W.Feki, A.Aissa, M.Bradai, S.Ouled Chavey, W.Bouallègue², R.Alouini 1) Service d’imagerie médicale 2) Service d’orthopédie Hôpital Ibn El Jazzar, Kairouan Thème: Ostéoarticulaire N° d’ordre: OA N°8 Introduction La richesse des informations fournies par l’arthroscanner est nettement supérieure à l’arthrographie classique, notamment pour étudier le cartilage fémoropatellaire et fémorotibial, pour détecter de discrets remaniements osseux sous chondraux et ceratines lésions méniscales . Notre travail consiste à évaluer l’apport de l’arthroscanner dans la pathologie du genou. Matériels et méthodes • Etude rétrospective de 12 patients, colligés au service d’imagerie médicale et d’orthopédie sur une période de 4 ans (20072010) • Age : 16 -69 ans • Sexe: 3 hommes et 9 femmes. La symptomatologie clinique était faite de : - Gonalgie (n=5) - Douleur invalidante antérieure du genou (n=1) - Blocage méniscal (n=2) - Impotence fonctionnelle (n=1) - Douleur fémoro patellaire (n=1) - Douleur suite à un traumatisme survenu sur gonarthrose opérée (n=1) - Laxité postéro-externe (n=1) Des radiographies standards + des clichés d’arthrographie ont été réalisés dans tous les cas,complétés par un arthroscanner du genou. Etapes à suivre: 1- Information du patient sur les modalités de l’examen, les risques encourus et les signes d’infection. 2- Eliminer les malades qui présentent une contre indication: Traitement anticoagulant Trouble de la coagulation Infection du plan cutané proche du point de ponction 3- Radiographies Standard: Face en charge Profil Incidence fémoropatellaire +Incidence de Schuss(si >40ans) Trois quarts (si corps étranger) 4- Injection du Produit de contraste 5- Clichés d’arthrographie 6- Acquisition volumique sur le genou •Décubitus Dorsal, Quadriceps décontractés, •Genou en flexion de 15° à 20° reposant sur un coussin radiotransparent •Ponction par voie latéro-rotulienne externe •Rotule subluxée en dehors par l’index de l’opérateur • Aiguille 18G • Seringue de 10ml • Hexabrix ( 10cc) • Bétadine • Gants stériles • Adrénaline ( inutile vu que l’acquisition n’était pas retardée par rapport à l’injection intra articulaire ) ( dans le cas contraire et en l’absence de contre indications, injection de 0,025 mg d’Adrénaline pour ralentir la résorption synoviale de produit de contraste) Résultats Grâce au scanner à rotation continue, la réalisation d’acquisitions spiralées nous a permis d’obtenir des reconstructions multiplanaires (MPR) d’excellente qualité. Les différentes lésions décrites : Chondropathie (n=5) Arthrose (n=5) Pathologie méniscale (n=4) Pathologie synoviale (n=4) Pathologie patellaire (n=3) Dysplasie trochléenne (n=2) Fragment intra-articulaire (n=1) Anatomie utile Vue anatomique supérieure du genou droit. Le fémur a été enlevé. 1. Ménisque interne (MI), en forme de J ; 2. périphérie du MI, arrimé à la capsule ; 3. bord interne, libre, du MI ; 4. corne antérieure du MI, étroite, très antérieure ; 5. corne postérieure du MI, épaisse et massive, un véritable coin postérieur 6. partie inférieure du ligament croisé antéroexterne revêtu de sa synoviale, se dirigeant en arrière, en haut et en dehors; 7. partie inférieure du ligament croisé postéro-interne, revêtu de sa synoviale, se dirigeant en avant, en haut et en dedans ; 8. ménisque externe (ME) en forme de C fermé ; 9. corne antérieure du ME, presque aussi trapue que la corne postérieure ; 10. corne postérieure du ME, à ce niveau quasi inexplorable enarthrographie ; 11, 12, 13. attache supérieure du ME (11), perforée du hiatus supérieur (12) où passele tendon du muscle poplité (13), en grande partie intracapsulaire ; 14. base du ME ; 15. partie moyenne du ME ; 16. attache inférieure du ME ; 17. hiatus inférieur ; 18. bourse du poplité ; 19. articulation péronéotibiale supérieure ; 20. capsule articulaire du genou ; 21. récessus paraglénoïdien ; 22. plateau tibial externe ; 23. condyle externe; 24. frein méniscal antérieur du MI ; 25. ligament transverse ou jugal deWinslow ; 26. frein méniscal antérieur duME ; 27. frein méniscal postérieur du MI ; 28. frein méniscal postérieur du ME ; 29. synovial articulaire ; 30. capsule articulaire. Cas illustratifs Observation 1 Aspect écourté de la corne postérieure du MI Corps étranger intra articulaire hypodense dans l’échancrure inter-condylienne siégeant en avant du ligament croisé postérieur(LCP) réalisant l’aspect d’un « double LCP », le tout en rapport avec une anse de seau du MI NB: Plica pararotulienne Observation 2 Aspect infiltré et hétérogène de la synoviale en regard du versant externe de l’interligne fémoro-patellaire Intégrité du cartilage articulaire Observation 3 -Déminéralisation osseuse diffuse -Le plateau tibial externe est le siège d’une géode sous chondrale communicante -Disparition du cartilage d’encroûtement Observation 4 -Erosion du cartilage d’encroûtement de la facette postéro-externe de la patelle et de la face antérieure du condyle externe en regard -Subluxation externe de la patella majorée par la contraction Observation 5 Ostéolyse centimétrique entourée par une ostéosclérose siégeant au niveau de l’os sous chondral du plateau tibial interne: kyste synovial intra osseux Epaississement villositaire de densité graisseuse de la synoviale du cul de sac sous quadricipital, postérieur et du récessus inférieur synovite villonodulaire(SVN)? lipome arborescent? Un complément IRM a conclu à une synovite villonodulaire Observation 6 « ostéochondrite disséquante » Aspect grignoté et irrégulier de la face antérieure de la trochlée Images lacunaires périphériques cernées d’une ostéosclérose périphérique Observation 7 Dysplasie trochléenne Discussion Aspect normal de l’arthroscanner du genou Les contours normaux de la synoviale sont lisses sauf en regard de la graisse sous-quadricipitale et de la graisse sous-rotulienne de Hoffafausse image de corps étranger ou d’hypertrophie synoviale. La graisse sous-rotulienne de Hoffa est parfois parcourue par de fins replis synoviaux opacifiés pouvant mimer des fissurations cartilagineuses en regard de la pointe inférieure de la rotule. Le cartilage rotulien normal ,parfaitement régulier est plus épais au centre (environ 4 mm) et s’amincit vers la périphérie (environ 2 mm). Le cartilage trochléen normal est également lisse, mais moins épais que le cartilage rotulien. Les cartilages condyliens , lisses et toujours convexes ,prolongent le cartilage trochléen en arrière. Les cartilages tibiaux sont réguliers. ( leur étude est meilleure que l’arthrographie simple ) L’analyse des ménisques est meilleure que l’arthrographie en matière de fissures radiaires et de lésions méniscales à type d’anse de seau. Les ligaments croisés ont une densité tissulaire de 60 à 70 UH. Ils sont silhouettés par des replis synoviaux remplis de produit de contraste. ÉTUDE DE L’ENGAGEMENT ROTULIEN EN DÉBUT DE FLEXION (15°) Étude de la position de la rotule Le centrage s’étudie sur une coupe qui passe par le tiers supérieur de la trochlée. On retrouve l’aspect de « voûte romane » de l’échancrure intercondylienne Si la crête rotulienne coïncide avec le fond de la trochlée la rotule est bien centrée Si décalage entre ces deux repères anatomiques Elle est subluxée Étude de l’interligne fémoropatellaire Comme sur une incidence axiale, l’interligne fémoropatellaire externe normale a des bords sensiblement parallèles et l’interligne interne a des bords légèrement divergents. L’épaisseur de l’interligne ne doit être apprécié qu’au-delà de 30° de flexion. Étude de la morphologique osseuse Rechercher - une dysplasie trochléenne et/ou rotulienne, - des signes indirects de chondropathies. MESURE DE LA DISTANCE TA-GT - C’est la distance transversale entre la tubérosité tibiale antérieure (TA) et la gorge trochléenne (GT). -apprécier le valgus de l’appareil extenseur du genou Arthroscanner et pathologie du genou Les reconstructions coronales, sagittales, voire radiaires permettent parfois de déceler des fissures non vues en arthrographie ou de préciser une région douteuse (fissure ou superposition d’images ?) . A. Arthrographie. Doute pour une fissure verticale (tête de flèche) du ménisque. B. Arthroscanner. Reconstruction multiplanaire frontale montrant sans équivoque la fissure verticale transfixiante du ménisque. Les désinsertions capsuloméniscales et surtout les languettes méniscales et les anses de seau sont bien mieux vues qu’en arthrographie. Arthroscanner. Reconstruction MPR sagittale. Languette méniscale (flèche) de la corne postérieure du ménisque interne. Arthroscanner de genou. Reconstructions radiaires sur le ménisque externe. A. Positionnement des coupes radiaires sur le segment moyen et la corne antérieure du ménisque. B. Reconstructions de l’arrière vers l’avant, numérotées de 1 à 12. La fissure méniscale (flèches) est bien vue sur un nombre important de coupes. Autre avantage de l’arthroscanner, l’analyse des cartilages d’encroûtement, que ce soit au niveau de l’articulation fémoro-patellaire ou des articulations fémoro-tibiales . L’arthroscanner est considéré en France comme la technique de référence pour l’analyse du cartilage ,montrant de façon très fiable les amincissements diffus ou les ulcérations focalisées, du stade 2 au stade 4. Classification des lésions de chondropathie admise par la Société Française d’Arthroscopie. Stade 0 Cartilage normal Stade 1 Chondromalacie (cartilage mou et oedémateux à surface lisse et régulière) Stade 2 Chrondropathie ouverte (fissurations superficielles) Stade 3 Chondropathie profonde atteignant l’os sous-chondral Stade 4 Perte de substance cartilagineuse (mise à nu de l’os sous-chondral) Arthroscanner. Reconstruction multiplanaire sagittale. Ulcérations de stade 2 (flèches) du cartilage d’encroûtement du condyle fémoral interne. Arthroscanner. Reconstructions multiplanaire transversale Larges ulcérations de stade 3 du cartilage rotulien, dans un contexte de dysplasie trochléenne. Fissuration de stade 4 du cartilage de la crête rotulienne que l’on devine en arthrographie (a : flèche blanche) ; bien mieux vue en arthroscanner (b : flèche noire). L’arthroscanner est également la meilleure technique pour la mise en évidence des corps étrangers intra-articulaires, nettement supérieure à l’IRM. Brossmann donne des chiffres de fiabilité de 57 à 70 % pour l’IRM et 80 % pour l’arthroscanner. Pour les ostéochondrites disséquantes: l’arthroscanner avec ses reconstructions MRP cherchera à analyser le caractère instable de l’ostéochondrite en recherchant des lésions du cartilage d’encroûtement un déplacement du séquestre, une pénétration du produit de contraste à l’interface entre la « niche » et le séquestre. Arthroscanner. Coupe transversale. Ostéochondrite disséquante (tête de flèche) de la facette rotulienne interne, avec chondropathie en regard (petites flèches) et « flap » cartilagineux (flèche droite) flottant dans le contraste. Arthroscanner. Reconstruction multiplanaire frontale. Ostéochondrite du condyle fémoral interne. Séquestre (astérisque) séparé de la niche, mais cartilage d’encroûtement respecté. L’analyse des ligaments croisés (moins bonne qu’en IRM) est bien meilleure qu’en arthrographie simple, à condition d’utiliser des reconstructions (MPR) obliques dans le plan ligamentaire Arthroscanner. Reconstruction multiplanaire dans le plan du ligament croisé antérieur (LCA). Le LCA (astérisque blanc) est intact, bien tendu, ne laissant pas passer le contraste. Arthroscanner. Reconstruction Multiplanaire dans le plan du ligament croisé antérieur (LCA). Rupture proximale du LCA (flèche). Dans l’arthrose fémoro patellaire La trochlée est dysplasique convexe avec disparition complète du cartilage rotulien. C’est l’examen complémentaire le plus intéressant dans: - L’arthrose au début dans le cadre de l’instabilité rotulienne. connaitre l’étendue de l’atteinte cartilagineuse savoir si une chirurgie de recentrage permet de mettre face à face deux surfaces cartilagineuses satisfaisantes. - De savoir si les facteurs de l’instabilité sont susceptibles d’etre corrigés. Dans le bilan préopératoire -Évaluation préopératoire d’une chondropathie focale -Chondropathie trochléorotulienne focale très invalidente -Lésion ostéochondrale pouvant justifier un traitement arthroscopique L’arthrographie reste la technique de référence pour l’exploration des ménisques opérés pour lesquels l’IRM n’est pas fiable. En effet, après une ligamentoplastie avec reprise douloureuse et si une IRM montre des anomalies de signal intra méniscales, on réalise un arthroscanner. Pour différencier une lésion ancienne d’une véritable fissure , si le contraste pénètre au sein du ménisque , la lésion est encore ouverte L’arthroscanner est plus spécifique que l’IRM pour le diagnostic positif des kystes tibio fibulaires et les kystes intaosseux en mettant en évidence une communication entre la formation kystique et la cavité articulaire. Nécessité de clichés tardifs (3 à 7 heures ) pour remplir le contenu épais des kystes . pour le bilan préopératoire si le pertuis de communication avec l’articulation n’a pas été mis en évidence par l’IRM guidage du geste chirurgical et éviter ainsi les récidives. Conclusion Certes les radiographies standards restent à la base de toute l’imagerie du genou. Mais le scanner et surtout l’arthroscanner font un « retour en force » en raison des progrès techniques et de la qualité des reconstructions multiplanaires, offrant pour certaines pathologies une bonne alternative, voire un avantage par rapport à l’IRM en particulier pour les lésions cartilagineuses. Références • • • • • Mathieu P, Morvan G, Busson J, Wybier M, Godefroy D et Chevrot A. Arthrographie et arthroscanner du genou. Technique et aspects normaux. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Radiodiagnostic Squelette normal, 30-431-A-10, 2000, 14 p. Th Tavernier (1), D Dejour Imagerie du genou : quel examen choisir ? J Radiol 2001;82:387405 © Éditions françaises de radiologie, Paris, 2001 Tavernier T et Dejour D. Imagerie du genou : quel examen choisir ? Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Radiodiagnostic Squelette normal, 30-433-A-20, 2001, 18 p. D.Dejour et T.Tavernier L’arthrose fémoro-patellaire Laurence bellaiche, Cristophe Charousset ,Louis-Denis Duranthon ,Jean Grimberg, David Petrover. Imagerie du genou: quel examen pour quelle pathologie? Science direct revue de rhumathologie