Chirurgie du cancer du pancréas et de l`oesophage au Canada

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La production du présent rapport est rendue possible grâce à un apport financier de Santé
Canada et des gouvernements provinciaux et territoriaux. Les opinions exprimées dans ce
rapport ne représentent pas nécessairement celles de Santé Canada ou celles des
gouvernements provinciaux et territoriaux.
Septembre 2011
Chirurgie du cancer du pancréas
et de l’œsophage au Canada :
expérience de l’hôpital et
centralisation des soins
Introduction
En 2010, environ 4 000 Canadiens ont reçu un diagnostic de cancer du
pancréas et 1 700, de cancer de l’œsophage1, i. La chirurgie constitue le
traitement principal, potentiellement curatif, chez les personnes ayant
reçu un diagnostic de maladie à un stade précoce. Toutefois, seulement
20 à 30 % des personnes souffrant de l’un de ces cancers sont de bons
candidats pour une chirurgie curative, car la plupart d’entre eux reçoivent
le diagnostic à un stade avancé de la maladie2, 3. Les interventions
chirurgicales dans les cas de cancer du pancréas et de l’œsophage sont
parmi les interventions les plus exigeantes réalisées par les chirurgiens.
Les infirmières et les dispensateurs de services auxiliaires sont également
confrontés à des difficultés dans la prestation de soins à ces patients, car
les complications chirurgicales graves sont fréquentes. La perspective
à long terme pour les patients ayant reçu un diagnostic de cancer du
pancréas ou de l’œsophage est sombre : seulement 6 % des personnes
atteintes d’un cancer du pancréas et 14 % de celles atteintes d’un cancer
de l’œsophage survivent cinq ans après la pose du diagnostic4.
La relation étroite entre le volume de chirurgies du cancer du pancréas et de
l’œsophage et leurs résultats est bien documentée dans les ouvrages5-9, d’où
les recommandations voulant que les soins à ces patients soient dispensés
dans des établissements à volume élevé plutôt que dans ceux à volume
faible5, 6, 10, 11. D’ailleurs, des preuves du succès de la centralisation de
ces soins complexes dans des centres d’excellence ont été publiées6, 12, 13.
La mise en place de politiques et la régionalisation des soins ont entraîné
l’amélioration du taux de survie et la réduction de la morbidité14-18.
i. Pour une description de l’épidémiologie du cancer du pancréas et de l’œsophage au Canada, consultez
l’annexe et le tableau A-1.
2 Chirurgie du cancer du pancréas et de l’œsophage au Canada : expérience de l’hôpital, centralisation des soins et résultats de la chirurgie
Bien qu’il n’existe aucun indicateur pancanadien sur la qualité de ces interventions chirurgicales, Action
Cancer Ontario a mis en œuvre le Programme d’oncologie chirurgicale (POC) qui comporte des lignes
directrices sur les volumes d’interventions5, 6, 18, 19. Les lignes directrices relatives aux soins chirurgicaux
dispensés aux patients atteints d’un cancer de l’œsophage, y compris celles sur les volumes d’interventions,
ont été mises au point par le comité d’experts sur l’oncologie chirurgicale thoracique d’Action Cancer Ontario5.
L’indice de qualité du réseau de cancérologie (IQRC) du POC a permis d’élaborer des lignes directrices sur
les volumes dans les hôpitaux quant au cancer du pancréas6, 19. En plus de prendre en considération le
volume d’interventions des hôpitaux, le POC d’Action Cancer Ontario précise des critères pour les chirurgiens
et les hôpitaux, notamment des systèmes en particulier (comme la gestion multidisciplinaire et l’assurance
de la qualité), des ressources physiques (comme l’imagerie peropératoire, les soins intensifs et les services
de nutrition) ainsi que des ressources humaines (comme les médecins des soins intensifs, les infirmières
des soins spécialisés et le personnel offrant des soins de soutien), tous essentiels à la prestation de
soins optimaux5, 19.
À ce jour, il n’existe que peu de descriptions de la situation pancanadienne quant à la prestation de soins
chirurgicaux aux patients souffrant d’un cancer du pancréas ou de l’œsophage. Le présent rapport étudie
dans quelle mesure la chirurgie du cancer du pancréas et de l’œsophage est centralisée et pratiquée dans
des hôpitaux de soins de courte durée à volume élevé. De plus, il présente des données sur les résultats
des patients qui subissent ces chirurgies à risque élevé.
Sources et définitions des données
La présente section décrit les sources de données de l’analyse, la méthode d’identification des patients
atteints d’un cancer du pancréas ou de l’œsophage et la définition des interventions chirurgicales.
Sources de données
La Base de données sur la morbidité hospitalière (BDMH) de l’Institut canadien d’information sur la santé
(ICIS) est la source d’information sur les soins chirurgicaux en milieu hospitalier. La BDMH est une banque
de données nationale qui saisit des données administratives, cliniques et démographiques sur les sorties
des patients dans tous les hôpitaux de soins de courte durée. L’ensemble des provinces et des territoires
(à l’exception du Québec) soumettent des données sur les sorties à la Base de données sur les congés des
patients (BDCP) de l’ICIS. Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec soumet un fichier de
données à l’ICIS à la fin de chaque année. Ce fichier de données fait l’objet d’un mappage, puis il est traité
et incorporé aux données sur les soins de courte durée de la BDCP, créant ainsi la BDMH nationale. Dans
le cadre des présentes analyses, nous avons utilisé les données de la BDMH des quatre derniers exercices
(2006-2007, 2007-2008, 2008-2009 et 2009-2010), puisque c’est en 2006-2007 que l’ensemble des provinces
et des territoires ont mis en application les codes de la CIM-10-CAii et de la Classification canadienne des
interventions en santé (CCI). Nous avons également utilisé le Fichier de conversion des codes postaux
(FCCP+) de Statistique Canada pour décrire la répartition géographique des patients et des hôpitaux.
Identification des patients atteints du cancer et des interventions chirurgicales
Les personnes atteintes d’un cancer primitif du pancréas sont définies comme celles dont l’abrégé de sortie
de l’hôpital contient les codes de diagnostics C25.0, C25.1, C25.2, C25.3, C25.4, C25.7, C25.8 et C25.9 de
la CIM-10-CA. Les cas de cancers primitifs de l’œsophage comprennent ceux pour lesquels les codes C15.0,
ii. CIM-10-CA est le sigle de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, 10e version, Canada.
La CIM-10-CA, élaborée par l’ICIS, est utilisée par les établissements pour codifier les problèmes, les diagnostics, les symptômes et les autres
états qui nécessitent la consultation de dispensateurs de soins de santé.
Chirurgie du cancer du pancréas et de l’œsophage au Canada : expérience de l’hôpital, centralisation des soins et résultats de la chirurgie 3
C15.1, C15.2, C15.3, C15.4, C15.5, C15.8, C15.9 et C16.0 de la CIM-10-CA ont été attribués. Les résections
partielles, totales ou radicales du pancréas ou de l’œsophage (mentionnées n’importe où sur l’abrégé) ont été
identifiées au moyen des codes de la CCIiii. Si plus d’une intervention a été pratiquée chez un patient au cours
de la période à l’étude, seule la première intervention a été comptée.
Définition de l’expérience de l’hôpital
Dans le cadre du présent rapport, l’expérience de l’hôpital est définie en fonction du volume d’interventions
chirurgicales, c’est-à-dire le nombre d’interventions pratiquées par patient dans les hôpitaux selon l’exercice
(2006-2007 à 2009-2010). Le volume d’interventions d’un hôpital est calculé indépendamment du fait que la
pancréatectomie ou l’œsophagectomie soit pratiquée en raison d’un diagnostic de cancer primitif ou noniv.
On suppose que les hôpitaux pratiquent généralement ces interventions chez des patients atteints du cancer.
Un groupe de cliniciens ayant une expertise dans la pratique de ces interventions nous a conseillé sur les
interventions à inclure dans le calcul du volume des hôpitaux.
La façon de définir ce à quoi correspond un volume élevé d’interventions est l’un des plus grands enjeux de
l’analyse des volumes chirurgicaux et de leurs résultats. Des chercheurs canadiens qui ont étudié la relation
entre le volume d’interventions d’un hôpital et les résultats de ces interventions ont employé différents seuils
de volume pour caractériser les hôpitaux20, 21. Dans le présent rapport, les définitions des volumes
d’interventions établis par Action Cancer Ontario ont servi à décrire dans quelle mesure les interventions
chirurgicales sont centralisées (tableau 1), en partie parce que plus du tiers des pancréatectomies et des
œsophagectomies sont pratiquées dans les hôpitaux de l’Ontario.
Tableau 1 : Seuils de volume établis par Action Cancer
Ontario pour définir le volume d’interventions
des hôpitaux
Pancréatectomie Œsophagectomie
Faible : 1 à 19
Élevé : 20 et plus
Faible : 1 à 6
Moyen (niveau 2) : 7 à 19
Élevé (niveau 1) : 20 et plus
Sources
Pancréatectomie : M. Marcaccio et coll., Hepatic, Pancreatic, and Biliary Tract
(HPB) Surgical Oncology Standards: A Special Project of the Expert Panel on
HPB Surgical Oncology, Toronto (Ont.), Action Cancer Ontario, 2006. Consulté le
24 mars 2010. Internet : <http://www.cancercare.on.ca/pdf/pebchpbf.pdf>.
Œsophagectomie : S. Sundaresan et coll., « Standards for Thoracic Surgical
Oncology in a Single-Payer Healthcare System », Annals of Thoracic Surgery,
vol. 84 (2007), p. 693-701.
Résultats
Expérience de l’hôpital
Au Canada, les soins chirurgicaux aux patients qui subissent une pancréatectomie ou une œsophagectomie
sont dispensés dans relativement peu d’hôpitaux. En 2009-2010, il y avait 686 hôpitaux de soins de courte
durée au Canada, et ce nombre n’a que très peu fluctué au cours des quatre années à l’étude (voir le
tableau A-2 de l’annexe). La plupart des hôpitaux canadiens de soins de courte durée n’ont pas pratiqué ces
iii. Les codes des interventions liées au pancréas sont 1.OJ.87, 1.OJ.89, 1.OK.87, 1.OK.89 et 1.OK.91; les codes des interventions liées à l’œsophage
sont ceux de 1.NA.87 à 1.NA.92.
iv. Les interventions liées à l’œsophage auxquelles on a attribué les codes 1.NA.87.LP, 1.NA.87.BA et 1.NA.87.QB et qui ont été pratiquées chez
des patients n’ayant pas reçu un diagnostic de cancer ont été exclue de l’analyse lorsque diagnostic principal était K22.5 Diverticule acquis
de l’œsophage.
4 Chirurgie du cancer du pancréas et de l’œsophage au Canada : expérience de l’hôpital, centralisation des soins et résultats de la chirurgie
interventions en 2009-2010 (572 ou 83 % dans le cas de la pancréatectomie et 567 ou 83 % dans le cas de
l’œsophagectomie). De plus, les hôpitaux du Yukon et du Nunavut n’ont pratiqué aucune pancréatectomie ou
œsophagectomie entre 2006-2007 et 2009-2010; les résidents de ces territoires se sont déplacés dans une
autre province ou un autre territoire pour subir la chirurgie.
Au Canada en 2009-2010, 114 des 686 hôpitaux de soins de courte durée ont pratiqué des pancréatectomies;
de ce nombre, 18 (16 %) étaient des hôpitaux à volume élevé (tableau 2). Pour cette même année, 119 des
686 hôpitaux de soins de courte durée au Canada ont pratiqué des œsophagectomies; de ce nombre, 22
(18 %) étaient des hôpitaux à volume élevé. Le nombre d’hôpitaux à volume élevé est demeuré relativement
stable au cours de la période de quatre ans (voir le tableau A-2 de l’annexe).
Parmi les hôpitaux qui ont pratiqué ces interventions en 2009-2010, aucun hôpital à volume élevé du
Nouveau-Brunswick ou de la Saskatchewan n’a pratiqué de pancréatectomie et aucun hôpital à volume élevé
du Nouveau-Brunswick n’a pratiqué d’œsophagectomie. L’Ontario affiche le plus grand nombre d’hôpitaux à
volume élevé pour ces deux types d’intervention (huit hôpitaux pratiquent des pancréatectomies et huit, des
œsophagectomies) [tableau 2]. En proportion de la taille de sa population et du nombre d’hôpitaux qui
pratiquent ces interventions, le Québec a relativement peu d’hôpitaux à volume élevé (trois hôpitaux
pratiquent des pancréatectomies et quatre, des œsophagectomies) [tableau 2].
Tableau 2 : Nombre d’hôpitaux de soins de courte durée qui pratiquent des
pancréatectomies et des œsophagectomies (pour traiter des cancers ou
d’autres types de problèmes) et nombre de ces hôpitaux affichant un volume
élevé d’interventions, Canada, 2009-2010
Province ou territoire
Pancréatectomie Œsophagectomie
Nombre d’hôpitaux
pratiquant les
interventions
Volume
élevé
Nombre d’hôpitaux
pratiquant les
interventions
Volume
élevé
Colombie-Britannique 13 2 17 4
Alberta 11 2 10 3
Saskatchewan 5 0 5 1
Manitoba 3 1 4 1
Ontario 34 8 39 8
Québec 37 3 35 4
Nouveau-Brunswick 6 0 4 0
Nouvelle-Écosse 2 1 3 1
Î
le-du-Prince-Édouard 1 0 0 0
Terre-Neuve-et-Labrado
r
2 1 2 0
Yukon 0 0 0 0
Territoires du Nord-Ouest 0 0 0 0
Nunavut 0 0 0 0
Canada 114 18 119 22
Source
Base de données sur la morbidité hospitalière, Institut canadien d’information sur la santé.
Chirurgie du cancer du pancréas et de l’œsophage au Canada : expérience de l’hôpital, centralisation des soins et résultats de la chirurgie 5
Centralisation des soins
La plupart des patients atteints du cancer qui ont subi une pancréatectomie ou une œsophagectomie au
Canada entre 2006-2007 et 2009-2010 ont reçu des soins dans un hôpital à volume élevé (74 % et 58 %
respectivement) [tableau 3]. Le degré de centralisation de ces interventions dans les hôpitaux à volume
élevé selon la province de résidence du patient allait de 59 % à Terre-Neuve-et-Labrador à 100 % à l’Île-
du-Prince-Édouard pour la pancréatectomie et de 13 % au Québec à 89 % en Colombie-Britannique pour
l’œsophagectomie (tableau 3). Le degré de centralisation dans les hôpitaux à volume élevé était supérieur
chez les patients atteints du cancer (comme le démontre le tableau 3) par rapport aux autres patients (74 %
contre 66 % pour la pancréatectomie et 58 % contre 48 % pour l’œsophagectomie).
Tableau 3 : Nombre et pourcentage de patients atteints du cancer qui subissent une
pancréatectomie ou une œsophagectomie dans un hôpital de soins de
courte durée à volume élevé, selon la province de résidence du patient,
2006-2007 à 2009-2010
Province ou territoire
Pancréatectomie liée
au cancer
Œsophagectomie liée
au cancer
Nombre de
patients
Nombre (%) de
patients soignés
dans un hôpital à
volume élevé
Nombre de
patients
Nombre (%) de
patients soignés
dans un hôpital à
volume élevé
Colombie-Britannique 322 251 (78 %) 378 337 (89 %)
Alberta 238 210 (88 %) 205 155 (76 %)
Saskatchewan 51 * 107 15 (14 %)
Manitoba 63 48 (76 %) 95 80 (84 %)
Ontario 870 688 (79 %) 1 112 700 (63 %)
Québec 432 277 (64 %) 338 43 (13 %)
Nouveau-Brunswick 31 * 59 *
Nouvelle-Écosse 76 67 (88 %) 107 77 (72 %)
Î
le-du-Prince-Édouard 11 11 (100 %) 9 *
Terre-Neuve-et-Labrado
r
32 19 (59 %) 36 14 (39 %)
Yukon * * * *
Territoires du Nord-Ouest * * * *
Nunavut 0 0 * *
Canada 2 130 1 582 (74 %) 2 449 1 432 (58 %)
Remarque
* Chiffres supprimés en raison des nombres peu élevés.
Source
Base de données sur la morbidité hospitalière, Institut canadien d’information sur la santé.
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