Sociologie des sciences - Université Toulouse 1 Capitole

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Sociologie des sciences
IEP Toulouse 2ème année
Vincent SIMOULIN
PARTIE 3 :
Science et demande sociale

I Le “ programme fort ” de la
sociologie des sciences.
A) Le programme fort (Barnes, Bloor,
Collins).
B) Une application du programme fort :
Bruno Latour.
A) Le programme fort
Barry Barnes. Scientific knowledge and
sociological theory. Londres, Routledge,
1974.
 David Bloor. Knowledge and social
imagery. Londres, Routledge, 1976.
 Harry Collins. “ Stages in the Empirical
Programme of Relativism ”, Social
Studies of Science, 11, 1981.


Ludwig WITTGENSTEIN (1889-1951)
 Alexandre KOYRE (1892-1964)
 Paul FEYERABEND (1924-1994)

Thomas KUHN (1922-1996)
a) Le lancement du
programme (Barnes, 1974)

Les connaissances scientifiques sont des
connaissances comme les autres.
 Elles sont essentiellement de nature
théorique et de moins en moins corrélées à la
réalité.
 Une sous-détermination de la théorie par les
faits.
 Des intérêts sociaux influencent les
chercheurs, suscitent de leur part des
tactiques de persuasion et des stratégies
opportunistes.
b) Le nouveau programme.

Causalité : étudier les conditions de la
production scientifique sans prendre en
compte les intentions et les raisons des
acteurs sociaux.
 Impartialité : être impartial vis-à-vis de la
vérité ou la fausseté, de la rationalité ou
l’irrationalité, du succès ou l’échec.
 Symétrie : expliquer aussi bien les
croyances vraies que les fausses par le
même type de cause.
 Réflexivité : appliquer les modèles
explicatifs sociologiques à la sociologie.
c) Les 3 sujets de l’étude
sociologique (Collins, 1981)
L’étude de la façon dont les chercheurs
gèrent la “ flexibilité interprétative ” que
présente tout résultat expérimental.
 L’identification des facteurs qui assurent la
clôture des débats scientifiques malgré cette
“ flexibilité interprétative ”.
 L’étude des relations qu’entretiennent ces
facteurs avec l’environnement social et
politique global.

Les difficultés de la
vérification expérimentale

Une certaine malhonnêteté des scientifiques

L’importance des "savoirs tacites«

La rareté des expériences de vérification

La clôture des controverses par des facteurs
extra-logiques
Un super effet Saint Mathieu

De nombreuses théories sont écartées sans
véritable discussion ni infirmation.

Là où Merton disait que les travaux d'un
chercheur étaient crédités en fonction de sa
crédibilité antérieure, Collins dit que c'est la
validité même (et pas seulement les
récompenses qu'ils reçoivent) qui est fonction
de la crédibilité du chercheur.
B) Une application du
programme fort : Bruno
Latour.

a) L’anthropologue des sciences

b) Le sociologue de l’innovation

c) Le critique de la modernité
Bruno LATOUR (1947- )

Bruno Latour, Steve Woolgar. La vie de
laboratoire. Paris, La Découverte, 1988
(version US 1978).
 Bruno Latour. Les microbes. Guerre et paix.
Paris, Métailié, 1984.
 Bruno Latour. La science en action. Paris, la
Découverte, 1989 (version US 1987).
 Bruno Latour. Nous n’avons jamais été
modernes. Paris, La Découverte, 1991.
a) L’anthropologue des
sciences
– 1) Anthropologie d’un laboratoire
– 2) Le passage du contexte au contenu.
– 3) Importance et invisibilité des instruments
– 4) L’importance de l’écrit.
– 5) Le poids des critères de réputation.
1) Anthropologie d’un
laboratoire

Le laboratoire du Professeur Guillemin, San
Diego, prix Nobel.
 Un laboratoire partagé en 2 zones :
paillasse/bureaux
 Une tribu qui passe son temps à écrire
 L’importance des substances
2) Le passage
du contexte au contenu

Type 1 : conjectures, spéculations
 Type 2 : hypothèse
 Type 3 : énoncé orné de « modalités »
 Type 4 : fait accepté, encore des énigmes
 Type 5 : fait acquis
 Type 6 : boîte noire
3) Importance et invisibilité
des instruments
Tout progrès d’un domaine est lié aux
progrès dans d’autres domaines qui donnent
naissance à de nouveaux instruments.
 La réalité est entièrement construite par des
instruments …
 … et pourtant le lecteur n’est pleinement
convaincu que si le fait devient indépendant
des instruments.

4) Le poids de l’écrit

5% des articles sont destinés aux profanes.
 27% résument l’état du domaine à des
chercheurs extérieurs à celui-ci.
 13% tiennent les chercheurs du domaine au
courant de l’évolution la plus récente de la
discipline.
 55% rendent compte de minuscules
informations à un groupe d’initiés.
5) Le poids de la réputation

TRF : Schibuzawa propose la bonne
formule en 1962 mais, peu connu, est rejeté.
 Guillemin, très réputé, propose la même
formule en 1966 et lui doit le Nobel.
 Schally renonce en 1968 à proposer une
décomposition plus fine du TRF à cause
d’une remarque erronée de Guillemin.
 Guillemin la propose en 1970.
b) Le sociologue de
l’innovation.
– 1) Pasteur et la demande sociale.
– 2) La carrière de Pasteur.
– 3) Modèles de diffusion et de traduction.
– 4) Les étapes de la traduction.
1) Pasteur et la demande
sociale

La volonté de revanche et de reconquête après la
défaite de 1870.
 La colonisation et le problème des maladies
exotiques
1802 Saint-Domingue 50.270 morts
1896 Madagascar
5000 morts
 Le courant « hygiéniste » et ses incertitudes
méthodologiques
2) La carrière de Pasteur.

Un défricheur (ré)investisseur : cristallographie,
étude des ferments, vers à soie, immunologie
 Une demande sociale toujours plus forte
 Des expériences démonstratives et un succès
–
–
–
–

1883
Juillet 1885
Mars 1886
Mars 1888
Pouilly le Fort
Traitement de Joseph Meister
Proposition de fonder un institut
Inauguration de l’Institut
Une grande violence et une mauvaise foi
3) Modèles de diffusion et de
traduction.
DIFFUSION
TRADUCTION

Vérité

Conviction

Découverte

Construction

Frein social

Déplacements
4) Les étapes de la traduction
Michel CALLON. « Éléments pour une sociologie
de la traduction. La domestication des coquilles
Saint-Jacques et des marins-pêcheurs dans la baie
de Saint-Brieuc ». L’année sociologique. n° 36,
1986, pp. 169-208.
4) Les étapes de la traduction.
1) Problématisation : mettre une question à l’agenda
et apporter la solution.
2) Intéressement : nouer des alliances avec des
financeurs, des clients, des concurrents.
3) Enrôlement : définir et attribuer des rôles aux
alliés.
4) Mobilisation : se constituer en porte-parole,
s’arroger le droit de représenter tous les acteurs
c) Le critique de la modernité
- 1) La prolifération des « hybrides ».
- 2) La crise de la « modernité ».
- 3) Humains et non-humains.
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