l’examen et les signes physiques puis les examens complémentaires qui viennent guider la
démarche diagnostique et l’orientation thérapeutique. Mais la recherche de ces signes doit
être guidés par un interrogatoire préalable qui, du dire des plus grands cliniciens a toujours
été considéré comme l’étape la plus délicate, la plus importante et la plus lourde de
conséquences pour le médecin. C’est ainsi que plus on se trouvera dans un registre de
malaise fonctionnel où les signes sont plus difficiles à objectiver et plus l’information
transmise par la parole du patient prendra une place prépondérante dans l’orientation.
Ces éléments nous conduisent donc à penser que, si le médecin dispose d’un savoir
pré-établi, celui qui lui est dispensé à la faculté, c’est du côté du malade qu’il existe un autre
type de savoir, un savoir qui lui est propre, qu’il détient en propriété et dont il pourra ou non
faire usage pour orienter le clinicien. C’est dans la relation avec le médecin que ce savoir
va, ou pas s’exprimer, ce qui peut avoir des conséquences déterminantes pour la
l’évaluation diagnostique et la prise en charge thérapeutique. Dans certaines situations
comme dans l’hypochondrie, le savoir du patient opère à une sorte de renversement des
rôles avec un transfert de pouvoir de celui qui est sensé détenir la maitrise (le médecin) vers
celui qui est censé être dominé (le patient). Le médecin incarne, de par son savoir, un
pouvoir dont nous avons évoqué les effets facilement repérables au sein de la relation
médecin malade. Mais, ce pouvoir doit être mesuré par rapport à celui, insoupçonné, qui
intéresse la position du malade qui, de par ce savoir qu’il détient sur sa propre histoire peut
annihiler la position de maîtrise traditionnellement occupée par le médecin. Le savoir du
patient est donc constitué par un ensemble de constructions prises sur l’histoire spécifique
de chaque sujet, reconstruites selon une vérité qui ne se superpose pas forcément à la vérité
historique, qui vont donner un reflet particulier au symptôme.
La relation médecin-malade serait donc un compromis entre ces deux types de
savoir. On pourrait donc considérer le ressort de la relation médecin malade comme un
compromis à trouver entre d’un côté le savoir textuel du médecin, savoir pré-établi et de
l’autre, le savoir du patient qui se délivre au fur et à mesure que se déploie la dialectique
propre à cette relation. Comme nous l’avons évoqué précédemment, plus on se trouve dans
le registre de l’organique et plus le balancier de cette dialectique devra pencher du côté du
savoir médical et plus l’on se déplacera du côté d’une demande qui s’inscrit dans le registre
fonctionnel et plus la balance penchera du côté de ce savoir propre au patient.
Certains travaux expérimentaux laisseraient penser qu’il existe des différences
mesurables entre le discours de malades fonctionnels, et celui de malades organiques. Ainsi,