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L’Encéphale, 2007 ; 33 : Septembre, cahier 3
Fondements de l’hydrothérapie en psychiatrie
O. DUBOIS(1)
Les premières traces de l’hydrothérapie comme outil
thérapeutique remontent au VIIIe siècle avant J.-C., en
Perse. En psychiatrie, cette technique thérapeutique a été
indiquée dans la névrose (Cullen, Pinel, Esquirol), dans
l’hypochondrie et la neurasthénie (Draper aux Etats-Unis)
et dans « l’excitation et l’agitation » (Braslow). Elle a aussi
été préconisée par Adler aux États-Unis, par Kraepelin et
Alzheimer en Allemagne, pour éviter la contention physi-
que ou limiter l’utilisation des psychotropes.
QU’EST-CE QUE LE THERMALISME ?
La cure thermale (thermalisme) est spécifi ée par des
soins à base d’eaux minérales ou crénothérapie (bains
bouillonnants, massages sous l’eau, douche thermale, bains
en piscine). Elle est conventionnellement prise en charge
par l’assurance maladie sur prescription médicale pour une
durée de trois semaines. Dans le cadre de la convention, le
patient doit suivre les soins quotidiennement.
Pendant la cure, à côté de la crénothérapie, il existe
un suivi psychiatrique régulier incluant : évaluation symp-
tomatologique et clinique, psycho-éducation, projet thé-
rapeutique et orientation post-cure.
La cure est aussi l’occasion d’une prise en charge de
type sociothérapique.
Les patients en cure bénéfi cient d’une attitude com-
préhensive et empathique de la part des soignants for-
més à gérer ces troubles. Ils apprennent à repérer leurs
symptômes et les éventuels facteurs déclenchants ; ils
en perçoivent mieux les contours. Ils se rassurent au
contact d’autres patients vivant à leur côté, pendant trois
semaines, des situations cliniques et affectives compara-
bles. Ils peuvent ainsi se déculpabiliser, récupérer un peu
de leur narcissisme et retrouver espoir.
Le thermalisme se conçoit donc comme une théra-
peutique holistique ayant une triple action biologique
(crénothérapie), psychologique (suivi psychiatrique) et
sociothérapique (vie institutionnelle).
ACTIONS ET EFFICACITÉ DE LA CURE THERMALE
La cure thermale a une triple activité reconnue : an-
xiolytique, sédative et antalgique. Plusieurs hypothèses
existent pour expliquer l’effet antalgique : inhibition des
fi bres sensitives médullaires postérieures par stimu-
lation cutanée (« théorie du gate control »), sécrétion
centrale d’opioïdes endogènes, stimulation du potentiel
endocrine de certaines cellules cutanées.
Il existe des signes objectifs de l’action d’une cure
thermale, par exemple une normalisation des ondes
alpha à l’EEG (Belmudes, 1988) ou l’augmentation de
30 % de la vitesse de conduction à l’EMG (Lévine,
1984).
La régression thérapeutique (« lâcher prise », retour
à des gratifi cations archaïques) associée à la psycho-
thérapie et l’éloignement des stresseurs, peut renforcer
l’effet d’institution qu’apporte la cure. Plusieurs études
(Arnaud 1979 et 1981, Beneytout 1991) rapportent l’ef-
fi cacité d’une cure thermale sur l’anxiété et la dépres-
sion ; elles signalent une amélioration de 45 à 58 %,
suivant les études, des symptômes anxieux et dépres-
sifs et une diminution de 35 à 38 % de la consommation
médicamenteuse. Ces études sont seulement descripti-
ves, sans groupe contrôle.
L’étude de Constant et al (1995) a évalué l’effi cacité du
thermalisme à 6 mois sur des sujets dépressifs (MADRS
≥ 15) versus groupe témoin avec simple suivi. 109 pa-
tients ont participé à cette étude, 78 d’entre eux ayant
(1) Psychiatre, Clinique spécialisée, 17600 Saujon.