Approche motivationnelle

publicité
La motivation au
changement
Le changement n’est pas un
phénomène unitaire
Stades du changement : Prochaska- Di Clemente
Dispositions au changement

Être prêt (la priorité)

Vouloir (l’importance)

Entre être capable (la confiance en soi)
Le modèle trans-théorique de
PROCHASKA & DI
CLEMENTE
Modèle de Prochaska et DiClemente
Entrée dans la
dépendance
Pré-contemplation
ne pense pas à arrêter
de consommer,
consommateur satisfait
Contemplation
Rechute
Considère son
comportement comme
problématique
!!(Chute)!!
Préparation - Prise de décision
Sortie de la
dépendance
A décidé d’arrêter dans les prochains jrs,
sem,mois
Maintien
Action
PRECONTEMPLATION
Le patient a un problème de dépendance mais:
- Ne sait pas qu’il s’agit d’une dépendance
- Sait qu’il s’agit d’une dépendance, mais pense que ce
n’est pas un problème
- Pense que cela pourrait être un problème pour
quelqu’un d’autre, mais ce n’est pas son cas
- Pense que si cela devenait un problème ou bien
s’il le décidait, il pourrait s’arrêter facilement
PRECONTEMPLATION
Le patient n’est pas conscient ou ne tient pas compte des
conséquences à long terme
Pas ou peu d’ambivalence: le patient trouve beaucoup
d’avantages à poursuivre et peu d’avantage à arrêter
Le niveau de tentation par le produit ou le comportement
problème est élevé
Résistance ou/et réactance au traitement thérapeutique
importantes
Méthodes pour le stade de
PRECONTEMPLATION
Le but est de favoriser chez le patient la prise de conscience
des problèmes qui se posent et d’établir le cadre
thérapeutique collaboratif souhaitable pour le changement
Mise en place d’une relation collaborative
Se centrer sur l’objectif que le patient revienne
Choisir des buts intermédiaires congruents avec la demande du
patient
Renforcer les ressources du patients
Donner de l’information, examens de santé
Développer l’ambivalence: avantages – inconvénients, courtterme versus long terme, cercle vicieux.
CONTEMPLATION
Le patient a un problème de consommation et le sait
Il reconnaît bien que ce serait mieux pour lui de ne pas
avoir ce problème mais:
- Pense que les conséquences graves ne sont pas encore
arrivées mais quelles sont possibles plus tard. Il a donc
encore le temps.
- Pense que d’autres problèmes sont prioritaires et que ce
n’est pas le moment de faire quelque chose.
- Pense que c’est un problème important mais ne se sent
pas capable d’arrêter pour le moment ou/et n’envisage pas
sa vie sans.
CONTEMPLATION
Le patient a une demande de traitement ou d’aide.
Le patient vient de plus en plus volontiers aux consultations.
Le patient réfléchit beaucoup à son problème.
Le patient est bien conscient du problème et parle clairement des
conséquences à long terme ou/et à court terme.
Le patient est très ambivalent, il souhaite arrêter « sa consommation »
en même temps la conserver: les avantages/inconvénients s’équilibrent.
Le patient réévalue ses objectifs de vie et envisage sa vie sans
consommation comme étant souhaitable, même si ce projet lui paraît
difficile.
Le patient garde un haut niveau de tentation mais également se sent
de plus en plus capable d’agir sur le problème: il développe
progressivement des attentes d’efficacité.
Méthodes pour le stade de
CONTEMPLATION
Le but est d’amener le patient à décider de passer à l’action et de
préparer avec lui un projet avec les meilleures chances de succès.
Travailler sur l’ambivalence: avantages inconvénients, court
terme versus long-terme
Travailler sur la réévaluation des objectifs de vie
Travailler sur le développement des attentes d’efficacité et de
résultats. Développement de l’estime de soi.
Les avantages/inconvénients à court et long terme –
ambivalence
Les patients sont invités à compléter le tableau suivant
Avantages d’arrêter
de fumer
(import de 0 à 100)
Inconvénients
d’arrêter de fumer
(import de 0 à 100)
Avantages de
continuer à fumer
(import de 0 à 100)
Inconvénients de
continuer à fumer
(import de 0 à 100)
Total avantages
Total inconvénients
Total avantages
Total inconvénients
Méthodes pour le stade de
CONTEMPLATION
Méthodes de résolution de problèmes
Méthodes cognitives centrées sur la prévention à la rechute
Développer les aides efficaces et pertinentes pour les
personnes
Aider le patient à régler d’autres problèmes importants
(juridiques, sociaux, etc.…)
ACTION
Les patients ont décidé d’arrêter leur consommation et se
sentent de plus en plus capables de le faire, donc de « payer
le prix » nécessaire.
Il s’agit d’une étape particulièrement stressante durant
laquelle le patient va introduire un changement pour
lequel il est motivé
Le risque le plus important est l’échec. Le thérapeute doit
donc soutenir le changement, d’autant plus que ce stade
correspond souvent à la perte du soutien, voir au rejet des
personnes de contact habituel.
ACTION
Le patient a décidé qu’un changement s’impose dans sa vie
par rapport au problème de consommation (réévaluation de
soi).
L’ambivalence est moins marquée: les avantages d’arrêter
sont supérieurs aux avantages de poursuivre. Inversement,
les inconvénients et risques de continuer sont supérieurs aux
inconvénients et risques de poursuivre.
Le niveau de tentation pour le produit diminue
Le patient a une demande d’action
Le patient a confiance dans ses possibilités d’arrêter
Le patient a confiance en son thérapeute (et les personnes
pertinentes) pour le soutenir et l’aider.
ACTION
Le patient a un projet précis et a acquis des méthodes
adéquates pour ce projet: où, avec qui, comment.
Il a été entraîné à ces méthodes, et a confiance en leur
efficacité. Il a bien conscience des difficultés et les
situations à haut risque sont bien explorées.
Méthodes pour le stade de
l’ACTION
Mise en place des conditions de désintoxication:
• hospitalisation
• domicile avec l’aide des proches
Soutien intensif par les soignants
Continuer à entraîner les méthodes de prévention de rechute
comme l’exposition, le contrôle du stimulus, le travail sur les
pensées automatiques, les méthodes d’entraînement aux
habiletés sociales, la résolution de problème, la relaxation…
Maintenir les activités alternatives (occupation du temps,
travail, loisirs…)
MAINTENANCE
Le patient a établi le changement comportemental, cognitif,
affectif et relationnel correspondant à l’arrêt de la
consommation
Le patient a accepté de « payer le prix » et commence à
« toucher les bénéfices »
Le risque principal est la rechute
MAINTENANCE
Le temps « sans consommation » est supérieur à 6 mois au
moins.
Le patient se sent plus sûr de lui (estime de soi, attente
élevée d’efficacité et de résultats)
Le niveau de tentation diminue
Le patient connaît bien les situations à haut risque et
sait utiliser des techniques pour les négocier.
Le patient garde un bon contact avec le thérapeute et sait
faire appel à lui, mais les entretiens s’espacent dans le temps.
Le patient est actif. Il sent que sa qualité de vie s’améliore, il
est intéressé par ce qu’il fait (travail, activité, loisir…)
Méthode pour le stade de
MAINTENANCE
Le but est de maintenir le changement et de favoriser
l’autonomie du patient.
Stratégies de prévention de la rechute
Maintien des méthodes comportementales et de l’aide pour les
problèmes concrets de la vie
En fonction du niveau de la demande et des problèmes présentés
par le patient:
• thérapie cognitive
• développement des habiletés sociales
• thérapie familiale
Avec pour but un changement « du style de vie » du
patient adapté à sa situation, et l’obtention du
sentiment de « bonne qualité de vie ».
RECHUTE
La rechute est la REGLE, non pas l’exception.
Il est donc intéressant de préparer avec le patient une
conduite à tenir adaptée dès le stade de contemplation.
RECHUTE
Seconde
prise
Puis toutes les autres
Première
prise
temps
Comment se produit cette première prise ?
Comment cette première prise aboutit-elle à toutes les autres ?
Comment se produit cette
première prise ?
Existe-t-il un facteur déclenchant ?
 S’agit-il d’une reprise brutale, imprévisible, reliée à
ce facteur déclenchant ?
 Est-ce que la rechute correspond à une situation pour
laquelle le patient n’était pas préparée, et en quoi ?
S’il n’existe pas de facteur déclenchant, comment la
rechute s’est-elle construite, était-elle prévisible ?
Recherche des décisions apparemment sans rapport
avec la rechute mais favorisant l’exposition à une
situation à haut risque.
Comment cette première prise
aboutit-elle à toutes les autres ?
Effet de violation de l’abstinence
Le patient qui minimise
Deux « pièges »
Le patient qui maximalise
Les axes de travail
Le rapport collaboratif
Le travail avec la famille
La motivation du patient
Le travail sur le « style de
vie »
L’information concernant l’abus d’alcool,
les toxicomanies et les risques
Les situations à risque
La rechute et le risque de rechute
Les problèmes relationnels et l’affirmation de soi
Les problèmes matériels et sociaux
L’occupation du temps
Les difficultés principales pour la
thérapie
Les difficultés pour établir un rapport
collaboratif, une alliance thérapeutique,
Maintien des rendez-vous, tâches assignées…
Les difficultés pour planifier l’ensemble du
traitement
Le problème de la durée de la thérapie
L’Entretien Motivationnel
Entretien motivationnel (EM)

Miller, ‘Motivational interviewing with problem drinkers’, (1983);
Miller & Rollnick, ‘Motivational interviewing: preparing people
to change addictive behaviour, (1991, 2002)

Thérapie humaniste non-directive: Rogers (1951)

Définition: « Méthode de communication, directive et centrée sur
la personne à aider, utilisée pour augmenter la motivation
intrinsèque au changement, par l’exploration et la résolution de
l’ambivalence » (Miller & Rollnick, 2000)

A la fois ensemble de stratégies centrées sur la personne à aider,
de techniques semi-directives et un style relationnel
Modèle collaboratif

Image de la danse (≠ lutte)
L’expertise n’est pas dans le chef de l’intervenant, il
n’impose pas
 Le patient est expert de sa problèmatique et reste
libre et autonome
 L’intervenant et le patient se penchent ensemble sur
un problème à résoudre

Attitude

Importance d’une attitude
Empathique
 Chaleureuse
 Authentique

Deux étapes principales de l’EM
I.
Ressortir un portrait global de la situation /
progresser vers une décision de changement
II.
Consolider la décision de changement et les
actions de résolution de la situation difficile
« Readiness to change »
Ready, willing, able
A
Pas prêt
B
Incertain
C
Prêt
Importance
« readiness to change »
Confiance
Première étape:
0
Aucune confiance
0
Pas important du tout
10
Totale confiance
10
Extrêmement important
Seconde étape:
0
Pas prêt du tout
10
Tout à fait prêt
L’ambivalence

Phénomène humain par excellence: aspect
normal et commun à beaucoup d’expériences de
la vie de tous les jours.

Travailler la balance décisionnelle

Favoriser les bénéfices à long terme par rapport aux
bénéfices à court terme
« travailler la balance décisionnelle »
Raisons pour
changer
Raisons pour ne
pas changer
« travailler la balance décisionnelle »
Consommer
+ Détente
plaisir
- Mauvais pour
ma santé
mentale
Arrêter
+ Bon pour
ma santé
mentale
- irritabilité,
malaise
« travailler la balance décisionnelle »

La question à 5 millions d’€

Que feriez-vous si je vous offrais 5 millions d’euro
pour arrêter votre consommation de benzo?
Principes directeurs de l’EM

La motivation au changement doit émaner de la personne elle-même et non être
imposée de l’extérieur

Il revient à la personne aidée, et non à l’aidant, de nommer et de résoudre son
ambivalence

La persuasion directe n’est pas une méthode efficace pour résoudre l’ambivalence

Le style de l’EM est généralement doux et invite à l’exploration

Le thérapeute est orientant dans l’exploration et la résolution de l’ambivalence

La motivation au changement n’est pas un trait de caractère de la personne aidée
mais un état qui vacille selon la qualité d’une interaction personnelle

La relation thérapeutique est un partenariat plutôt qu’une relation expert/patient
Les personnes sont en général
bien plus convaincues par les
arguments qu’elles ont
découverts elles-mêmes que
par ceux apportés par les
autres.
4 stratégies générales de l’EM
1.
Faire preuve d’empathie, d’acceptation de l’état
d’ambivalence de la personne aidée
2.
Développer la perception des divergences entre le
comportement présent et les objectifs et valeurs de la
personne aidée
3.
Ne pas s’opposer à la résistance de front par des
argumentations
4.
Nourrir le sentiment d’efficacité personnelle, la confiance
dans la capacité de changer en insufflant de l’optimisme
Discours-changement

Un des buts de l’EM est de faire ressortir le «discourschangement» et d’aboutir à une augmentation de celui-ci,
qualitativement et quantitativement

Permettre à la personne aidée de nommer elle-même les raisons
de la nécessité du changement, non les lui imposer

Au contraire, la confrontation directe provoque de l’agressivité,
une verbalisation des motivations négatives et donc une
augmentation de la résistance

Idéalement: progression de la réflexion vers l’engagement
La résistance

Défi thérapeutique

Discours-changement/résistance: 2 revers de l’ambivalence

Variable interpersonnelle; manifestation de la résistance =
signal de dissonance dans la relation souvent provoquée
par le conseiller (p.ex.: mauvaise évaluation du stade de la
personne, jugements de valeur sous-jacents)

« Roll with resistance »
Stratégies d’ouverture
1.
Poser des questions ouvertes
2.
Le reflet, l’écoute active
3.
Soutenir la personne
4.
Résumer et récapituler
Poser des questions ouvertes

Favorisent l’exploration

Permettent aux préoccupations de l’aidé de
ressortir

Rencontrent le besoin de la personne aidée
d’être écoutée et comprise
Pratique

S’entraîner à poser des questions ouvertes,
favorisant l’émergence d’un discourschangement et l’élaboration versus des questions
fermées (favorisant la passivité et le statut quo)
Le reflet, l’écoute active

Reflet: affirmation, assertion reflétant le propos
que l’interlocuteur vient de tenir

Pas une question

Peut refléter le contenu du propos ou le
sentiment

Permet de refléter l’ambivalence
Formes du reflet

Répétition: simple et identique

Reformulation: on reste proche du propos, mais
on utilise des synonymes

Paraphrase: l’écoutant infère le sens du propos,
utilise des mots nouveaux, ajoute ou étend le
propos

Reflet de sentiment: paraphrase avec accent sur
la dimension émotive
Pratique

S’entraîner à utiliser les reflets
Soutenir la personne

Soutenir, encourager, complimenter

Insuffler un optimisme, une croyance face à leur
capacité de modifier la situation

Renforce la relation de travail, rehausse une
attitude de responsabilisation et le sentiment de
compétence, renforce l’émergence d’énoncés
motivationnels, renforce l’estime de soi de la
personne aidée
Pratique

S’entraîner à soutenir le sujet et à insuffler de
l’optimisme dans ses possibilités de changement
Résumer et récapituler

Permet de sélectionner et de refléter les éléments
motivationnels que vous désirez faire ressortir, de les
souligner et d’aider la personne à progresser vers le
changement

Permet de nommer l’ambivalence

Permet à l’aidé de corriger ou d’ajouter à votre
perception de la situation

Fréquemment
3 questions ou reflets/ 1 résumé

Bâtir la motivation: les pièges





Focalisation prématurée
Etiquetage
Non-neutralité
Expert
Questions/réponses
Bâtir la motivation: les pièges
1. Focalisation prématurée

Empressement à cerner le problème afin de
rapidement le corriger

Centrer l’entretien immédiatement sur la
consommation d’alcool
Bâtir la motivation: les pièges
2. Etiquetage

Vouloir faire accepter à la personne une
étiquette quelconque

L’acceptation d’une étiquette n’est pas corrélée
avec le succès d’une démarche de changement
Bâtir la motivation: les pièges
3. Non-neutralité

Piège de la confrontation/négation: l’aidant campe sa position
sur un des côtés de l’ambivalence de l’aidé

Piège du blâme (chercher le fautif): la personne conseillée
cherche un responsable, se décentre de la recherche de solutions
et amène l’aidant à prendre position pour ou contre elle
Eviter tout affrontement direct


Eviter de: donner des ordres, diriger, commander, menacer,
mettre en garde, discuter, sermonner, moraliser, prêcher, juger,
critiquer, accuser, humilier, ridiculiser

Eviter d’interpréter, analyser
Bâtir la motivation: les pièges
4. Expert

L’aidant n’est pas un expert que l’aidé suivra
passivement

C’est la personne aidée qui est experte de sa
propre personne

L’aidant et l’aidé forment un partenariat

Ces différentes attitudes risquent d’entraîner de
la résistance qui conduit à défendre la position
du statut quo

La résistance = bon indicateur pour ré-ajuster
son attitude car signal de dissonance dans la
relation
Pratique

Jeux de rôles
En guise de conclusion
L’Entretien Motivationnel
=
80% d’esprit
&
20% de techniques
Téléchargement