UE5 - Ranouil Physiologie cardiaque I. Automatisme cardiaque et tissu nodal 1. Généralités Le cœur est un muscle automatique, c’est-à-dire il se contracte tout seul. Cet automatisme est lié à la présence de cellules aux propriétés spécifiques regroupées au sein d’un tissu : le tissu nodal qui donne au cœur la caractéristique de se contracter spontanément. Le cœur est donc constitué de deux populations cellulaires : – les myocytes contractiles, assurant le travail mécanique et donnant l’énergie nécessaire à la propulsion du sang. – les myocytes automatiques, assurant l’automatisme cardiaque. 2. Rappel anatomique Le tissu nodal comprend : - le nœud sinusal (situé dans la partie haute de l’OD au pied de la VCS) qui a une taille d’environ 15mm de long sur 8mm de diamètre se contractant au environ de 100 batt/min et donnant la cadence au cœur. - le nœud auriculo ventriculaire (situé à la jonction des oreillettes et des ventricules, près de la valve tricuspide dans la partie basse du septum Inter-Auriculaire sur le versant droit) avec une fréquence de 60-70 batt/min. En raison de son emplacement, on peut accéder à sa physiologie en mettant des sondes dans la cavité droite par exemple. - le faisceau de His dont le tronc chemine dans le septum IV et se divise en deux branches : droite et gauche. Il faut savoir que le ventricule gauche est plus important, il occupe 2/3 de l’espace ventriculaire total. Donc la branche gauche va encore se subdiviser en 2 : la première branche est pour le bloc antérieur (HBAG pour hémi-branche antérieure gauche) et la seconde est pour le bloc postérieur (HBPG pour hémi-branche postérieure gauche). - le réseau de Purkinje complète le maillage en s’enfonçant dans l’épaisseur du myocarde ventriculaire de façon à amener l’activité électrique au plus près des cellules de l’ensemble du muscle cardiaque en particulier pour les cellules des ventricules qui assurent l’essentielle de l’activité musculaire cardiaque. 3. Electrophysiologie du tissu nodal La fréquence de dépolarisation du NS est de 100 battements/min. Le nœud AV a une fréquence de dépolarisation plus lente 60-70 battements/min. Cette fréquence est définie en partie par la génétique. En situation normale le NS impose sa fréquence à l’ensemble du cœur car il est situé plus en hauteur. Le faisceau de His et le réseau de Purkinje assurent une conduction rapide de la dépolarisation à l’ensemble du myocarde ventriculaire à la vitesse d’au moins 1 m/s. 1/20 Les cellules sont chargées négativement, cette charge se traduit par une différence de potentiel (DDP) entre l’intérieur et l’extérieur de la cellule de -90mv. Cette DDP est liée à des échanges de Na+, K+, Cl-, Ca2+ permanents, par des pompes échangeuses d’ions qui fonctionnent grâce à l’énergie fournie par l’ATP. C’est une forme d’équilibre instable qui permet aux cellules à un moment donné d’être dans un état excitable. Les cellules du NS ont une dépolarisation automatique spontanément (sans influx initiateur), ces propriétés s’expliquent par une courbe de potentiel de membrane particulière. Le potentiel de repos est instable spontanément, il oscille entre -90 mV et -70 mV. A partir de la valeur la plus négative du potentiel de membrane (appelé potentiel diastolique maximal), la cellule se dépolarise lentement jusqu’à un certain seuil (= pente diastolique), niveau à partir duquel la dépolarisation va être brutale. Cette propriété de dépolarisation spontanée et permanente est liée à la présence d’un canal particulier appelé canal if ou funny échangeur de Na+. Ce canal est inhibé par le césium et certaines molécules comme l’Ivabradine. Ces molécules sont utilisées pour ralentir la fréquence cardiaque en modifiant la vitesse de dépolarisation du NS dont les cellules seront moins vite dépolarisées. Ce ralentissement permet de diminuer la consommation en oxygène du myocarde ce qui peut avoir un intérêt dans certaines pathologies comme les cardiopathies. Comme le potentiel de repos est instable il va augmenter progressivement et lorsqu’il atteint le potentiel seuil, il y a une ouverture des canaux calciques voltages dépendants et une entrée massive de Ca2+ dans la cellule ce qui entraine une dépolarisation rapide de la cellule. Dans un premier temps, on observe une entrée de Ca2+ puis le Na+ et le K+ entrent dans la cellule de façon à déclencher le potentiel d'action et entrainer une dépolarisation de la cellule qui était majoritairement négative et qui devient donc positive. Les cellules du tissu nodal ne présentent pas de phase de plateau, la repolarisation débute dès le pic atteint et correspond au retour à l'état de départ par sortie du K+ de la cellule, la cellule retrouve alors son potentiel de membrane de départ et peut donc débuter un nouveau cycle. 2/20 On a : - le potentiel diastolique maximum qui correspond à l'état de base de la cellule instable, - puis la dépolarisation lente qui est spécifique aux cellules du nœud sinusal avec une pente liée aux canaux if, - puis le seuil est franchi donc on a une ouverture des canaux calciques et sodiques et la genèse d'un potentiel d'action permettant à la cellule de devenir fortement positive, - puis on a la repolarisation avec une sortie de K+ permettant à la cellule de revenir à son état de base pour recommencer un cycle. Donc la cellule va se dépolariser régulièrement à une fréquence prédéfinie par certains éléments notamment génétique mais pas seulement. C’est cette fréquence de dépolarisation c’est-à-dire le temps qui sépare 2 potentiels d’action qui va définir la fréquence cardiaque de repos du nœud sinusal qu’il va imposer à l’ensemble des autres cellules du myocarde. 4. Propagation Le potentiel d'action ainsi généré au niveau du nœud sinusal par cet automatisme va se propager au myocarde car le NS et le myocarde sont en contact de façon continue. Il y a donc une propagation du potentiel d’action de proche en proche aux autres cellules. La propagation commence avec les cellules en contact avec le nœud sinusal : les myocytes auriculaires, puis elle continue de proche en proche et arrive au nœud auriculo-ventriculaire. Ce nœud a un rôle de ralentisseur de la fréquence cardiaque. L’influx continue de se propager à travers les fibres du tissu nodal avec le tronc du faisceau de His avec ses 2 branches (droite et gauche). Puis ça se disperse dans le myocarde grâce au réseau de Purkinje en particulier dans les ventricules pour qu’ils puissent se contracter de manière coordonnée, synchrone et symétrique. S’il y a un problème de conduction, les 2 ventricules ne se contractent pas en même temps ce qui peut aboutir à des déficiences mécaniques qui peuvent se traduire en clinique par des symptômes comme l’essoufflement. 3/20 - Nœud sinusal : potentiel instable (120 coups/min) - Nœud auriculo-ventriculaire : les cellules du NAV ont les mêmes propriétés que les cellules du NS mais à leur état de base sans stimulation du NS, elles ont une fréquence de dépolarisation un peu plus lente. Si le NS donne le tempo, elles vont suivre son rythme et se contracter à la fréquence prédéfinie. - Cellules du myocarde (auriculaire et ventriculaire) : il y a une stabilité du potentiel de membrane au repos car elles ne sont pas douées d’automatisme, lorsqu'elles sont stimulées par une impulsion des cellules automatiques, elles se dépolarisent puis se contractent. Donc l’intégrité de ce système est indispensable au bon fonctionnement du muscle cardiaque car lorsque le tissu nodal est défaillant cela aboutit au décès du patient ou à la mise en place d’un pace maker (appareil électrique qui va délivrer une impulsion et va venir remplacer l’automatisme cardiaque qui est défaillant pour des raisons variées comme des pathologies ou le vieillissement). 5. Régulation L’activité du NS est modulée par le SNA, en effet les cellules du NS reçoivent de nombreuses afférences des nerfs sympathiques et parasympathiques. Ci-dessous, le centre parasympathique qui est cardio inhibiteur ou modérateur et entraine le ralentissement de la fréquence cardiaque par l’intermédiaire du nerf pneumogastrique ou nerf vague (X). En effet le nerf vague a un impact sur le nœud sinusal en le ralentissant dès que la synapse cholinergique fonctionne à l’acétylcholine dans le bulbe rachidien. Le centre orthosympathique est stimulateur, il a un effet accélérateur, tachycardisant. Il agit par l’intermédiaire d’une première synapse dans la moelle épinière dorsale et ensuite avec un relais ganglionnaire qui a une première connexion cholinergique et une deuxième connexion adrénergique avec de l’adrénaline. C’est la modulation de ces 2 systèmes agissant de manière concertée qui va définir la fréquence cardiaque qui va être propre à chaque individu en fonction des circonstances, par exemple lors d’un stress la stimulation orthosympathique l’emporte (accélération de la fréquence cardiaque) alors que dans le cas d’un mal du transport la stimulation parasympathique l’emporte (ralentissement de la fréquence cardiaque, pâleur, nausées, vomissement). 4/20 Au niveau du cœur, il y a des capteurs présents principalement au niveau du glomus carotidien mais aussi au niveau de l'aorte qui agissent comme des nerfs « sensitifs » et indiquent notamment la pression, le pH, l’acidité du sang et permettent en fonction de la demande métabolique d'informer les centres médullaires, c’est pour cela que lors d’une hypoxie le cœur s’accélère par exemple. Cette régulation se fait soit par la stimulation des récepteurs Béta adrénergiques (système sympathique) soit par la stimulation des récepteurs à Acétylcholine essentiellement muscarinique et atropinique. La stimulation des récepteurs Béta adrénergiques par libération d’adrénaline aboutit à une accélération du rythme sinusal par accélération de la pente diastolique du potentiel instable, le seuil est plus rapidement franchi donc le temps pendant lequel la cellule est non dépolarisée est plus court. Il y a également un accroissement du courant calcique L (dépolarisation plus rapide) et du courant potassique (= repolarisation plus rapide) pour que la cellule puisse être excitée plus rapidement. 5/20 Ici, la courbe 1 est la courbe normale de départ. Si l’on accélère le rythme cardiaque sous l’effet su système sympathique, plusieurs mécanismes sont possibles : - le premier consiste à abaisser le seuil de stimulation en le faisant passer du niveau A au niveau B. Ce niveau étant plus bas le seuil sera plus rapidement franchi, la cellule se dépolarisera donc plus rapidement. Au lieu de se dépolariser à -70mV, elle dépolarisera à -80mV : le laps de temps sera ainsi plus court. Par exemple au lieu d’1 seconde elle sera de 0.8 seconde (= courbe 4). Donc la fréquence cardiaque sera plus rapide et au lieu d’être de 60bpm elle sera de 85bpm. - le second mécanisme est d’augmenter la vitesse de dépolarisation diastolique en modifiant la pente de dépolarisation, la courbe sera plus aiguë que la 1 : donc la dépolarisation spontanée lente (passage de -70mV à -60 mV) est plus rapide, on franchit plus vite le seuil A. La FC (fréquence cardiaque) est plus rapide car le PA (potentiel d’action) est atteint plus rapidement (= courbe 2). - on peut aussi modifier le potentiel diastolique maximum, c’est-à-dire qu'on part d'une moindre négativité, on a une plus grande facilité à franchir le seuil du potentiel d'action. Mais c'est une dépolarisation partielle. Avec ces mécanismes cellulaires on constate une extraction du calcium diminuée, une dépolarisation partielle plus rapide, des catécholamines qui agissent pour augmenter la vitesse de dépolarisation où une intoxication avec un médicament qui s’appelle la digitaline (à dose thérapeutique il diminue la fréquence cardiaque mais à une dose trop importante il a un effet inverse). Donc il y a de nombreuses solutions ioniques qui entrainent une modification du rythme cardiaque. 6/20 Ici, la courbe 1 est la courbe normale de départ. Si l’on diminue le rythme cardiaque sous l’effet su système parasympathique, plusieurs mécanismes sont possibles : - Pour la solution de la courbe 4, on augmente le seuil qui passe de A à B où B est moins négatif que A. Donc il faudra plus de temps pour le franchir ce qui ralentit le rythme cardiaque. - Pour la solution 2, on diminue la vitesse de dépolarisation, par conséquent on prendra plus de temps pour arriver au seuil A ce qui diminue la fréquence cardiaque. - Pour la solution 3, on a une polarisation diastolique maximale plus négative/basse donc il est évident que pour passer de -100 à -70 on prendra plus de temps que pour passer de – 75 à – 70. On voit que l’acétylcholine utilise deux mécanismes pour ralentir le rythme cardiaque : la modification de la vitesse de dépolarisation diastolique et la polarisation diastolique maximale permettant ainsi d’avoir un franchissement de seuil retardé et une fréquence cardiaque ralentie. 2 médicaments anti-arythmiques : digitaline et quinidine qui à dose curative permettent la diminution de la fréquence cardiaque mais qui sont peu utilisés aujourd’hui en clinique. 6. Electrophysiologie des myocytes Les myocytes contractiles ont eux un potentiel de repos stable, ils ne sont dépolarisés que par une dépolarisation imposée par les cellules du tissu nodal ou par contact direct avec une cellule contractile déjà excitée. Ils ne sont donc pas doués d'automatisme. Les myocytes ont un PA différent avec d’emblée une dépolarisation maximale très rapide (quasi verticale) qui provient d’une entrée de Na+ en très grande quantité (l’entrée du courant Na+ est à la fois très intense, très brutale et très courte). Ensuite une fois que la cellule est polarisée des courants repolarisant de Ca2+ et surtout de K+ vont progressivement ramener la cellule à son état de base, état qui est stable pour attendre à nouveau une nouvelle stimulation car le cœur se contracte en permanence. 7/20 Le potentiel de la cellule musculaire est représenté ici avec la loi du tout ou rien. Les stimulations 1 et 2 sont inférieures au seuil donc il ne se passe rien. La stimulation 3 arrive au potentiel seuil qui est ici de – 70 mV donc on a une entrée massive de Na+, la cellule devient très fortement positive. Ensuite on a une dépolarisation rapide, puis un plateau suivie d’une dépolarisation plus rapide avec un retour au potentiel de membrane de repos qui est stable et qui attend une nouvelle dépolarisation. - Phase 0 : dépolarisation rapide (entrée brutale de Na+ qui va être plus faible ensuite) - Phase 1 : repolarisation précoce (sortie de K+ par canal It0) qui ne dure pas, stabilité plateau. Action de Na+ - Phase 2 : dépolarisation en plateau (sortie K+ et entrée de Ca2+ par canaux L et T) - Phase 3 : repolarisation (sortie K+) - Phase 4 : retour au potentiel stable des membranes Résumé des 4 phases ci-dessus /!\ Il faut juste bien comprendre qu’il y a deux types de cellule : - Celles avec un potentiel instable caractérisées ici par un aspect de repos - Celles avec un potentiel stable caractérisées par l’horizontalisation du potentiel et qui ont la nécessité de recevoir une impulsion pour pouvoir se contracter alors que les autres n’en n’ont pas besoin. 8/20 La cellule du tissu nodal va se dépolariser spontanément et une fois qu’elle s’est dépolarisée, elle va dépolariser la cellule musculaire et lorsque cette cellule est dépolarisée, elle se repolarise. Lors de cette repolarisation elle a 2 périodes particulières : - PRA = période réfractaire absolue : temps durant lequel la cellule ne peut pas être à nouveau excitée. - PRR = période réfractaire relative : temps au bout duquel la cellule peut être excitée par un stimulus mais soit le stimulus devra être plus important soit la réponse sera plus faible, car la cellule n'est pas revenue à son niveau de base. Cette période est plus courte et se situe à la fin de la repolarisation. La PRA dure jusqu'à la fin de la phase 3 à peu près (impossible d’exciter la cellule). Une fois la PRA terminée, on entre dans la zone de la PRR (un stimulus peut entrainer une réponse : s’il est très précoce, il entrainera une réponse faible, s’il est un peu plus tardif, la réponse sera un peu plus élevée mais elle n’est pas encore complète). Ce n’est qu’à la fin de la PRR qu’on peut retrouver un PA normal. 7. Conclusion Les caractéristiques électrophysiologiques originales des cellules du tissu nodal expliquent le fonctionnement automatique du cœur (dépolarisation spontanée). Il reçoit des afférences centrales et périphériques essentiellement par les systèmes parasympathiques et sympathiques qui permettent l'adaptation de la fréquence et de la contraction cardiaque aux besoins de l'organisme. II. Couplage-Excitation-Contraction 1. Généralités La contraction du muscle cardiaque résulte de la contraction automatique de chaque unité élémentaire : les myofibrilles. L'activation des myofibrilles provient de l'automatisme des cellules du tissu nodal. Le myocarde est un muscle strié un peu particulier, son unité de base est la cellule musculaire myocardique qui mesure entre 50 et 100 microns. Elle possède une membrane, un noyau central, des mitochondries, un sarcoplasme, des capillaires en grand nombre, des protéines contractiles spécifiques (présentes que dans le muscle cardiaque) qui permettent au muscle cardiaque de se contracter pendant des dizaines d’années avec une très bonne efficacité. Il y a également du tissu conjonctif d’emballage qui peut avoir une importance dans certaines pathologies. 9/20 Les cellules musculaires sont regroupées sous forme de myofibrilles qui sont des unités longitudinales. Il y a de nombreuses mitochondries car le tissu cardiaque est le tissu le plus riche en mitochondries vu qu’il a toujours besoin d’énergie. Il y a également de nombreux filaments telles que l’actine et la myosine et le tout est enveloppé dans une membrane appelée le sarcomère. Les myofibrilles sont une succession de sarcomères reliés les uns aux autres de manière longitudinale et proche des filaments de myofibrilles, on trouve les apports d'énergie que sont les mitochondries ainsi que des vaisseaux à proximité. 2. Histologie La spécificité des cellules myocardiques tient à la présence de protéines contractiles : - myosine : filament épais - actine : filament fin - troponines (3 types) L'assemblage de ces protéines constitue l'unité de base de la cellule musculaire : le sarcomère. Le sarcomère est défini par la zone entre deux stries Z (zone où se relie les filaments d’actine), il mesure 1,8 micromètres au repos et 2,3 micromètres lorsqu'il est étiré. On distingue différentes zones : la Bande A (myosine + actine) et la Bande I (actine, zone où il n’y a que les filaments fins). Un troisième filament (pour 10/20 l’élasticité et la rigidité) : la titine relie la strie Z à la bande M qui se situe au milieu de la bande H. La bande H est une zone où il n’y a que les filaments de myosine. Schéma de myofibrilles en coupe longitudinale où l’on visualise les relations entre les mitochondries, les invaginations de la membrane qui descendent dans la profondeur près de la strie Z (= tubules T transverses), les citernes du réticulum sarcoplasmique = citernes ou tubules L (latéraux) situés sur le côté et qui se répartissent tout le long des myofibrilles, proches des filaments d’actine et de myosine. Sur ce schéma, on constate que la strie Z est un point d’ancrage où il y a l’insertion de la titine et de la myosine. • Myosine : - Protéine héxamérique (6 sous-unités) : 2 sous-unités lourdes (MHC), 2 paires de sous unités légères (MLC) : 1 essentielle (MLC1) et 1 régulatrice de l’activité mécanique (MLC2). Elle est schématisée par une 11/20 crosse de hockey. - La tête de la myosine est formée de l’extrémité N-terminale et porte un site de fixation pour l’ATP (pour l’hydrolyse d’ATP) qui sert d’apport d’énergie et un site de fixation pour l’actine. • Actine : - Il est représenté par 2 chaines hélicoïdales qui s’entrecroisent. - Il est formé de l’actine G globulaire et l’actine F filamentaire. - Dans la gouttière de l’actine F on trouve une molécule de tropomyosine : elle participe à la rigidité et à la stabilité de l’actine ainsi qu’à la régulation de la contraction en bloquant l’interaction avec les têtes de myosine. C’est une sorte de masquage du site d’action : le site n’étant pas visible, la tête de myosine ne prend pas appui dessus. • Troponine : - Elle est constituée de 3 sous-unités qui régulent la contraction : Tn I : inhibe l’action de l’actine et la contraction Tn C : fixe le calcium Tn T : se fixe à la tropomyosine Lors d’un infarctus une cellule détruite libère son contenu notamment les protéines contractiles comme la troponine dans le sang. Ainsi, en dosant la troponine, on va avoir la certitude que des cellules cardiaques ont été détruites ce qui permet d’affirmer ou d’infirmer un certain nombre de diagnostic. En temps normal le taux de troponine dans le sang est extrêmement bas. 3. Propagation du PA Le potentiel d’action se propage par l’intermédiaire du tissu nodal et des cellules musculaires par contiguïté. La propagation par contiguïté est facilitée par l’organisation du muscle en syncytium : les fibres se terminent par des disques intercalaires en continuités avec le sarcolemme. On note la présence de gap jonctions (Nexus) et desmosomes entres les membranes des cellules au niveau des disques intercalaires qui permettent le contact et le passage rapide de la propagation du PA par l’intermédiaire de canaux ioniques (canaux K+,Ca2+,Na+) alors que les membranes, normalement formées de phospholipides, sont beaucoup plus étanches aux ions et rendent le passage beaucoup plus lent et difficile. Ces canaux de jonction sont formés par des protéines qui réalisent des sortes de pores qui permettent de faire passer des ions par des canaux généralement hydrophobes. Au niveau des disques intercalaires la membrane est moins épaisse, ce qui permet un échange d’ions facilité. En effet, on observe un phénomène de Gap (« trou ») qu’on peut schématiser sous la forme de protéines assemblées les unes aux autres et qui constituent un passage en ligne direct au travers de la double couche phospholipidique qui constitue la membrane de chacune des cellules. 12/20 4. Couplage Le couplage excitation-contraction assure la transformation du stimulus électrique (le potentiel d’action) en un signal intra cellulaire qui permet la contraction de la cellule = phénomène mécanique. La dépolarisation membranaire entraîne l’ouverture du canal calcique L voltage dépendant aussi appelé DHPR pour récepteur à la dihydropiridine. Les dihydropiridines sont des médicaments vasodilatateurs et des antihypertenseurs, certains d’entre eux diminuent la fréquence et la contraction cardiaque. Le canal s’ouvre, le calcium entre alors dans la cellule mais il n’est pas suffisamment important en volume pour permettre la contraction. Il faut donc un phénomène d’amplification caractérisé par un récepteur, celui à la ryanodine (RYR) qui est situé à côté du DHPR sur le réticulum sarcoplasmique qui est le lieu de stockage du Ca2+. Lorsque le Ca2+ se fixe sur le RYR, ce dernier s’ouvre et libère cette fois-ci une grande quantité de calcium dans le cytosol de la cellule musculaire. Ce calcium va alors se fixer sur les protéines contractiles en particulier la troponine C, ce qui permettra la contraction musculaire cardiaque. Ce phénomène est un phénomène auto catalytique ou auto induit par le CICR (Ca induced - Ca release : fait que la libération de Ca2+ augmente l’activité d’un récepteur qui favorise la libération massive de Ca2+ par le réticulum sarcoplasmique phénomène d’auto amplification). NB : les deux récepteurs sont situés côte à côte pour des raisons d’efficacité et c’est la modification de conformation du premier récepteur (DHPR) qui vient entrainer la sortie de calcium qui va jouer un rôle sur la déformation du deuxième récepteur qui lui va faire rentrer des doses plus importantes de calcium. 13/20 Le Ca2+ ainsi libéré va se fixer sur la troponine C et lever l’inhibition de la troponine I par rotation. Ceci permet le pivotement du complexe actomyosine sur les filaments d’actine et la prise de contact entre les têtes de myosine et l’actine par démasquage du site de liaison. Le contact entraine l’hydrolyse de l’ATP, qui produit l’énergie nécessaire à la bascule des têtes de myosine et un raccourcissement du sarcomère qui permet la contraction de la cellule musculaire. Calcium Myosine Troponine T Troponine C Actine Tropomyosine 5. Contraction La bascule des têtes de myosine entraine le glissement des filaments d’actine et de myosine. Le sarcomère se raccourcit : l’espace entre les deux stries Z diminue. La force ainsi développée dépend du nombre de pont actine myosine formés et du degré de recouvrement des filaments. 14/20 La force développée dépend directement de la concentration de Ca2+ dans la cellule. Plus il y a de ponts formés plus la Troponine C est affine pour le Ca2+. Pour chaque battement cardiaque seul 25% des ponts génèrent une force (il y a donc une réserve contractile). 6. Relaxation La relaxation correspond au retour du sarcomère à sa longueur initiale. Elle résulte du recaptage du calcium par des pompes : SERCA (sarco/endoplasmmic reticulum Ca2+ ATPase) situées sur la membrane du réticulum endoplasmique. Ces pompes sont également consommatrices d’énergie (moins que la contraction). Le calcium est ensuite séquestré par différents protéines : calsequestrine, calreticuline, sarculemine (possibilité de devenir un jour la cible de médicaments car leurs anomalies entrainent des pathologies comme les cardiopathies qui sont des disfonctionnements musculaires myocardiques d’origine génétique). La première étape dans une souffrance cardiaque est une diminution de la relaxation. 7. Régulation Il existe de nombreuses régulations de la contraction : - Par la longueur : Loi de Franck-Starling - Neuro hormonale. • Loi de Franck Starling : - La déformation par le remplissage du ventricule est transmise aux myofibrilles et modifie leurs propriétés. - C’est une relation tension/longueur. - Elle s’explique par le changement du nombre de ponts actine myosine pouvant se former en fonction du nombre de recouvrement des filaments. On peut avoir une plus grande action : plus un muscle est étiré, plus sa propriété à se contracter est importante et plus on peut développer une force importante. Mais cette propriété n’est pas valable indéfiniment, en effet s’il y a une trop grande distension on peut avoir une déchirure. 15/20 - Cependant la relation tension/longueur s’explique aussi par une plus grande sensibilité des myofilaments au calcium. • Force fréquence : potentialisation de la force liée à la durée de la diastole. Rôle de la quantité de Ca2+ disponible et fraction libéré du RS. Si on a une fréquence cardiaque élevée, on va avoir une diastole courte, et donc la capacité à recapter du calcium sera de plus en plus faible. Donc la capacité de remobilisation sera aussi plus faible ainsi que la capacité à se contracter. • Régulation hormonale : - La stimulation béta adrénergique par l’adrénaline influe sur la contraction cardiaque en particulier avec l’activation d’une protéine G (sous membranaire) d’où la production d'AMPc qui phosphoryle le DHPR ce qui conduit à une ouverture plus longue du canal calcique et donc une libération plus importante de calcium, d’où une intensité de contraction plus ou moins importante. - Le phospholamban (situé dans le réticulum sarcoplasmique) inhibe les pompes SERCA et recapte le calcium ce qui permet d’augmenter la vitesse de relaxation. - La stimulation, par le système rénine angiotensine aldostérone et l'endothéline, qui sont des enzymes produites par le foie (angiotensine et l’endothéline) et le rein (rénine), participe à la régulation. Ces enzymes vont agir sur la contraction cardiaque et la contraction musculaire des vaisseaux qui vont modifier des caractéristiques de régulation sur des longues durées (semaines à mois) contrairement à l’adrénaline qui a une régulation plus immédiate. Cette régulation se fait par l’intermédiaire de médiateurs intracellulaires qui sont des dilatateurs sous membranaires ou membranaires. Le système orthosympathique accélère le rythme cardiaque et augmente la contraction : l’adrénaline se fixe sur son récepteur, puis il y a activation de la protéine Gs (stimulatrice) qui entraine la production d’AMPc. L’AMPc agit sur le récepteur IF (des cellules du nœud sinusal) en augmentant l’entrée de Na+ qui influence le rythme cardiaque et en agissant sur le canal calcique DHPR en augmentant la concentration en Ca2+ ce qui influence directement la contraction. 8. Conclusion La contraction des cellules musculaires cardiaques provient du glissement des filaments d'actine et de myosine. Ce mécanisme est finement régulé par des boucles de rétrocontrôles complexes. Le calcium y joue un rôle fondamental par l’intermédiaire de deux récepteurs. Elle nécessite de l'énergie fournie sous forme d'ATP issue de la phosphorylation oxydative, c’est à dire de la respiration. 16/20 III. Sources d’énergie du muscle cardiaque/myocarde 1. Généralités Le cœur est un des organes les plus oxydatifs de l’organisme (0.4% du PDC (= Poids du corps) avec 250g mais 11% de la consommation d’O2) : c’est celui qui a une des plus grandes consommations d’oxygène car il se contracte en permanence. Ses réserves en oxygène sont très faibles et ne permettent que quelques secondes d’autonomie (maximum 1min d’énergie ce qui équivaut à 60 battements) : il n’a pas de possibilité de le stocker. Il fonctionne donc selon le principe du flux tendu (= commande permanente d’ATP car impossibilité de stocker l’oxygène). 2. Les substrats Le cœur est capable d’utiliser tous les substrats endogènes (glycogène, corps cétoniques, acides aminés...) ou exogènes (lipides, glucose, lactates…) pour fournir l’énergie nécessaire à sa contraction. Le manque d’énergie est donc très rare, même si on s’arrête de manger. L’oxygène dans l’air est nécessaire au cœur pour pouvoir utiliser les différents substrats afin qu’ils fournissent de l’énergie. A l’état normal la majeure partie de l’énergie provient de la Béta oxydation des acides gras, de la phosphorylation oxydative du glucose et du lactate. Au repos, l’oxydation des acides gras représente plus de 60% de l’énergie du myocarde, le glucose et l’acide lactique 16-18% et les corps cétoniques 3%. A l’effort, les muscles périphériques produisent de l’acide lactique utilisé par le cœur pour produire de l’énergie : l’oxydation des acides gras libres ne représente plus que 20% de l’énergie du myocarde, alors que l’acide lactique représente 60%. Seul le métabolisme oxydatif est capable de synthétiser à partir des substrats de l’ATP en quantité suffisante pour assurer ces besoins, le tout en présence d’oxygène. Ceci explique la grande dépendance du myocarde vis-àvis de l’oxygène. Ainsi le muscle cardiaque est le muscle le plus vascularisé avec environ 3000 capillaires/mm2 de façon à ce qu’il y ait toujours de l’oxygène au plus près des cellules musculaires cardiaques. De plus, ça explique aussi le grand nombre de mitochondries qui servent à utiliser l’oxygène amené par les capillaires pour fournir de l’énergie sous forme d’ATP à partir des substrats. Chaque hydrolyse d’une liaison phosphate d’ATP libère 7,3 kcal ou 30,5 KJ (énergie qui permet la bascule des têtes de myosine). 3. Les mitochondries Elles fournissent les ATP. Elles sont situées dans la cellule musculaire près des tubules en T (contenant du Ca2+) et près des zones de filaments d’actine et de myosine de façon à ce que les interactions soient plus pertinentes et rapides. Ce sont des structures sphériques ou en bâtonnets. Elles sont constituées d’une double membrane : une membrane externe juxtaposée à une membrane interne avec des invaginations. C’est grâce à cette double membrane qu’est produite l’énergie. Elles sont fortement intégrées à l’architecture cellulaire en raison de ses interactions avec le cytosquelette (filaments d’actine et de myosine). Les mitochondries représentent à elles seules 30% du volume cellulaire cardiaque. 17/20 Elles possèdent un ADN mitochondrial fait de 16 569 paires de bases (portant 37 gènes). Il est extrêmement compact et seul 5 % de cet ADN n’est pas codant. Ce qui est le contraire de l’ADN nucléaire qui lui est très peu codant et est très volumineux. Les mutations sont fréquentes et pourraient expliquer certaines pathologies musculaires : le dysfonctionnement des mitochondries serait la source de dysfonctionnement musculaire. La glycolyse cytosolique aboutit à la formation de pyruvate (et de 2 ATP directs) puis d’acétyl-CoA dans la mitochondrie. Les acides gras sont transformés dans le cytosol en acyl-CoA ; dans la mitochondrie les enzymes de la béta-oxydation des acides gras donnent de l’acétyl-CoA. L’acétyl-CoA est ainsi le carrefour métabolique de la dégradation des sucres et des graisses. On a besoin dans un premier temps de dépenser de l’énergie pour pouvoir ensuite en libérer en plus grande quantité : il y a donc une consommation d’énergie pour arriver dans une phase d’investissement de l’énergie et ensuite, pour arriver à la formation de pyruvate on a une formation d’ATP. Quelque soit le substrat utilisé dans le cytosol, on aboutit à la formation d’acétyl-CoA qui va entrer dans le cycle de Krebs. 4. Le cycle de Krebs Le cycle de Krebs aboutit à la formation de molécules de NADH et de FADH2. Ces molécules en présence d’oxygène vont permettre aux différents complexes de la chaine respiratoire de produire l’énergie (ATP) nécessaire : ce qui constitue la phosphorylation oxydative ; le but étant de produire de l’ATP, soit de mettre en stockage du phosphate/phosphore. 18/20 5. La chaine respiratoire Ces molécules (NADH et FADH2) sont oxydées par le complexe I de la chaine respiratoire. Les réactions de la chaine respiratoire aboutissent finalement à la formation d’eau. Le gradient électrochimique de part et d’autre de la membrane est crée par l’expulsion de protons de la matrice dans la zone inter membranaire qui est alors fortement acide avec un pH bas à l’inverse de la matrice où le pH est élevé. Cette expulsion est couplée au transfert d’électrons dans les complexes I-III-IV de la chaine respiratoire. L’ATP synthétase (complexe V ou complexe terminal) utilise ce gradient de protons générer par le cycle de Krebs pour phosphoryler l’ADP en ATP qui sera la source d’énergie du myocarde : deux protons repassent vers la matrices via l’ATP synthétase en formant un ATP. 19/20 L’ATP est ensuite transporté vers l’espace inter membranaire par le translocateur des nucléotides adényliques, puis vers le cytosol par le transporteur VDAC (voltage dépendant anion chanel). Il pourra alors être utilisé pour la contraction musculaire. L’ATP peut également être utilisé immédiatement par la créatine kinase qui synthétise de la créatine phosphate (ou phosphocréatine) qui est une forme chimique de stockage de l’énergie (en petite quantité, pas plus d’une minute de réserve d’énergie). 6. Conclusion La mitochondrie est le site de production de l'énergie nécessaire au muscle cardiaque. Elle fait intervenir le cycle de Krebs qui est la voie finale de catalyse des substrats énergétiques. Celui-ci permet la production d'ATP par la chaine respiratoire en présence d'oxygène. Le rendement du muscle cardiaque est de 40%, le reste étant perdu sous forme de chaleur ou en produisant des molécules d’eau. IV. Annales 2014/2015 54. L’automatisme des cellules du nœud sinusal est principalement lié au canal : A. Calcique B. Potassique C. du midi D. Chlorique E. Canal If 55. Le canal voltage dépendant activé par le potentiel d’action de la membrane des myocytes contractiles s’appelle : A. ABCD B. DHPR C. ABC A1 D. DPCG E. MDRT 56. Sur un sarcomère, il existe : A. La bande H B. La Bande FM C. La strie Z D. La bande I E. La bande X 20/20