
De la naissance du capitalisme à la crise économique de 2009 : La
chute de l’empire et la fin du "Novus Ordo Seclorum"
?
Antoine HARFOUCHE - Chargé d’enseignement à la FGM
Entre le 1er Janvier et le 20 décembre 2008, l’indice CAC 40 a perdu plus de 42 % de
sa valeur et passe de 5614 points à 3226 avec un plus bas à 2839 atteint le 21
octobre 2008
. Sur cette même période, le Nasdaq a perdu également 41% de sa
valeur et passe à 1564. Le Dow Jones quant à lui perd 35% et clôture à 8579. Même
les actions dites ‘Blue Chips’
se sont effondrées. En moins de six mois, le prix du
baril de pétrole chute de 149 dollars US à 40 dollars US. Ces chiffres ne laissent
aucun doute quant à l’importance de la crise de 2008. Elle est aussi grave que la
crise de 1929
. Elle touche tous les actifs risqués, tous les agents économiques
(ménages, entreprises, banques…) et toutes les régions (Etats-Unis, Europe,
Asie…). On assiste en même temps à un Krach boursier, à une crise bancaire, à une
crise de liquidité (‘credit crunch’
), ainsi qu’à une récession économique classique en
Europe Occidentale et aux Etats-Unis d’Amérique. Les symptômes sont donc, à la
fois financiers, monétaires, économiques, alimentaires, énergétiques et écologiques.
Tout ceci nous laisse croire que les prochaines années seront des ‘Anni horribiles’
.
Si le proverbe ‘Errare humanum est, perseverare diabilicum’
est vrai, alors, pourquoi
répétons-nous les mêmes erreurs? Pourquoi sommes-nous incapables de tirer des
leçons du passé ?
Plusieurs causes directes et indirectes ont été citées par les spécialistes et les
économistes du monde entier comme étant la source de cette crise (Jorion 2008,
Doise 2008, Artus et al. 2008). Selon ces derniers, les subprimes
, la titrisation
, les
bonus en centaine de millions de dollars US accordés aux PDG des grandes
multinationales, l’abolition du Glass Steagall Act
et le manque de contrôle des
‘Novus Ordo Seclorum’ ou ‘le Nouvel Ordre mondial’ est le symbole du dollar US.
L’ensemble des chiffres de cet article peuvent être trouvés sur le site français http://www.boursier.com
Blue chips est le terme qui désigne les valeurs à forte capitalisation et réputées comme étant les plus sûres.
En 1929, il y a une crise économique et une crise financière. Les indices ont chuté comme jamais cela n’était
arrivé. Selon les spécialistes, à l’origine de cette crise, on trouve une spéculation forte et une recherche d’un
rendement maximal basé sur les crédits. Depuis, il n’y a pas eu de crise financière de cette ampleur. Pour nous,
la crise actuelle est aussi grave que la crise de 1929. Tout ceci sera détaillé dans la partie 2 de cet article.
Un ‘credit crunch’ est un resserrement du crédit ou une pénurie de crédit. Il s’agit donc d’un étranglement du
crédit, d’une limitation ou d’une raréfaction du crédit offert aux entreprises et aux particuliers. Ca peut
également correspondre à une forte hausse des coûts liés à l’endettement (hausse des taux d'emprunt, besoin de
fortes garanties pour obtenir un prêt, etc.).
‘Anni horribiles’, ou années horribles, est une expression créée par Jean-Pierre Robin, inspiré de la Reine
Elisabeth d’Angleterre, dans son article apparu au Figaro le Lundi 15 décembre 2008 (page 25).
L’erreur est humaine, mais sa répétition est diabolique.
Les subprimes sont des crédits hypothécaires accordés aux États-Unis à des clients peu solvables, sur la base
d'une majoration du taux d'intérêt censée compenser les risques pris par les prêteurs.
La titrisation est une technique financière qui consiste à transférer à des investisseurs des actifs financiers tels
que des créances en les transformant par le passage à une société ad hoc en titres financiers émis sur le marché
des capitaux.
‘Glass-Steagall Act’ est le ‘Banking Act’ des Etats-Unis de l’année 1933. A l’origine, il a été fait pour
distinguer entre banque de dépôts et banque d’investissement. L’objectif était de créer un système fédéral
d’assurance des dépôts bancaires et de plafonner les taux d’intérêts sur les dépôts bancaires par le moyen de la