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SYNDROME D’ACTIVATION MACROPHAGIQUE
ET CANCER SOLIDE : à propos de 4 cas
S Kadri (1); V Prendki (1) ; C Larroche (2); M Gérin (1); M Ziol (3);
A Martin (4); J Stirnemann (1); R Dhote (2); O Fain (1);
(1)Médecine Interne, Hôpital Jean Verdier, Bondy,
(2) Médecine Interne, Hôpital Avicenne, Bobigny,
(3) Anatomie-Pathologique, Hôpital Jean Verdier, Bondy,
(4) Anatomie-pathologique, Hôpital Avicenne, Bobigny
Introduction
Le syndrome d’activation macrophagique (SAM) est caractérisé par une activation excessive des
macrophages et des lymphocytes T conduisant à un état hyperinflammatoire. Le SAM acquis est associé à
une infection, une hémopathie maligne, une maladie systémique, et de façon exceptionnelle à un cancer
solide.
Patients et Méthodes
Nous rapportons quatre cas de SAM associé à un cancer solide.
Résultats
Il s’agissait de 2 femmes et 2
hommes, dont la moyenne d’âge était de 52
ans.
Tous les patients présentaient une
altération de l’état général fébrile, depuis plus
de 10 jours. Le bilan biologique montrait une
ferritine en moyenne à 5349µg/l (1293-10170),
des triglycérides à 1.99mM (1.02-2.85), des
LDH à 2086 UI (744-4375), une hémoglobine à
8.15 g/dl (6.5-9.5), des plaquettes à
30250/mm3 (6000-57000), une cytolyse et une
cholestase pour 3 patients.
Les signes d’hémophagocytose étaient
mis en évidence sur la biopsie ostéomédullaire
pour 2 patients, sur la ponction sternale pour le
troisième et une biopsie hépatique pour le
dernier.
Pour l’un des patients, le bilan
étiologique du SAM faisait découvrir un cancer
du sein avec métastases multiples. Chez un
autre, il révélait l’apparition de métastases d’un
cancer de la vessie déjà traité depuis 2 ans. Les
deux derniers patients étaient suivis pour
cancer pulmonaire.
Le traitement du SAM était celui du
cancer (chimiothérapie et/ou radiothérapie), un
patient avait reçu des immunoglobulines
intraveineuses après échec des corticoïdes et
un autre avait reçu des bolus de corticoïdes
sous couverture antibiotique.
Trois des quatre patients sont décédés
en moyenne 170 semaines (2-144) après la
découverte du SAM. Pour deux d’entre eux, le
décès est directement rapporté au SAM. La
patiente ayant le cancer du sein est toujours en
vie et en cours de traitement.
a
CD68
b
c
CK7
CK20
d
e
e
Biopsie hépatique d’un patient, traité pour un carcinome vésical,
mettant en évidence une hémophagocytose ainsi qu’une
infiltration tumorale intrasinusoïdale. a) on identifie une
hyperplasie des cellules de Küpffer (flèches). b) Le cytoplasme des
cellules de Küpffer (en brun sur l’immunomarquage par le CD68)
renferme des hématies (flèches). c) Quelques groupes de cellules
épithéliales aux noyaux irréguliers flottent dans les sinusoïdes
(étoiles). d et e) Ces cellules expriment la cytokératine 7 et 20. Ce
profil s’accorde avec une origine primitive vésicale.
Mme C
Mr R
Mme F
Mr K
Age
41 ans
57 ans
45 ans
64 ans
Date diagnostic K
09/2009
2007
07/2001
12/2001
Type cancer
Sein
Vessie
Bronches
Epiglotte/Poumon
AEG fébrile > 10 jours
Oui
Oui
Oui
Oui
LDH/CRP (UI/mg/l)
4375/127
1548/144
1678/263
744/272
Triglycérides (mM)
2,85
1,82
2,28
1,02
Ferritine (µg/l)
10170
4584
Hb / Plaquettes (g/dl/mm3)
10,5/57000
8,6/40000
9,5/18000
Biopsie diagnostiquant le
SAM
Biopsie ostéomédullaire
Ponction biopsie
hépatique
Ponction
Ponction sternale
sternale/Biopsie ostéomédullaire
Leucocytes (/mm3)
7500
ASAT/ALAT (UI)
280/135
Evolution
Traitement
1293
9,4/6000
47100
1000
35/29
30/115
29/19
En cours de Tt
Décès
Décès
Décès
Radiothérapie
Chimiothérapie
Cystectomie
Chimiothérapie
(3lignes)
IgIV
Corticothérapie forte
dose
Radiothérapie
chimiothérapie
Discussion
L’association SAM et cancer solide a rarement été rapportée dans la littérature entre 1979 et 2010, avec moins de 20
cas publiés de façon isolée portant avec une prédominance de mélanomes malins métastatiques (3 cas), de cancers
gastriques (3) et de tumeurs germinales du médiastin (3). Cinq cas au moins survenaient dans un contexte infectieux
surajouté (aspergillose pulmonaire invasive, infection à EBV, septicémie à Escherichia coli, Clostridium perfringens et
Klebsiella), six cas semblaient être uniquement liés à l’étiologie cancéreuse.
Ces différents cas cliniques ont pu mettre en évidence, comme chez nos patients, l’importance des biopsies dans
l’apport diagnostique du SAM, et même du cancer et le court délai entre le diagnostic du SAM et le décès du patient.
Chez nos patients, le diagnostic de SAM était fait avec retard, après avoir bien entendu éliminé une cause infectieuse
chez ces patients immunodéprimés par le cancer, les traitements et/ou la dénutrition. Dans un cas, seule la biopsie
hépatique a permis de diagnostiquer l’évolution métastastique du cancer. La ponction biopsie hépatique devrait être
réalisée plus systématiquement devant l’apparition d’anomalies du bilan hépatique et peut permettre la mise en
évidence de signes d’hémophagocytose et le diagnostic étiologique du SAM.
La
mortalité retrouvée chez nos patients se rapproche de celle des SAM secondaires aux hémopathies (80%).
Conclusion
Bien que les SAM associés aux tumeurs solides soient peu fréquents, il faut y penser devant une fièvre persistante chez
un patient suivi pour cancer.
Myers, Annals of internal medicine, 1988
Wong,The American Journal of Medicine 1992
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt.
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