PÉRISCOPE Forum Med Suisse 2006;6:408 408
Combien de démences d’Alzheimer avons-nous dans le monde
entier? 100 ans après la première description d’une démence
d’Alzheimer, douze experts internationaux ont tenté d’en esti-
mer la prévalence dans les douze régions de l’OMS pour les an-
nées 2001, 2020 et 2040. Ils pensent pour le moment qu’il y a
24,3 millions de cas de démence d’Alzheimer, auxquels viennent
s’ajouter 4,6 millions de nouveaux cas chaque année – un nou-
veau cas toutes les 7 secondes! Tous les 20 ans, leur nombre
double et il devrait atteindre 81,1 millions en 2040. 60% de ces
patients vivent dans des pays en voie de développement et en
2040, ils seront 71%. Dans la plupart des pays développés, la
prévalence augmentera d’environ 100%; aux Indes, en Chine, en
Asie du Sud et dans le Pacifique occidental, l’augmentation est
évaluée à 300% – C’est du moins ce que prétendent les experts!
Ferri CP, et al. Global prevalence of dementia. Lancet 2005;
366:2112–7.
Des variantes du virus H5N1 résistant à l’oseltamivir ont pu être
isolées chez deux patients sur les huit traités par oseltamivir
(Tamiflu®), un inhibiteur de la neuraminidase, et décédés de la
grippe aviaire au Vietnam. Il ne fait aucun doute que des résis-
tances apparaissent, surtout si la posologie est insuffisante. Cette
observation permet de supposer que même un traitement pré-
coce et à pleine dose peut donner des résistances à l’oseltami-
vir. Il y a également des arguments voulant que l’administration
précoce d’oseltamivir prolonge la période d’incubation et donc
potentiellement le moment de la transmission du virus, ce qui
pourrait provoquer une évolution fulminante des problèmes
pulmonaires. L’accumulation de stocks de Tamiflu®n’est pas la
panacée! – de Jong MD, et al. Oseltamivir resistance during
treatment of influenza A (H5N1) infection / Moscona A. Oselta-
mivir resistance – disabling our influenza defenses [editorial].
NEJM 2005;353:2667–72 / 2633–5.
11,5% de la population blanche des Etats-Unis développent à
partir de 80 ans une dégénérescence maculaire sénile (DMS),
ne reconnaissent plus les gens, ne peuvent plus lire, plus
conduire ni se déplacer librement. La progression est estimée à
trois millions pour les 20 ans à venir – uniquement pour les
Etats-Unis. Une étude a examiné les effets de certains antioxy-
dants – bêtacarotène, vitamines E et C et zinc – sur l’incidence
de la dégénérescence maculaire sénile, et voyez le résultat: sur
4170 patients de plus de 50 ans, 560 ont développé après 8 ans
en moyenne une dégénérescence maculaire sénile débutante.
Sous antioxydants, le risque relatif n’a été que de 0,65. A partir
de 50 ans donc, les quatre antioxydants, mais surtout la vita-
mine E et le zinc, pourraient considérablement réduire la dégé-
nérescence maculaire sénile – et pas nécessairement sous forme
de comprimés! – van Leeuwen B, et al. Dietary intake of anti-
oxydants and risk of age related macula degeneration. JAMA
2005;294:3101–7.
Trois homosexuels se présentent avec des douleurs périanales
et rectales, exacerbées par la position assise, un écoulement
rectal muco-sanglant, une incontinence fécale, une émission de
Périscope
selles en cordons, une alternance constipation-diarrhée, et des
douleurs dans le bas-ventre. La colonoscopie montre une proc-
tite, des structures fibreuses et ulcérations rectales. La biopsie
révèle une colite ulcéreuse active. Les frottis rectaux donnent des
chlamydies et la sérologie des titres d’anticorps augmentés
contre Chlamydia trachomatis serovar L2. Tout cela parle pour
un lymphogranulome vénérien, une maladie normalement en-
démique sous les tropiques et apparaissant depuis peu dans les
cercles homosexuels de Rotterdam, Anvers, Paris, Stockholm,
Hambourg et Boston, et qui ne devrait pas tarder à sévir en
Suisse. Les frottis rectaux à la recherche de chlamydies résol-
vent parfois le problème! – Williams D, et al. Ulcerative proc-
titis in men who have sex with men: an emerging outbreak. BMJ
2006;332:99–100.
Médecine des voyageurs: en 2004, 763 millions de personnes
sont sorties des frontières de leur pays. 55% pour des vacances,
15% pour affaires et toujours plus de visites à des amis et pa-
rents, en majorité dans des pays pauvres. 8% des voyageurs dans
des pays en voie de développement ont besoin d’assistance
médicale pendant ou après leur voyage. Une étude a analysé
17353 buts de voyage, la première question concernant l’endroit
visité. Un tableau présente la liste des maladies et de leurs cau-
ses et incidences dans les secteurs Caraïbes, Amérique Centrale,
Amérique du Sud, Afrique subsaharienne, Asie du Sud et
Centrale, Asie du Sud-Est et autres pays. Précieuse médecine
géographique! – Freedman DO, et al. Spectrum of disease and
relation to place of exposure among ill returned travelers. NEJM
2006;354:119–30.
Existe-t-il une association? Un Allemand de 56 ans résidant en
Thaïlande revient d’un voyage de deux semaines au Sri Lanka.
Il a de la fièvre, des frissons et ne peut plus ouvrir son œil droit.
L’examen révèle un exanthème discret sur le thorax, une ptose
palpébrale droite totale et une légère faiblesse de la main gau-
che. La fièvre monte à 38,8 °C, il a une leucopénie avec quelques
lymphocytes atypiques et ses thrombocytes sont à 1,69x109/L.
VIH, Epstein-Barr, typhus murin, rickettsiose, IRM, angiogra-
phie RM, échocardiographie et ECG sont normaux. Sous traite-
ment purement de soutien, les symptômes régressent en grande
partie après une semaine, totalement après deux mois et les exa-
mens de laboratoire sont tous normalisés. De quoi peut-il bien
s’agir? (Pour la solution voir ci-dessous)
Les tests ELISA à la phase aiguë et pendant la convalescence
ont montré des titres ascendants pour la dengue. Les contrô-
les par PCR étaient également positifs pour la dengue. La den-
gue touche environ 50 millions de personnes chaque année.
La plus grande partie présente des symptômes de type refroi-
dissement et 500000 doivent être hospitalisés. Les myalgies
sont souvent très douloureuses – et les symptômes neurolo-
giques sont rares – tels la ptose! – Bronnert J, et al. Complete
ptosis caused by dengue fever. Lancet 2005;366:1982.
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