Chapitre 1
Introduction
Le premier objet hadronique fut d´ecouvert il y a tout juste un si`ecle lors de la mise en ´evidence du noyau
atomique ou mˆeme encore un peu avant si l’on consid`ere le rayonnement α(noyau d’helium). A partir des
ann´ees 1960, la chromodynamique quantique (QCD) accumule les succ`es en permettant `a la fois de d´ecrire
de fac¸on simple la diversit´e des objects hadroniques (plus de 150 m´esons et 120 baryons sont aujourd’hui
r´epertori´es) et de pr´edire leurs interactions `a partir de leurs constituants de base : les quarks et les gluons. Il
est unique dans l’histoire des sciences, qu’une vari´et´e aussi grande de ph´enom`enes puisse ˆetre expliqu´ee et
pr´edite avec pr´ecision `a partir d’un nombre de param`etres si restreint.
Si la th´eorie QCD est aujourd’hui bien ´etablie, elle n’en demeure pas moins complexe conceptuelle-
ment et calculatoirement. Cette complexit´e r´esulte de trois diff´erences majeures par rapport `a la th´eorie,
plus simple et plus intuitive, qu’est l’´electrodynamique quantique (QED).
La premi`ere difficult´e provient de la constante de couplage, αS, associ´ee `a QCD qui peut atteindre des
valeurs sup´erieures `a l’unit´e, lors des interactions se d´eroulant sur un temps relativement long, rendant un
d´eveloppement perturbatif impossible. En revanche lors d’interactions de courtes dur´ees la constante de
couplage devient petite face `a l’unit´e et permet des pr´edictions th´eoriques pr´ecises (aujourd’hui, typique-
ment de l’ordre du pourcent voire le dixi`eme de pourcent dans certains cas). Les grandes valeurs de αSont
pour cons´equence le confinement des quarks au sein des hadrons sur des ´echelles de temps relativement
longues, c’est-`a-dire directement observables par exemple dans un d´etecteur de particules. Sur une ´echelle
de temps tr`es courte, atteignable en laboratoire `a l’aide de collisonneurs de particules de haute energie (plus
de quelques GeV), un comportement oppos´e apparaˆıt dans lequel les quarks sont libres (on parle de la libert´e
asymptotique).Dans les interactions faisant intervenir des hadrons soit dans l’´etat initial soit dans l’´etat final
(temps longs) les ph´enom`enes non perturbatifs seront toujours pr´esents. Une question centrale dans ce do-
maine est donc de savoir comment factoriser les ph´enom`enes perturbatifs des non perturbatifs c’est-`a-dire
comment s´eparer ce qui est calculable de ce qui ne l’est pas et qui doit ˆetre mesur´e (ou mod´elis´e).
La seconde difficult´e se place au niveau calculatoire et provient du caract`ere non ab´elien de QCD. Il
correspond au fait que le gluon (champ de jauge de QCD) se couple `a lui mˆeme (les gluons portent une
charge de couleur). Des diagrammes suppl´ementaires apparaissent donc d`es l’ordre 1 en αS, compliquant
rapidement les calculs. Or, la constante de couplage αSreste en g´en´eral relativement grande mˆeme dans le
domaine perturbatif (αSvaut environ 0.12 pour une ´echelle d’´energie correspondant `a la masse du Zce qui
reste grand par rapport par exemple au 1/137 typique de QED). On peut donc s’attendre `a ce que les termes
de correction des ordres sup´erieurs soient relativement importants.
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