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Christian Mahieu
LEM – CNRS
Université de Lille
Colloque
« Secteur non marchand, milieux associatifs, organismes communautaires :
Des mondes en recomposition »
Proposition de communication
Axe 1 : les vicissitudes du social
L’Innovation Sociale, Transformation et/ou Transition?
La notion d’innovation sociale fait l’objet d’un quasi consensus. Souvent il y est fait mention
en réaction à des approches perçues comme trop unilatéralement économiques –L’économie
est alors identifiée à sa forme la plus marchande, sous contrainte d’une rentabilité financière,
à court terme -, ou trop exclusivement technologique. Mais, la référence à l’innovation sociale
est-elle objet de véritables débats ? Plus encore contribue-t-elle à une réelle controverse qui
pourrait être productive d’interprétations et de mobilisations sur des transformations
économiques, politiques et sociales ?
Il faut s’interroger sur l’opportunité même de reprendre le terme d’innovation associé à une
dimension plus spécifiquement sociale. Et puis, tout d’abord, et je reprends ici à mon compte
le point de vue de Bruno Latour (Latour, 2006), le « social » ici accolé à l’innovation, peut-il
être « pris comme un matériel ou comme un domaine particulier » ? Latour nous met en garde
sur le fait de qualifier de social un phénomène en lui assignant des propriétés spécifiques,
négatives pour certaines –Ne pas être purement biologiques, économique ou naturel-, et
positives pour d’autres –Produire, renforcer maintenir, renforcer l’ordre social- (idem, p. 10).
Cette dimension sociale donnée à l’innovation semble jouer le rôle d’un domaine spécifique
de la réalité pour expliquer les phénomènes résiduels dont les autres domaines ne peuvent
rendre compte. Je prends ici le parti, avec Latour, de considérer que les agrégats sociaux sont
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ce qu’il faut expliquer « à partir des associations propres à l’économie, à la linguistique, à la
psychologie, au droit, au management, etc. ».
Aussi, reprenant le terme d’innovation sociale n’a-t-on rien dit de cela, mais plutôt dit autre
chose qui a à voir avec une prise de position, éventuellement implicite et inconsciente, avec la
participation à un consensus sur une idée de transformation sociale. C’est en tout cas
l’hypothèse centrale que je formulerai ici. Faut-il alors intégrer ce terme d’innovation sociale,
ou s’en dégager ?
Je commencerai par présenter et discuter cette hypothèse. Je synthétiserai tout d’abord ce
qu’une définition de l’innovation sociale, adossée à une problématique globale de
l’innovation, a produit de plus créatif du point de vue de la question de la transformation
sociale. Je présenterai ensuite ce qui est au cœur du second terme de cette alternative ; à
savoir une approche qui se libère de cette problématique de l’innovation pour s’inscrire dans
une réflexion critique sur les issues possibles en termes de transition économique, politique et
sociale.
Cette approche se centrera alors sur les conditions de la prise d’initiative solidaire citoyenne.
Elle analysera les dynamiques de prise d’initiative sous l’angle de la constitution des
« agrégats » qu’évoque Latour, et sous trois dimensions qui sont celles du rapport au travail,
du processus délibératif –démocratique et de la finalité collective et sociale de cette initiative
au regard de la construction de biens communs. Il me semble que ce type d’approche
conditionne le fait de sortir d’une vision commune et consensuelle de la transformation pour
nourrir les éléments d’une véritable controverse.
En effet, pour discuter de l’opportunité et de l’utilité de s’inscrire dans le débat et le monter
en controverse, je confronterai mes éléments de critique aux premiers résultats d’une
recherche en cours sur les processus de prises d’initiatives citoyennes solidaires. Une enquête
en cours sur les collectifs porteurs, générateurs et multiplicateurs d’initiatives citoyennes
solidaires me permet d’élaborer une argumentation à ce propos.
Mots clefs : innovation sociale, transformation, transition, prise d’initiative, controverse
LEM
-
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