Exemple de cours enseigné au premier cycle

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ASDEQ- 5 à 7: Nobel 2009
Williamson et gouvernance
économique:
Éléments de la contribution et applications à
l’analyse des politiques
Maximilien Tereraho, M.Sc. (Écon.); Ph.D. (Adm.)
Ottawa, 14 janvier 2010
mtereraho
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Introduction
 Un privilège de présenter une œuvre aussi
grandiose, mais aussi un défi d’en rendre compte
fidèlement la teneur
 Williamson, apparemment plus connu aux
départements de gestion que d’économique
 Approche multidisciplinaire alliant économique,
management et droit
 L’aspect retenu de la contribution peut donc avoir
un biais disciplinaire
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Points de discussion
 Rappels de mise en contexte
 Notions de gouvernance et d’économie de la gouvernance
 Institutions, principes et modes de gouvernance
 Composantes et fonctionnement d’un système de
gouvernance
 Apport distinctif de Williamson
 Extension et falsifiabilisation de la théorie des coûts de
transaction
 Rapprochement des perspectives de l’Économique, du
Management et du Droit classiques
 Délimitations des frontières de l’organisation
 Applications à l’analyse des politiques-exemples
 Politiques corporatives
 Politiques publiques
 Économie du développement
mtereraho
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Qu’est-ce au juste la gouvernance?
 Coordination et contrôle des activités d’une
action organisée, i.e. en fait, le processus
d'allocation des ressources
 Mécanismes de gouvernance = moyens
d'exercer une influence directive ou restrictive
pour amener les agents dans une action
commune
 Populairement, gouvernance souvent réduite,
à tort, aux questions de conseil
d’administration, rémunération des dirigeants
et corruption
mtereraho
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Et l’Économique de la gouvernance?
 Économique institutionnelle (naliste) /
organisationnelle / contractualiste
 Trois principales théories:



Théorie des coûts de transaction (Coase, 1937
; Williamson, 1975, 1985, 1991 ; Ouchi,
1979, 1980, etc.);
Théorie des relations mandataires (Jensen et
Meckling, 1976 ; Eisenhardt, 1985, etc);
Théorie des droits de propriété (Alchian, 1965;
Alchian et Demzetz, 1972; Alessi, 1976, etc.)
mtereraho
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Institutions, principes et mécanismes de
gouvernance
Institution
Principe de
régulation
Mécanisme de
coordination
Mécanisme de
contrôle
Marché
Compétition
Système des prix:
-Multi divisions
-Info décentralisée
-Prix de transfert
-Bonus, commissions,
-Broadbanding, etc.
-Rémunération des résultats
Organisation
(firme, État)
Hiérarchie
(bureaucratie)
Directives, règles et
procédures:
comportements
(inputs/processus)
-Plans/budget/ rapports
-Description tâches /
surveillance directe
-Ancienneté / patronage,
etc.
Traditions
-Valeurs et croyances,
-Info centralisée
-Rémunération des
Clan (culture)
Solidarité
(mutualité,
confiance, etc.)
-Fonctions
(contraintes de
comportement ex ante)
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normes et règles
informelles partagées
-Socialisation,
professionnalisation,
réseautage, etc.
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Système de gouvernance, une combinaison
contingente de marché-hiérarchie-clan
Compétition
Structure
de régulation
Solidarité
(Mutualité)
Directives, règles
et procédures
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Pourquoi Williamson est dit ‘pape’ de la
gouvernance économique?
 Économique de la gouvernance date
pratiquement de la deuxième moitié des
années 70, avec Williamson, même si on lui
reconnaît des racines théoriques plus
lointaines, chez Coase (1937)
 Théorie des coûts de transactions de Coase
étendue et opérationnalisée:



Pourquoi: hypothèses classiques relâchées
Lesquels: sur le marché et dans la firme
Déterminants: spécificité, fréquence, etc.
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A clarifié les origines des coûts de transaction:
Hypothèses classiques relâchées
 Rationalité plutôt limitée: Capacité de l’individu à
répertorier toutes les options possibles avant de prendre une
décision est plutôt réduite; il est aussi émotionnel
 Information peu ou pas parfaite: Lorsqu’elle existe, elle
est loin d’être parfaite; possible asymétrie d’information entre
agents
 Opportunisme: Pour les deux raisons, l’individu peut donc
avoir un comportement opportuniste
 Ainsi, les transactions sur le marché impliquent
des coûts que la firme, dans certaines
circonstances, peut mieux contrôler.
 La firme (l’hiérarchie) est donc un mode de
gouvernance alternatif au marché (peut être un
meilleur mécanisme d’allocation des ressources).
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A détaillé les coûts de transactionSur le marché et dans l’organisation
 Les coûts de transaction externes, déjà identifiés par
Coase, sont ceux reliés aux transactions sur le
marché (externe)- approvisionnement et vente




Recherche des fournisseurs
Rédaction et gestion des contrats
Litiges
Réduction de la vulnérabilité techno-commerciale
(qualité, pouvoir de marché, appropriation des
processus et des résultats)
 En considérant que toute transaction s’inscrit dans
un contrat, Williamson a identifié des coûts de
transactions internes à la firme (notion de marchés
internes)
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A ouvert la ‘boite noire’ de la firme aux
économistes classiques
 Plus qu’une fonction de production, la firme est un
nœud de contrats (transactions).
 Les coûts de transaction internes sont ceux reliés
aux arrangements structurels et systèmes de gestion
nécessaires pour le bon fonctionnement d’une
entreprise de plus en plus complexe à cause de sa
taille, sa dispersion, sa diversité et son envergure:


Coûts de mandat: trucage, dérobade
Coût de gestion des coûts de mandat



Développement de valeurs et objectifs partagés
Développement d’un système de prix efficace (prix de
transfert, rémunération et intéressement liés à la
performance, taux d’escompte des projets)
Surveillance et résolution des conflits, etc.
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A rendu la théorie de la gouvernance
falsifiable- Déterminants
 Williamson a montré que les coûts de transaction
sont fonction croissante de:




Spécificité des actifs
Fréquence des transactions
Incertitude entourant la transaction
Durée de vie de la transaction
 L’intensité d’utilisation du marché dans la
structure de gouvernance en est fonction inverse.
 L’intensité d’utilisation de la hiérarchie dans la
structure de gouvernance en est fonction
croissante.
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Williamson, un ‘pape’ plutôt œcuménique
de la gouvernance économique
 Rapproché économistes et théoriciens du
management



Rationalité limitée et opportunisme empruntés de
Simon (1957, Nobel 1978); March & Simon (1958)
Gouvernance hiérarchique simultanément étudiée en
Management : C.Barnard (1938); P. Drucker (1954,
1964), etc.
Gouvernance de type clanique abordée par Selznick
(1957)
 … et du Droit des contrats: à chaque mode
gouvernance, son type de contrat



Droit classique: accords clairs, résultats prévisibles
Droit néo-classique : transactions durables,
dépendance bilatérale
Droit implicite: transactions de l’intérieure de la firme
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Williamson a défini les frontières de la
firme, dit le Comité du Prix Nobel
 Quelles activités sont/ne sont pas du ressort de
l’entreprise: Quoi garder? Quoi se défaire (privatisation)?
 De ce qui relève de l’entreprise:



Quoi faire soi-même? Quoi acquérir? (acquisitionfusion)
Quoi faire faire? (impartition/sous-traitance)
Quoi co-faire? (alliance)
 Autres termes utilisés:
 Internalisation/intégration (faire soi-même)
 Externalisation/désintégration (faire faire)
 Partenariat, collaboration, réseau (co-faire)
 Autres pratiques en administration publique :
 Délégation / contractualisation, Dévolution /
décentralisation, Partenariat public-privé, Concession,
subventions & contributions, etc.
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Relations étroites entre les phénomènes
 Il y acquisition-fusion parce qu’il y a privatisation/cession
chez l’autre
 L’impartition est une forme de privatisation, une
privatisation partielle
 L’alliance incarne à la fois l’intégration et la désintégration;
selon la perspective:
 Une acquisition partielle
 Une privatisation encore plus partielle
 Mêmes fondements: plus coûts des transactions externes et
internes (complexité) que les coûts de production
 Coûts de transaction externes: + internalisation; externalisation
 Coûts de transaction internes: - internalisation; +
externalisation
 Parfois, internalisation et externalisation à la fois.
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Exemple d’implication de politique de
mondialisation de l’entreprise
 Alliances stratégiques souvent plus efficaces que
acquisitions/fusions: + de coûts de transaction



Indivisibilité (spécificité) des actifs
Coûts de complexité (différences culturelles
interorganisationnelles + internationales)
Barrières institutionnelles et coûts de l’information
(réglementations: concurrence, propriété, circulation des
biens et des personnes, normes du travail, etc.)
 Coentreprises beaucoup plus risquées que les
accords de coopération simples et souples
 Cas classiques d’impartition de la fabrication par
imitation chez Cisco, Compaq et autres ‘hi-tech’:

Surplus ou rupture d’inventaire de pièces / composants, à
défaut d’évoluer avec le marché (reconsidérer relations
fabricants-sous-traitants et réaligner processus de gestion)
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Exemple d’implication de politique publique:
Politique de concurrence
 Sur le plan théorique:
 Le lien entre cession de propriété publique au secteur
privé et gouvernance par le marché est problématique,
aussi bien avant, pendant, qu'après la privatisation.
 Les acquisitions/fusions qui réussissent sont plus
motivées par une gouvernance efficace que par des
gains faciles de parts de marché (coûts de transaction
plutôt qu’économies d’échelle et/ou d’envergure).
 Sur le plan des politiques publiques:
 Échec prévisible de tous programme de privatisation
standardisé ou politique antitrust ignorant les
différences de contexte technologique, managérial et
sociopolitique entre pays et entreprises.
 P.ex., déclin de la performance des entreprises
privatisées dans certains cas des pays en transition,
dont la Russie, alors qu’améliorée dans la majorité des
cas canadiens.
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Application en économie du
développement
 Concept de gouvernance et nouveau paradigme
introduits dans les années 90s
 Développement des institutions et bonne
gouvernance font la différence:


Manque de capital à défaut de protéger les droits de
propriété
Allocation du capital et des compétences à des activités
peu productives à cause des coûts de transaction
élevés, distorsion des incitations, corruption, manque
de confiance
 Prescriptions de politiques (bonne gouvernance):
 Protection des droits de propriété; lutte contre la
corruption
 Support mutuel et renforcement de l’État (hiérarchie),
du secteur privé (marché) et de la société civile
(solidarité)
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Cas classique du socialisme de marché
en Hongrie
 Modèle de développement original, également appelé




Kadarisme (1956-1987)
Système de gouvernance économique intégrant
planification centrale et économie de marché
Recentralisation puis reprise de la réforme (1970s)
font partie du processus de mise en œuvre
Reflet du rôle capital de la gouvernance de type
clanique, avec aller-retour correspondant du
puissant ministre de la culture Aczel et recherche de
consensus sociopolitique dans la décision
Transition au marché positivement comparée au cas
des pairs voisins (Roumanie, Pologne, exTchécoslovaquie)
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Limites de l’analyse économique de la
gouvernance
 Les mécanismes de gouvernance de l’entreprise ou
de l’ensemble de l’économie évoluent constamment
avec les rapports sociaux auxquels ils sont
inextricablement liés.
 Comprendre pourquoi, comment et avec quelle
intensité ils sont respectivement utilisés suppose
donc d'identifier les attentes sociales qui concourent
à leur structuration et favorisent leur usage.
 Ce n’était pas l’objet de cette présentation et cela ne
met en doute d’aucune façon la contribution de
Williamson à la théorie et la pratique de la
gouvernance; merci de votre aimable attention.
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