Graziella
et
Nicos NICOLAIDIS, Mythologie grecque et Psychanalyse,
Neuchâtel,
Paris,
Delachaux-Niestlé, 1994.
Le
dernier
ouvrage de Nicos
et
Graziella
Nicolaïdis,
psychanalystes
suisses, se propose de relire les
mythes
grecs à
l'aune
de
la
psychanalyse.
L'exercice, nécessaire
et
passionnant,
s'inscrit à
la
suite
d'une
tradition
qui
remonte
à
Freud
lui-même qui a
intégré
le mythe d'Oedipe
au
coeur
de
toute
production
fantasmatique
individuelle;
par
la
suite,
et
pour ne
se
limiter
qu'à
la
langue française, on
se
souviendra des
travaux
de certains
psychanalystes
comme
D.
Anzieu (L'oedipe
avant
son complexe, 1966),
A.
Green
( Un oeil en trop, 1969), Anzieu, Gilibert, Green, N.Nicolaïdis
et
Potamaniou
(Psychanalyse
et
culture
grecque,
1980)
et
encore
N. Nicoalaïdis, Savopoulos,
G.
Nicolaïdis (Théophagie, 1988).
L'ouvrage
présenté
ici (207 pages) se compose de
neuf
chapitres,
d'un
résumé
et
d'un
index bien
utile
des noms propres des divinités ou
auteurs
grecs.
Le
postulat
de
départ
de ce genre d'étude est, comme nous
l'a
appris
la
psychanalyse,
que
les individus
et
les peuples construisent, à
mesure
de
leur
développement, des "appareils" psychiques (fantasmatiques) pour
les
individus,
et
mythiques
et
culturels
pour
les peuples.
En
ce sens,
comme le
rappellent
les
auteurs
dès
leur
introduction, le mécanisme
et
la
dynamique
par
lesquels
un
mythe
ou
une
tragédie
se
construisent
ressemble
au
mécanisme
et
à
la
dynamique qui
président
à
la
construc-
tion
de
la
représentation
de
la
pulsion
et
des fantasmes. C'est
pour
cela
que
la
recherche
d'un
événement
"fondateur" d'une névrose
-la
séduction
d'un
enfant
par
un
adulte- comme
Freud
s'y employait
avant
1897 (sa
"neurotica") a
dû
être
abandonnée
par
lui
au
profit
d'une
recherche
d'un
événement
fantasmatique
réalisant
le
désir
et
la
satisfaction
pulsion-
nelle. Ce
débat
entre
l'histoire comprise comme repérage
d'un
événement
et
l'histoire
en
tant
que réalisation
d'un
désir
que le
mythe
met
en
scène
sera
repris
par
les
auteurs
dans
leur
dernier
chapitre.
Il
faut
croire
cependant
que
malgré
leur
désir
d'apporter
un
éclaircissement psychanalytique de l'évolution de
la
mythologie grecque il
reste
des "zones d'ombres"
puisqu'un
lapsus
s'est glissé dès l'introduction
lorsque
les
auteurs
présentent
la
traduction
dite
des
Septante,
d'Alexandrie, comme
étant
celle de
la
tradition
orale de
la
Bible (p. 11)
alors
qu'elle
est
celle de
la
tradition
écrite
de
la
Thora
(tora
shé bi-
khétab).
La
compilation
de
la
tradition
orale
(tora
shé
be
'al
pé)
ne
viendra,
on
le sait,
qu'au
IVo
et
VO
siècle avec les
Talmuds
et
les
midrash
de Babylone
et
Jérusalem.
Dès
le
premier
chapitre
est
donc
mise
en
avant
l'analogie
entre
l'évolution psychosexuelle de l'appareil psychique de l'être
humain
et
celle
théogonique-cosmogonique de
la
mythologie grecque. On
retiendra
ainsi
la
distinction de
trois
catégories:
la
première, pré-oedipienne (comme
dans
la
mythologie scandinave)
est
marquée
par
la
dominance féminine, le
clivage
et
les
éléments
de
la
nature
menaçants
dans
un
esprit
de
contrainte
typique
de
la
répétitivité
"psychotique"
(meurtres
répétés,
fusions
incestueuses,
etc.).
La
deuxième
laisse
apparaître
une
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