ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT Partie 2, Chapitre 5

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ECONOMIE DU
DEVELOPPEMENT
PARTIE 1, CHAPITRE 5
Farouk Alioua
Département des Sciences Humaines
mars 2013
PARTIE 1
Croissance économique et développement
Chapitre 1: La croissance économique
Chapitre 2: Le développement économique et social
Chapitre 4: Analyse comparée des théories de développement
Chapitre 5: Le développement comme finalité
Chapitre 6: La mesure du développement
2
CHAPITRE 5
La mesure du développement
I. Le PIB est-il un bon indicateur du Bien être, du bonheur ?
La croissance a indéniablement des effets
positifs sur le bien être individuel, car elle est
source :
d’accroissement des revenus, et donc de
la consommation
• de création d’emplois
• de développement
•
MAIS DANS LE MÊME TEMPS, CES EFFETS DOIVENT ÊTRE NUANCÉS :

il se pose le problème de la répartition des richesses
créées : une augmentation du PIB ne se traduit pas
nécessairement par une amélioration de la situation de
chacun

A l’opposé, pour une population pauvre, une hausse du
PIB se traduit quasiment nécessairement par une hausse
du bien-être, cette relation est moins vraie pour des
populations plus riches.
Ceci s’explique par le fait que les normes sociales de
bien-être sont évolutives.
2. LE BIEN-ÊTRE EST PLURIDIMENSIONNEL
Pour cerner la notion de bien-être, il est nécessaire de
recourir à une définition pluridimensionnelle.
les principales dimensions qu’il convient de prendre en
considération sont aujourd’hui répertoriées.
Ces dimensions modèlent le bien-être de chacun ; pourtant,
bon nombre d’entre elles sont ignorées par les outils
traditionnels de mesure des revenus.
Le Bien-être selon le P.N.U.D.
Le Programme des Nations Unis pour le Développement (P.N.U.D.)
propose de remplacer le P.I.B. par habitant par l'Indice du
Développement Humain (I.D.H.), un indicateur composite dont
l'objectif est de refléter trois aspects du développement
économique et social :
 l'espérance de vie ;
 le degré d'éducation ;
 l'accès aux ressources indispensables pour vivre décemment.
D’autres indicateurs tels que l’ISDH (Indice Sexo-spécifique de
Développement Humain) et l’IPH (Indice de Pauvreté Humaine)
sont venus enrichir la mesure du bien être et de la pauvreté.
« Si le développement humain consiste à élargir les choix offerts
aux individus, la pauvreté signifie que ces mêmes individus sont
privés des perspectives et des choix les plus essentiels au
développement humain. Une personne n’est donc pas libre de
jouir d’une vie longue, saine et créative, et se voit refuser l’accès
à un niveau de vie décent, à la liberté, à la dignité, au respect de
soi et à celui d’autrui. Dans une perspective de développement
humain, la pauvreté signifie davantage que l’absence de ce qui
est nécessaire au bien-être matériel ».
Définition du l’IPH par le PNUD.
EN PRINCIPE AU MOINS, CES DIMENSIONS DEVRAIENT ÊTRE APPRÉHENDÉES
SIMULTANÉMENT
les conditions de vie matérielles (revenu, consommation et richesse);
 la santé ;
 l’éducation ;
 les activités personnelles, dont le travail ;
 la participation à la vie politique et la gouvernance ;
 les liens et rapports sociaux ;
 l’environnement (état présent et à venir) ;
 l’insécurité, tant économique que physique.

•
•
Si le bien être est objectif, e bonheur est
un état conscient subjectif
On dit que l’argent ne fait pas le bonheur .
Aujourd’hui on parle du :
•
•
•
•
BNB
IBM
« Bonheur National Brut »
« Indice Mondial du Bonheur »
C’est quoi la richesse ? C’est quoi être riche ?
C’est quoi la pauvreté ? C’est quoi être pauvre ?
3. LA NOTION DE RICHESSE
« Qu'est-ce qu'une société riche ? Est-ce simplement une
société dont le P.I.B. est très élevé, c'est-à-dire dans laquelle
les échanges marchands sont considérablement développés ?
La notion de richesse soulève de nombreuses questions:
. La richesse renvoie-t-elle à ce qui est produit par une société, à ce
qui existe dans une société, aux potentialités d'une société ?
. Toutes les productions doivent-elles être prises en compte ?
Quelque soit les conditions ? (drogue, prostitution, armes chimiques…)
. Peut-on apprécier la richesse sans considérer la manière dont elle
est obtenue, son utilisation et sa répartition ?
. Comment évaluer les différentes formes ou composantes de la
richesse ?
Les sociétés occidentales sont dites riches, du moins à la
lecture des indicateurs classiques qu'elles ont inventés
pour se représenter - à elles-mêmes et aux autres - cette
richesse et son accroissement :
elles amènent sur le marché une profusion de biens et
services que les individus s'approprient et
consomment.
La Richesse selon la Banque Mondiale
La richesse productive d'un pays repose, non seulement sur le
capital physique mais aussi sur les richesses naturelle et
humaine.
Il s’agit donc de mesurer les stocks afin
d'appréhender le développement durable.
Aussi, l'évaluation de la richesse d'un pays résulte du calcul de
la valeur de trois types de capitaux :
les actifs naturels qui incluent la valeur de la terre, de l'eau, du
phosphate et d'autres matières premières ;
 les capitaux produits, c'est-à-dire la valeur des machines, des
usines, des routes et des chemins de fer ;
 les ressources humaines, c'est-à-dire la valeur représentée par
« la capacité productive des individus, appréhendée par les
niveaux d'éducation, de formation, de nutrition, de santé ».

La Richesse selon l'O.S.N.U
“ P.I.B. vert ” ou “ éco-produit intérieur net ”
pour un développement durable.
L'Office Statistique des Nations Unies a introduit la notion du
Coût environnemental “ imputé ” qui cherche à exprimer, en
termes monétaires, les répercussions de la détérioration de
l'environnement sur l'économie et le bien-être. Il concerne trois
types d'utilisation de l'environnement :



l'épuisement des actifs naturels ;
l'usage du sol et du paysage ;
l'utilisation de l'environnement pour l'élimination des déchets.
Il existe un constat indéniable : l’activité économique a un
impact néfaste sur l’environnement naturel (destruction de la
couche d’ozone, réchauffement climatique, atteinte à la
biodiversité, épuisement des ressources naturelles…)
D’où la question : est-il possible de concilier croissance et
écologie ?
Certains économistes estiment que ce problème se résoudra
« naturellement » grâce au progrès technique, qui permettra de
réduire à terme la consommation de ressources naturelles par
unité produite
4. LA NOTION DE PAUVRETE
L'approche la plus fréquente de la pauvreté consiste à
mesurer la pauvreté monétaire pour laquelle on considère
comme pauvre la personne dont les ressources sont inférieures
à un certain seuil de pauvreté.
Le revenu apparaît alors comme un indice synthétique de la
capacité à acquérir des biens.
Mais la pauvreté peut être “ absolue ” ou “ relative ”.
Dans le premier cas, le seuil de pauvreté fait référence à
l'idée d'un minimum vital : on considère comme pauvre toute
personne qui ne parvient pas à satisfaire un certain nombre
de besoins jugés fondamentaux (alimentation, habillement,
logement, santé, ...).
LA MESURE DE LA PAUVRETÉ

La pauvreté est un phénomène multidimensionnel dont les
manifestations s’observent aussi bien à travers l’insuffisance des
ressources, que par la précarité et l’exclusion sociale.

Plusieurs définitions pour la cerner. En particulier, l’on distingue les
approches fondées sur le bien-être ou le revenu, les conditions de vie
et les besoins de base, et les capacités et les potentialités des
individus.

La mesure de l’incidence, de la profondeur et de la sévérité de
pauvreté nécessite l’identification des individus pauvres, et
construction d’indicateurs pertinents de leur pauvreté. Dans
pratique, deux approches sont utilisées : l’une dite « objective »
l’autre dite « subjective ».
la
la
la
et
DEUX APPROCHES DANS LA MESURE DE LA PAUVRETÉ:
L’approche objectif et l’approche subjective

L’approche « objective »

Bien-être/revenu : est pauvre l’individu qui ne dispose pas
de suffisamment de revenus en termes absolus ou relatifs.

Conditions de vie/Besoins de base : sont pauvres les
personnes qui n’utilisent pas des services de base.

Capacités/Potentialités : la pauvreté résulte de la non
réalisation des potentialités de l’individu, liée à l’incapacité
de disposer de certaines facilités, ou d’avoir une influence
sur la gouvernance et la société.

L’approche « subjective »

basée sur la perception qualitative des populations de leurs
conditions d’existence, selon des critères propres.

interroge les représentations, la culture et le vécu des populations.

cherche à délimiter le contenu concret de la pauvreté au travers
des notions de bien-être, des priorités des pauvres, du risque, de
la sécurité et de la vulnérabilité, de l’exclusion sociale, de la
cohésion sociale, et du conflit.

La perception de la pauvreté est relative et doit être mise en
relation avec les pratiques sociales, les cultures, les
représentations, les modes de pensées, les formes de sociabilités.
Contrôle des connaissances N°6
06/04/2013
Comment définissez-vous la richesse ?
5. QUELS INDICATEURS POUR QUELLE RICHESSE ?
La comptabilité nationale fournit une description très
rudimentaire de la vie sociale, et pour s'en servir il faut
être capable d'intégrer ces facteurs économiques,
politiques, culturels, sociaux, environnementaux, qui
conditionnent l'action des hommes mais que le système
comptable est précisément incapable de décrire
L'économie et ses implications sont trop
complexes pour pouvoir être représentées
par un chiffre unique.
Le développement n’est pas
qu’une notion économique
Les insuffisances des indicateurs habituels ont conduit des
économistes et des organismes nationaux et internationaux à
proposer d'autres indicateurs.
Ainsi pour sortir de l’édifice conceptuel du développement,
il faut donc sortir de cette interprétation d’un évolutionnisme axé
sur la croissance infinie et revenir à une interprétation basée
davantage sur
l’harmonie et l’équilibre dans
les systèmes humains et naturels.

Pour un même niveau de richesse, les niveaux de
développement réels peuvent être fort divergents.

Deux pays peuvent avoir le même niveau de PIB mais diffèrent
selon l’IDH: l'espérance de vie d'un Sénégalais s'élève à 50
ans, alors qu'elle atteint presque 70 ans au Honduras; et 50%
à peine de la population sénégalaise est alphabétisée, contre
plus de 80% au Honduras.
Graphique : PNB par habitant et niveau de développement
LES COMPOSANTES DE L'IDH :
L'IDH combine :
* l'espérance de vie,
* le niveau de connaissances mesuré par le taux
d'alphabétisation des adultes et le Taux brut de scolarisation,
* ainsi que le P.I.B. réel par habitant ajusté en parité de
pouvoir d'achat (PPA).
L'INDICATEUR DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN (I.D.H.) EST UN
INDICE COMPOSITE DONT LA VALEUR S'ÉCHELONNE ENTRE 0 ET 1.
Le PNUD classe les 173 pays étudiés en trois groupes :
Pays a développement humain élevé
(IDH >= 0,8) : 53 pays d'IDH moyen 0,918 ;

Pays à développement humain moyen
(0,5 <= IDH < 0,8) : 84 pays d'IDH moyen 0,691 ;


Pays à faible développement humain
(IDH < 0,5) : 36 pays d'IDH moyen 0,448.
3 RAISONS EXPLIQUENT QUE LES NOUVEAUX
INDICATEURS NE S'IMPOSENT PAS VÉRITABLEMENT :
d'abord, la substitution d'un indicateur à un autre
entraîne une perte d'information, notamment pour
les comparaisons de longue durée ;
ensuite, ces indicateurs constituent un enjeu politique
pour les gouvernements ;
enfin, le type d'indicateurs utilisés renvoie à un type de
régulation économique (capacité du marché à réguler
l'économie ou insuffisance de la régulation par le
marché).
Même si l'I.D.H n'a pas (encore ?) réussi à
s'imposer, même s'il demande à être perfectionné,
il a le mérite de rappeler une évidence :
Pourquoi plus de croissance si elle ne sert pas
à améliorer le développement humain ?
Seulement 56% de la population rurale marocaine disposait en 2002 d’un accès
à l’eau potable, c’est le niveau le plus faible de l’échantillon
DISPONIBILITE, PROXIMITE , ACCESSIBILITE DES LIEUX DE SOINS
Au Maroc, l’insuffisance des dépenses publiques
d’investissement dans le secteur de la santé a des
répercussions sur l’offre sanitaire. 1 lit pour 1.000
habitants.
le nombre d’habitants par médecin a été ramené de
4 875 en 1990 à 2308 en 2001.
Salaires et revenus
Salaire minimum garanti (Personnes âgées de 18 ans et plus)
En DH
Date d'effet de la revalorisation
1991
1992
1994
1996
2000
6,00
6,60
7,26
7,98
8,78
48,00
52,80
58,00
63,84
70,24
1 248,00
1 372,80
1 510,00
1 659,84
1 826,24
31,08
34,18
37,60
41,36
45,50
Industrie, commerce et professions libérales (S.M.I.G)
Salaire horaire
Salaire journalier (8h/j)
Salaire mensuel (208h/mois)
Agriculture (S.M.A.G)
Salaire journalier
LE DÉVELOPPEMENT EST-IL UN PROGRÈS ?
Selon F. Perroux, il convient de « séparer les progrès du progrès». Trois
thèses sont alors envisageables.

On peut assimiler le développement ou la croissance au progrès
historique d'ensemble des sociétés, comme le fait la pensée évolutionniste

On peut, au contraire, récuser cet optimisme, et parier seulement des
progrès amenés par la croissance (progrès des techniques, du niveau de
vie, de l'espérance de vie, etc.). En même temps, on doit relativiser ces
progrès en soulignant qu'ils peuvent s'accompagner de régressions : la
dégradation de l'environnement, les contraintes du mode de vie urbain et
ses conséquences sur la qualité de la vie.

On peut enfin critiquer la notion même de développement dans la mesure
où elle semble porter un jugement de valeur à propos des sociétés dites
sous-développées. Dans cette perspective le développement serait un
concept occidental empêchant les autres sociétés de préserver leur
identité culturelle de de choisir leurs propres modèles.
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