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FORMATION CONTINUE
labyrinthe déclenchent aussi des vertiges périphériques
généralement importants associés à une surdité.
Pour différencier les vertiges périphériques des vertiges cen-
traux, il est essentiel de vérifier la présence d’un nystagmus
par la manœuvre de Dix-Hallpike et du réflexe oculovestibu-
laire. L’atteinte posturale est indiquée par une latéralisation
du signe Romberg, une difficulté à marcher en tandem et une
démarche en étoile. Un examen neurologique attentif mettra
parfois en évidence des signes neurologiques qui peuvent
être frustes. Vous trouverez, dans le tableau VI8, les signes
et les symptômes qui distinguent ces deux types d’atteintes.
Notez que chez les victimes de traumatisme craniocérébral
léger, les deux types d’atteintes peuvent coexister. Pour les
cas complexes, l’audiogramme et l’électronystagmogramme
permettent un diagnostic plus précis.
Le traitement des vertiges et des problèmes d’équilibre est
confié à des physiothérapeutes spécifiquement formés.
Le vertige positionnel paroxystique bénin se traite par les
manœuvres de Dix-Hallpike, d’Epley ou de Semont. Quant
aux vertiges centraux, ils se soignent par des exercices de
compensation vestibulaire centrale. Des kinésiologues spé-
cialisés peuvent aussi aider les personnes atteintes en leur
faisant faire des exercices de neuromotricité.
Les vertiges de Madame Léger sont accentués lors des
changements de position de sa tête. À l’examen, vous
constatez que la patiente est prise de vertiges et présente
un nystagmus à la manœuvre de Dix-Hallpike ainsi qu’une
douleur à la palpation des vertèbres cervicales hautes à
droite associée à une légère limitation des mouvements
du cou de ce côté.
LES TROUBLES VISUELS
Une vision embrouillée, de la diplopie, de la photophobie, des
difficultés de lecture, des déficits spatiaux et de la fatigue
oculaire avec céphalées sont parmi les symptômes courants
après un traumatisme craniocérébral léger9.
Si les problèmes visuels durent plus de trois mois, une éva-
luation par un optométriste qui connaît l’orthoptique est fort
utile. Ce dernier pourra prescrire des lunettes au besoin,
mais surtout des exercices oculaires spécifiques. Bien que
peu développée au Québec, la réadaptation visuelle est très
fréquente aux États-Unis et donne de bons résultats.
À l’examen, Madame Léger souffre d’une difficulté de conver-
gence oculaire.
LA FATIGUE
La fatigue est l’un des symptômes persistants les plus inva-
lidants1. Elle survient souvent sans avertissement, parfois
jusqu’à cinq ans après le traumatisme et interfère grande-
ment avec les activités quotidiennes. Elle est d’origine
neurologique, un peu comme la fatigue qu’éprouvent les
pa tients atteints de sclérose en plaques, mais elle est aussi
modulée par la condition psychologique, les troubles de
sommeil et l’effort intellectuel nécessaire pour compenser les
difficultés cognitives.
L’inventaire multidimensionnel de la fatigue (IMF) permet
de bien évaluer les répercussions fonctionnelles (boîte à
outils). Le traitement consiste à augmenter progressive-
ment le degré d’activités physiques et intellectuelles (voir
l’article de la Dre Suzanne Leclerc intitulé : « La reprise des
activités après un traumatisme craniocérébral léger chez
l’adulte sportif », dans le présent numéro). En parallèle, le
patient doit apprendre à gérer son stress et son énergie en
s’accordant des pauses régulières, en priorisant ses activités
et en fragmentant les tâches complexes en plusieurs plus
petites. Les médicaments peuvent atténuer les symptômes
primaires survenant après le traumatisme, mais ils sont en
générale inefficaces contre la fatigue pure. Cependant, si
TABLEAU VI SIGNES ET SYMPTÔMES QUI DIFFÉRENCIENT
L’ATTEINTE VESTIBULAIRE PÉRIPHÉRIQUE DE L’ATTEINTE CENTRALE
Atteinte périphérique Atteinte centrale
Atteinte complète (tous les signes et symptômes) Atteinte incomplète
Nystagmus après la manœuvre de Dix-Hallpike Non concluant
Atteinte du réflexe oculovestibulaire Non concluant
Nystagmus congruent (pointe toujours vers le même côté) Non congruent
Instabilité posturale Non concluant
Absence de signes neurologiques Présence possible d’hémiparésie, baisse de l’audition, atteinte
du champ visuel, atteinte des mouvements oculaires, ataxie, etc.
Source : Deschaintre Y. Quand la tête tourne. Clinicien Plus 2012 ; 27 (4) : 63-6. Reproduction autorisée.
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