File - Cours L3 Bichat 2012-2013

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Docteur Claire KIFFEL
Equipe d’Intervention Gériatrique
Service de gériatrie (Dr TEIXEIRA)
Hôpital Lariboisière
ETHIQUE
et
GERIATRIE
C’est quoi la « gériatrie » ?
• De la définition « historique » de la personne âgée
• Au concept de fragilité
Définition historique
• Personne âgée de 65 ans et plus
Qu’entend t’on par fragilité ?
Impossibilité de répondre de façon adaptée à un stress
qu’il soit médical, psychologique ou social entraînant
un risque de perte fonctionnelle ou de majoration de la
perte fonctionnelle existante.
De cap en cap, le déclin s’accentue et implique à chaque palier, la mise en
place d’un nouvel équilibre, plus précaire, avec une fourchette plus restreinte
des capacités intrinsèques d’adaptation de la personne âgée
C’est quoi la « démence » ?
DTA
Troubles de la mémoire
DTS
Atteinte des
autres fonctions
cognitives
Anosognosie
Désintérêt
SCPD
Retentissement sur l’autonomie
AphasoApraxoAgnosie
Ce n’est pas le tout de vivre vieux !
Vivre davantage ou plus, nous permet-il d’espérer vivre mieux ?
Longévité et qualité de vie ?
•
On peut réduire l’homme à sa dimension biologique, dans ce cas la
qualité de vie s’avère sans signification, puisqu’elle ne procède que du
besoin ou de la volonté de durer, au-delà de toute autre considération
•
La durée seule ne peut se substituer aux conditions relevant de
l’exigence de vivre sa vie c’est-à-dire d’y puiser une signification et
d’en édifier un projet
Il faut garder une qualité de vie
malgré les renoncements liés à
l’avancée en âge
EN 2002
ALMA en 2002,
(Allo Maltraitance Personne Agée)
Chiffres d'ALMA (2002)
A domicile
En institution
22%
15%
18%
7%
14%
11.5%
4%
5%
Violences médicamenteuses
(abus de neuroleptiques, privation de médicaments,
etc.)
0.5%
3%
Négligences passives et actives
10%
40%
31.5%
18.5%
Violences psychologiques
Violences financières
(vol, extorsion de fonds, signature forcée, ...)
Violences physiques
(contusions, coups, gifles, ...)
Violences civiques
(privation des droits élémentaires du citoyen, des
papiers d'identité,...)
Autres
LES CHIFFRES D'ALMA SUR LA MALTRAITANCE des PA EN FRANCE
Exemples…
Violences psychologiques
Intolérance sexuelle
Culpabilisation
Tutoiement, infantilisation
Harcèlement
Menaces
Chantage
Exemples…
Violences financières
Vol de chéquier
Détournements
Testaments
Procuration abusive
Economies abusives
Extorsion
Exemples…
Violences médicamenteuses
Pas de traitement de la douleur
Excès de neuroleptiques
Concept de Bientraitance
• La bientraitance ne se réduit ni à l’absence de
maltraitance ni à la prévention de maltraitance
• La bientraitance trouve ses fondements dans
le respect de la personne, de sa dignité et de
sa singularité
• C’est une manière d’être des professionnels
au-delà des actes. C’est une manière d’être,
d’agir et de dire, soucieuse de l’autre, réactive
à ses besoins et à ses demandes, respectueuse
de ses choix et de ses refus.
 Suppose une réflexion d’équipe, d’établissement
4 principes éthiques fondamentaux
• Principe d’humanité associé au principe de dignité
• Principe de solidarité
• Principe d’équité
• Principe d’autonomie
Principe d’humanité associé au principe de dignité
Quel que soit le stade évolutif de la maladie,
cette personne malade est un être humain
unique qui mérite respect et attention.
Il convient de repérer les éléments
constitutifs de son histoire.
Principe de solidarité
Principe à la base de notre système de santé.
Il définit le droit de tous à la protection de sa
santé et à une prise en charge quel que soit
son âge ou son handicap.
Principe d’équité
Avec ce principe d’équité ou de justice, on affirme la
nécessité d’une qualité de soins identique pour tous,
quelle que soit la personne ou le stade évolutif de la
maladie.
Il suppose que l’accessibilité aux soins et aux
structures de prise en charge soit assurée pour tous
sans discrimination sur l’âge ou la dépendance.
Principe d’autonomie
Suppose le respect et la reconnaissance de la
liberté du sujet, en particulier face aux choix
thérapeutiques qui peuvent être proposés.
Mise en jeu de l’éthique
Ces principes peuvent être mis à mal
dans certaines situations gériatriques
•  Repérer les acteurs en présence
•  Analyser les facteurs aggravants
•  Envisager les conséquences
•  Trouver des solutions
Les acteurs en présence
• Le sujet âgé lui-même
• Son entourage familial
• Les professionnels autour
• L’institution soignante ou hébergeante
Les facteurs aggravants
• Le manque d’encadrement, de compétence
gériatrique favorisent ces situations
• Les crises surviennent plus facilement dans un
contexte de surcharge de travail, de fatigue ou
d’épuisement avec risque de dérapage.
 Le soignant familial va être de plus en plus dévoré par son
malade proche qui met de plus en plus de temps à faire de
moins en moins de choses!
 Les professionnels sont dans la vie active, avec des tâches à
accomplir, des horaires à respecter, des contraintes
d’efficacité et de rendement! « temps chrono »
Ainsi le temps des uns n’est plus adapté
au temps des autres
Les facteurs aggravants
• Les crises arrivent quand il y a conflit, ruptures
antérieures, des avis divergents entre les
membres de la famille
• Le conjoint, l’aidant principal (la personne qui
pourvoit régulièrement et de façon informelle aux
besoins fondamentaux du malade). L’étude PIXEL
2004  l’épuisement de l’aidant et son âge
pèsent sur le risque d’institution du malade. Mais
cet épuisement pèse aussi sur la prise en charge
du patient
Savoir repérer
un aidant fragile
Les conséquences
• Conflit d’intention ou d’intérêt entre la PA malade et
ceux qui la prennent en charge
• La personne âgée n’est pas reconnue comme acteur
de la décision. L’avis de la PA n’est ni demandé ni
recherché
Mise en jeu de l’éthique
Maladie d’Alzheimer
•
La personne atteinte de maladie d’Alzheimer ne
doit pas devenir « objet» entre les mains des
soignants
•
Elle doit rester le plus longtemps possible,
actrice de sa propre vie
•
Elle est trop souvent dépossédée de son statut
de sujet vivant donc désirant
Savoir écouter et entendre !!
Mise en jeu de l’éthique
Entrée en institution
Incontinence, trouble du comportement… épuisement des
aidants, insuffisance des stratégies de maintien à domicile
La personne doit être « autant que possible »
associée à la prise de décision
 Essayer de mettre en place des
stratégies qui visent à diminuer les
institutionnalisations en urgence
 Anticiper, préparer avec la PA, sa
famille, son entourage…
 Travailler en réseau
Mise en jeu de l’éthique
Décisions de traitement
Éviter deux attitudes extrêmes
• Le « non soin »
Sous prétexte,
qu’il est « vieux»
et « dément »…
• L’acharnement
thérapeutique
Sous prétexte, qu’on
a omis qu’il s’agissait
d’une personne avec
son histoire, ses
handicaps…
Exemple de « non soin »
La douleur
• Le patient non communicant
• L’atypie de la douleur
 Favorisent la sous estimation de la douleur
 Toujours se poser la question de savoir si un
soin peut être rendu moins pénible
Exemple d’acharnement
L’alimentation
• Jusqu’où ?
• Sonde nasogastrique ou non?
• Décision à prendre avec des choix qui
comportent des risques
• Contraintes entraînant des privations de
liberté
 Grille de réflexion éthique (Sebag-Lanoë)
 Réflexion d’équipe
Fin de vie
M
A
L
Soins curatifs
A
D
I
E
S
Soins de support
Grille de réflexion éthique
(Renée Sebag-Lanoë)
•
Quelle est la maladie principale du patient ?
•
Quelle est son degré d’évolution ?
•
Quelle est la nature de l’épisode actuel surajouté ?
•
Est-il facilement curable ou non ?
•
Y a-t-il une répétition récente d’épisodes aigus rapprochés
ou une multiplicité d’atteintes pathologiques diverses?
•
Que dit le patient s’il peut le faire ?
•
Qu’exprime-t-il à travers son comportement corporel et sa
coopération aux soins ?
•
Quel est la qualité de son confort actuel ?
•
Qu’en pense la famille ? (tenir compte de)
•
Qu’en pense les soignants qui le côtoient le plus souvent ?
Mise en jeu de l’éthique
La contention
Le recours à la contention physique (ou chimique) doit
toujours être proportionné aux bénéfices et aux risques
Motifs : Pour éviter une chute, pour contrôler un
trouble du comportement, pour la réalisation d’un soin
Moyens : Barrières de lit, draps, attaches…
Complications : Pb cutané, escarres par
immobilisation, strangulation, hématomes,
fractures…
 Recommandations HAS
Mise en jeu de l’éthique
• Prescription médicale
La contention
• Appréciation bénéfice / risque – Surveillance - Evaluation
• Information délivrée –PA / famille / entourage
• Matériel utilisé / Installation de la personne
• La contention est levée aussi souvent que possible
 Recommandations HAS
Ethique et annonce de diagnostic
L’entourage au sens large fait partie de la démarche
Personne de confiance, famille, référent,
représentant légal, le patient lui-même
LOI no 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits
des malades et à la qualité du système de santé
« En cas de diagnostic ou de pronostic grave, le secret médical ne
s'oppose pas à ce que la famille, les proches de la personne malade
ou la personne de confiance définie à l'article L. 1111-6 reçoivent les
informations nécessaires destinées à leur permettre d'apporter un
soutien direct à celle-ci, sauf opposition de sa part. »
Conclusion
Reconnaissance en cours
• Reconnaissance de la gériatrie (devenue une
spécialité)
• Meilleure formation des différents acteurs
Des médecins, des soignants …
• Création d’EHPAD (établissement d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes)
• Reconnaissance de la maladie d’Alzheimer au
titre des affections de longue durée (ALD 30) qui
était sous la dénomination « arriération mentale»
ou « psychose »
• Plan Alzheimer
Conclusion
• Rendre « au patient » sa place de PA à part
entière avec son identité propre, et son histoire
• Donner du temps au temps, prendre le temps de
comprendre ce qui se passe, dénouer et apaiser
les crises, faire que le « temps chrono »
devienne un « temps habité ».
• Créer une triangulation
 3 interlocuteurs
 Proposer des solutions :
non pas une (impasse),
ni même deux (enfermement dans un dilemme)
mais au moins trois
Conclusion
• Travailler dans la pluridisciplinarité
• Projet de soin, projet de service et projet
d’établissement
• La chartre des droits et libertés de la personne
âgée dépendante
Conclusion
Anticipation
Réflexion gériatrique
Formation
Le patient reste au
cœur des décisions
Reconnaissance
Travail d’équipe, en
réseau
Qualité de vie
Projet de vie
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