Chapitre I. Généralités 17 CHAPITRE I GENERALITES Ce chapitre rassemble des généralités sur la piézoélectricité et la ferroélectricité. Il comprend également une partie sur les céramiques ferroélectriques de structure perovskite et sur les solutions solides PZT en particulier. Enfin, une étude bibliographique concernant les céramiques PZT à fréquence de résonance et à coefficient de charge d33 stable respectivement en température et sous contrainte mécanique uniaxiale est présentée. 18 Chapitre I. Généralités 19 I.1. Introduction et définition de la piezoélectricité La piézoélectricité est l'aptitude de certains matériaux cristallins à produire une charge électrique proportionnelle à la contrainte mécanique qui les déforme. C'est l'effet piézoélectrique direct et ce phénomène est réversible: l'application d'un champ électrique externe provoque une déformation mécanique (effet piézoélectrique inverse). Ce sont les frères Pierre et Jacques Curie qui expliquent l'effet direct en 1880 [1]. L'existence de l'effet inverse fut suggéré théoriquement par Lippmann l'année suivante et confirmée expérimentalement par les frères Curie. I.2. Les matériaux piézoélectriques L'effet piézoélectrique dans un cristal résulte essentiellement de l'existence de dipôles électriques internes. Ces dipôles sont crées par la séparation à l'échelle de la maille du centre de gravité des charges positives de celui des charges négatives sous l'effet d'une contrainte externe. Parmi les 32 classes cristallines existantes, 20 présentent l'effet piézoélectrique. Elles sont toutes dépourvues de centre de symétrie. Dix des vingt classes cristallines piézoélectriques présentent une polarisation électrique spontanée – ou moment dipolaire permanent – en l'absence de contrainte ou champ extérieur: elles sont dites polaires. Les cristaux appartenant à ces 10 classes sont appelés pyroélectriques en raison de la variation de la polarisation spontanée avec la température. I.3. Les matériaux ferroélectriques I.3.1. Définition Les cristaux ferroélectriques forment un sous-groupe des cristaux pyroélectriques (Fig. I.1) pour lesquels la direction de la polarisation spontanée peut être réorientée ou même renversée sous l'action d'un champ électrique externe. 20 32 classes cristallines 21 non centrosymétriques 11 centrosymétriques non piézoélectriques 20 piézoélectriques 10 pyroélectriques 1 non piézoélectrique 10 non pyroélectriques ferroélectriques non ferroélectriques non ferroélectriques Figure I.1. Classes cristallines. A l'origine, le choix du terme ferroélectricité par Muller en 1935 a pour but de rappeler l'analogie entre le comportement hystérétique de la polarisation électrique macroscopique en fonction du champ électrique appliqué (Fig. I.2) et celle de l'aimantation en fonction du champ magnétique dans les substances ferromagnétiques. Le champ coercitif Ec est le champ électrique externe nécessaire pour la réorientation des dipôles du matériau ferroélectrique et sa direction d'application définit le nouvel axe de polarisation. La polarisation rémanente est la valeur de la polarisation à champ nul. Ps -Ec Ps: Polarisation spontanée Pr: Polarisation rémanente Ec: Champ coercitif EcEc Ps Figure I.2. Cycle d'hystérésis d'un matériau ferroélectrique. Chapitre I. Généralités 21 Par opposition, il existe également des cristaux antiferroélectriques. Ce sont des cristaux anti-polaires, c'est-à-dire que les dipôles élémentaires sont antiparallèles entre eux contrairement aux cristaux polaires dont les dipôles s'orientent spontanément parallèlement aux dipôles des mailles voisines. L'application d'un champ électrique suffisamment intense peut induire une transition de phase antiferroélectrique – ferroélectrique (Fig. I.3) qui correspond à une orientation parallèle des dipôles. Ea est la valeur du champ externe pour laquelle cette transition réversible se produit. P -Ea Ea E Figure I.3. Cycle d'hystérésis d'un matériau antiferroélectrique. Représentation schématique des dipôles élémentaires. I.3.2. Polarisation d'un matériau ferroélectrique Un matériau ferroélectrique est divisé en régions dans lesquelles les dipôles sont orientés de façon unidirectionnelle. Chaque région appelée domaine présente donc une polarisation spontanée homogène et uniforme. Comme la répartition des domaines est aléatoire, le matériau est globalement non polaire et possède une symétrie sphérique ∞ ∞ m. La frontière entre deux domaines est appelée mur de domaines. Les axes de polarisation des domaines forment entre eux des angles bien définis. Lorsqu'on applique un champ externe, les domaines dont la direction de polarisation est voisine de celle du champ vont croître en volume au détriment des autres domaines moins favorablement orientés. Ce processus s'appelle la polarisation du matériau. Celui-ci présente alors une polarisation macroscopique, il devient anisotrope et possède une symétrie conique ∞ m. La réorientation des domaines dépend donc de leur configuration initiale. D'après Berlincourt [2], dans les matériaux de structure perovskite, le basculement des domaines à 180° est total car il ne nécessite pas de déformations structurales, contrairement aux réorientations des domaines à 71°, 90° et 109° dits ferroélastiques qui entraînent des distorsions importantes de la maille. La figure I.4 donne une description qualitative du processus de réorientation des domaines lors de la polarisation d'une céramique ferroélectrique. 22 Céramique non polarisée Céramique polarisée Figure I.4 Représentation planaire du processus de polarisation dans une céramique polycristalline. (Ep :champ polarisant et PR : polarisation rémanente). I.3.3. Vieillissement ferroélectriques et champ interne dans les matériaux Le vieillissement est défini comme étant le changement des propriétés d'un matériau avec le temps et il peut être provoqué par des sollicitations externes mécaniques, électriques ou thermiques. Dans les matériaux ferroélectriques, la variation d'une propriété p avec le temps t peut généralement être décrite sur plusieurs décades de temps par la dépendance logarithmique suivante: p(t) = p(to) + A ln(t/to) (I.1) où to est le point de départ de la mesure de p. La constante A, qui donne la vitesse de vieillissement peut être positive ou négative. La relation (I.1) n'est pas valable indéfiniment, sinon p prendrait une valeur infinie ou nulle. Le vieillissement est généralement relié à la variation progressive de la configuration de domaines avec le temps. Ainsi, les matériaux vieillis présentent une configuration de domaines stabilisée qui peut se traduire par la présence d'un champ interne. Ce champ interne Ei vient s'ajouter au champ coercitif et se manifeste par un déplacement du cycle d'hystérésis le long de l'axe du champ externe dans le cas d'un matériau polarisé ou sinon par un cycle d’hystérésis non saturé (Fig. I.5). Chapitre I. Généralités 23 (a) (b) Champ interne Ei Figure I.5. Cycle d’hystérésis de matériaux ferroélectriques vieillis : (a) polarisé, (b) non polarisé. I.4. Transition de phase d'un matériau ferroélectrique I.4.1. Définition La transition de phase d'un matériau ferroélectrique correspond à un changement dans la structure cristalline, qui se produit généralement à une température bien définie et qui s'accompagne d'une modification de l'orientation et\ou de l'amplitude de la polarisation électrique. I.4.2. Le point de Curie ferroélectrique Tc Le point de Curie Tc est la température à laquelle un matériau ferroélectrique subit une transition de phase structurale vers un état où la polarisation spontanée disparaît. Au point de Curie, la permittivité diélectrique relative εr (εr = ε ) atteint une ε0 valeur maximale. Au delà de Tc, le matériau ferroélectrique devient paraélectrique et εr suit la loi de Curie: εr = C (I.2) T − To avec C: constante de Curie T: température absolue (K) To: température de Curie-Weiss (K). 24 grandeur physique εr 1/εr To Tc T Figure I.6. Evolution de la permittivité diélectrique d'un ferroélectrique en fonction de la température. La phase paraélectrique a toujours une symétrie cristallographique plus grande que celle de la phase ferroélectrique et elle est généralement non polaire. I.4.3. Type et ordre de la transition ferroélectrique – paraélectrique Quand un matériau est refroidi à une température inférieure à Tc, la transition de phase qui se produit peut être de type ordre – désordre et\ou de type displacif. Dans le premier cas, les dipôles permanents sont d'amplitude fixe et à T≤ Tc, ils s'orientent selon les axes préférentiels de la structure basse température. Dans le second cas, les dipôles sont d'orientation fixe. A T≤ Tc, les ions s'écartent de leur position d'équilibre occupée dans la phase haute température pour créer une polarisation spontanée; c'est le cas des matériaux de structure perovskite (Fig. I.7). Ti4+ Ba2+ O2- T ≥ Tc T ≤ Tc Figure I.7 Transition de phase de type displacif dans BaTiO3 de structure perovskite. Le déplacement relatif des ions Ti4+ et O2- dans des directions opposées est à l'origine de la polarisation spontanée. Chapitre I. Généralités 25 La transition de phase ferroélectrique – paraélectrique est dite du 1er ordre quand le volume, l'entropie et la polarisation spontanée varient de façon discontinue au point de Curie et du 2nd ordre quand ces grandeurs varient de façon continue au point de Curie et leurs dérivées premières présentent une discontinuité. Par exemple, la transition de phase du titanate de baryum est du 1er ordre alors que celle du niobate de lithium est du 2nd ordre. I.5. Les équations de la piézoélectricité La piézoélectricité étant un phénomène de couplage entre l'énergie électrique et l'énergie mécanique, les équations de l'état piézoélectrique, si on néglige les effets thermiques, relient une variable mécanique – déformation S ou contrainte T – et une variable électrique – champ électrique E ou induction électrique D. Selon le choix de ces variables indépendantes (imposées par les conditions aux limites de la sollicitation extérieure sur l'échantillon étudié), les équations peuvent se présenter sous les formes suivantes [3] : D = dT + ε T E S = s ET + d t E E = β T D − gT S = s DT + g t D D = ε S E + eS T = c ES − et E E = β S D − hS T = c DS − ht D (I.3) [ ]t est la transposée de la matrice [ ]. ( )x indique que la grandeur est considérée à X constant ou nul. En raison de la dépendance directionnelle des propriétés du matériau (anisotropie), les paramètres de l'équation (I.1) doivent être représentés par des tenseurs. I.5.1. Les coefficients piézoélectriques On dénombre quatre tenseurs de rang 3 des différents coefficients piézoélectriques formant une matrice (3 x 6) et traduisant le couplage entre les grandeurs mécaniques et les grandeurs électriques. En fait, le nombre de coefficients composant ces tenseurs peut être réduit par des considérations de symétrie du matériau. Des équations précédentes, nous pouvons déterminer les relations entre les coefficients piézoélectriques [4] : 26 d mi = ε Tnm g ni = e mj S Eji T g mi = β nm d ni = hmj S D ji (I.4) S e mj = ε nm hni = d mj c Eji avec i, j = 1 à 6 et m, n = 1 à 3 T hmi = β nm e ni = g mj c D ji Les deux indices des coefficients piézoélectriques désignent respectivement la direction de l'axe de polarisation et celui de la déformation de l'échantillon. Les indices i, j, m et n respectent la notation tensorielle de la Figure I.8. 3 6 5 2 4 Polarisation 1 Figure I.8. Notation tensorielle utilisée dans les équations (I.4) (axe de polarisation suivant l'axe 3). définition des coefficients piézoélectriques: La constante de charge d. Elle traduit la proportionnalité entre la contrainte et l'induction électrique à champ nul ou constant (en C/N ou m/V). La constante de tension g. Elle traduit la proportionnalité entre la contrainte mécanique et le champ électrique à induction nulle ou constante (en Vm/N ou m 2/C). La constante piézoélectrique e. Elle traduit la proportionnalité entre la déformation et l'induction électrique à champ nul ou constant (en C/m2 ou N/Vm) La constante piézoélectrique h. C'est le coefficient piézoélectrique traduisant la proportionnalité entre la déformation et le champ électrique à induction nulle ou constante (en V/m ou N/C). Chapitre I. Généralités 27 définition des coefficients mécaniques et électriques Grandeur Termes Définition Matrice D Déplacement électrique ou induction (C/m2) (3 x 1) E Champ électrique (V/m) (3 x 1) ε Permittivité électrique (F/m) (3 x 3) β Constante d'imperméabilité diélectrique (m/F) (3 x 3) S Déformation relative (6 x 1) T Contrainte (N / m2) (6 x 1) s Compliance ou susceptibilité (m2/N) (6 x 6) c Raideur ou constante élastique (N/m2) (6 x 6) ELECTRIQUE MECANIQUE Tableau I.1. Grandeurs électriques et mécaniques. I.5.2 Quantification du couplage électromécanique A chacune des fréquences d'excitation d'une céramique piézoélectrique est associé un mode de vibration. La nature de ces modes autrement dit la distribution géométrique selon laquelle se déforme la céramique considérée, dépend de & & ses dimensions, de la direction du champ d'excitation E et du vecteur polarisation P .Les principaux modes sont illustrés dans la Figure I.9. P P P mode longitudinal mode latéral mode de cisaillement P P mode épaisseur mode radial Figure I.9. Modes de vibrations fondamentaux d'une céramique piézoélectrique. 28 Le couplage électromécanique est défini comme étant l'aptitude de la céramique piézoélectrique à transformer l'énergie électrique en énergie mécanique (ou inversement), il est caractérisé par un coefficient de couplage [5]. En accord avec les normes I.R.E. [4, 6], nous utiliserons la définition suivante : k= Um (I.5) U EU D où UE, UD, et Um sont respectivement l’énergie élastique, l’énergie électrique et l’énergie d'interaction (ou mutuelle) élastoélectrique. Ce coefficient de couplage est obtenu à partir d'une étude thermodynamique du système considéré comme linéaire en négligeant les effets thermiques. Ainsi, on peut quantitativement écrire : k2 = énergie transformée énergie fournie L'expression du coefficient de couplage dépend de la forme de la céramique et de son mode de vibration. Le tableau I.2. donne la définition des principaux coefficients de couplage utilisés en fonction des coefficients élastiques, diélectriques et piézoélectriques. Les coefficients k sont calculés à partir des courbes d’admittance en fonction de la fréquence (cf Chapitre IV). Coefficient de surtension mécanique Le coefficient de surtension mécanique appelé aussi facteur de qualité mécanique, traduit les pertes mécaniques dans la céramique. Ce facteur est défini de la façon suivante : Q= énergie maximale emmagasiné e pendant une période énergie dissipée pendant une période Chapitre I. Généralités Forme de l'éprouvette 29 Sens de polarisation Direction de vibration Coefficient de couplage k31 = d 33 E E s11 ε 33 Transversal k33 = d 33 E T s11 ε 33 Longitudinal k p = k31 2 1 + s12 s11 Planaire kt = e33 S c11D ε 33 En épaisseur k15 = d15 E T s44 ε11 En cisaillement Tableau I.2. Définition des coefficients de couplage électromécanique. I.6. Classification et applications des matériaux piézoélectriques Il est possible de distinguer trois grandes classes d'application des matériaux piézoélectriques selon qu'il s'agisse de l'effet piézoélectrique direct et/ou inverse qui est mis en jeu (Tableau I.3). 30 Applications basées sur l'effet piézoélectrique direct Applications basées sur l'effet piézoélectrique inverse Applications basées sur les deux effets Générateurs d'impulsion haute tension: - allumage des gaz, - briquets, - allumage des explosifs. Transducteurs ultrasonores Transducteurs ultrasonores de faible puissance: de puissance: - nettoyage ultrasonore, - contrôle non destructif, - perçage et soudage par - diagnostic médical, ultrasons, - lignes à retard. - projecteur sonar en acoustique sous-marine Capteurs Dispositifs de Filtres électromécaniques - microphones, positionnement hydrophones, - contrôle des petits - accéléromètres, mouvements en - jauges de dureté, de mécanique, contraintes, - actuateurs pour le - télécommande. positionnement des miroirs. Moteurs piézoélectriques Capteur sonar Imprimante jet d’encre Tableau I.3. Applications des matériaux piézoélectriques. Depuis de nombreuses années, les applications industrielles de la piézoélectricité sont réalisées au travers de matériaux ferroélectriques. La plupart des matériaux ferroélectriques sont élaborés et utilisés industriellement sous la forme de céramiques massives, polymères composites ou encore de couches minces à une échelle moindre. Il est en effet très difficile de synthétiser des monocristaux ferroélectriques contrairement aux céramiques polycristallines qui, de surcroît, offrent une large variété de compositions facilement réalisables et permettent donc d'obtenir une gamme importante de propriétés (Tableau I.4). Enfin, les céramiques présentent l'avantage de s'usiner facilement et il est donc possible d'obtenir des formes géométriques particulières destinées à des applications spécifiques. Pour ces diverses raisons, la suite de l'étude est consacrée uniquement aux céramiques ferroélectriques dont l'élaboration sera décrite ultérieurement. Matériau εr sαβ (10-12 m2.N-1) diβ (pC/N) kiβ monocristaux Quartz 5 10 2.3 0.1 LiNbO3 30……80 6 2 20 0.03 0.3 Céramiques ferroélectriques 200 5000 10 20 100 1000 0.3 0.8 Pb(Zr, Ti)O3 Polymères 10 400 20 0.15 PVDF Tableau I.4. Caractéristiques principales des plus importants groupes de matériaux piézoélectriques. Chapitre I. Généralités 31 I.7. Les céramiques ferroélectriques de structure perovskite. Cas particulier des céramiques PZT I.7.1. Introduction Le matériau ferroélectrique de structure perovskite le plus connu est le titanate de barium (BaTiO3). Sa très grande permittivité fut mise en évidence en 1941 par Thurnauer [7] et il fut reconnu comme étant ferroélectrique en 1945. Les zirconotitanates de plomb (PZT) apparus en 1954 [8] constituent maintenant la première grande source de ferroélectriques de structure perovskite. I.7.2. Description de la structure perovskite La formule générale d'une perovskite est ABO3, où la valence des cations A est comprise entre +1 et +3 et la valence des cations B entre +3 et +6. Dans le cas d'une symétrie cubique, les cations A sont situés aux sommets du cube, les cations B au milieu du cube et les atomes d'oxygène au centre des faces. La structure perovskite est ainsi constituée d'un réseau d'octaèdres BO6 reliés entre eux par les sommets et entourés par les cations A (Fig. I.10). O A B Figure I.10. Structure perovskite cubique. I.7.3. Critères de stabilité de la structure perovskite Il existe deux paramètres principaux qui rendent compte de la stabilité de la structure perovskite. Le premier est le facteur de tolérance t défini par Goldschmit : t= Ra + Ro 2 ( Rb + Ro ) (I.6) 32 avec Ra, Rb et Ro les rayons ioniques respectifs des cations A, B et de l'oxygène. Le facteur de tolérance t quantifie globalement la compacité de la perovskite et la liberté de mouvement des cations A et B. Si t est compris entre 0.88 et 1.09, la structure perovskite est stable et elle l'est d'autant plus que t est proche de 1. Le second paramètre qui définit un critère de stabilité est l'ionicité de la liaison anion – cation. Le caractère ionique d'une composition ABO3 est quantifié d'après l'échelle de Pauling [9] à partir de la différence d'électronégativité ∆E = (ΧA-O + ΧB-O)/2 (I.7) où ΧA-O et ΧB-O sont respectivement les différences d'électronégativité entre A et O et B et O. La structure perovskite est d'autant plus stable que les liaisons mises en jeu présentent un fort caractère ionique. Ainsi, les perovskites à base de plomb de type covalent sont moins stables que des perovskites plutôt ioniques comme BaTiO3 ou SrTiO3 [10]. I.7.4. Les solutions solides PZT à base de PbTiO3 et PbZrO3 Le titanate de plomb PbTiO3 est un composé ferroélectrique de structure perovskite qui forme des solutions solides avec de nombreux autres matériaux de même structure. C'est le cas notamment du zirconate de plomb PbZrO3, matériau antiferroélectrique qui est soluble en toutes proportions avec PbTiO3. La solution solide résultante est le zircono-titanate de plomb, de formulation générale Pb(ZrxTi1-x)O3. Il présente des propriétés diélectriques et piézoélectriques remarquables [11]. I.7.4.1. Diagramme de phase du système binaire PbTiO3 – PbZrO3 La figure I.11 montre le diagramme de phase du mélange PbTiO3 – PbZrO3 en fonction du pourcentage de mole de PbTiO3 et de la température proposé par Jaffe [11]. Chapitre I. Généralités 33 Pc 500 450 Température (°C) Pc 220 FR(HT) 210 400 350 230 AO 0 300 200 4 2 AQ FQ 250 FR(HT) 200 150 100 AO FR(BT) 50 10 20 30 40 50 60 70 80 90 % PbTiO3 (molaire) Figure I.11. Diagramme de phase du mélange PbTiO3 – PbZrO3 d'après [11]. Nature des phases : Pc Paraélectrique cubique, FQ: Ferrolélectrique quadratique, FR(HT): Ferroélectrique rhomboédrique (haute température), FR(BT): Ferroélectrique rhomboédrique (basse température), AO Antiferroélectrique orthorhombique, AQ Antiferroélectrique quadratique. La structure perovskite de la phase haute température est de symétrie cubique quelle que soit la composition. En dessous de Tc, les compositions riches en titane adoptent une symétrie quadratique (groupe spatial 4 mm) alors que le changement de symétrie des compositions riches en zirconium avec la température est plus complexe. Néanmoins, une symétrie rhomboédrique est observée pour la majeure partie de ces compositions. Les mélanges binaires des phases quadratiques et rhomboédriques sont ferroélectriques. Ces phases sont séparées par une frontière appelée Frontière de Phase Morphotropique (FPM). La FPM correspond en fait à un mélange biphasique quadratique/ rhomboédrique comme le montre le diagramme de phase proposé par Mishra [12, 13] pour un taux de zirconium compris entre 49 et 55% (Fig. I.12). On peut remarquer que la FPM s'incline vers les compositions riches en zirconium quand la température augmente. La largeur de la zone morphotropique dépend fortement du procédé de fabrication des céramiques [14]. Certains auteurs considèrent qu'il est également possible de modifier cette largeur en introduisant des impuretés dans le réseau cristallin [15]. 34 400 Température (°C) 300 200 Q 100 49 50 R Q + R 51 52 53 54 55 % PbZrO 3 (molaire) Figure I.12. Diagramme de phase du mélange PbTiO3 – PbZrO3 au voisinage de la FPM d'après [13]. Q :phase quadratique et R :phase rhomboédrique. I.7.4.2. Les domaines ferroélectriques dans les PZT Dans le cas des matériaux PZT, la transition de phase ferroélectrique – paraélectrique est de type displacif (cf § I.4.3.). En dessous de Tc, la distortion de la structure perovskite s'accompagne d'un déplacement relatif des ions qui entraîne l'apparition de la majeure partie de la polarisation spontanée à l'échelle de la maille. Le reste de la polarisation spontanée est dû au caractère très covalent de la liaison Pb-O. La direction de la polarisation spontanée dépend à la fois de la symétrie de la phase paraélectrique et de celle de la phase ferroélectrique (Fig. I.13). Ainsi, dans la phase quadratique, la polarisation spontanée Ps se développe suivant un axe parallèle à cQ joignant les milieux des deux faces opposées de la maille et comme les six directions (100) suivant les trois axes ac de la maille cubique sont équivalentes, Ps peut se développer de manière équiprobable le long de ces six directions quand la température est inférieure à Tc. Dans la phase rhomboédrique, Ps se développe suivant les diagonales joignant deux sommets opposés (direction (111)) de la maille cubique. Il existe donc huit directions possibles de la polarisation spontanée. En conséquence, les domaines ferroélectriques qui se forment pour minimiser l'énergie élastique associée aux contraintes mécaniques subies par le matériau à la transition de phase forment entre eux des angles de : Chapitre I. Généralités - 35 90° et 180° dans la phase quadratique, 71°, 109° et 180° dans la phase rhomboédrique. Phase ferroélectrique rhomboédrique Phase paraélectrique cubique Phase ferroélectrique quadratique aR CQ aC aR aC aQ Figure I.13. Distortions de la structure perovskite. Représentation des axes de polarisation dans les deux phases ferroélectriques. La polarisation rémanente maximale (Pr)max qui peut être obtenue après polarisation du matériau dépend du nombre de directions possibles de Ps. Ainsi, pour un PZT rhomboédrique, (Pr)max = 0.87Ps et pour un PZT quadratique, (Pr)max = 0.83Ps [16]. Les compositions incluses dans la FPM présentent une polarisation rémanente importante car il existe 14 directions possibles de Ps en raison du mélange de phase rhomboédrique/quadratique. En fait, les coefficients piézoélectriques, les coefficients de couplage électromécanique, la permittivité diélectrique et la polarisation rémanente des céramiques PZT passent par un maximum dans la région de la FPM mais pas nécessairement pour le même rapport Zr4+/Ti4+ [16]. Mishra [17] considère que la réponse électromécanique maximale est obtenue pour des compositions monophasiques quadratiques et des températures juste à l'extérieur de la FPM. Quoiqu'il en soit, les compositions PZT de la zone morphotropique ou proches de celle-ci sont d'un grand intérêt sur le plan technologique car elles présentent des fortes activités diélectriques et piézoélectriques. I.7.4.3. La substitution cationique ou dopage dans les PZT Les céramiques PZT sont rarement utilisées pour des applications techniques dans leur formulation simple. Elle est généralement modifiée par l'ajout d'un ou plusieurs cations étrangers qui vont se substituer au Pb2+ en site A de la perovskite ou au couple (Zr4+/Ti4+) en site B. On parle alors de dopage du matériau. Le rayon ionique du dopant doit être voisin de celui de l'ion auquel il se substitue. Les dopants sont généralement classés en trois catégories selon leur valence et celle de l'ion substitué [11, 18] : • Les dopants de valence égale à celle de l'ion substitué (dopants isovalents): C'est le cas par exemple de Ba2+, Sr2+, Ca2+ en site A et Ce4+ en site B de la perovskite. Ces dopants augmentent le caractère ionique de la maille, ce qui se 36 traduit par une diminution du point de Curie et une augmentation de la permittivité diélectrique du PZT à température ambiante. • Les dopants de valence inférieure à celle de l'ion substitué (dopants accepteurs) : On peut citer K+ et Na+ en site A et Fe2+/3+ et Ni2+/3+ en site B. L'électroneutralité du PZT est assurée par l'apparition de lacunes d'oxygène qui rendent le matériau non stoechiométrique. Ainsi, la formulation d'un PZT dopé avec du fer(II) (y % molaire) devient Pb[(ZrxTi1-x)1-yFey2+]O3-y y si on considère que les lacunes d'oxygène sont doublement chargées positivement (VO.. d’après la notation de Kröger [19]). Les dopants accepteurs entraînent un vieillissement des propriétés du PZT et donc la présence d'un champ interne. Ils provoquent également une augmentation : - du facteur de qualité mécanique, - du champ coercitif, - de la conductivité et une diminution : - de la permittivité, - des pertes diélectriques, - des coefficients de couplage, - de la taille des grains de la céramique. Les matériaux PZT dopés avec des accepteurs sont dits durs car ils se dépolarisent difficilement sous l’action d’une contrainte . Le rôle essentiel joué par les lacunes d'oxygène dans les céramiques PZT dur sera présenté ultérieurement. • Les dopants de valence supérieure à celle de l'ion substitué (dopants donneurs) : L'excès de charge positive apporté par les dopants donneurs comme La3+ (site A) ou Nb5+ et W 6+ (site B) est compensé par des lacunes cationiques comme '' des lacunes de plomb (VPb ) ou un changement de valence de Ti4+ en Ti3+. Par exemple, la formulation d'un PZT dopé avec y % molaire de Nb5+ devient : Pb1-y/2 y/2[(ZrxTi1-x)1-yNby5+]O3. Les dopants donneurs entraînent généralement une augmentation : - de la permittivité, - des pertes diélectriques, - des coefficients de couplage, - de la compliance élastique. On observe également une diminution: - du facteur de qualité mécanique, - du champ coercitif, - de la conductivité, - du point de Curie. De plus, les matériaux PZT dopés avec des donneurs ne sont pas ou peu affectés par le viellissement. Ils sont dits doux car facilement dépolarisables et les dopants donneurs entraînent des effets opposés à ceux induits par les dopants accepteurs. On peut également noter que les substituants donneurs ont en général une solubilité plus grande dans les matériaux PZT que celle des substituants accepteurs [20]. Chapitre I. Généralités 37 Enfin, il est aussi possible de doper une céramique avec plusieurs substituants donneurs et/ou accepteurs. L'influence globale du dopage sur les propriétés du matériau dépend alors de la concentration et de la valence de chaque substituant. I.8. Contribution des murs de domaines ferroélectriques aux propriétés des céramiques PZT I.8.1. Contribution intrinsèque et extrinsèque dans les matériaux ferroélectriques On appelle contribution intrinsèque du matériau la part des propriétés diélectriques, élastiques et piézoélectriques due à la polarisation spontanée à l'échelle de la maille élémentaire. Le reste des propriétés est la contribution extrinsèque du matériau. Elle est principalement due aux mouvements des murs de domaines auxquels on attribue plus de la moitié des réponses diélectriques et électromécaniques du PZT à la température ambiante [21]. Ces mouvements peuvent être la vibration ou rotation autour d'une position d'équilibre ou des petits déplacements vers un nouvel état d'équilibre sous champ faible ou modéré. Les murs de domaines à 90°, 71° et 109° ferroélastiques affectent à la fois les propriétés diélectriques et piézoélectriques alors que les murs de domaines à 180° non ferroélastiques affectent uniquement la réponse diélectrique du matériau. Comme la mobilité des parois de domaine est un phénomène thermiquement activable, il est possible de distinguer les deux types de contribution – intrinsèque et extrinsèque – en mesurant les coefficients du PZT à très basse température. En effet, à des températures voisines de 0 K les murs de domaines sont figés et les valeurs des grandeurs mesurées sont celles correspondant à la réponse intrinsèque. Ainsi, dans le cas des PZT dopés, l'effet du dopage qui influe principalement sur la réponse extrinsèque disparaît à très basse température [22]. La figure I.14 montre que les différentes valeurs de d31 aux températures élevées sont dues aux différents dopants qui affectent les mouvements des murs de domaines. Aux basses températures, la contribution extrinsèque disparaît; seule la contribution intrinsèque subsiste et est indépendante du type de dopant. 38 Figure I.14. Evolution de la constante de charge du mode transversal d31 de céramiques PZT avec la température. Chaque PZT est dopé avec un dopant différent (Type I, II, III et IV) mais le rapport Zr/Ti est fixe. D'après [22]. I.8.2. Stabilisation de la configuration ferroélectriques dans les céramiques PZT dur des domaines Dans les céramiques PZT dur, la contribution extrinsèque des murs de domaines est considérablement réduite par les défauts anisotropiques que sont les lacunes d'oxygène. On parle alors de stabilisation de la configuration des domaines ou des murs de domaines car leur mobilité est beaucoup moins grande. Dans la littérature [20, 23, 24], trois mécanismes différents sont proposés pour expliquer le phénomène de stabilisation qui est à l'origine du vieillissement et du champ interne : - L'effet de volume : Les lacunes d'oxygène forment avec les dopants accepteurs des dipôles électriques et élastiques anisotropiques (ou défauts dipolaires) initialement orientés de façon aléatoire. En raison de la mobilité des lacunes d'oxygène dans le réseau cristallin, ces dipôles s'orientent progressivement avec le temps vers des positions énergétiquement plus favorables qui sont dictées par la direction de la polarisation spontanée Ps à l'intérieur de chaque domaine. Les défauts dipolaires sont alors alignés dans la direction de Ps et la stabilise. - L'effet de murs de domaines : Les lacunes d'oxygène diffusent jusqu'aux murs de domaines et les piègent c'està-dire fixent leur position. La neutralisation de contraintes mécaniques ou la compensation de charges électriques dans la région des murs de domaines sont à l'origine de cette diffusion de lacunes d'oxgène. Chapitre I. Généralités - 39 L'effet de joints de grains : La présence de phases secondaires contenant ou pas des dopants ségrégés aux joints de grains de la céramique entraîne l'apparition de charges surfaciques. Ces charges d'espace créent un champ qui stabilise la configuration de domaines dès lors que celle-ci a été établie après vieillissement. Dans ce mécanisme, la polarisation spontanée d’un grain est majoritairement orientée dans une direction cristallographique privilégiée mais les murs de domaines restent mobiles [24]. Quel que soit le mécanisme considéré, les dopants et les lacunes d'oxygène jouent un rôle essentiel dans la stabilisation de la configuration de domaines dans les PZT durs. Thomann [23] et Härdtl [24] pensent que les trois effets peuvent se produire en même temps dans un matériau; néanmoins, l'effet de volume semble être le plus important. Les travaux de ces auteurs laissent donc penser que la présence et la stabilité des lacunes d’oxygène sont une condition nécessaire pour la stabilité des murs de domaines. Cependant, Eyraud [25-27] considère que cette condition n’est pas suffisante. Elle doit s’accompagner de la stabilité des charges des ions de constitution ou des dopants comme Ti3+/4+ ou Fe2+/3+. I.9. Etude bibliographique I.9.1. Céramiques PZT à fréquence de résonance stable en température Un des objectifs de l'étude est l'élaboration de céramiques PZT dont la fréquence de résonance du mode longitudinal varie linéairement et de façon non hystérétique en fonction de la température. I.9.1.1. Cas des matériaux PZT non dopé Durant les trente dernières années de nombreux travaux ont été réalisés pour obtenir des céramiques ferroélectriques ayant une fréquence de résonance fr peu dépendante de la température [15, 23, 28]. Cette spécificité est surtout requise pour des applications comme les filtres fréquentiels mécaniques, capteurs de vibration ou capteurs de direction dans les systèmes de navigation de voiture. Dans la littérature, on définit généralement un coefficient de température de la fréquence de résonance TCF par TCF = 1 fr dfr dT (I.8) avec T: Température (en °C ou K). Par exemple, on trouve couramment [23, 29]: TCF = fr ( 60 °C ) − fr ( 20 °C ) . fr ( 20 °C )x 40 Une valeur de TCF proche de zéro est souhaitée pour toutes les applications citées ci-dessus. Il est possible de contrôler le signe et la valeur de TCF en modulant 40 le rapport Zr/Ti qui détermine la proportion des phases quadratique et rhomboédrique dans le matériau. La majeure partie des compositions du type Pb(ZrxTi1-x)O3 présente un TCF négatif, caractéristique de la plupart des corps solides en raison de l'effet de D dilatation thermique qui augmente la compliance s33 telle que : fr = 1 D 2 l s33 ρ (I.9) (en mode longitudinal) l et ρ étant respectivement la longueur et la densité de la céramique. Toutefois, des anomalies élastiques sont observées pour des compositions dans la phase quadratique proches de la frontière de phase morphotropique ou encore à la transition de phase rhomboédrique (Basse Température)/ rhomboédrique (Haute Température) (FR(BT)/ FR(HT) dans le diagramme Figure I.11): la fréquence de résonance de ces compositions augmente avec la température, c'est-à-dire TCF est positif (Fig. I.15). T Q FPM R PbZrO3 PbTiO3 fr fr T fr T T Figure I.15. Représentation schématique de l'évolution de la fréquence de résonance en fonction de la température au voisinage de la FPM. Les mêmes types de courbes sont observées à la transition FR(BT)/ FR(HT). L'anomalie élastique au voisinage de la FPM est induite par une anomalie diélectrique d'après Mishra [13] et Thomann [23] qui observent une réponse diélectrique maximale dans cette gamme de composition. Ce n'est pas le cas de Chapitre I. Généralités 41 l'anomalie élastique à la transition FR(BT)/ FR(HT) qui est la conséquence de la rotation alternative des octaèdres d'oxygène le long de l'axe polaire. Le signe de TCF change donc avec la composition d'une part dans la phase quadratique au voisinage de la FPM et d'autre part aux deux transitions de phase structurales ferroélectrique/ ferroélectrique. Il y a ainsi trois façons possibles d'obtenir TCF ≈ 0. Toutefois, le minimum atteint par la fréquence de résonance à la FPM est communément utilisé en raison des propriétés intéressantes des compositions dans cette région. I.9.1.2. Cas des matériaux PZT dopé Les propriétés électromécaniques et le TCF des céramiques PZT sont généralement améliorés par des substitutions cationiques en site B de la perovskite. Les principaux dopants utilisés sont Cr3+ et Mn2+ et sont communément appelés stabilisateurs [15] (Fig. I.16a). De plus, des matériaux à fréquence de résonance stable en température sont également développés en utilisant des couples de dopants – appelés aussi dopants complexes – comme 5+ ( Mn12 /+ 3 , Sb2/3 ) 5+ ) , parfois associés à Fe3+ ou Sm3+ [28] (Fig.I.16b). ou ( Mg 12 /+ 3 , Nb2/3 800 (a) (b) 10000 5000 400 200 ∆fr (ppm) TCF (ppm.°C)-1 600 0 0 -5000 -200 -10000 -400 -15000 46 48 50 52 54 % Zr4+ (molaire) 56 -40 -20 0 20 40 60 80 100 T (°C) Figure I.16. (a) Evolution du coefficient TCF de céramiques PZT non dopé (•) et dopé avec Cr3+ (ο) en fonction du taux de zirconium. 5+ (b) Evolution du ∆fr de céramiques PZT dopé avec ( Mn12 /+ 3 , Sb2/3 ) (ο) 5+ et avec ( Mn12 /+ 3 , Sb2/3 ) et Sm3+ (▲) en fonction de la température. Toutes les études référencées ci-dessus concernent des matériaux PZT dont la fréquence de résonance varie peu avec la température. Toutefois, les différents auteurs ne tiennent pas compte d'une possible réponse non linéaire de fr. En effet, une céramique PZT peut présenter simultanément un TCF très faible et une variation 42 non linéaire de fr dans la gamme de température considérée. De plus, un éventuel comportement hystérétique observé au cours d’un cycle de température n'est jamais évoqué. Cet hystérésis thermique peut être désastreux pour des applications comme les gyroscopes vibrants. I.9.2. Céramiques PZT à constante de charge d33 stable sous contrainte mécanique uniaxiale Le présent travail est également consacré à la recherche de matériaux PZT dont la constante de charge d 33 varie linéairement et sans hystérésis en fonction de la contrainte mécanique uniaxiale. Il existe peu d'études concernant la stabilité des caractéristiques diélectriques, piézoélectriques et mécaniques des PZT sous contrainte uniaxiale [30-32]. On peut citer les récents travaux de Damjanovic [33, 34], qui observe une réponse linéaire et hystérétique du coefficient d33 de céramiques PZT doux dopé avec du niobium sous faible contrainte uniaxiale. Il interprète le phénomène en appliquant la loi de Rayleigh [35] à l'effet piézoélectrique mais ne propose pas de solutions pour obtenir une variation de d33 non hystérétique. Dans les années 90, les études menées au Laboratoire par Eyraud [36-39] et Audigier [40] sur les céramiques PZT fluoré montrent à partir d’un modèle simplifié que la fluoration permet d’obtenir une composition PZT dure et stable. Ces matériaux présentent en particulier une grande stabilité sous forte contrainte mécanique uniaxiale. C'est la raison pour laquelle notre travail porte sur l'élaboration et la caractérisation d'une famille de PZT fluorés, ainsi que sur l'étude de leur stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale. La substitution de l'oxygène par le fluor est réalisée sur une composition du type Pb0.89(Ba, Sr)0.11(ZrxTi1-x)O3 dopée avec du magnésium. Les raisons du choix de tels dopants seront explicitées ultérieurement. L'influence du dopage avec du fluor – ou fluoration – sur les différentes caractéristiques des poudres ou céramiques PZT sera discutée à chaque chapitre.