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Revue Marocaine de Rhumatologie
nombre de réveils par rapport à la période sans poussée [2].
Les résultats de cette étude rejoignent ceux de la littérature.
Des analyses en polysomnographie de patients atteints de
PR en poussée montrent une fragmentation du sommeil,
des réveils nocturnes fréquents et une efficacité du sommeil
réduite par rapport aux sujets qui ne sont pas en poussée.
En plus il existe une corrélation positive significative entre
la fragmentation du sommeil et la douleur et la fatigue
en cas de poussée [3]. Les études expérimentales ont
montré que le sommeil fragmenté est un sommeil non
réparateur [4]. Il existe une corrélation positive entre
l’augmentation des marqueurs de la maladie (raideur
matinale, douleur articulaire) et le sommeil à ondes lentes
et une corrélation négative avec la phase 2 du sommeil
lent [3-4]. L’augmentation de l’activité de la maladie est
suivie d’une augmentation du sommeil à ondes lentes.
Celui -ci est probablement la partie du sommeil étant liée
à un processus homéostatique et donc son augmentation
peut représenter une réaction physique à l’inflammation
articulaire reflétée par la douleur et la raideur [4].
Un sommeil de mauvaise qualité est associé à des niveaux
élevés de la fatigue, celle-ci est probablement en rapport
avec la fragmentation du sommeil [14]. Dans cette étude il
n’a pas été retrouvé de lien entre l’insomnie et la fatigue.
Il existe une fréquence élevée des désordres primaires
du sommeil tel le syndrome des jambes sans repos (25-
76,9%) et les mouvements périodiques des jambes (38,5-
75%) chez les patients atteints de PR par rapport à la
population générale [2,10]. Ces troubles peuvent interférer
avec l’endormissement et produire une fragmentation du
sommeil chez ces patients. Etant donné que ces troubles
nécessitent des interventions thérapeutiques spécifiques,
la nécessité de les identifier est clair [10].
L’apnée du sommeil touche 7,5 à 30,8% des PR [2-3,10].
Cette atteinte peut résulter d’une subluxation cervicale
ou une fracture de l’odontoïde. Tout les deux peuvent
entrainer une compression des centres respiratoires au
niveau du tronc cérébral [2].
L’arthrite de l’articulation crico-arythenoidienne est retrouvée
chez 13 à 75% des patients atteints de PR et peut entrainer
une obstruction aigue des voies aériennes supérieures [3].
Les possibilités d’interventions thérapeutiques dans la
polyarthrite rhumatoïde par l’amélioration du sommeil sont
basées sur le fait que les changements dans les paramètres
du sommeil affectent également les paramètres cliniques
de la maladie. Un examen global de l’hygiène du sommeil
peut s’avérer bénéfique pour de nombreux patients. Une
approche multidisciplinaire dans la gestion des troubles
du sommeil chez les patients atteints de PR devrait aider à
optimiser les soins aux patients [4,10].
DÉCLARATION D’INTÉRÊT
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt.
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