ADDICTION - ALCOOL RISQUE ALCOOL – QUELLE POLITIQUE MENER ?
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Les risques associés à la consommation d’alcool sont aujourd’hui incontestables,
démontrés par de nombreuses études scientiques et entérinés par les autorités
sanitaires internationales. Ces connaissances, qui ont évolué grâce aux progrès de
la recherche, remettent en cause un certain nombre de croyances préétablies :
1. La consommation d’alcool ne procure aucun bénéce pour la santé. Les assertions
contraires (allégations sur un bénéce cardiovasculaire, réduction du risque de
maladie d’Alzheimer, etc…) ont toutes été démenties ;
2. Les dommages sont proportionnels à la quantité consommée ;
3. Le risque de cancer pour plusieurs organes est signicativement augmenté par les
consommations régulières, même pour de faibles quantités ;
4. La consommation d’alcool aggrave ou provoque des violences, notamment les
agressions sexuelles et les accidents sur la route.
L’avertissement sanitaire actuel, imposé en 1991 par la loi Evin, « L’abus d’alcool est
dangereux pour la santé », est dès lors obsolète dans la mesure où le risque existe
même pour des quantités faibles.
La consommation d’alcool en France est parmi les plus élevées des pays de l’OCDE
(3e derrière l’Autriche et l’Estonie en 2012) avec une moyenne de 11,8 litres d’alcool
pur par habitant contre 8,8 litres en moyenne1. L’alcool est ainsi à l’origine de 49 000
décès prématurés par an en France, constituant la deuxième cause de mortalité
évitable, ainsi que la première cause d’hospitalisation en France (580 000 patients
pour un coût estimé à 2,6 Md€)2.
Parmi les 8,4 millions de consommateurs réguliers en France, 31 % relèvent de la
catégorie des buveurs à risque ponctuel et 8 % des buveurs à risque chronique.
Si la consommation moyenne d’alcool baisse depuis 50 ans, on observe une
augmentation préoccupante des ivresses alcooliques chez les jeunes (au moins 3
par an pour 30 % des 18-25 ans). Plus de la moitié des jeunes de 16 ans qui avaient
consommé de l’alcool au cours du dernier mois estimaient, en 2015, qu’ils n’avaient
pas de difculté à se procurer du vin ou des alcools forts ; ce niveau atteint 80 %
quand il s’agit de bière.
Alors que l’on entend souvent que les drogues licites rapportent plus qu’elles
ne coûtent, l’analyse des chiffres montre que c’est faux. Chaque année, l’alcool
rapporte 3,2 milliards d’euros de taxes à l’Etat. Mais, dans le même temps, celui-ci
doit débourser plus de 7,7 milliards d’euros pour couvrir le coût des soins engendrés
par des maladies liées à l’alcool. La taxation sur les alcools ne représente ainsi que
37 % du coût des soins. Allant plus loin, l’économiste Pierre Kopp a estimé à près de
120 milliards d’euros le coût social de l’alcool (comme pour le tabac), répartis entre
la prise en charge des soins, le coût de la prévention et de la répression, la perte
de production pour les entreprises et les administrations (arrêts maladies, accidents
du travail) ou encore la valeur des vies humaines perdues3.
1 Tackling Harmful Alcohol Use, OCDE, 12 mai 2015.
2 Paille (François), Reynaud (Michel), L’alcool, une des toutes premières causes d’hospitalisation en
France, InVS, Bulletin Epidémiologique hebdomadaire (BEH) 25-26, 7 juillet 2015.
CHAPITRE II : QUELS SONT LES RISQUES DE LA CONSOMMATION
D’ALCOOL ?
CHAPITRE III : CONSOMMATIONS NOCIVES D’ALCOOL, QUEL
IMPACT SUR LA SANTÉ ET LES FINANCES PUBLIQUES ?
3 Kopp (Pierre), Le coût social des drogues, OFDT, Tendances, septembre 2015.