ACCENT CIRCONFLEXE ET TRAIT D’UNION
DE BOUCHE À OREILLE www.ccdmd.qc.ca/fr
La mort de Tristan
Tristan était tellement affaibli qu’il ne pouvait plus se traîner1 jusqu’à la côte et
scruter la mer, à la recherche du bateau qui, peut-être, le sauverait. C’était au-
dessus de ses forces. La blessure de la lance empoisonnée qui l’avait atteint au côté
gauche, à quelques centimètres du cœur, refusait de se refermer, et ce, malgré
tous les emplâtres qu’on y avait appliqués. Tristan restait chez lui, dans les murs
de son château, désespéré. Il attendait la voile blanche, au-delà de l’horizon, le
signal convenu du retour d’Iseult2 la Blonde3, son unique amour, qu’il avait
abandonnée pour en épouser une autre qu’il n’aimait même pas : Iseult aux Blanches
Mains4.(114 mots)
Ce matin, Iseult aux Blanches Mains, l’épouse mal aimée, mue par la jalousie
et cherchant vengeance du dédain de Tristan pour son affection, revient de la plage
et ment. (30 mots)
– Cette nef que vous attendez assidûment5 depuis un mois maintenant, je l’ai
aperçue. Elle sera au port tout à l’heure.
– Dites-moi, s’il vous plaît6 : comment est sa voile ?
– Elle est ouverte et tendue par le vent qui la gonfle. Je l’ai vue là-bas ; elle est
toute noire, j’en suis sûre7.
– Toute noire...
– Toute noire. (56 mots)
Tristan se tourne vers le mur. Il sent que sa vie se perd. La voile est noire. Son
amour ne revient pas. Il dit trois fois, par-delà le brouillard qui envahit son regard,
« Iseult, amie ! » et il rend l’âme. (40 mots)
1. se trainer
2. Iseut
3. la blonde
4. aux blanches mains
5. assidument
6. plait
7. sure