Le Brésil 1
Cartes et chiffres
Carte générale du Brésil
6 Les pays émergents : de nouveaux acteurs
Super cie : 8 547 403 km2 capitale : Brasília
Nature du régime politique : démocratie présidentielle
Chef de l’État : président Dilma Rousseff
Population : 191 791 000 habitants densité en 2007 : 22 hab/km2
Accroissement naturel : 1,4 %
Espérance de vie : 76 ans pour les femmes et 68 ans pour les hommes
Fécondité (2007) : 2,3 enfants par femme
IDH (2005) : 0,801 (58e)
PIB (2007) : 1 295 milliards de dollars
PIB/hab (2007) : 6 841 dollars
IDE (2007) : 18 782 milliards de dollars
Dépense militaire/PIB : 1,5 %
Questions : quoi-qui ?
Quels sont les faiblesses et les atouts
de ce géant latinoaméricain ?
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Les acteurs du géant brésilien
Vargas Getulio
Il est le père du populisme brésilien. Né en 1883 dans une famille de fermiers du Rio
Grande do Sul, il est avocat et commence sa carrière politique comme député dans les
années 1920 avant de devenir ministre de l’Économie en 1926. Il devient chef de gouver-
nement en 1930 après un coup d’État qui chasse du pouvoir l’oligarchie caféière. Il fonde
et dirige l
’Estado
Novo
entre 1937 et 1945, régime populiste et nationaliste qui accélère
l’industrialisation et la modernisation du Brésil au prix d’un corporatisme inspiré de Salazar
et de Mussolini, corporatisme qui nécessite une union des différentes classes sociales au
service du développement économique.
Chap. 1 • Le Brésil 7
Chassé du pouvoir par un
pronunciamento
en 1945, il est élu président de la
République en 1950 grâce au soutien de la classe ouvrière et mène alors un réformisme
de gauche, toujours à caractère nationaliste, jusqu’à son suicide en 1954 en plein scandale
de corruption.
Vargas laisse une empreinte forte sur le Brésil qu’il bouleverse aussi bien au niveau
économique que social. Il pose les fondements d’un pays moderne avec l’étoffement d’une
bourgeoisie industrielle, l’émergence d’une classe moyenne et la naissance d’un nouveau
prolétariat urbain, autant d’acteurs contestant la toute puissance économique et politique
de l’oligarchie foncière. Il améliore les infrastructures du pays et nationalise les ressources
pétrolières qu’il con e à Petrobras, contre les intérêts nord-américains.
Il contribue fortement à la « coagulation » de la nation brésilienne en développant la
scolarisation et favorisant la ré exion intellectuelle et en voulant rapprocher les intérêts
divergents pour faire fructi er une complémentarité entre les classes sociales. La valori-
sation de la nation brésilienne va de pair avec la ré exion menée par les militaires sur la
géographie de cet État-continent et avec l’intérêt nouveau pour l’intérieur et l’Amazonie en
particulier.
Kubitschek De Oliveira Juscelino
Il incarne le Brésil heureux. Né en 1902 dans une famille pauvre du Minas Gerais,
chirurgien de formation, il devient député dans les années 1930 et maire de Belo Horizonte
en 1934 où il montre déjà un vif intérêt pour l’urbanisme. Il est élu, à la tête du parti social-
démocrate brésilien (PSD), président de la République en 1955.
Il lance une politique volontariste de développement, dont il fait la priorité de son
mandat, en misant sur une industrie de biens de consommation qui se substituent aux
importations. « Le problème brésilien est un problème de croissance » (Kubitschek), celle-ci
s’épanouit oscillant autour de 8,3 % sous son mandat. Cette croissance tant voulue, il la
plani e.
Homme de l’intérieur, il est sensible à l’ampleur du territoire. Il décide d’œuvrer au
veloppement du Nordeste (avec l’aide de Celso Furtado) grâce aux ressources des
riches provinces du Sud. Il décide surtout de mettre en valeur le potentiel du Centre-Ouest
en créant un nouveau réseau routier et en y installant la nouvelle capitale. Brasília est
l’œuvre de son mandat, sa construction ex-nihilo (au point de partage des bassins de
l’Amazone, du Parana et du Sao Francisco) mobilise d’énormes ressources  nancières (3 %
du PIB national) mais a un réel effet d’entraînement sur le reste de l’économie. Brasília
symbolise à la fois l’optimisme brésilien d’une jeune nation qui croit en son futur, l’utopie
veloppementiste et l’unité du territoire de ce « continent Brésil ». Ce chantier est aussi
l’occasion d’affirmer la position d’un Brésil résolument moderne grâce aux choix architec-
turaux audacieux (O.Niemeyer est l’architecte).
Kubitschek n’en mène pas moins une « modernisation conservatrice » qui laisse
de côté des enjeux cruciaux comme l’inégalité des structures agraires ou la démocratie
à consolider. Son mandat est aussi celui de l’endettement extérieur et l’ouverture aux
capitaux étrangers.
8 Les pays émergents : de nouveaux acteurs
Cardoso Fernando Henrique
Il est le président du virage économique et libéral du Brésil. Sociologue de formation,
né en 1931 à Rio de Janeiro, il propose, dans son ouvrage
Dépendance et développement
en
Amérique latine
(1969) une analyse du processus historique qui installe ce continent
dans une situation de dépendance. Sénateur dans les années 1980, ministre des Affaires
étrangères (1992) puis des Finances en 1993, il est le père du plan Réal (plan d’austérité
scale pour diminuer le dé cit public sans pour autant bloquer les prix et les salaires et
réformes constitutionnelle pour modi er les relations entre l’État et les différentes collecti-
vités et dépenser moins d’argent public) qui permet de juguler une in ation évaluée à 30 %
par mois. Cette réussite économique lui vaut la tête du parti de la social-démocratie brési-
lienne (PSDB) et d’être élu président de la République en 1994. La réussite économique
de ce mandat, basée sur la stabilisation de l’économie et les importantes privatisations lui
permettent d’être réélu en 1998.
Son second mandat est davantage marqué par les entraves politiques qui ne lui
permettent pas de mener à bien les réformes économiques attendues.
Le double mandat de Cardoso a mis  n au  éau de l’in ation, il est le signe d’une
mutation vers un Brésil nouveau où la démocratie s’est enracinée y compris chez les
volutionnaires grâce à un re ux du clientélisme.
Les grands problèmes de la pauvreté de masse, des paysans sans terre, l’analphabé-
tisme ont été bien identi és mais non résolus.
Da Silva Luiz Inacio dit « Lula »
Simple ouvrier parvenu à la présidence de la République en 2002, il symbolise une
renaissance du Brésil, du Brésil « d’en bas ». Né en 1945 dans une famille pauvre du
Nordeste, cet ouvrier métallurgiste,  ls de paysans prend la tête du syndicat des métallur-
gistes au milieu des années 1970 avant de fonder le parti des travailleurs (PT) en 1980 et
d’être élu député en 1986. Il est le premier président de gauche à parvenir à la magistrature
suprême du Brésil.
Il continue la politique de rigueur budgétaire de son prédécesseur et suit les recom-
mandations du FMI jusqu’en 2004, date à laquelle le Brésil s’est désendetté vis-à-vis de
cette institution. La politique économique menée n’est pas celle attendue par les électeurs
du PT, elle peut être considérée comme une difficile période de transition. En 2004, le
mouvement des sans terre (MST) manifeste son impatience et sa déception. Cette même
année la vive croissance brésilienne (5,4 %), tirée par les exportations, donne à Lula les
moyens de sa politique. Son programme « faim zéro » (Fame zero) est particulièrement
populaire comme les « bourses familles » (Bolsa familia) mais des scandales politico-
nanciers entachent son mandat. Ils n’empêchent pas sa réélection en 2006. Il consacre
depuis davantage d’argent à l’amélioration des conditions de vie dans les favelas, pro tant
d’une conjoncture favorable pour son pays et touchant les dividendes de la sagesse de la
politique économique héritée de son prédécesseur.
Lula « light », Lula « révolutionnaire assagi », Lula rappelle la distance existant entre la
conquête du pouvoir et son exercice, sans convaincre tout le monde, mais en démontrant
ses capacités à gouverner. Les experts internationaux admirent la conversion de Lula vers
Chap. 1 • Le Brésil 9
une « gouvernance progressiste ». Soutenu par les milieux d’affaires et d’argent, symbole
d’une promotion possible et réussie, Lula suscite un engouement parfois proche de la
mystique, il incarne le modèle d’une gauche pragmatique en terre tropicale.
2 « Dieu est brésilien » !
Un géant tropical
Le Brésil est un géant tropical qui couvre à lui seul 47,3 % de l’Amérique du Sud, il
est le cinquième plus vaste pays du monde après la Russie, le Canada, la Chine et les
États-Unis, il est donc plus vaste que l’Union européenne. Ce vaste pays est composé du
bouclier brésilien formé par de hauts plateaux (région du Mato Grosso) et de plaines (telle
celle de Rio Para’ba entre Rio et São Paulo) et de bassins sédimentaires que l’on retrouve
autour du Paraguay et des franches côtières. Il est aussi marqué par l’immense bassin
de l’Amazone qui couvre près de la moitié du Brésil ; ce bassin comporte trois étages de
terrasses. H. Théry quali e le Brésil de « pays horizontal ».
Un territoire riche
Cette immensité est un atout car le sous-sol brésilien est l’un des plus riches du monde.
Or une bonne partie de l’espace est inexploitée. La richesse minière brésilienne a donné
son nom à un des États, le Minas Gerais. Le Brésil est riche de son minerai de fer, environ
8 % des réserves mondiales, c’est la principale ressource du pays (211 000 000 tonnes sont
produites en 2006) localisée dans le Minas Gerais et en Amazonie. La bauxite est une autre
richesse brésilienne (12 % des réserves mondiales) localisée aussi dans le Minas Gerais
et l’Amazonie. Le manganèse est extrait du Mato Grosso, mais le sous-sol recèle aussi du
chrome (Bahia), du zinc, du cuivre (Bahia), du plomb, du nickel du tungstène. Dans les
années 1980 est lancé le projet de la « Grande Carajas » dans le Para pour exploiter l’un
des plus grands gisements mondiaux de minerai dont la teneur en fer est exceptionnelle,
et contient aussi plus marginalement du cuivre, du nickel, de la bauxite, de l’étain
Cette image d’eldorado, le Brésil la doit aussi aux diamants (900 000 carats en 2005)
et à l’or (localisé principalement en Amazonie) mais dont l’essentiel disparaît du fait de la
contrebande.
Un géant énergétique ?
Le Brésil est moins bien loti en matières énergétiques. Le charbon est exploité dans
le Rio grande do Sul et le Paraná (6 300 000 tonnes en 2006) mais il est de médiocre
qualité. La société brésilienne Petrobras exploite un pétrole essentiellement offshore, le
Brésil n’est pas un grand pays pétrolier (89 200 000 tonnes en 2006) ni un grand producteur
de gaz naturel (11 500 mm3). Quant aux importantes réserves d’uranium du Minas Gerais
et de Bahia, elles sont encore insuffisamment exploitées. Le Brésil met en valeur de façon
marginale des schistes bitumineux (Paraná). Par contre, l’hydroélectricité est un vrai atout,
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