Cancer du sein : épidémiologie, bilan d`extension, modalités

Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2002 - vol.26 - n°1 7
M. Mousseau, C. Garnier
Correspondance : M. Mousseau - Service d’Oncologie Médicale CHU Grenoble 38043 Grenoble Cedex
Cancer du sein : épidémiologie, bilan d’extension,
modalités thérapeutiques
M. Mousseau, C. Garnier Service d’Oncologie Médicale - CHU - Grenoble.
EPIDEMIOLOGIE
Epidémiologie descriptive
MorMor
MorMor
Mortalitétalité
talitétalité
talité
Comme dans tous les pays occiden-
taux, le cancer du sein représente en
France la première cause de morta-
lité par cancer chez la femme (taux
de mortalité = 28/100 000 habitants/
an, soit 19,7% des décès par cancer).
Contrairement aux autres cancers fé-
minins ce taux augmente, en particu-
lier, dans la tranche d’âge 50-80 ans.
Résumé
Le cancer du sein est caractérisé par son extrême fréquence réalisant un véritable pro-
blème de santé publique. Les campagnes de dépistage permettent de découvrir des cancers au
stade précoce ou infra-clinique. Le traitement de cette maladie constitue un exemple de
multidisciplinarité en cancérologie.
Cancer du sein / Epidémiologie / Dissémination métastatique / Radiothérapie / Chimiothérapie
IncidenceIncidence
IncidenceIncidence
Incidence
Le taux d’incidence du cancer du
sein en France est de 77/100 000 ha-
bitants/an ; il est, comme le taux de
mortalité, en constante augmentation
au fil du temps. Il y a eu 33 000 nou-
veaux cas en 1995. Le rapport inci-
dence/mortalité est de 3.7, reflet de
l’amélioration du dépistage et des
thérapeutiques.
FACTEURS DE RISQUE
ðSi l’on ne connaît pas les causes du
cancer du sein, il semble exister des
situations favorisantes (qui consti-
tuent les facteurs de risque) et qui
ont été démontrées grâce aux études
épidémiologiques
Facteurs de risque
hormonaux
SexeSexe
SexeSexe
Sexe
Le facteur le plus important est le
sexe. Le cancer du sein peut surve-
nir chez l’homme mais représente
moins de 1 % des cancers du sein.
L’hormono-dépendance de ce cancer
a été chronologiquement le premier
facteur invoqué.
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FF
FF
Facteuracteur
acteuracteur
acteurs hors hor
s hors hor
s hormonauxmonaux
monauxmonaux
monaux
Le sein est un organe hormono-dé-
pendant, dont le développement au
moment de la puberté est influencé
par la sécrétion d’œstrogènes et de
progestérone. Des facteurs hormo-
naux endogènes ou exogènes pour-
ront également modifier le climat
hormonal du sein et favoriser le dé-
veloppement cancéreux.
- Oestrogènes :- Oestrogènes :
- Oestrogènes :- Oestrogènes :
- Oestrogènes :
L’administration d’oestrogènes chez
l’animal induit expérimentalement
des cancers du sein. Les femmes cas-
trées chirurgicalement ont un risque
de cancer du sein diminué de 2/3 par
rapport aux femmes ménopausées
entre 45 et 55 ans. L’utilisation de for-
tes doses d’œstrogènes de synthèse
par voie orale pendant plus de 10 ans
(non contre-balancée par la prise de
progestatifs) double le risque de can-
cer du sein chez les femmes ovariec-
tomisées.
- Hyperoestrogénie relative et insuf-- Hyperoestrogénie relative et insuf-
- Hyperoestrogénie relative et insuf-- Hyperoestrogénie relative et insuf-
- Hyperoestrogénie relative et insuf-
fisance lutéale :fisance lutéale :
fisance lutéale :fisance lutéale :
fisance lutéale :
En période pubertaire, la sécrétion
oestrogénique est isolée jusqu’à ce
que les cycles deviennent ovulatoires.
En période péri-ménopausique, les
cycles deviennent anovulatoires et il
se produit alors une hyperoestrogé-
nie relative. Ces deux situations phy-
siologiques sont à la base de la théo-
rie des fenêtres oestrogéniques où
l’hyperoestrogénie relative non con-
tre-balancée par la sécrétion de pro-
gestérone semble favoriser l’initiation
et ou la promotion de la cancéroge-
nèse. Cette théorie est contestée. La
précocité de la date des premières
règles (avant 12 ans) ainsi qu’une
ménopause tardive augmentent le ris-
que de cancer du sein.
- Nullipar- Nullipar
- Nullipar- Nullipar
- Nulliparité :ité :
ité :ité :
ité :
La grossesse représente un facteur
protecteur, grâce à l’influence de la
progestérone secrétée. Ainsi, la nulli-
parité semble constituer un facteur
de risque. Mais l’âge de la première
grossesse paraît être le paramètre fon-
damental : le risque de développer
un cancer du sein est augmenté de 4
à 5 fois chez les femmes dont la pre-
mière grossesse survient après 30 ans
par rapport à celles dont la première
grossesse survient avant 18 ans.
- L- L
- L- L
- L’allaitement’allaitement
’allaitement’allaitement
’allaitement ne protège que con-
tre les cancers préménopausiques.
- Contr- Contr
- Contr- Contr
- Contraception horaception hor
aception horaception hor
aception hormonale :monale :
monale :monale :
monale :
Une vingtaine d’études épidémiologi-
ques portant sur l’effet carcinogène
des contraceptifs oraux ont été pu-
bliées : la majorité sont négatives.
Pour des raisons méthodologiques il
est difficile de conclure, car il faut
toujours un temps de latence impor-
tant entre l’administration d’un car-
cinogène potentiel et le développe-
ment d’un cancer du sein ; en outre,
il existe un grand nombre de contra-
ceptifs oraux qui, en fonction de leur
composition, créent un climat oestro-
génique ou progestatif dominant, ce
qui ne simplifie pas l’analyse des ré-
sultats.
- -
- -
-
TT
TT
Trr
rr
raitements de la ménopause :aitements de la ménopause :
aitements de la ménopause :aitements de la ménopause :
aitements de la ménopause :
Le risque serait augmenté lorsque la
prise de traitement substitutif dépasse
15 ans. En fait, la compliance n’atteint
pas ces durées et surtout la sur-
veillance accrue augmente le dépis-
tage des lésions. Le bilan de morta-
lité est globalement positif chez les
utilisatrices excepté chez les groupes
à très haut risque de cancer du sein.
Facteurs de risque
constitutionnels
RaciauxRaciaux
RaciauxRaciaux
Raciaux
La race blanche (caucasienne) est
plus sujette au développement de
cancer du sein que la race asiatique
et plus que la race noire.
AgeAge
AgeAge
Age
Le cancer du sein est plus fréquent
chez les femmes âgées. Le risque
d’avoir un cancer du sein croît avec
l’âge : l’incidence est de 56.7/100 000
entre 35 et 39 ans, de 168.1/100 000
entre 55 et 59 ans et de 221.5/100 000
entre 70 et 74 ans. Le cancer du sein
est rare avant 35 ans.
Cancer du sein controlatéral aprèsCancer du sein controlatéral après
Cancer du sein controlatéral aprèsCancer du sein controlatéral après
Cancer du sein controlatéral après
cancer du seincancer du sein
cancer du seincancer du sein
cancer du sein
C’est un des plus importants facteurs
de risque reconnu. Le risque croît de
0.5 à 1 % par an. Il justifie la sur-
veillance clinique et mammographi-
que du sein.
FF
FF
Facteuracteur
acteuracteur
acteurs fs f
s fs f
s familiaux et héréditairamiliaux et héréditair
amiliaux et héréditairamiliaux et héréditair
amiliaux et héréditaireses
eses
es
Le cancer familial : Le cancer familial :
Le cancer familial : Le cancer familial :
Le cancer familial : l’existence d’un
cancer chez un ascendant (grand-
mère) est fréquemment
retrouvée parce que le cancer du sein
est fréquent. Le risque familial est
alors faible.
Les cancerLes cancer
Les cancerLes cancer
Les cancers héréditairs héréditair
s héréditairs héréditair
s héréditaires vres vr
es vres vr
es vrais à dé-ais à dé-
ais à dé-ais à dé-
ais à dé-
terter
terter
terminisme génétique :minisme génétique :
minisme génétique :minisme génétique :
minisme génétique : ils ne se-
raient retrouvés que dans 5 % des cas.
Ils se manifestent chez des membres
de la famille apparentés au premier
degré (mère-sœur). Ces cancers sont
volontiers bilatéraux et précoces
avant la ménopause.
Exemples :
Le risque cumulatif d’avoir un can-
cer du sein pour une femme de 30
ans jusqu’à l’âge de 70 ans, dont la
sœur a eu un cancer bilatéral survenu
avant 50 ans, est de 55 %. Si le cancer
chez sa sœur a été unilatéral et après
50 ans, ce risque tombe à 8 %. Si la
sœur, la mère, la tante et la cousine
ont eu un cancer du sein, le risque
relatif est 27 fois supérieur à celui de
la population générale.
Ils sont pour certains liés à la muta-
tion des gènes BRCA1 ou BRCA2.
Hyperplasie atypiqueHyperplasie atypique
Hyperplasie atypiqueHyperplasie atypique
Hyperplasie atypique
Le risque est de 4,4 chez la femme
porteuse d’une hyperplasie atypique
par rapport à celle qui n’en a pas. Les
mastopathies bénignes sans atypie
(80 % des femmes ont une mastopa-
thie fibro-kystique) ne sont pas un
facteur de risque.
CancerCancer
CancerCancer
Cancers associéss associés
s associéss associés
s associés
Les cancers de l’ovaire, de l’endomè-
tre, du côlon, peuvent s’associer au
cancer du sein, dans le cadre des syn-
dromes de Li-Fraumeni et de Lynch
(sein et ovaire). Ils imposent la recher-
che de signes d’appel ou d’examens
de dépistage dès qu’un de ces can-
cers est diagnostiqué.
Facteurs de risque
extérieurs
Environnement et nutritionEnvironnement et nutrition
Environnement et nutritionEnvironnement et nutrition
Environnement et nutrition
Un facteur géographique avait déjà été
remarqué, les pays du Nord ont plus
de cancers du sein que les pays du
sud. L’importance des facteurs envi-
ronnementaux dans la genèse du can-
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cer du sein est suggérée par les étu-
des de migrants : alors qu’au Japon
l’incidence du cancer du sein est fai-
ble, les femmes japonaises ayant émi-
gré aux U.S.A. ont une incidence du
cancer du sein superposable à celle
de la population américaine. Ceci
pourrait être expliqué par une modi-
fication des habitudes alimentaires,
en particulier par une augmentation
de la ration lipidique. En outre, l’ex-
cès pondéral semble être corrélé
avec le risque de cancer du sein, sur-
tout chez les femmes ménopausées.
Le tabac quant à lui, a une action para-
doxale, il peut augmenter le risque
ou le diminuer par action de neutra-
lisation des oestrogènes. L’alcool aug-
mente le risque.
RadiationsRadiations
RadiationsRadiations
Radiations
L’irradiation, qu’elle soit accidentelle
ou thérapeutique, est associée à une
augmentation du risque de cancer du
sein. Ceci a été démontré par des étu-
des de cohortes chez les survivants
d’Hiroshima et les patientes tubercu-
leuses surveillées par scopie. Il existe
une relation dose-effet linéaire quand
la dose reçue est supérieure à 1 Gy.
Les cancers radio-induits sont carac-
térisés par un temps de latence après
exposition important, de l’ordre de
20 à 30 ans et une sensibilité maxi-
male lorsque l’irradiation a lieu en
période pubertaire.
RAPPELS CLINIQUES
Circonstances de diagnostic
ðLe plus souvent, il s’agit d’une tu-
meur mammaire, dure, indolore au
début, à contours irréguliers, décou-
verte par la patiente ou lors d’un exa-
men médical systématique. Plus ra-
rement, on retrouve une rétraction
mamelonnaire ou cutanée, un écou-
lement mamelonnaire hémorragique
ou des adénopathies axillaires. Par-
fois, il s’agit d’un sein inflammatoire,
hypertrophique, douloureux, érysi-
péloïde correspondant à une mastite
carcinomateuse dont le pronostic
demeure particulièrement redouta-
ble. Enfin, la tumeur peut être révé-
lée d’emblée par des métastases.
Dans l’avenir, il serait souhaitable
qu’un examen de dépistage (actuel-
lement la mammographie) soit l’élé-
ment révélateur et que les cancers
soient découverts à un stade infra-cli-
nique (classés T0). Le rythme admis
en France est d’une mammographie
tous les deux ans après 50 ans. Aux
Etats-Unis, la tendance est à une fré-
quence annuelle dès l’âge de 40 ans.
Diagnostic positif
ðPour les tumeurs palpables, le dia-
gnostic positif est fait par le triplet :
clinique, mammographie, microbiop-
sie. Pour les tumeurs non palpables,
la biopsie par mammotome permet
le plus souvent le diagnostic ; en l’ab-
sence de diagnostic de malignité, l’in-
tervention chirurgicale est proposée
en cas de forte suspicion radiologi-
que.
Examen cExamen c
Examen cExamen c
Examen cliniquelinique
liniquelinique
linique
En position assise et couchée, avec
inspection, mobilisation de la peau
sur la glande, mensuration de la tu-
meur, recherche d’adénopathie axil-
laire et sus-claviculaire, il est très sou-
vent possible d’évoquer la malignité
et la gravité de la lésion chez une
patiente de 50 ans ou plus. A l’inverse
un examen bénin n’exclut nullement
la malignité.
RadiologRadiolog
RadiologRadiolog
Radiologieie
ieie
ie
Mammographie :Mammographie :
Mammographie :Mammographie :
Mammographie :
C’est l’examen essentiel dont la sen-
sibilité est de l’ordre de 80 %. Sa tech-
nique doit être parfaite avec des cli-
chés des deux seins selon au moins
deux incidences (face et profil) ; des
incidences obliques (prolongement
axillaire) et des clichés centrés ou
agrandis seront réalisés en cas de
doute. L’image classique du cancer
du sein est une opacité stellaire à
contours flous, sans liseré péri-lésion-
nel, de volume inférieur au volume
palpé.
Il peut exister une rétraction ou un
épaississement cutanés en regard de
la lésion.
Le troisième élément sémiologique
fondamental est l’existence de
microcalcifications inférieures à 5
mm qui doivent être recherchées sur
des clichés en agrandissement ; elles
constituent le critère de diagnostic
essentiel des cancers infra-cliniques.
L’étude morphologique de ces micro-
calcifications permet de les classer
selon 5 types (classification 1.5 de
Legall) ayant une valeur prédictive de
malignité croissante. Plus les calcifi-
cations sont nombreuses, groupées,
polymorphes, à disposition canalaire,
plus la présomption de malignité est
importante.
Echographie :Echographie :
Echographie :Echographie :
Echographie :
C’est un complément qui actuelle-
ment paraît très utile, surtout en cas
de sein dense, chez la femme jeune,
où la mammographie est peu sensi-
ble. Elle permet de différencier les
masses liquidiennes des masses tis-
sulaires et constitue un guide pré-
cieux pour les ponctions.
IRM :IRM :
IRM :IRM :
IRM :
Elle n’est indiquée qu’en cas de diffi-
culté d’analyse des lésions par les
explorations classiques ou dans l’ex-
ploration des seins préalablement trai-
tés par chirurgie conservatrice.
Examens invasifsExamens invasifs
Examens invasifsExamens invasifs
Examens invasifs
Cyto-ponction à l’aiguille fine :Cyto-ponction à l’aiguille fine :
Cyto-ponction à l’aiguille fine :Cyto-ponction à l’aiguille fine :
Cyto-ponction à l’aiguille fine :
C’est un élément important du dia-
gnostic d’une tumeur mammaire. La
ponction peut être réalisée sous con-
trôle clinique, mammographique sté-
réotaxique ou échoguidé. Le produit
recueilli est étalé et fixé sur lames,
qui sont ensuite colorées. L’examen
microscopique permet de conf conf
conf conf
confirir
irir
irmermer
mermer
mer
le diale dia
le diale dia
le diagnostic de malignité.gnostic de malignité.
gnostic de malignité.gnostic de malignité.
gnostic de malignité.
Microbiopsies :Microbiopsies :
Microbiopsies :Microbiopsies :
Microbiopsies :
Elles peuvent être réalisées au pisto-
let automatique. Elles ont l’avantage
d’apporter un diagnostic histologique
à condition qu’il y ait au moins 6 pré-
lèvements, que le calibre de l’aiguille
soit 14 à 16 G, et qu’un contrôle ra-
diologique des carottes vérifie la pré-
sence d’éléments microcalcifiés.
DrDr
DrDr
Drill-biopsie :ill-biopsie :
ill-biopsie :ill-biopsie :
ill-biopsie :
Certaines équipes réalisent sous
anesthésie locale, grâce à l’utilisation
de forets à rotation rapide des "mini-
biopsies" qui permettent d’extraire un
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«cylindre» de tissu tumoral, sur lequel
une étude histologique précise et un
dosage des récepteurs hormonaux
sont possibles.
Biopsie cutanée :Biopsie cutanée :
Biopsie cutanée :Biopsie cutanée :
Biopsie cutanée :
Elle s’adresse essentiellement aux
cancers du sein inflammatoires où la
biopsie apporte le diagnostic histo-
logique et permet la recherche des
récepteurs hormonaux. La biopsie
cutanée fait la preuve d’une lymphan-
gite carcinomateuse cutanée qui té-
moigne d’une gravité de pronostic.
La biopsie de la tumeur est plus fa-
cile que celle des ganglions y com-
pris dans les tumeurs inflammatoires.
Le traitement chimiothérapique devra
alors être entrepris sans délai.
Bilan d'extension pré-thérapeutique
ðIl nécessite un examen complet
loco-régional et général : à l’issue de
celui-ci un schéma daté précisant la
taille et la localisation de la lésion
mammaire sera réalisé. Le bilan bio-
logique comprend :
- hémogramme,
- bilan hépatique (phosphatases alca-
lines, gamma GT, 5' nucléotidases),
- ionogramme sanguin (en particulier
la calcémie),
- marqueurs du cancer du sein (CA
15-3, on peut discuter de l’ACE).
Pour les tumeurs non palpables,
aucun bilan d’extension n’est fait
avant la chirurgie. Après la chirurgie,
en cas de carcinome canalaire in situ
(Ccis) aucun bilan n’est réalisé. En cas
de carcinome canalaire infiltrant, le
bilan d’extension sera fonction des
paramètres pronostiques histologi-
ques et biologiques.
Pour les tumeurs palpables et opéra-
bles de moins de 3 cm, on se limi-
tera à une radiographie pulmonaire.
Pour les tumeurs de plus de 3 cm ou
localement évoluées ou inflammatoi-
res ou associées à des adénopathies
axillaires fixées, le bilan d’extension
se justifie. Il comportera une radio-
graphie pulmonaire, une échographie
abdominale, une scintigraphie os-
seuse, un bilan biologique (NFS, fonc-
tions rénales et hépatiques, CA 15.3)
[1].
CLASSIFICATION TNM
ðAu terme du bilan pré-thérapeuti-
que, le cancer du sein doit être classé
dans un système qui permette de
constituer des groupes de pronostic
homogène.
Le système TNM est le plus utilisé et
comprend deux types de classifica-
tions :
- une classification clinique d’usage
courant,
- une classification histologique post-
opératoire appelée pTNM.
Nous ne détaillerons que la classifi-
cation clinique TNM.
T :T :
T :T :
T :
TT
TT
Tumeur prumeur pr
umeur prumeur pr
umeur primitivimitiv
imitivimitiv
imitivee
ee
e
Tis : carcinome pré-invasif (carcinome in situ)
T0 : pas de signe de tumeur primitive
T1 : tumeur de 2 cm ou moins dans sa plus grande dimension
T1a : < 0,5 cm
T1b : > 0,5 cm et < 1 cm
T1c : > 1 cm et < 2 cm
T2 : tumeur dont le plus grand diamètre est compris entre 2 et 5 cm
T3 : tumeur de plus de 5 cm dans sa plus grande dimension
T4 : tumeur de toute taille avec extension directe à la paroi thoracique ou à la peau
T4a : avec fixation à la paroi thoracique.
T4b : avec oedème, infiltration ou ulcération de la peau du sein (y compris "la peau
d’orange"),ou présence de nodules cutanés satellites limités au même sein
T4c : T 4a + T4b.
T4d : carcinome inflammatoire
N :N :
N :N :
N :
Adénopathies régAdénopathies rég
Adénopathies régAdénopathies rég
Adénopathies régionalesionales
ionalesionales
ionales
N0 : absence de ganglions axillaires homolatéraux palpables
N1 : présence de ganglions lymphatiques axillaires mobiles
N2 : présence de ganglions axillaires homolatéraux fixés entre eux ou à d’autres structures
N3 : présence de ganglions mammaires internes homolatéraux
M : Métastases à distanceM : Métastases à distance
M : Métastases à distanceM : Métastases à distance
M : Métastases à distance
Mx : détermination impossible de l’extension métastatique
M0 : absence de métastases à distance
M1 : présence de métastases à distance (comprenant des métastases sus-claviculaires)
ANATOMO-PATHOLOGIE
ðL’examen anatomo-pathologique est
primordial puisqu’il est le seul qui
permette d’affirmer avec certitude le
diagnostic de malignité d’une tumeur
mammaire.
Il sera réalisé soit sur biopsie, soit sur
une pièce d’exérèse chirurgicale
(tumorectomie). Il précède le geste
chirurgical [2].
Les carcinomes
ðLes carcinomes représentent 98%
des tumeurs malignes du sein. On dis-
tingue les carcinomes non infiltrants
des carcinomes infiltrants.
Les carLes car
Les carLes car
Les carcinomes non infcinomes non inf
cinomes non infcinomes non inf
cinomes non infiltriltr
iltriltr
iltrantsants
antsants
ants
(15%)(15%)
(15%)(15%)
(15%)
-
Les carcinomes intra-canalaires (ouLes carcinomes intra-canalaires (ou
Les carcinomes intra-canalaires (ouLes carcinomes intra-canalaires (ou
Les carcinomes intra-canalaires (ou
galactophorgalactophor
galactophorgalactophor
galactophoriques in situ)iques in situ)
iques in situ)iques in situ)
iques in situ) n’infiltrent
pas la membrane basale et le tissu
conjonctif. Ils sont souvent considé-
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M. Mousseau, C. Garnier
rés comme une maladie diffuse de
tout l’arbre galactophorique et sont
caractérisés par leur multicentricité.
La multicentricité est la présence de
lésions disséminées dans les diffé-
rents quadrants du sein. La multi-
focalité est la présence de plusieurs
foyers dans un même quadrant du
sein.
- Les carcinomes lobulaires in situLes carcinomes lobulaires in situ
Les carcinomes lobulaires in situLes carcinomes lobulaires in situ
Les carcinomes lobulaires in situ
sont une prolifération bénigne d’ex-
cellent pronostic (qui fait réfuter par
certains le terme de carcinome). Les
lésions sont fréquemment multi-
centriques et bilatérales, découverte
sur pièces de biopsie pour d’autres
lésions.
Le diagnostic de carcinome in situ est
difficile : il ne faut pas méconnaître
un éventuel carcinome micro-invasif
ou invasif. Aussi est-il nécessaire
d’établir une étroite collaboration
entre les différents praticiens impli-
qués (radiologue, chirurgien, anato-
mo-pathologiste, radiothérapeute).
Les carLes car
Les carLes car
Les carcinomes infcinomes inf
cinomes infcinomes inf
cinomes infiltriltr
iltriltr
iltrants (75 %)ants (75 %)
ants (75 %)ants (75 %)
ants (75 %)
Les carcinomes canalaires infiltrantsLes carcinomes canalaires infiltrants
Les carcinomes canalaires infiltrantsLes carcinomes canalaires infiltrants
Les carcinomes canalaires infiltrants
sont retrouvés dans 70 % des cas ; ils
peuvent être plus ou moins différen-
ciés.
Les carcinomes lobulaires infiltrantsLes carcinomes lobulaires infiltrants
Les carcinomes lobulaires infiltrantsLes carcinomes lobulaires infiltrants
Les carcinomes lobulaires infiltrants
sont retrouvés dans 5 à 15 % des cas,
et sont fréquemment associés à des
foyers de carcinome lobulaire in situ.
Facteurs de pronostic [3]
La taille tumoraleLa taille tumorale
La taille tumoraleLa taille tumorale
La taille tumorale mesurée par l’ana-
tomo-pathologiste.
LL
LL
L’en’en
’en’en
’envv
vv
vahissement ganglionnairahissement ganglionnair
ahissement ganglionnairahissement ganglionnair
ahissement ganglionnaire axil-e axil-
e axil-e axil-
e axil-
lairelaire
lairelaire
laire
Un curage axillaire homolatéral est
toujours associé à l’exérèse d’un can-
cer infiltrant, en raison du caractère
pronostique fondamental de l’enva-
hissement ganglionnaire axillaire.
Pour les tumeurs classées T1b, T1c et
les T2 < 30 mm, le risque d’envahis-
sement ganglionnaire est de 15 à 30
%. La technique du ganglion senti-
nelle permet de connaître le statut
ganglionnaire, d’éviter 70 à 85 % de
curages inutiles. Le taux de détection
du ganglion sentinelle est de 95 % ;
le taux de faux négatifs est inférieur
à 5 % ; les dernières études montrent
que, quel que soit le volume de la
tumeur primaire, pour les cancers N0
cliniques, la biopsie du ganglion sen-
tinelle est intéressante, notamment
pour les tumeurs de plus de 30 mm
de façon à identifier le "down
stagging" provoqué par la chimiothé-
rapie néoadjuvante [4].
Sur le curage ganglionnaire, l’anatomo-
pathologiste déterminera le nombre
de ganglions envahis, l’existence ou
non de rupture capsulaire, la présence
d’emboles péri-lymphatiques.
Le grade histo-pronostique :Le grade histo-pronostique :
Le grade histo-pronostique :Le grade histo-pronostique :
Le grade histo-pronostique :
Le système de grading le plus utilisé
(qui ne s’applique qu’aux carcino-
mes), est celui de Scarff et Bloom :
son intérêt pronostique est retrouvé
par de nombreux auteurs.
Il tient compte de la différenciation
tumorale, de l’anisocaryose et de l’ac-
tivité mitotique.
En fonction de ces critères, les lésions
classées en grade I sont de pronostic
favorable, en grade III de pronostic
défavorable (le pronostic du grade II
étant intermédiaire).
Le type histologiqueLe type histologique
Le type histologiqueLe type histologique
Le type histologique
Certaines formes histologiques, rares,
ont classiquement un meilleur pro-
nostic : il s’agit des carcinomes
mucineux, tubuleux, médullaires et
papillaires.
L’existence d’emboles pérd’emboles pér
d’emboles pérd’emboles pér
d’emboles péri-li-l
i-li-l
i-lympha-ympha-
ympha-ympha-
ympha-
tiquestiques
tiquestiques
tiques et pérpér
pérpér
péri-vi-v
i-vi-v
i-vasculairasculair
asculairasculair
asculaireses
eses
es ainsi que
l’infl’inf
l’infl’inf
l’infiltriltr
iltriltr
iltration des fation des f
ation des fation des f
ation des filets nerilets ner
ilets nerilets ner
ilets nervv
vv
veuxeux
euxeux
eux
auraient une valeur pronostique pé-
jorative.
IMPACT SUR LA SURVIE DES
FACTEURS DE PRONOSTIC
CLINIQUES ET ANATOMO-PATHO-
LOGIQUES DU CANCER DU SEIN
ðLes cancers du sein ont une évolu-
tion souvent déroutante : il existe des
formes qui évolueront de façon très
favorable et, au contraire, certaines
qui seront rapidement métastatiques
[5]. Il est donc intéressant de mettre
en évidence des critères cliniques et
histo-pathologiques pronostiques qui
permettront de distinguer les patien-
tes à pronostic très favorable (qui
bénéficieront de thérapeutiques "al-
légées"), des patientes à pronostic
d’emblée défavorable (qui devront
être "lourdement traitées").
Les facteurs de pronostic du cancer
du sein sont nombreux, complexes
et souvent liés entre eux.
Les critères de 1ère génération
CrCr
CrCr
Critèritèr
itèritèr
itères ces c
es ces c
es cliniquesliniques
liniquesliniques
liniques
En dehors des métastases d’emblée
péjoratives, trois caractères cliniques
se révèlent avoir une valeur pronos-
tique :
- la taille de la tumeur,
- le caractère inflammatoire,
- l’atteinte ganglionnaire surtout s’ils
sont fixés N2 (les ganglions sus-
claviculaires homolatéraux consti-
tuent des lésions métastatiques M1).
CrCr
CrCr
Critèritèr
itèritèr
itères histologes histolog
es histologes histolog
es histologiquesiques
iquesiques
iques
La taille anatomique de la tumeurLa taille anatomique de la tumeur
La taille anatomique de la tumeurLa taille anatomique de la tumeur
La taille anatomique de la tumeur
selon son plus grand diamètre
TT
TT
Taille de la tumeuraille de la tumeur
aille de la tumeuraille de la tumeur
aille de la tumeur SurSur
SurSur
Survie à 10 ans (%)vie à 10 ans (%)
vie à 10 ans (%)vie à 10 ans (%)
vie à 10 ans (%)
< 2 cm 75 %
2 à 3 cm 67 %
4 à 5 cm 46 %
> 6 cm 41 %
Relation entre la taille de la tumeurRelation entre la taille de la tumeur
Relation entre la taille de la tumeurRelation entre la taille de la tumeur
Relation entre la taille de la tumeur
et la suret la sur
et la suret la sur
et la survie à 10 ansvie à 10 ans
vie à 10 ansvie à 10 ans
vie à 10 ans
LL
LL
L’en’en
’en’en
’envv
vv
vahissement gahissement g
ahissement gahissement g
ahissement ganglionnairanglionnair
anglionnairanglionnair
anglionnairee
ee
e
axillaireaxillaire
axillaireaxillaire
axillaire
Il constitue le critère pronostique es-
sentiel ; la qualité du geste chirurgi-
cal lors du curage axillaire est primor-
diale, car le nombre de ganglions
envahis doit toujours être rapporté au
nombre de ganglions identifiés sur
la pièce de curage (qui doit être de
10 au minimum).
Il existe une grande dissociation en-
tre la clinique et l’anatomo-patholo-
gie, car 39 % des cas jugés N0 (sans
ganglion palpable) sont histologique-
ment envahis (N+) et 24 % des cas
N1 (ganglions palpables) sont histo-
logiquement N-.
Le nombre de ganglions envahis Le nombre de ganglions envahis
Le nombre de ganglions envahis Le nombre de ganglions envahis
Le nombre de ganglions envahis est
déterminant pour le pronostic : la plu-
part des auteurs admettent un seuil
au-delà de 3 ganglions envahis.
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