B- Incitations relatives et structures endogènes de marché

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ECONOMIE de L’INNOVATION
Stéphane NGO MAI
Université de Nice Sophia Antipolis
L3 Economie-Gestion
2013
Examen : Oral
1- L’émergence d’économies fondées sur l’innovation et la
connaissance
2- Europe 2020 … poursuite de l’Agenda de Lisbonne
3- Définitions et faits stylisés de l’innovation
4- l’approche évolutionniste
Voir document joint
5-Incitation à la recherche et Structure de marché
A-
Incitation absolue et concurrence
B-
Incitation relative et structure endogène de marché
C-
Incitation à innover et externalités
6- La diffusion compétitive des innovations
A- Les rendements croissants d’adoption
B- Les cascades informationnelles
7- Les stratégies de standardisation
CHAPITRE INTRODUCTIF
1- L’Emergence d’une économie fondée sur
l’innovation et la connaissance

Une Révolution technologique

Les Technologies de l’Information et de la
Communication (TIC) sont des technologies
génériques . Il s’avère qu’elles sont utilisées à
des usages multiples. Leur potentiel excède de
très loin l’intention initiale des concepteurs,
elles transforment progressivement et en
profondeur la société

Fin XVIII :Machine à vapeur, Machine à tisser,
Métallurgie. Fin XIX : électricité, téléphone,
moteur à explosion. A ces deux premières
révolutions ‘énergétiques’ succède fin XX une
révolution ‘informationnelle’ (TIC, Biotech..)

Les grandes révolutions technologiques
modifient notre perception économique des
notions de temps et d’espace.
 Révolution dans le mode de production
 construction d’une société de l’immatériel :
En France près de 80 % du PIB est généré par
les activités de service
 Abondance de biens matériels mais dont la
production est relativement peu onéreuse
‘Face à Face’ remplace l’image
représentative de l’usine. Moins de ‘solidarités
organiques’, plus de’ réseaux’
Révolution organisationnelle des entreprises
 Nouvelles Méthodes d’organisation Japonaises
dès les années 1970 (cf. Aoki): ‘Toyotisme’, ‘Kan
Ban’, ‘Juste à temps’, ‘bottom up’etc.. les TIC
radicalisent ces méthodes.
 Recherche d’adaptabilité, de réactivité et de
qualité dans un environnement fluctuant. Logiques
de Polyvalence, de décentralisation, de
normalisation.
 ‘dévalorisation ‘ relative du travail peu qualifié.
La logique de production de masse, tournée vers
une économie d’hyper spécialisation dans les
usines, avait été mise en place après la seconde
guerre.
 (cf e.g. Daniel Cohen, Trois leçons sur la société post-industrielle,
Seuil, 2006)
Quelques caractéristiques économiques des
sociétés fondées sur l’innovation et la
connaissance
 non rivalité des biens numériques :La
consommation du bien par un individu n’empêche pas sa
consommation par un autre (une émission de radio, un fichier
MP3/DIVX sur un serveur etc..
 non-excluabilité : il est difficile ou impossible
d’exclure une personne de la consommation du bien (l’air,
l’éclairage public, un fichier MP3/DIVX sur un serveur etc..
Caractéristiques excluabilité
des Biens
non-excluabilité
rivalité
Bien privé
Bien
commun
Non-rivalité
Bien de club
(à péage)
Bien public
Les biens numériques ont des attributs proches
des biens publics !
 La production des biens numériques est caractérisée par
l’existence de fortes économies d’échelle. Autrement dit on
constate une forte réduction des coûts de production unitaires
lorsque la quantité produite s’accroît.
En effet, pour simplifier, on peut distinguer trois types de coûts
dans la ‘production’ de ce type de biens.
Premièrement les coûts liés, en amont, à élaboration du bien
numérique (l’information, la musique, le film etc..).
Deuxièment les coûts liés à sa réplication et sa transmission et
distribution.
Troisièmement les coûts engendrés, en aval, par son assimilation
et son usage par les consommateurs.
La phase amont de constitution de bases de contenus, ainsi que
la phase aval (conception logiciels), engendrent des coûts fixes
importants. La phase intermédiaire de distribution est
caractérisée par des coûts essentiellement variables que les TIC
tendent à réduire considérablement.
Au total la « fonction de production » des biens numériques
présente ainsi un fort coût fixe et un faible coût marginal d’où
l’existence d’économies d’échelle.
 Les biens numériques sont facilement porteurs
d’externalité de réseau : l’utilité retirée de ce type de bien ou
service dépend positivement du nombre d’utilisateurs de ce
service (téléphone, internet etc..)
Les externalités peuvent jouer directement sur la satisfaction des
agents. La satisfaction retirée par un agent d’un téléphone est
une fonction croissante du nombre d’utilisateurs de la même
technologie Les externalités peuvent aussi jouer indirectement
sur la qualité et le nombre des services proposés. Ainsi, plus la
communauté des utilisateurs est importante, plus les
fournisseurs de services ont intérêt à fournir des services sur ce
réseau, ce qui accroît en retour la satisfaction des clients
 La combinaison des caractéristiques précédentes des biens
numériques produit des figures de marchés et des ‘business
models’ spécifiques qu’il convient d’étudier soigneusement pour
comprendre certains des mécanismes de l’économie
contemporaine, tant du point de vue du régulateur que du point
de vue d’un stratège d’entreprise.
2- EUROPE 2020’..
2- …poursuite de l’agenda de lisbonne
http://europa.eu.int
The OECD recently said that at least 50% of the GDP of its member countries
was now based on the production, dissemination and “consumption” of
information and knowledge.
The knowledge-based economy is in fact the combination of three fundamental
factors:
· the new information technologies which themselves are new products but which
above all else bring about a radical change in the production patterns of all
sectors, work organisation and the very content of jobs
· innovation and, particularly, research which account for an increasing part of the
value of products and services
· education and training, which are becoming the essential assets if workers are
to adapt to technical changes, and if companies are to have a capacity for
innovation.
This became known as the “Lisbon strategy” or the
“Lisbon agenda”. It was a response to :
 the acknowledgement by European leaders of the need
for far-reaching reforms in the EU to meet the challenges
of ageing, enlargement and globalisation.
 the acknowledgment that EU was lagging behind US
 US patent incentive scheme
 US financial reforms
 competition policy
.
Europe 2020 and lisbon agenda are a response at
Keys findings for EU vs US in the 90’s
■ Since the mid-1990s, the gap in R&D financing between the EU and the US
has almost doubled in volume terms. The gap is mostly because the growth in
R&D activities in the main EU economies has been low by comparison to that
in the US, especially in France, the UK and Italy.
■ There are substantial differences between Europe and its main competitors
in the structure of their R&D funding. In the EU, while governments account
for a much larger share of R&D investment than in the US and Japan, the
situation is the reverse in the case of business R&D. The absolute volume and
the growth of R&D investments being made by European companies are
substantially below the levels found in the US.
■ The EU countries have converged in terms of the development of their R&D
system. On the one hand, most of the small EU economies, and those that
are catching up, have recorded the highest growth rates for R&D investment
and R&D intensity (the amount of R&D investment per unit of GDP). On the
other hand, the major EU economies have registered either comparatively
moderate or negative rates for growth of R&D investment and R&D intensity.
■ The business sector finances and executes a high share of R&D in several
EU countries. However, comparing the EU average to the US and Japanese
shares respectively, the EU’s business sector is lagging far behind.
■ In the EU Member States, the proportion of researchers in the labour force is
low compared to the US and Japan; only Finland and Sweden are at the same
high level.
■ The EU produces more S&T graduates than the US or Japan, both in
absolute terms and in relation to population size.
■ EU Member States invest less of their national resources in tertiary education
than the US, but more than Japan.
■ The main foreign destinations of EU students are the US and Canada. The
main regions of origin of foreign researchers in theEU are other European
countries, Asia and Oceania.
■ In the EU, women are less well represented than men in S&T and the
situation is even worse among researchers.
Labour productivity growth in Europe:
no longer catching-up?
3 - DEFINITIONS et FAITS STYLISES de
l’INNOVATION
L’économie de l’innovation tend à se constituer
en véritable champs de l’analyse économique
 l’intérêt pour l’innovation s’explique par
l’observation de l’évolution de nos économies
 Beaucoup d’économistes ont parlé
d’innovation dans le passé mais peu l’ont mis au
cœur de l’analyse.
J. Schumpeter fait exception et demeure une
référence incontournable. On continue, par
exemple, de distinguer trois stades dans le
changement technique : l’invention,
l’innovation, la diffusion.
On identifie encore souvent cinq types
d’innovation : de produit, de procédé,
organisationnelle, nouveaux marchés et nouvelles
sources de matières premières.
On distingue l’innovation radicale et l’innovation
incrémentale
Source : Tableau de Bord de l’Innovation,
Un quart des entreprises de dix salariés ou
plus déclarent avoir fait preuve
d’innovation technologiques entre 2002 et
2004 (nouveau produit,procédé, activité en
cours)
D’une façon générale, les entreprises déclarent
innover plus souvent en procédés (20 %)
qu’en produits (13 %).
Un tiers des entreprises déclarent avoir mis
en place une innovation organisationnelle entre
2002 et 2004. Les différences entre secteurs
sont moins prononcées du fait d’une mise en
place plus généralisée de ce type d’innovation.
• La R&D est la source principale
d’innovation. Les autres sources sont
par exemple l’apprentissage,
l’imitation
• beaucoup de travaux empiriques et
théoriques mais qui ne sont pas
encore parfaitement ‘normalisés’
(très peu de manuels)
• deux grandes approches : l’analyse
‘standard’ et l’analyse
évolutionniste.
http://www.industrie.gouv.fr/sessi
4 – L’approche évolutionniste
A côté des approches traditionnelles de l’innovation,
l’analyse économique a produit ces 30 dernières années
un ensemble d’idées regroupées sous le terme
‘évolutionniste’ . Cette nouvelle approche est
particulièrement orientée vers l’ analyse de l’innovation
comme moteur de la dynamique économique. (cf e.g.
Nelson R. Winter S. An evolutionary theory of economic change,
Belknap press of harvard university press, 1982)
De façon générale le terme ‘évolutionniste’ désigne
des théories, modèles ou ensemble d’arguments qui
étudient la dynamique de certaines variables en ayant
recours à des éléments aléatoires qui génèrent de la
diversité et à des mécanismes de sélection qui opèrent
sur cette diversité.
L’innovation et l’apprentissage constituent, en
économie, des éléments importants du maintien de la
diversité alors que les marchés, des produits et de la
finance par exemple, fournissent des formes diverses de
mécanismes de sélection.
Notons que pour ce qui concerne les sciences sociales
les mécanismes de sélection peuvent rapidement changer
de sorte que le comportement le mieux adapté d’un
moment peut s’avérer inadapté le moment suivant. Ainsi
la notion d’adaptation qui est sous-jacente à l’interaction
diversité-sélection n’est que relative à un environnement
particulier. Comme par ailleurs l’environnement (le
marché par exemple) n’est pas nécessairement
indépendant des comportements des acteurs (les firmes,
entre autres), l’analogie avec le ‘darwinisme’ ne tient
pas.
.
Au total les approches évolutionnistes se caractérisent
en principe par la mise en scène des éléments suivants :
(i) des unités fondamentales sur lesquelles la sélection
opère directement ou indirectement, (ii) un lien entre les
unités fondamentales et des comportements sur lesquels
la sélection opère directement, (iii) une dynamique de
sélection (non nécessairement indépendante de
l’interaction des comportements), (iv) des mécanismes
générateurs de diversité au sein des unités
fondamentales
Les modèles économiques évolutionnistes ont jusqu’à
présent privilégié les technologies et les formes
organisationnelles comme unités fondamentales de
sélection. Ces deux composantes peuvent en effet avoir
des dynamiques propres et influencent les
comportements des acteurs économiques en matière par
exemple de politiques d’investissement, de R&D, de
prix, etc…. qui sont sanctionnés par des mécanismes de
sélection. Ces derniers sont en premier lieu générés par
la logique du marché (choix individuels des
consommateurs par exemple) mais peuvent être plus
complexes lorsque générés par des interactions
multiples (comportements imitatifs des consommateurs,
biens informationnels etc…). Les mécanismes
générateurs de diversité ont enfin généralement trait à
l’innovation.
L’environnement technologique de la firme.
L’approche évolutionniste cherche à construire des
représentations de la firme et de son environnement qui
dans leurs représentations dynamiques rendent compte des
faits stylisés de l’innovation. Ces derniers - issus de
nombreux travaux empiriques débutés dans les années
1970 sur la question de la nature et du rôle du progrès
technique dans la dynamique économique - convergent
vers les points suivants.
(i)l’innovation implique un élément fondamental d’incertitude.
cette dernière n’est pas seulement due à un manque
d’information sur des événements connus et maitrisables.
L’incertitude est plus fondamentalement liés à la création
de compétences nouvelles pour résoudre des problèmes
techno-économiques dont les solutions ne sont pas
connues.
(ii) Il existe un lien étroit entre l’évolution des opportunités
technologiques et l’évolution des connaissances
scientifiques
(iii) La complexité croissante des activités de recherche et
d’innovation milite en faveur d’organisations structurées,
non en faveur de l’individu innovateur.
(iv) Les phénomènes d’apprentissage véhiculent un montant
significatif des innovations mineures
(v) Le changement technique est un pocessus cumulatif
Dans ce contexte l’environnement technologique de la firme est
généralement conçu sous forme de paradigme technologique à
l’intérieur duquel l’exploitation particulière d’un potentiel donne
lieu à une trajectoire technologique de la firme.
Les caractéristiques de l’exploitation du potentiel par une firme
particulière se définit comme un régime technologique. Ainsi les
notions de paradigmes, potentiels et trajectoires circonscrivent
l’environnement technologique de la firme, alors que la notion de
régime technologique spécifie la nature de l’interaction entre la
firme et son environnement et explique la trajectoire empruntée.
Un paradigme technologique se définit comme un ‘modèle de
solution de problèmes techno-économiques sélectionnés, basé sur
des principes hautement sélectionnés, dérivés des sciences
exactes, conjointement avec des règles spécifiques conçues pour
acquérir de nouvelles connaissances’ (cf G. DOSI ‘Sources, Procedures
and microeconomic effects of innovation, Journal of Economic Literature Vol
XXVI, N° 3 Sept 1988).
Un paradigme technologique est donc un ensemble de problèmes
techno-économiques à résoudre (améliorations de performances
des voitures actuelles par exemple) qui s’inscrit à la fois dans des
structures scientifiques et techniques données (moteur à essence
par exemple) et un ensemble de questions de types ‘quel type de
savoir devons nous utiliser ?’
Il est clair que les paradigmes technologiques fondent l’idée d’
un certain potentiel technologique à exploiter au travers la
découverte d’innovations.
De ce point de vue, on peut noter qu’une distinction entre
innovations mineures et innovations majeures est ici implicite.
Alors que les innovations majeures constituent le cadre du
paradigme technologique, et à ce titre restent exogènes à
l’analyse de l’interaction de la firme et de son environnement,
les innovations mineures, elles, constituent le produit de cette
interaction et sont déterminantes à la fois dans l’exploitation du
potentiel technologique et dans son évolution. Evidemment, le
potentiel est lui même variable et dépend largement de la nature
du chemin parcouru au sein du paradigme.
Le chemin emprunté dans l’exploitation du potentiel, au sein du
paradigme, défini la notion de trajectoire technologique.
Cette caractérisation du contexte technologique ne prend sens
que lorsqu’on spécifie la nature exacte de l’interaction entre la
firme et son environnement).
Les variables stratégiques sous-jacentes au régime peuvent être
ici succintement définies comme une combinaison particulière
des éléments suivants
(j)
conditions d’opportunité. Celles ci reflètent la facilité de
parvenir rapidement à une ou plusieurs innovations etant
donne une somme investie dans la recherche. Ces
conditions sont évolutives et fortement différenciées
selon les secteurs.
(ii) conditions ‘d’appropriabilité’. Elles reflètent les
possibilités de protéger les innovations des imitateurs.
Elles sont garantes des profits directement liés à
l’innovation.
(iii) conditions de ‘cumulativité’. Celles-ci spécifient la nature
de la trajectoire empruntée, donc les possibilités à
exploiter dans le futur étant donné l’histoire et l’état
présent de la trajectoire. Elles peuvent être liées à
l’appropriabilité des innovations et l’existence ou non de
rendement croissants.
(iv) conditions sur la base de connaissance. Elles dénotent le
degré de complexité associé au processus d’innovation.
Les connaissances peuvent être universelles ou tacites, le
processus d’innovation peut impliquer un ou plusieurs
types de connaissances (pluridisciplinarité), etc...
5- Incitation à la recherche et Structure de
marché
Les relations potentielles entre l’innovation
et les structures de marché sont les suivantes:
H1 : ‘L’hypothèse Schumpeterienne’ selon
laquelle les grandes firmes sur des marchés
concentrés soutiennent l’activité
d’innovation (paradigme SCP)
H2 : L’innovation façonne les structures de
marché
H3: interaction entre innovation et structures
de marché
H1 :
-Une plus grande firme bénéficie plus d’une innovation en
raison de son volume de production (e.g. réduction du
coût de production )
- Une grande firme multi produits bénéficie
potentiellement d’effets croisés
- Une grande firme a les moyens financiers de soutenir une
forte activité R&D
- Il existe des effets d’échelle dans l’activité R&D
- Une grande firme a plus de moyens pour commercialiser
une innovation
-
Toutefois certaines recherches théoriques (Arrow 1962)
indiquent que les monopoleurs ont une incitation moindre
à l’innovation
Les études empiriques ne tranchent pas cette question.
Certaines concluent à l’existence d’un lien entre la
concentration ou la taille des firmes et les mesures de
l’innovation. D’autres concluent à l’existence d’un lien
non linéaire : l’activité innovante étant croissante avec la
taille et/ou la concentration jusqu’à un certain point
uniquement.Des monographies sectorielles montrent
qu’un nombre significatif d’innovation provient de
petites firmes. Certaines études plus récentes considèrent
la possibilité d’une détermination conjointe de la
structure de marché et de l’intensité en R&D par d’autres
caractéristiques (technologiques, organisatiopnnelles,
demande etc..)
H2: L’innovation détermine la
structure de marché
-
Brevets et autres méthodes de protection impliquent
concentration du marché
-
Même sans protection des droits les innovateurs
obtiennent un pouvoir de marché (coût de copie, du
‘reverse engineering’ qui peut atteindre parfois plus
de 50% du coût initial de l’innovation; effets de
réseau, d’apprentissage etc..)
-
Certaines études empiriques montrent que
l’innovation peut conduire à la croissance rapide de
petites firmes ou de leurs entrée sur des marchés
concentrés
-
Certaines études empiriques montrent que la nature
de l’innovation inflence la concentration du marché.
L’innovation de produit peut conduire à moins de
concentration. L’innovation de procédé peut
conduire à plus de concentration
H3: L’innovation et la structure de marché sont
Déterminées simultanément.
-Scherer ‘The market structure affecting R&D
decisions is not given, but endogenously
determined by technology and competition’
- Les différences sectorielles dans les opportunités
technologiques sont grandes et expliquent plus les
différences d’innovation que les différences de
concentration
-Les relations entre les variables technologiques et
économiques sont nombreuses et complexes.
Au Total il n’y a pas de réponse claire à la
question posée. Les études empiriques permettent
d’apprendre plus sur cette relation, les études
théoriques fixent les concepts, déterminent les
questions à poser et orientent les études
empiriques
A- Incitation absolue et concurrence:
l’analyse d’Arrow (1962)
K. Arrow, (1962) « Economic welfare and the
allocation of ressources for invention », NBER.
-
Analyse normative menée par une statique
comparative des gains obtenus par une entreprise
supposée soit en situation de CCP soit en situation
de monopole après une innovation de procédé.
-
L’innovation conduit à une baisse de coût.
-
Les fondamentaux sont les mêmes dans les deux
situations étudiées.
-
Les hypothèses de la microéconomie standard sont
retenues
En situation de CPP le prix concurrentiel est égal au coût
marginal. Les quantités sont q. Après innovation le coût
marginal est réduit pour l’entreprise innovante (m’), alors
que ces concurrents ont toujours le même coût initial (m).
Le prix concurrentiel et les quantités sont inchangés.
Autrement seule l’entreprise innovante bénéficie d’un coût
moindre.
En situation de monopole les quantités sont qm avant
innovation et qm’ après l’innovation (rm = cm). L’entreprise
réalise d’une part un profit plus important sur les qm
quantités initiales et d’autre part un profit supplémentaire
sur les qm’-qm unités.
Le coût total au départ est mqm, soit les surfaces A+B.
Après innovation, le coût total est m’qm’ soit B+E. La
baisse de coût est donc (A+B)- (B+E) = A-E
Par ailleurs la recette totale augmente de la surface située
sous la droite de recette marginale entre qm et q’m, soit de
D+E.
L’augmentation de Profit est donc de (A-E)+(D+E)= A+D
En revanche en CPP, l’innovation rapporte r.q. Ceci
correspond à la surface A+D+F+G.
Au total le gain de l’innovateur en CPP est supérieur au
gain du monopoleur d’un montant égale à la surface F+G
On note que le bénéfice social de l’innovation, mesuré ici
par le surplus du consommateur, est A+D+F+G+H.
Le consommateur bénéficie de ce gain de bien être
lorsque l’innovation est adoptée par l’ensemble des firmes
en CPP (e.g. fin du brevet)
B- Incitations relatives et structures endogènes de
marché
Dasgupta, Stiglitz, ‘Industrial market structure and the nature of
innovative activity’ Economic Journal, 90, 1980.
Le Modèle de Arrow (1962) se concentre sur l’incitation
absolue en termes de profit mais ne se préoccupe pas des
coûts liés à l’activité de R&D à l’origine de l’innovation.
Certains modèles se sont donc attachés par la suite à intégrer
l’arbitrage entre profits attendus de l’innovation et coûts en
R&D.
On suppose dans le modèle étudié que (i) les firmes
acquièrent automatiquement une réduction de coût unitaire
de production en dépensant un montant x en R&D, (ii) les
dépenses en R&D sont supposées à rendements
décroissants.
C- Incitation à innover et externalités
REF : d Aspremont, Jacquemin ‘cooperative and non-cooperative R&D in duopoly with
spillovers, American Economic review, 78, 1988
6- La diffusion compétitive des innovations
A- Les rendements croissants d’adoption
Un concept clef qui préside à de nombreuses
dynamiques de diffusion compétitives est celui de
la ‘rétroaction positive’ ou ‘mécanisme d’auto
renforcement’ que l’on dénomme parfois suite aux
travaux de Brian Arthur, les ‘rendements
croissants d’adoption’ (RCA)
Les RCA recouvrent l idée que plus un produit (un
bien, un service, une innovation, une technologie,
un standard, un comportement..) est adopté plus il
devient attractif.
Il existe plusieurs sources possibles de RCA parmi
elles
• Les externalités de réseau
• les économies d’échelle
•Les rendements croissants d’information
• les interrelations technologiques
Le mécanisme de RCA permet d’expliquer les
processus de diffusion compétitive entre des
produits, technologies, comportements, standards,
qui aboutissent à des structures stables de pouvoir
de marché avec de possible inefficience.
L histoire des technologies par exemple regorge
d’exemple de diffusion compétitive de ce type
• moteur à explosion
•Clavier QWERTY
•Courant alternatif 220 v
•Refroidissement des centrales nuclaires
•Standard VHS
•etc…
Eléments de formalisation
• Schéma d’urne à capacité infinie contenant a u
moins deux types de billes (bleues et rouges ou
plus)
• On tire de façon aléatoire un échantillon de r
billes de l’urne. On remet l’échantillon dans
l’urne et on ajoute dans l urne une bille de la
couleur majoritaire de l’échantillon
• si r =1 il s’agit d’un processus de Polya. On
montre l’émergence d’une structure unique et
stable: la proportion de billes tend vers une
limite X avec une probabilité 1. X étant une
variable aléatoire uniformément distribuée entre
0 et 1.
• le modèle d’Arthur, Ermoliev, Kanovski
consiste à généraliser ce type de processus en
considérant plus de couleurs et un lien plus
complexe entre la probabilité d’ajout d’une bille
et sa proportion dans l urne.
Source : Arthur, Ermoliev, Kaniovski ‘Path dependent processes and the
emergence of macrostructure, European Journal of Operational Research, 30
1987
Les enseignements économiques de ce type de
modèle
• Non prédictibilité du résultat à l état initial. Avant un certain
temps t, le processus demeure stochastique
•Inflexibilité (lock-in). Après un certain t la convergence vers
une structure déterminée devient certaine
•Dépendance au sentier et importance des petits évènements.
Les premiers tirages influencent la dynamique de façon
importante
•Possible inefficience. Le résultat dépend de la dynamique et
non de ‘fondamentaux’ rationnels
•Les doutes du géant aveugle. Les pouvoirs publics ne
disposent pas nécessairement d’informations parfaites et
complètes
•Les politiques de fenêtre étroite. Une éventuelle intervention
des pouvoirs publics ne peut s’opérer trop tôt en raison du
manque d’information sur le retour d’expérience des adopteurs
précoces et ne peut s’appliquer trop tard en raison du ‘lock-in’
•Gestion de l orphelin enragé. Des adopteurs précoces,
influencés par les pouvoirs publics par exemple, peuvent avoir
choisi un standard non finalement validé par le marché.
References:
Arthur B., Ermoliev Y., Kaniovski Y. ‘Path
dependent processes and the emergence of
macrostructure, European Journal of Operational
Research, 30 1987
Arthur B. Competing technologies, increasing
returns and lock-in by historical events’, The
Economic Journam, March 1989
B-Les interactions mimétiques : le cas des
cascades informationnelles
Le développement important des réseaux
sociaux et autres communautés virtuelles sur
internet renouvelle l intérêt des économistes
pour les dynamiques de populations.
Le phénomène d imitation est, en particulier,
l objet d études spécifiques (cf e.g.les travaux
de A. Orléan)
Le comportement imitatif est étranger à
l’homo oeconomicus bien que très fréquent
dans la société et étudié de longue date par
certaines sciences sociales. C’est un vecteur
important d apprentissage
Pourtant l imitation n est pas nécessairement
incompatible avec la rationalité individuelle
même si cela conduit souvent à des résultats
non optimaux.
Le mimétisme est parfois considéré par les économistes comme
un comportement peu rationnel . Certains travaux ont cependant
identifié certaines sources de mimétisme ‘rationnel’. Par
exemple
• Les externalités de réseaux
• Les rendements croissants d ‘adoption
• le mimétisme normatif (préférence pour la conformité)
•Les cascades informationnelles.
La prise en compte du comportement imitatif oblige à tenir
compte de la dynamique des choix des agents; le résultat global
n ‘est plus la résultante des seules caractéri stiques intrinsèques
des agents (les fondamentaux).
Le modèle simple suivant (Granovetter) illustre ce point :
Supposons un groupe de 100 personnes. On s’interesse à la
dynamique ‘devenir un émeutier ou non’. Chaque personne i est
doté d’un seuil ‘ Si’ de nombre de gens qui doivent être des
émeutiers pour suivre ce comportement. Si par exemple‘ Si’ est
7 cela signifie que i suivra l émeute si au moins 7 personnes sont
des émeutiers. Supposons un groupe avec la répartition suivante
des seuils : un individu a une seuil de 0, un autre un seuil de 1,
un autre un seuil de 2 et ainsi de suite jusqueà 99.
On s’interesse à la dynamique de l’émergence d’une éventuelle
émeute dans le groupe.
Supposons qu’ en t = 0 il n y ait pas d’émeutiers.
La personne ayant un seuil de 0 va adopter le comportement
d’émeutier. Du coup celle ayant un seuil de 1 va suivre et ainsi
de suite jusqu’ à ce que tout le monde suive!
Il est important de noter qu’une petite modification dans la
distribution des seuils va donner le résultat inverse. Il suffit de
supposer que la personne ayant un seuil de 1 passe à un seuil de 2
pour que la dynamique de l’émeute soit bloquée après
l’apparition du premier émeutier .
Bien que les fondamentaux soient presque identiques le résultat
global est diamétralement opposé !
Dans le cas du premier groupe un observateur extérieur pourrait
conclure à une foule unanime et déterminée et dans l autre cas à
la présence d’un seul agitateur très marginal au milieu de gens
‘raisonnables’. Pourtant il s’agit dans l’un et l’autre groupe des
même personnes …sauf.. un individu !
Les cascades informationnelles
Dans les années 90 deux auteurs d’un manuel de
management achetèrent secrètement 50 000 exemplaires de
leur dernier livre auprès de plusieurs grandes librairies
des Etats Unis. Ces librairies étaient celles dont les ventes
étaient comptabilisés par le New York Times pour
l’établissement de la liste des ‘best sellers’. En dépit de
critiques médiocres, le livre devint un ‘ bestseller’ !
Une cascade informationnelle émerge lorsque - après avoir
observé les actions de ceux qui le précèdent, -il est
rationnel pour un agent de suivre le comportement de l
individu qui le précède sans accorder d’ attention à sa
propre information privée.
Les modèles de cascades informationnelles cherchent à
expliquer les conditions d’émergence de ‘standards de
comportement’ ou de leurs changements.
On montre que les cascades peuvent conduire à l adoption
d’un ‘mauvais’ standard ou à un résultat non optimal
L idée générale est que dans les séquences de choix
effectués par des agents dotés à la fois d’un ensemble privé
d’information incertaines et de la capacité d observation
des actions ou des signaux des autres agents l ayant
précédé, il survient une étape où l agent ignore son
information privée et se comporte en fonction de l
information contenue dans les décisions précédentes.
Éléments de modélisation
• On suppose ici que les agents observent uniquement les
actions des individus l ayant précédé dans le choix
• Il existe une séquence d’agents, chacun décidant soit
d’adopter soit de rejeter un comportement. Chaque individu
observe les choix des agents l ayant précédé. L’ordre des
agents est exogène et connu.
•On suppose que tous les agents ont un coût d’adoption c,
supposé ici égale à ½. Le gain de l adoption V est le même
pour tous les agents et est soit 0 soit 1 avec une probabilité
a priori de ½.
•Chaque agent observe un signal indépendant (une
information) Xi . Xi est soit (H) pour ‘high’ soi (L) pour
‘low’.
•(H) est observé avec une probabilité pi > ½ si la vraie
valeur est 1 et avec une probabilité (1-pi ) si la vraie valeur
est 0
V=1
V=0
P(Xi = H/V) P(Xi=L/V)
Pi (>1/2)
1-Pi
1-Pi
Pi
On suppose que le signal est identiquement distribué (pi =p )
L esperance d’adoption E(V) = β.1 + (1- β).o = β où β est la
probabilité a posteriori que la vraie valeur soit 1.
On suppose qu un individu indifférent entre l adoption et le rejet
adopte avec une probabilité identique (type pile ou face)
La séquence de choix est dès lors la suivante
Le premier agent adopte si son signal est H et rejette si c’est L.
Le second agent observe le choix du premier. Si le premier a
adopté le second adopte si son signal est aussi H. En revanche si
son signal est L , il adopte avec la probabiliét ½.
Le troisième agent fait face à 3 situations
(i) Ses deux prédecesseurs ont adopté , il est donc conduit à
adopter quelque soit son signal privé . On assiste alors à une
cascade d’adoption
(ii) Ses deux prédécesseurs n’ont pas adopté il est
alors conduit à rejeter quelque soit son signal privé.
On assiste à une cascade de rejet.
(iii) Si un prédécesseur a rejeté et l’autre adopté, on
est ramené au cas du premier agent, le signal privé est
déterminant. Le quatrième agent est alors dans la
même situation de choix que le second etc …
On peut déduire les probabilités ex ante de l
occurrence d’une cascade d adoption ou de rejet ou
encore de non cascade
Après deux individus il n y a pas de cascade si on a la
séquence HL ou LH qui sont équiprobable.
Proba (non cascade) = [1/2p(1-p)+1/2p(1-p)]=p(1-p)
L occurrence d’une cascade de rejet ou d’adoption est
équiprobable et complémentaire à la probabilité de
non cascade. Il vient
=
P(rejet)=P(adoption)=1/2[1-P(non cascade)] =
On montre que après un nombre pair d’individus on a
L’étude de cette équation montre que plus p est
proche de ½ plus tard la cascade est susceptible de
débuter. Pour P = ½ le signal n est plus informatif.
Plus le signal es précis et plus la cascade
commence tôt.
On peut calculer la probabilité de se trouver
dans la ‘bonne’ cascade étant donnée la vraie
valeur V=1.
Même pour une bonne qualité du signal (la probabilité que le signal soit
H si la vraie valeur est 1 ) la probabilité de se trouver dans une cascade
incorrecte reste élevée.
Ce type de modèle et résultats sur l’occurrence de bonnes ou mauvaises
cascades se généralisent à des situations où les gains prennent un
ensemble fini de valeurs possibles, où chaque agents observe une
séquence de signaux donnant lieu à une distribution cumulée des
signaux étant donné un gain ce qui fonde les actions des agents.
Les conclusions de ce type de modèle soulignent que
les cascades sont sensibles aux petites différences dans la qualité du
signal. Le rôle des experts, l information publique, est ainsi souligné
dans les séquences de choix. Leur position dans la séquence est
primordiale.
7-Les stratégies de standardisation
L’économie de l innovation et de la Connaissance modifie
sensiblement les stratégies des firmes en matière de pouvoir de
marché . L’idée de firmes en réseau fondé sur les compétences
tend à s’imposer
Pouvoir de
marché
traditionnel
Firmes en
réseau
fondamentaux
Taille
Connaissance/
compétence
Concurrence
Coût
envergure
Innovation,
Bundling
usage
Base de
régulation
Gestion stocks Gestion flux
compétence et de
brevets
competences
et
connaisaance/
modularité
Moyens de
régulation
Attribution de
licence
satndardisation
ex post
Stratégies
F&A ,
intégration
verticale
R&D en
commun
Standardisatio
n ex-post
Alliances,
établissement
de normes
cœur de
compétences
Un standard fait référence à une norme. Il définit des
ensembles de composants qui peuvent fonctionner ensemble
comme un système.
Un standard peut émerger suite à une diffusion compétitive
entre organisations (firmes etc..) . Ils sont alors souvent
‘propriétaires’ (Windows de microsoft)
Un standard peut être le fruit d’accords sectoriels (le DVD par
exemple)
Un standard peut être imposé par des organisames de
normalisation.
La standardisation a un impact sur le processus concurrentiel.
Les éléments principaux à prendre en compte sont
-effets réseaux , taille du marché et guerre des prix
-Variation de la variété (à la baisse au niveau technique mais
parfois à la hausse du point de vue de la consommation à
l’intérieur d’un système)
-réduction des asymétrie d’information et de l’incertitude sur
la qualité des produits
non standardisation et concurrence inter standards
C’est en général le cas d’un petit nombre de firmes rivales
comparables qui ne souhaitent pas s’engager dans une guerre de prix
(consoles jeux video)
Dans ce type de stratégie les firmes ont intérêt (i) à constituer
rapidement des positions de marchés fortes et visibles, (ii) à passer
des alliances avec les producteurs de biens complémentaires et
promouvoir une approche ouverte dans l’octroi des licences
d’exploitation de leur standards (iii) à avoir une politique aggressive
de ‘pré-annonce’ des futurs produits en jouant sur l’irreversibilité et
la hauteur de leur engagement (financier, R&D..)
Parfaite standardisation et concurrence intra standards
Les firmes sont en situation de coopération sur le standard. C’est
notamment le cas lorsque il est anticipé qu’une éventuelle guerre
des standards sera coûteuse et incertaine en raison par exemple
d’une dynamique de type ‘winner takes all’ (e.g. DVD qui est le
fruit d’une négociation entre les 2 principaux standards qui avaient
commencé à émerger). Dans ce cas la taille du marché est grande et
la concurrence se fait sur le marché final notamment en prix.
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