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Pour résoudre cette équation difficile, nous avons fait le choix d’assumer deux
partis pris :
-!Premier parti pris : assumer l’inconnu. Nous n’arbitrons pas entre tel ou tel scénario
prospectif sur le futur de l’emploi, le degré de disparition de l’emploi, etc. De nombreux
cabinets de conseil, chercheurs, prospectivistes s’y sont essayé. La diversité des analyses
proposées et des champs disciplinaires convoqués est “suffisante”. Cependant, nous nous
efforçons de les restituer et de cartographier de manière analytique les controverses qui
émergent de ces études. Nous avons donc réalisé un travail de lecture, d’auditions
d’experts - économistes, sociologues, juristes, prospectivistes, fonctionnaires - afin
d’embrasser le plus largement possible les positions de chacun. Une journée contributive
organisée le 19 novembre a permis de compléter cette cartographie en confrontant ces
expertises à l’expérience d’acteurs de terrain.
-!Second parti pris : le numérique. Malgré la difficulté du sujet, qui renvoie à des
problématiques plus systémiques, nous choisissons d’adopter une approche empreinte
de la vision que développe le Conseil national du numérique depuis le début de son
mandat : identifier les opportunités, pointer les risques que cette révolution peut
apporter, et surtout proposer des méthodes d’analyse des problèmes et de construction
d’intelligence collective. Les retours d’expériences partagés par les membres du Conseil,
les débats que nous avons pu avoir nous lors des auditions ont permis d’enrichir notre
vision.
Un rapport vivant
Notre rapport s’articule en deux parties principales :
-!Une cartographie des controverses : permettant d’éclairer les lecteurs sur l’état des
débats sur le futur de l’emploi, la transformation des concepts de travail, d’emploi,
d’activité à l’heure du numérique. Cette cartographie n’est pas exhaustive, elle se fonde
sur nos lectures, les auditions que nous avons menées, et les restitutions de la journée
contributive.
-!L’exposé des recommandations : proposant des pistes de méthodes à adopter pour
anticiper les effets de la révolution numérique sur notre modèle social. Les
recommandations se fondent sur ce que nous appelons des chantiers de stabilité, que
nous avons identifiés à l’issue du travail de cartographie. Malgré l’incertitude, ou plutôt
“dans” l’incertitude, certaines actions ont été identifiées comme devant “dans tous les
cas” être menées, pour accompagner des parcours professionnels en transition,
redynamiser la formation tout au long de la vie, reconstruire du lien collectif dans les
organisations, renforcer la redistributivité de notre modèle social, s’assurer du respect
des droits sociaux, etc.
Ce rapport clôt en quelque sorte la mandature du Conseil depuis son renouvellement en 2013.
Nous avons travaillé à ce qu’il reste en cohérence avec nos positions précédentes tout en
proposant des chemins nouveaux. C’est donc un rapport vivant que nous remettons, car si sa
vocation immédiate est d’enrichir plusieurs chantiers législatifs, il donnera sans doute à voir
à la future mandature et nourrira, nous l’espérons, de futurs débats.