décisions des dirigeants autrement dit qui «gouvernent» leur conduite et définissent leur espace discrétionnaire Charreaux [1997] 94 La théorie de l’agence comme point de départ Quand les managers des firmes, qui ont mandat d'entreprendre des actions conformes à l'intérêt des propriétaires, recherchent leur intérêt propre et non celui de la firme. Problèmes Théorie de la firme Jensen et Meckling [1976] Quand les élus, qui ont mandat d'engager des actions conformes à l'intérêt général recherchent en fait leur intérêt propre et non celui de la nation. d’agence La théorie des choix publics Buchanan et Tullock [1962] La Gouvernance vise alors à résoudre en partie les problèmes d'agence qui se posent au niveau des entreprises et des Etats Mais plus précisément La Gouvernance renvoie aux mécanismes et aux règles qui visent à délimiter le pouvoir des dirigeants et à contrôler leur action Le courant disciplinaire de la gouvernance 95 Charreaux [2004] pour une synthèse De la ‘gouvernance’ aux ‘systèmes nationaux de gouvernance’ La gouvernance privée La gouvernance publique Le marché et le cadre réglementaire Les mécanismes démocratiques de contre pouvoir (checks & balances) Privatisation Libéralisation Ouverture des firmes des marchés internationale Libertés et droits politiques La pression concurrentielle Discipline de marché Incitation à l’efficacité Discipline de surenchère et de faillite par l’information Les dirigeants des entreprises (acteurs privés) Libertés et pluralisme syndicale Liberté la presse et pluralisme des médias Les dirigeants politiques et bureaucratiques (acteurs publics) 96 De la ‘gouvernance’ aux ‘systèmes nationaux de gouvernance’ Systèmes nationaux de gouvernance Les mécanismes institutionnels et organisationnels qui ont pour effet de délimiter le pouvoir des dirigeants, restreindre leur dérives et les contraindre à poursuivre régulièrement un intérêt général 97 Quelques implications de notre approche de la gouvernance La gouvernance est un cas particulier de l’analyse de North des institutions Les institutions sont les règles conçues par les hommes afin de contraindre le comportement des individus et de structurer les interactions humaines. Elles se composent de contraintes formelles, informelles et des caractéristiques de leur application. North [1994] Distinction entre gouvernance & gouvernement & politique publique parler de « gouvernance » plutôt que de « gouvernement » ou de « politique » permet d’activer les connotations positives qui s’attachent au vocable … l’action engagée est symboliquement placée sous le signe de la modernité et de l’efficacité La gouvernance & croissance économique : un lien non établi empiriquement Une bonne gouvernance ne garantie pas systématiquement de bonnes performances économiques. Cependant, elle peut faire en sorte que l’occurrence et la persistance de mauvais résultats deviennent moins probables. 98 La base de données du MINEFE est notre support empirique Base de données institutionnelles de plus de 100 variables Deux enquêtes : en 2001 et 2006 51 pays en 2001 et 85 en 2006 Questionnaire auprès des experts du MINEFE et de l’AFD Principaux atouts Une définition large des institutions & richesse de la base Approche non normative qui ne présuppose pas l’existence d’un modèle institutionnel optimal unique Approche de facto qui cherche à évaluer le niveau d’application des règles 99 La base de données du MINEFE est notre support empirique Base du MINEFE Profils institutionnels Indicateur de gouvernance privée Indicateur de gouvernance publique Indicateur de liberté de fonctionnement des marchés Droits politiques et fonctionnement des institutions Indicateur de Sécurité des contrats & fiabilité de l’information Libertés et pluralisme syndical Indicateur d’Ouverture sur l’extérieur Indicateur de régulation de la concurrence Libertés publiques autonomie de la société civile Liberté de la presse et pluralisme des médias Indépendance de la justice par rapport à l’Etat 100 L’indicateur de gouvernance privée vs PIB / tête en 2001 4 Enquête 2001 Iindicateur de Gouvernance privée 3.5 HUN y = 0.3229x - 0.007 R² = 0.5169 LIT COT COL BUL ROM INO ZIM GHA NIG PAK IND CAM CHL CZE SOA BRA TUR MAL PER PHI UGA 2 FRA THA JAP ARG KOR SAR USA NOR ISR POR MEX VEN GER HKO IRE SIN POL 3 2.5 GRE TAI MOR RUS TUN UKR CHN ALG EGY VIE 1.5 SYR 1 IRA Log PIB / tête (US$ courants) - Source : Chelem 0.5 5 6 7 8 9 10 101 11 L’indicateur de gouvernance privée vs PIB / tête en 2006 4.0 Enquête 2006 Indicateur de Gouvernance Privée 3.5 y = 0.2466x + 0.6926 R² = 0.412 LIT6 BUL6 3.0 PHI6 UGA6 PAK6 COL6 INO6 ROM6 THA6 2.5 GHA6 IND6 ZIM6 COT6 NIG6 VIE6 2.0 CZE6 CHL6 HUN6 MOR6 EGY6 CHN6 SOA6 TUR6 POL6 MEX6 TAI6 SAR6 KOR6 ARG6 MAL6 PER6 TUN6 ALG6 CAM6 BRA6 POR6 GRE6 IRE6 GER6 FRA6 HKO6 ISR6 NOR6 SIN6 USA6 JAP6 VEN6 RUS6 UKR6 IRA6 1.5 SYR6 1.0 Log PIB/tête 2005 - Source : WDI 0.5 5 6 7 8 9 10 11 102 L’indicateur de gouvernance Publique vs PIB / tête en 2001 4.50 Iindiacteur de Gouvernance 4.00 y = 0.2873x + 0.4037 R² = 0.2712 Enquête 2001 GER GRE POL 3.50 3.00 IND UGA INO GHA NIG BUL PHI PAK NOR USA POR TAI ISR HKO JAP KOR TUR ROM PER COT CAM ZIM UKR 2.50 LIT BRA SOA HUN CZE CHL IRE FRA RUS COL VEN MEX ARG MAL MOR SIN THA 2.00 ALG TUN VIE 1.50 EGY CHN 1.00 SYR IRA SAR Log PIB / tête (US$ courants) - Source : Chelem 0.50 5 6 7 8 9 10 11 103 L’indicateur de gouvernance Publique vs PIB / tête en 2006 4.5 Enquête 2006 Iindiacteur de Gouvernance Publique y = 0.2487x + 0.8621 R² = 0.219 4.0 FRA6 GRE6 HUN6 IND6 3.5 BRA6 PHI6 GHA6 3.0 BUL6 NIG6 SOA6 PER6 COL6 INO6 UKR6 UGA6 ROM6 MOR6 2.5 COT6 PAK6 ALG6 THA6 TUN6 RUS6 CAM6 ZIM6 2.0 VIE6 LIT6 POL6 CZE6 POR6 ARG6 ISR6 KOR6 TAI6 CHL6 TUR6 IRE6 GER6 NOR6 USA6 JAP6 HKO6 VEN6 MEX6 MAL6 SIN6 EGY6 IRA6 CHN6 1.5 SYR6 SAR6 1.0 Log PIB/tête 2005 - Source : WDI 0.5 5.0 6.0 7.0 8.0 9.0 10.0 11.0 104 Analyse comparative des Systèmes de gouvernance : PSEM / PECO 1. Les PSEM affichent un déficit marquant en matière de gouvernance 2. Les managers des firmes et les dirigeants politiques des PSEM semblent être moins soumis à des contraintes disciplinaires censées contrôler leurs actions que leurs homologues des PECO. 105 Analyse multidimensionnelle des systèmes de gouvernance Analyse en Composante Principale sur 36 variables institutionnelles Cercle des corrélations (zoom) du premier plan factoriel 106 ACP sur 36 variables institutionnelles Projection des individus (51 pays) sur le premier plan factoriel. Enquête MINEFE 2001 Faibles pressions des marchés internationaux Groupe 1 Systèmes de gouvernance impersonnels basés sur des règles formelles Groupe 2 Groupe 3 Systèmes institutionnels personnalisés dominés par les règles informelles Ouverture sur l’extérieur / fortes pressions des marchés internationaux 107 Faible pression des marchés internationaux SYR TUN Systèmes de gouvernance impersonnels basés sur des règles formelles Sécurité des contrats et des transactions Justice efficace et indépendante Application de loi / faillite Respect du droit de travail NOR FRA ALG Groupe 2 EGY GER Groupe 1 HUN Systèmes institutionnels personnalisés dominés par les règles informelles POL CZE LIT ROM BUL MAR Faible part du secteur privé Groupe 3 Libéralisation / fortes contraintes Progression vers la formalisation des règles Faible sécurité des contrats et des transactions Une faible liberté de fonctionnement des marchés Liberté et légalité des élections Pluralisme des partis politiques Secteur informel important Liberté de la presse Ouverture sur l’extérieur / Forte pression des marchés internationaux Travail informel important Programme de privatisation opaque 108 Analyse des dynamiques institutionnelles Ouverture sur l’extérieur maîtrisée Ouverture sur l’extérieur restreinte et contrôlée SYR Situation initiale (PVD) FRA TUN ALL USA Systèmes de Gouvernance fondés sur des règles formelles EGY PEC ALG ROM 1 MAR BUL 2 Systèmes institutionnels dominés par les relations interpersonnelles et les règles informelles (1) Adhésion à l’UE (2) Partenariat et accord de libre échange Ouverture sur l’extérieur - Forte pression des marchés internationaux 109 Analyse des dynamiques institutionnelles Notre angle d’analyse : Rôle de l’UE dans l’explication de l’évolution des SNG dans les PSEM et les PECO 110 Analyse des dynamiques institutionnelles Dans quelle mesure la PEV explique-t-elle ces différences en termes de rythme d’avancement de la transition des PSEM et des PECO? 111 Transition institutionnelle et impact de la PEV Premier argument Deux projets / Deux stratégies PECO Adhésion à l’UE PSEM Partenariat – Zone de libre échange Effet frontière / Effets d’ancrage Obligation d’adoption de l’acquis communautaire Lenteur des négociations Absence d’un dispositif contraignant Calendrier stricte Adhésion sous conditions de répondre à des critères fixés par l’UE Résistances internes Dispositif contraignant aux dirigeants Transition laborieuse… Transition rapide 112 Transition institutionnelle et impact de la PEV Deuxième argument L’aide au développement La transition institutionnelle coûte cher aux pays en développement L’aide au développement de l’UE n’est pas à la hauteur des besoins des PSEM Double problème : Asymétrie et inefficacité 113 L’aide au développement de l’UE aux PSEM et aux PECO Dépenses de l'Union européenne Programmation 1995 - 1999 (en milliards d'€) Programmation 2000 - 2004 (en milliards d'€) Cumul de 1995 à 2004 (en milliards d'€) 6,767 6,24 13,07 4,16 4,16 2,8 2,8 6,767 13,2 19,96 0,87 2,38 3,25 PHARE Instrument d’aide économique et technique en faveur des pays candidats d’Europe centrale et orientale ISPA Instrument de pré adhésion contribuant à la réalisation d’objectifs de cohésion sociale, environnement, transports, assistance technique SAPARD Programme spécial d’adhésion pour l’agriculture et le développement rural Total des programmes PECO Programme MEDA PSEM (coopération bilatérale et régionale) 114 Poids démographique et aide européenne par habitant 100% 90% 74 millions 100% 90% 80% 80% 70% 70% 60% 60% 50% 50% 40% 181 millions 270 €/h PECO PSEM 40% 30% 30% 20% 20% 10% 10% 18 €/h 0% 0% Population 2005 Euros/habitant reçu depuis 1995 115 Engagements et paiements de l’aide européenne au profit des PSEM 1200 En Millions € 1000 800 600 400 Engagements 200 Paiements 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 116 Pistes de recherches Acemoglu et Robinson [2006] La transition vers la démocratie est le fait des élites Les élites dirigeantes qui détiennent une rente auront tendance à la préserver Ils adopteront des stratégies individuelles qui visent à bloquer toute action collective susceptible de remettre en cause ce privilège [Olson, 1965, 1993] En l’absence de systèmes de gouvernance formels et impersonnels, ces élites vont mettre en ouvre des stratégies qui visent à verrouiller l’accès aux ressources du pouvoir économique et politique Acemoglu et Robinson [2006] – théorie de la transition North [2007] – L’ordre social à accès limité Labaronne [1998 ; 2002] – stratégie d’enracinement des dirigeants dans les pays de l’Est Meisel et Ould Aoudia [2008] – le système des insiders 117