i - le mythe comme premire explication du monde

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IES. Miguel de Molinos
2º Bachillerato
SECTION BILINGUE
PHILOSOPHIE. ©
I - LE MYTHE COMME PREMIÈRE EXPLICATION DU MONDE
(IX°-VIII° S. AV. J.-C.)
C'est oralement et sous forme de
mythes que se transmettent, dès le IXº
siècle av. J.-C., les savoirs et les
coutumes de la culture hellène. Ainsi,
au VIIIº siècle, le poète Hésiode, dans
la Théogonie, nous raconte sous une
forme encore mythique l'engendrement
d'un monde d'abord désordonné, puis
progressivement unifié par la puissance
souveraine de Zeus. Pour Hésiode et ses
auditeurs, le mythe est une manière de
penser le monde, de mettre en place les
différentes réalités du cosmos sur le modèle des unions amoureuses et des relations de
parenté du monde humain. Par l'évocation des temps immémoriaux de l'origine, le poète
éclaire aussi le sens profondément divin de notre univers.
Pourtant, avec l'apparition de l'écriture, le mythe et la fable poétique sont peu à
peu discrédités et remplacés par l'enquête de l'historien ou le raisonnement du
philosophe. Ces nouveaux genres de discours ne peuvent se fonder sur la tradition orale,
ou encore sur l'autorité des Muses dont se réclame Hésiode. Par ailleurs, dans son effort
de rationalisation de l'expérience, la pensée ne peut plus se satisfaire des multiples;
engendrements de Gaia (la Terre) ou des manifestation. autoritaires de Zeus. Elle exige
à présent un principe qui puisse rendre compte de la multiplicité des phénomènes
observés. Ainsi, pour Thalès au début du VIº siècle av. J.-C., il se pourrait bien que ce
premier principe fût l'eau.
LA NAISSANCE DES CITÉS-ÉTAT: (VIIIº s. av. J.-C.)
Vers le VIIIº, siècle av. J.-C., les Grecs empruntent aux Phéniciens leur alphabet
consonantique de vingt-deux signes auquel ils ajoutent quelques voyelles. Cet emprunt
explique la construction de cités État et l'apparition d'une pensé autonome et rationnelle.
Celle ci deviendra philosophie au IVº siècle av. J.-C. pour ne plus jamais s'éteindre et
pour se développer jusqu'à nous. C'est en Grèce, par conséquent, que se dessinent les
premiers cadres de la pensée scientifique et philosophique, sans que l'on puisse parler
pour autant d'un « miracle». Deux changements décisifs se produisent en effet au VIIIº
siècle, qui permettent d'éclairer cette apparition d'une pensée rationnelle. D'une part,
l'écriture devient un instrument social. D'autre part, la parole se fait le vecteur majeur de
la vie politique et des rapports sociaux.
Dans les royaumes du Proche Orient ou de l'Orient, l'écriture est le privilège de
quelques lettrés, les scribes. Elle permet à un roi-dieu de contrôler la vie économique et
sociale de ses sujets puisque toutes les archives restent secrètes à l'intérieur du palais.
Avec l'invention de l'écriture phonétique, l'écrit ne peut plus être le monopole d'une
caste. Il devient progressivement la «chose commune » de tous les citoyens. Sa fonction
n'est plus de garder des décisions confidentielles, mais de les divulguer, de dévoiler en
quelque sorte aux yeux de tous ce qui intéresse la communauté, c'est-à-dire les lois.
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Par ailleurs, la parole se fait publique: toutes les questions d'intérêt général font
désormais l'objet d'un débat. Insensiblement, la loi perd le caractère arbitraire qu'elle
possédait quand elle était confisquée par quelques-uns. Elle devient une norme
rationnelle, une règle commune, un ordre auquel on se soumet parce qu'il est visible,
écrit et discuté par tous. La parole acquiert alors un double sens: politique d'abord, dans
la mesure où elle est le support de toutes les décisions judiciaires, militaires ou
politiques; rationnelle, enfin, puisqu'elle devient le bien commun de tous les esprits
lorsqu'elle prend la forme du discours argumenté et rigoureux.
LES PREMIERS SAVOIRS RATIONNELS (VIIº s. av. J.-C.)
C'est dans ce contexte que les premiers savoirs rationnels apparaissent chez les
physiciens et chez ceux qu'on appelle « physiologues », car ils étudient la nature ou
phusis. Ils affirment que l'univers est gouverné par un principe. Chaque élément naturel
ne doit pas être saisi comme une pièce isolée et détachée du reste ; il doit s'intégrer dans
un vaste ensemble explicatif qui lui donne sens et fonction. Ces synthèses se répondent
et se dépassent dans une sorte de dialogue entre penseurs.
Ainsi, Anaximandre, dès le VIº siècle av. J.-C., écrit le résultat de ses réflexions
et renonce au caractère privé de la pensée pour la soumettre au jugement d'autrui et de
l'humanité entière. Un peu plus tard, Pythagore transforme cette enquête sur la nature en
la désignant du nom de mathèmata. Sans doute ne conçoit-il pas le monde sous forme
de relations quantitatives mesurables, mais il a l'intuition que les nombres forment
l'essence qualitative des choses. Enfin, au Vº siècle av. J.-C., Parménide introduit une
troisième discipline fondamentale, expression de la pensée humaine dans son
universalité : il s'agit de la logique et de son discours rigoureux; le penseur est
désormais assuré de la vérité de sa parole grâce à l'enchaînement nécessaire des
arguments, alors que l'opinion (doxa) est le domaine du faux.
LA RÉVOLUTION DE LA SOPHISTIQUE (Vº s. av. J.-C.)
Pourtant, la révolution intellectuelle la plus importante est réalisée par les
sophistes, professeurs qui, voyageant de cités en cités, monnayent leur savoir. Se
détournant des questions physiques de leurs prédécesseurs, ils s'intéressent aux
questions humaines et politiques. Enseignant l'art du discours ou rhétorique, dans un
univers où la parole est le centre de toute la vie sociale, ils considèrent la loi comme une
convention et détruisent ainsi les assises transcendantes ou traditionnelles que les cités
s'étaient données. C'est le triomphe d'une nouvelle mesure: l'homme, qui, armé de sa
seule raison et de subtiles argumentations, fait éclater le cadre traditionnel de la culture.
Le rôle et l'influence des sophistes sont considérables dans la vie intellectuelle et
politique de la cité grecque. Non seulement ils font prendre conscience d'une pratique
(technè) nouvelle du citoyen, qui s'appelle art politique, mais on découvre aussi par
leurs discours que la culture et l'éducation peuvent s'ouvrir sur la totalité des choses
humaines et naturelles. Ils sont ainsi des professeurs de culture générale ou des
encyclopédistes qui peuvent parler de tout.
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LES PRÉSOCRATIQUES
La philosophie est née dans le monde hellénique, sur la
côte de l'Asie Mineure, à la fin du VIIe siècle avant notre ère. À la
suite de l'invasion de l'Ionie par les Perses, l'école de Milet, dont
Thalès fut le fondateur, est remplacée par de nouveaux centres
intellectuels situés en Italie du Sud et en Sicile.
Les philosophes dits " présocratiques " sont ceux qui
posèrent pour la première fois la question de l'origine des choses,
question qui porte en germe ce qu'il conviendra d'appeler, après Aristote, la
métaphysique. Il ne nous reste d'eux que des fragments ou des œuvres incomplètes, et
l'essentiel de ce que nous en connaissons provient de leurs commentateurs.
La période présocratique s'étend du VIe au Ve siècle av. J.-C. Elle voit naître
trois grands courants d'idées: le courant ionien, le pythagorisme et l'éléatisme. Par-delà
les oppositions de leurs doctrines, les philosophes qui sont à l'origine de ces courants
ont en commun le même souci de poser les problèmes de façon rationnelle. Dans leur
manière d'interroger le monde, ils cherchent avant tout à connaître la nature (phusis) de
la substance première afin de tout expliquer. Pour Thalès, par exemple, il s'agissait de
l'eau; pour Anaximandre, d'une substance infinie; pour Anaximène, de l'air; pour
Empédocle, de la combinaison des quatre éléments. Démocrite, quant à lui, proposait un
modèle d'explication à partir des " atomes ".
Ce foisonnement de réponses parfois étonnantes va de pair avec des
préoccupations beaucoup plus techniques et pratiques. En effet, ces premiers " savants "
(sophoï) ignoraient la distinction que nous établissons aujourd'hui entre les différents
domaines d'application du savoir. Thalès, par exemple, fut célèbre en son temps pour
avoir prévu une éclipse solaire, énoncé plusieurs propositions géométriques simples, ou
encore mesuré la hauteur des grandes pyramides égyptiennes.
Ainsi l'astronomie, la physique, les mathématiques, la géométrie et la
métaphysique cohabitent dans les philosophies présocratiques. Cette curiosité sans
limite donne lieu à un foisonnement d'explications du cosmos auxquelles les
philosophes ultérieurs auront souvent recours.
Cette période préliminaire de l'histoire de la pensée occidentale s'achève avec
l'apparition des sophistes qui, comme Protagoras ou Gorgias par exemple, enseignent
l'art de défendre n'importe quelle thèse en fonction des attentes de l'auditoire. Ils
incarnent une réaction contre les philosophes antérieurs. Ils sont contemporains d'un
nouveau déplacement du centre intellectuel: c'est désormais à Athènes que la
philosophie va prendre son essor autour de la figure mythique de Socrate.
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¾ L'école de Milet
Au VII° et VI° siècle av. J. C.,
Milet, cette ville de la côte d'Asie
Mineure, est la plus importante de
l'Ionie. Ville où le commerce est
intense, elle accueille les navires
chargés de biens précieux. Comme
souvent lorsque les affaires sont
prospères, on s'éloigne de la religion
pour s'intéresser à des activités plus
pratiques
et
plus
rationnelles.
Les philosophes de Milet ont pour point
commun la recherche du principe dont
sortent toutes choses. Ce sont donc
avant tout des physiciens (c'est à dire
qu'ils veulent comprendre la nature) à la
recherche de l'élément primordial
(l'archè) dont serait issue toute réalité.
1) Thalès de Milet.
a) Éléments biographiques.
Il naît dans la seconde moitié du VII° siècle av. J.C. Ses parents
sont phéniciens. Il voyagera très tôt entre l'Égypte et le MoyenOrient. Il apprend, par l'intermédiaire des prêtres égyptiens et
chaldéens tout ce qu'on sait à l'époque en matière d'astronomie, de
mathématique, de science de la navigation. Une anecdote raconte
que quand sa mère lui demandait pourquoi il ne se mariait pas, il
répondait "Il n'est pas encore temps", jusqu'au jour où il changea
ainsi sa réponse : "Il n'est plus temps".
La tradition présente Thalès comme un homme étrange, la
tête dans les nuages, dénué de sens pratique. On raconte qu'un jour, occupé à regarder
les étoiles, il ne regarda pas où il mettait les pieds et tomba dans un puit, ce qui fit
beaucoup rire. Pourtant Aristote dément cette absence de sens pratique. Thalès, grâce à
la connaissance des astres, sut prévoir une abondante récolte d'olives. Il loua à bas prix
tous les pressoirs disponibles qu'il sous-loua ensuite à un prix plus élevé, montrant ainsi
qu'un philosophe, s'il le veut, peut s'enrichir et que s'il restait pauvre ce n'était pas par
maladresse mais par volonté.
On raconte aussi que Thalès sut prévoir l'éclipse de 585 av. J. C. mais, en réalité,
il s'agit sans doute d'un hasard. Sa science sur ce point ne dépassait pas celle des
chaldéens qui prévoyaient que les éclipses solaires se présentent à peu près tous les 90
ans (la prévision astronomique des éclipses est, en réalité, plus complexe). En revanche,
il est probable qu'il sut calculer la hauteur des pyramides en établissant une proportion
entre l'ombre projetée par une pyramide et celle d'un autre objet dont la hauteur lui était
connue. Par la géométrie aussi, il sut mesurer d'un point de la côte la distance d'un
vaisseau en mer. À vrai dire, tout ceci est sujet à caution puisqu'il ne nous laissa aucun
ouvrage. Il mourut de chaleur dans un stade, alors qu'il était très âgé, lors d'une
compétition d'athlétisme.
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b) La philosophie de Thalès.
Il remplace l'explication mythique de l'univers par une explication physique et est,
en mathématiques, un des précurseurs de la science grecque. Thalès explique l'univers
par un principe unique : l'eau. C'est l'eau qui engendre les autres éléments que sont la
terre, l'air et le feu. Tout ce qui est vivant est humide. L'eau est l'âme des choses,
l'élément primordial, l'archè. L'air et le feu ne sont que des exhalaisons de l'eau et la
terre en est un dépôt résiduel.
La terre est un radeau flottant sur une énorme étendue d'eau dont les tangages
peuvent provoquer des tremblements de terre. Les astres flottent sur les eaux d'en haut.
Ainsi Thalès pose un principe unique d'explication de la nature. Même si celui-ci peut
nous sembler naïf, le simple fait de ne plus voir l'explication du monde dans les dieux
constitue un premier pas important qui conduit à la naissance de la philosophie.
2) Anaximandre.
a) Éléments biographiques.
Il naît vraisemblablement en 610 av. J. C. et semble avoir été
l'élève de Thalès. Il est connu pour avoir dessiné le premier une
carte de géographie. On dit aussi qu'il aurait inventé le gnomon
(c'est à dire le cadran solaire) et qu'il aurait prévu un
tremblement de terre dans la région de Sparte. En réalité nous
ne savons rien de précis sur sa vie et nous ne possédons pas ses
œuvres, à l'exception d'un fragment reproduit par Aristote.
Nous savons qu'il avait composé un traité intitulé De la Nature
alors qu'il avait 64 ans.
b) La philosophie d'Anaximandre.
Comme Thalès il cherche l'élément primitif expliquant toute chose. Mais pour lui il
ne s'agit plus de l'eau mais de l'infini ou l'illimité, l'apeiron, terme grec difficile à
traduire et qui signifie aussi l'indéterminé. Toute réalité en serait issue et toute réalité
s'achèverait en lui. Il ne s'agit pas d'une vue métaphysique et nous sommes ici encore
proches des mythes. Selon Anaximandre, il n'est pas possible qu'un des quatre éléments
(eau, air, terre, feu) soit l'essence primordiale de l'univers car alors la suprématie de cet
élément aurait entraîné la disparition des autres. Eau, air, terre et feu sont des entités
limitées gouvernées par l'apeiron et chaque fois qu'un des quatre éléments l'emporte,
l'apeiron le repousse. En somme, les éléments assaillent leur contraire mais la nécessité
les domine et impose des proportions inaltérées.
Quant à son système du monde, Anaximandre pense qu'au commencement était
l'apeiron. Puis le chaud et le froid se séparèrent, le premier se plaçant à l'extérieur (une
sphère de feu s'étendit autour de l'air qui enveloppait la terre), le second s'installant au
centre du monde. La terre est un disque plat dont la hauteur est le tiers du diamètre et
qui est suspendu dans l'air au centre de l'univers. Elle n'a pas besoin de support parce
que, parfaitement au centre, elle n'a aucune raison d'aller dans un sens ou un autre.
Autour de la terre, tournent des roues sur le bord intérieur desquelles se trouvent des
trous à travers lesquels nous voyons le feu extérieur. C'est ce qui expliquerait notre
vision des astres. Quand les ouvertures se bouchent, il se produit des éclipses et les
phases de la lune ont la même cause.
Le mérite d'Anaximandre est de proposer une première ébauche de cosmologie,
si naïve nous semble-t-elle.
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3) Anaximène.
Philosophe moins important que les deux précédents, nous ne savons rien de sa
vie et ses œuvres sont perdues. Comme tous les philosophes ioniens, il cherche le
principe de toutes choses. Il le trouve dans l'air qui a la caractéristique d'être invisible et
à qui il attribue l'adjectif apeiron d'Anaximandre. En se transformant, l'air produit le feu
(par raréfaction) et les nuages, l'eau, la boue, la terre, les pierres (par condensation).
"L'air est Dieu" et apparaît comme ayant les vertus de la vie.
Anaximène distingue les planètes des étoiles fixes. Les étoiles fixes sont rejetées
aux confins du monde, fixées sur la voûte céleste. En dessous se situent les cinq
planètes, puis le soleil, la lune et enfin la terre au centre. L'air, en se comprimant aux
limites du monde et sous l'influence du feu qui solidifie en desséchant constitue une
voûte gelée et transparente (la voûte céleste).
La terre est une assiette, un plateau, une sorte de bouclier de forme concave,
soutenu par l'air et qui constitue une sorte de couvercle de la voûte céleste. Entre le ciel
et la terre, existe un échange perpétuel de matière comme la pluie, la grêle etc. Le soleil
est aussi une table ronde mais son mouvement rapide rend ses couches externes
incandescentes. Si le soleil disparaît la nuit, c'est parce que des montagnes de glace nous
en soustraient la vue. La lune prend sa lumière du soleil et c'est pourquoi Anaximène ne
croit pas que le soleil passe sous la terre (où n'existe que de l'air) car sinon la lune en
disparaîtrait.
4) Empédocle d'Agrigente.
a) Eléments biographiques.
Agrigente se situe en Sicile. Au V°
siècle av. J.C., la ville est riche et prospère et
le commerce y est développé. Empédocle y
naquit vers 492 av. J. C. d'une famille noble
et aisée. Ce serait après avoir écouté
Xénophane qu'Empédocle décida de se
consacrer à l'étude de la nature. Après une
période courte d'activité politique (il était du
parti des démocrates), il partit pour Élée.
Parménide le déçut par son intellectualisme
abstrait. De retour en Sicile, il fit partie de
l'école pythagoricienne mais son caractère
expansif lui valut d'être rétrogradé au rang de
ceux qui écoutent sans avoir le droit de parler.
Il se serait ensuite rendu en Orient, intéressé
par les arts mystiques. C'est qu'Empédocle a
une personnalité ambiguë. Il passe à la fois
pour un philosophe et pour un charlatan, pour
un physicien et pour un gourou. N'oublions pas qu'à l'époque la magie est considérée
comme sérieuse car elle met l'homme en relation avec les dieux. Empédocle fut aussi
médecin, expert en anatomie humaine. De retour à Agrigente, il voulut y réformer les
mœurs.
La tradition le représente, avançant d'un pas majestueux, dans les rues
d'Agrigente, escorté d'admirateurs, vêtu de pourpre avec une ceinture d'or, une couronne
delphique et portant des souliers de bronze.
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Lors d'une épidémie de peste, il devina que les eaux stagnantes en étaient la cause et fit
creuser des canaux de dérivation à ses frais pour y mêler deux autres cours d'eau
voisins. Inventeur de la rhétorique selon Aristote, il eut pour élèves Gorgias et
Pausanias. Il écrivit deux poèmes, La Nature et Purification dont il nous reste 400 vers.
Les récits de sa mort sont contradictoires. Le plus célèbre prétend qu'il se serait jeté
dans le cratère de l'Etna et que le volcan rejeta ses fameuses sandales de bronze.
D'autres prétendent qu'il se serait suicidé par pendaison.
b) La philosophie d'Empédocle.
En physique, il aurait découvert l'existence de l'air comme étant un élément matériel.
Au plan de la cosmologie, il affirme quatre éléments primordiaux dans la nature :
le feu, l'air, la terre et l'eau et deux principes qui mélangent entre eux ces
éléments: l'amour et la haine. À l'origine règne l'amour mais la discorde s'introduit
dans cette perfection pour donner naissance à une deuxième phase : la haine désintègre
le monde jusqu'à ce qu'à nouveau l'amour réinstalle l'harmonie et ainsi de suite. Notre
époque actuelle serait celle que domine la discorde.
Selon Empédocle, à l'origine de la vie se situent des particules qui se combinèrent
d'abord sans ordre, les premiers êtres vivants naissant au hasard : des trompes sans cou,
des bras sans épaule, des êtres avec deux visages et deux torses etc., bref des formes
hallucinantes. Ces monstres périrent et ne restèrent en vie que les plus harmonieux.
Du monde dans lequel les éléments séparés ont été réunis par l'amour, s'est dégagé l'air
qui a enveloppé le tout selon une sphère. Le feu a occupé ensuite un hémisphère céleste
tandis que l'air a occupé l'autre. Comme la sphère céleste tourne, on peut alors expliquer
l'alternance du jour et de la nuit. Autrefois cette alternance était de dix mois mais la
discorde accélère le mouvement de révolution ce qui a fixé la terre au centre du monde,
un peu comme l'eau dans un récipient en rotation rapide reste à l'intérieur. Empédocle
affirme que la lune emprunte sa lumière au soleil. Il affirme aussi l'inexistence du vide.
En matière de religion, il est un disciple du pythagorisme et croit en la métempsycose.
Philosophe poète, il hantera l'imagination d'un Hölderlin, d'un Nietzsche. Dans
l'antiquité, il influencera le Platon du Timée mais surtout Lucrèce, cet autre philosophe
poète.
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¾ Démocrite.
a) Eléments biographiques.
Démocrite naît à Abdère entre
500 et 457 av. J. C. Il bénéficie
d'un héritage important qui lui
permet de voyager à travers le
monde. Il étudie l'astronomie
avec les Chaldéens, la théologie
avec les Mages, la géométrie avec
les Egyptiens. Il aurait été
jusqu'en Inde. Il arrive à Athènes
où il aurait rencontré Socrate.
Quand Démocrite rentre dans sa
patrie, il est ruiné et doit vivre de
l'aumône de ses frères. La
tradition
raconte
que
la
dilapidation des biens paternels
lui valut d'être condamné par le gouvernement à ne pas être enterré dans sa patrie. Il
aurait alors lu en public son livre Le grand système du monde et on lui assura des
funérailles aux frais de l'État assortis d'une somme de cent talents. Une légende raconte
que, devenu vieux, il se serait rendu aveugle en exposant ses yeux aux rayons du soleil
reflétés par un bouclier d'argent.
On lui accorde une vie très longue. Il serait mort entre 404 et 359. Il se serait suicidé à
plus de cent ans en diminuant progressivement sa quantité de nourriture.
b) La philosophie de Démocrite.
Selon Démocrite, la réalité est faite d'atomes et de vide. Les atomes sont des
corpuscules indivisibles, semblables par leur qualité mais diverses par la forme, la
taille et la position.
Les atomes tantôt s'assemblent, tantôt se séparent. Ils existent
depuis toujours, se déplacent depuis toujours dans un tourbillon
qui explique qu'ils peuvent se heurter. C'est donc purement
mécaniquement que les atomes se réunissent ou se décrochent.
Toutes les réalités sont faites d'atomes, y compris l'âme ou la
pensée. L'âme est formée d'atomes plus ronds, plus mobiles et
plus lisses que ceux du corps. L'âme produit le mouvement des
êtres vivants. La pensée est mouvement. La respiration apporte
au corps de nouveaux atomes qui remplacent ceux qui
disparaissent.
La sensation s'explique par des variétés du toucher : chaque
objet exhale un effluve matériel mais invisible, l'éidolon, qui heurte les atomes de l'air
jusqu'à atteindre, de proche en proche, les atomes de la pensée. L'éloignement de la
pensée rend la sensation plus ou moins nette et il faut donc se méfier du témoignage des
sens. Cela ne fait pas de Démocrite un sceptique car nous disposons d'un autre mode de
connaissance, plus certain, la raison.
Démocrite concilie Parménide et Héraclite : il accorde à Parménide l'atome (immuable,
indivisible, sans vide à l'intérieur comme l'être parménidien) et à Héraclite le vide (lieu
où les atomes se déplacent dans un continuel devenir). Démocrite refuse aussi toute
explication finaliste.
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La morale de Démocrite reste conservatrice. Il faut se réjouir le plus possible mais l'art
d'être heureux est dans la limitation des désirs, dans la maîtrise de soi. En politique, il
faut obéir aux lois, chercher la concorde.
Epicure adopta la doctrine de Démocrite mais en y ajoutant la pesanteur et la
déclinaison des atomes.
¾ Les sophistes.
Vers la moitié du Vº s. Av. J.-C. la philosophie va donner
un virement "anthropologique" et il va se centrer sur l'étude de
l'être humain.
Les penseurs qui mènent à bien ce changement
d'orientation sont les sophistes, les savants, les sages, les
dépositaires de la sagesse, "sophía". Les sophistes plus qu'une
école philosophique constituent une classe sociale qui se consacre
à parcourir les diverses "polis" grecques en enseignant et en percevant un salaire en
contrepartie de leur enseignement.
Les raisons de l'apparition des sophistes sont fondamentalement à caractère
politique culturel. Athènes, avec un gouvernement démocratique, porte le poids des
guerres médiques, et en concluant celles-ci avec la victoire des Grecs sur les perses
(449) elle acquiert un grand prestige devant les autres "polis" grecques, qui essayent
d'organiser leurs gouvernements aussi de manière démocratique. Et comme dans les
démocraties grecques, tous les citoyens ont le droit d'intervenir dans les assemblées,
dans lesquelles de la discussion sort la décision à prendre dans tout problème pratique
qui existe dans la ville, ils vont avoir besoin de personnes qui leur enseignent à utiliser
la parole correctement afin qu'elle se transforme en un instrument fidèle au moment
d'exprimer leurs avis et en même temps serve à convaincre les autres.
Les sophistes sont les personnes chargées d'accomplir cette fonction d'instruire les
citoyens dans l'utilisation de la parole, et cette caractéristique commune va expliquer
que même si leurs pensées diffèrent - et dans quelques cas assez -, ils possèdent des
caractéristiques semblables :
-
-
ils priment plus les vertus pratiques et utiles que la connaissance théorique devant
laquelle ils se sont montrés sceptiques; il s'ensuit qu'ils abandonnent l'étude de la
nature.
ils centrent leur réflexion sur l'homme et sur la société.
ils sont de maître dans l'art du conflit, et leur conception de la rhétorique est
purement technique et formelle.
De ces caractéristiques il nous intéresse de souligner le scepticisme. Scepticisme
qui est seulement théorique dans les premiers sophistes: ils nient l'existence de vérités
absolues avec une validité universelle dans le cadre théorique, mais que dans les
sophistes que nous pourrions appeler de seconde génération se transforme aussi en
scepticisme moral : il n'existe pas non plus de vérités absolues au moment de déterminer
ce qui est bien et ce qui est mal et, par là même, comment doit vivre l'être humain. Il
existe seulement des avis différents et tous également valables. Protagoras, Gorgias,
Antifon, Cribas, Calicles…, sont les noms de certains des sophistes plus importants.
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SOCRATE
1. Eléments biographiques
Il naît à Athènes, vers 470 av. J.-C., de père sculpteur et mère
sage-femme. Il n'intervient pas en politique (contrairement aux
sophistes), et n'a laissé aucun document. Il pratique un type
d'enseignement direct, par l'emploi du dialogue, et orienté à des
questions de type praticien-moral, mais (à nouveau contrairement
aux sophistes), il ne se fait pas payer pour ses enseignements. Il a
pris part à plusieurs batailles de la guerre du Péloponnèse (qui
confronta Sparte et Athènes). En 404 av. J.-C., pendant le
gouvernement des Trente tyrans (entre lesquelles se trouvaient
ses disciples Critias et Carmides), il a refusé de prendre part à l'arrestation d'un citoyen
innocent. Plus tard, reconstituée la démocratie à Athènes, il est accusée d'impiété et de
corrompre la jeunesse, et il est condamné à mort, par l'ingestion de ciguë, en 399 av. J.C., ses amis préparent la fuite mais Socrate renonce, car ceci allait contre l'attitude (de
respect aux lois de la polis) à laquelle il s’était consacré à enseigner toute sa vie.
2. Relation avec les sophistes
Dû au fait que il n'a rien laissé écrit et que sa doctrine est connue, surtout, à
travers les Dialogues de son disciple Platon, il est difficile de savoir ce qui est dû à
Socrate et ce qui est dû à celui-là. Selon Aristote (qui a pris au sérieux la tâche de
connaître ce qu'avaient dit ses prédécesseurs) on peut clairement attribuer à Socrate
deux choses : l'argumentation inductive et la définition universelle (bien que nous
devons rappeler, que ces termes, "induction", et "définition universelle", font partie du
vocabulaire philosophique d'Aristote et n'ont pas été employés, que nous sachions, par
Socrate).
Socrate est le premier qui, sur le terrain purement philosophique, entame la
guerre aux théories sophistes. Cependant, pour beaucoup de ses contemporains (par
exemple : pour le dramaturge Aristophane qui le ridiculise dans “Les nuages”) il n'était
qu'un sophiste de plus. Cette confusion de rôle se doit au fait que, même si Socrate
réagit contre l'attitude et les enseignements des sophistes, il se déplace, dans beaucoup
d'aspects, sur le même terrain intellectuel qu’eux. Nous traiterons, par conséquent, avant
tout, d'établir les caractéristiques communes entre Socrate et les sophistes, et les
différences:
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Il partage avec les sophistes
1. L'abandon de la notion de vérité
(comme découverte), et de nature
(dans son double sens : comme
totalité et comme arché), des
présocratiques.
2. Son intérêt se centre sur ce que
nous avons appelé le domaine de
l’ethos (tout ce qui concerne la
politique, les lois, la morale, les
coutumes, etc.).
Différence avec les sophistes
1. Il ne se fait pas payer pour enseigner: il ne
comprend pas le savoir comme un instrument au
service du succès social (et, par conséquent,
comme quelque chose qui a un prix sur le
marché), mais comme recherche de la vérité.
2. Il maintient une doctrine antirelativiste et
antisceptique: la vérité, et, par conséquent, la
connaissance, est possible, (bien que, nous
répétons une fois de plus, que ce que Socrate
comprend par vérité et par savoir, n'est pas la
même chose que ce que comprenaient les
présocratiques).
3. La connaissance a un intérêt 3. Il défend un intellectualisme moral.
pratique: orienté à développer la
vertu (en comprenant celle-ci,
comme tous les grecs, l’excellence,
l'habilité, la capacité).
4. Il adopte une méthode différente: le dialogue.
Bien que les sophistes soient aussi maîtres du
dialogue, ceux-ci le comprennent, surtout,
comme discussion, comme conflit, dans lequel il
s'agit de gagner; par contre, le dialogue sera
utilisé par Socrate comme moyen de
rapprochement à la vérité, à la connaissance.
5. Il défend une nouvelle conception du savoir et
de la vérité, qui est située dans les définitions
universelles.
3. La méthode
Son système d'enseignement, et de faire de la philosophie, est développé à
travers un dialogue, dans lequel nous pouvons séparer deux moments :
1. L'ironie (expression qui en Grec signifie "interpellation"): Socrate demande au
contraire en feignant l’ignorance (qui peut être une ignorance authentique), et met en
évidence ses contradictions. La fonction de l'ironie est, par conséquent, simplement
négative: montrer qu’un prétendu savoir n’est pas tel. Celui-ci est le point de départ
pour Socrate, montrer la fausseté des savoirs, découvrir la propre ignorance.
2. La maïeutique: (l'expression provient de mieuo = accoucher) : une fois reconnue
l'ignorance autour d'une affaire, Socrate essaye, ensuite de conduire son interlocuteur à
la recherche de la vérité. (Nous rappelons que la vérité consiste maintenant à atteindre
une définition de l'objet à connaître - par exemple : la "justice", la "poésie", la "beauté",
qui soit valable pour tous les cas – qui soit universel -). Comme nous voyons, Socrate
n'enseigne pas tant une philosophie, un contenu du savoir, comme à penser ; on pourrait
dire qu’il enseigne à apprendre. Tout comme la sage-femme, aide à accoucher sans
avoir elle-même les enfants. Avec cette manière de procéder Socrate combat le
scepticisme sophiste: la connaissance est possible, elle est dans les définitions
universelles.
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Nous clarifierons encore plus ce point: le processus qui conduit du particulier à
l’universel s’appelle induction (donc on peut dire qu’à la base de la maïeutique
socratique se trouve la méthode inductive). Mais nous avons dit que l'expression
"induction" (ou méthode inductive) n’est pas de Socrate, ce que celui-ci faisait était
d'essayer que quelqu'un lui donne une définition de quelque chose (par exemple : de la
beauté), une fois fait, il montrait à son interlocuteur ce qui ratait (en proposant des
exemples de quelque chose, ou quelqu’un, que tout le monde considérait beau mais
n'était pas adapté à la définition) et il demandait à l'interlocuteur une autre définition
plus adaptée; ainsi successivement. Une fois qu'on obtenait une définition admise (dans
le cas de l'obtenir), nous avons la “définition générale”, définition dans laquelle on fixe
ce qui est permanent, ce que la chose est, son essence (une fois de plus nous parlons de
l’"être", mais il s'agit maintenant de l'être des choses particulières qui conforment la vie
quotidienne, non "de l'être" - sans plus -, comme chez Parménide). Il est important, en
outre, que les valeurs universelles qui intéressent Socrate sont seulement celles qui ont
une fonction morale et pratique.
4. Le savoir et la vertu
Un autre point central de sa doctrine est l'intellectualisme
moral : Socrate n'était pas intéressé par le savoir comme
contemplation (milesios), ni comme moyen de purification
(pythagoriciens), ni pour le triomphe social (sophistes), mais
comme réalisation de la vertu. Or, la vertu est le savoir, savoir et
vertu sont identifiés. (Un cordonnier vertueux est celui que sait bien
faire les chaussures, et de la même façon que personne ne fait de
mauvaises de chaussures en connaissance de cause ou navigue mal
volontairement, ainsi, celui qui agit mal le fait parce qu'il ne connaît pas le bien, ceci est
la bonne vie, la vie la plus adéquate pour chacun.) Agir mal n'est rien de plus qu'un
calcul erroné. De là la nécessité d'une connaissance de soi préalable (Socrate rend le
sien le principe "connais-toi toi-même").
Nous avons vu que la vertu est passée d'être le patrimoine des nobles (ce type de
qualités et d’habiletés que le rendent noble, c'est-à-dire, un homme plus excellent), à
être quelque chose que l’on peut enseigner, à la portée du citoyen commun (avec les
sophistes), et, finalement, avec Socrate, la vertu est le savoir même qui fait connaître à
l'homme ce qui est meilleur pour lui-même, pour mener une vie heureuse.
En identifiant la vertu avec le savoir Socrate combat le relativisme sophiste;
parce que, comme nous avons déjà dit, le savoir traitera de ce qui est universel. Une
fois atteintes les définitions (qui comme telles seront universelles) bon, mauvais, juste,
injuste, etc., ces valeurs ne seront plus relatives à chaque peuple, ou à chaque homme,
mais valables pour toujours et pour tous les hommes.
Face à la préoccupation sophiste pour le succès, Socrate défendait le soin de son
âme. Mais apparemment il ne voit pas l'âme comme quelque chose séparée du corps,
immortelle, comme font les pythagoriciens, et postérieurement Platon. On doit peut-être
comprendre que ce qui le préoccupe est le soin de son propre être authentique.
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SOCRATE
IDÉES FONDAMENTALES
™ Entre le Vº et le IVº siècle av. J.-C., se produisent à Athènes deux faits de grande
pénétration pour tout le monde grec: le triomphe du système démocratique et
l'apparition du mouvement sophiste. Le triomphe du système démocratique entraîne
avec lui l'idée que la vertu peut s’enseigner (et n’est pas quelque chose d’innée à la
noblesse). C’est alors qu’apparaissent les sophistes comme "enseignants de vertu".
™ Avec les sophistes disparaît le concept de la vérité dans laquelle se déplaçaient les
penseurs présocratiques. C'est-à-dire, les choses sont comme elles apparaissent, et il
n'y a rien derrière elles, il n'y a pas une vérité dans laquelle nous pouvons être ou
non. (ils éliminent la voie de la vérité et se situent sur la voie de l'opinion).
™ On transforme aussi la notion de physis (nature). Pour les présocratiques tout était
physis, maintenant on distingue entre ce qui appartient à la physis et ce qui
appartient aux lois, aux normes, et aux coutumes de la polis.
™ Pour les sophistes la connaissance a la fonction d'aider au triomphe social. La vertu
est comprise comme habileté, adresse qui assure le succès. (En parlant avec
propriété, nous devrions dire que, pour les sophistes, la connaissance n'existe pas,
intéresse seulement le bénéfice qui peut être obtenu du maniement adroit du
langage).
™ Les sophistes centrent leur intérêt dans le domaine les lois, des normes, et des
coutumes (dans le domaine du nomos ou ethos, ce qui concerne à la polis).
™ Socrate est, d'une part, endetté, et d’une autre, critique, des sophistes. Comme eux, il
ne manie plus la notion de vérité, ni de nature, des présocratiques, et il considère la
philosophie comme un instrument de formation du citoyen, du développement de la
vertu ; mais, contrairement à eux, il soutient que la vérité et la connaissance sont
possibles, et il défend une différente considération de la vertu, comprise comme ce
qui nous fait mener une vie meilleure (on pense en termes d'excellence, comme dans
le monde aristocratique, mais sans lier cette excellence au berceau), et plus heureux.
™ Avec Socrate naît une nouvelle conception de la connaissance, pour lui, connaître
c’est connaître ce qui est universel (les définitions universelles nous donnent ce
qu'est chaque chose, son essence). En faisant de la connaissance de ce qui est
universel (qui est quelque chose intelligible, non sensible), on commence à établir,
pour la première fois, une distinction entre connaissance sensible et connaissance
intelligible (qui atteindra sa clarté maximale avec Platon).
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