REVUE DE PRESSE Le comité de rédaction a lu pour vous Effet d’une corticothérapie courte sur l’évolution de la dengue La dengue est une des maladies virales les plus fréquentes (50 millions de cas par an). Les manifestations cliniques peuvent être variables, allant des formes asymptomatiques aux formes sévères incluant des formes hémorragiques et de choc. C'est essentiellement chez les enfants que le poids de la maladie est le plus important, responsable d’un grand nombre d’hospitalisations et parfois de décès. Aucun vaccin ni médicament antiviral n’est disponible à ce jour, et le traitement est essentiellement symptomatique, reposant sur l’utilisation de soluté de remplissage à la phase de fuite plasmatique. Peu de choses sont connues sur les mécanismes spécifiques mis en jeu lors de cette phase mais le rôle de la réponse immune vis-à-vis du virus semble crucial. Du fait de leur action anti-inflammatoire, les corticoïdes sont souvent utilisés comme traitement adjuvant dans les maladies où la réponse immune semble pouvoir jouer parfois un rôle aggravant. Dans les années 1980, les corticostéroïdes par voie injectable ont été évalués au cours des dengues responsables de chocs. Ces études n’ont inclus qu’un petit nombre de patients et n’ont pas permis de mettre en évidence un bénéfice. Pour les patients souffrant de formes moins sévères d’infections, quelques études suggèrent un effet de l’administration précoce de corticostéroïdes sur l’évolution ou la nécessité de recourir à l’hospitalisation (infections respiratoires de type bronchiolite). Comme le Dengue Shok Syndrome (DSS) ne survient qu’autour du 5e jour de la maladie, l’utilisation précoce des corticoïdes pourrait diminuer la sévérité de la maladie à sa phase initiale et éviter la survenue de ces complications. Des travaux préliminaires ont permis de démontrer que la corticothérapie n’augmentait pas la réplication virale du virus de la dengue, et il n’a pas été rapporté d’effets indésirables importants lors des essais de corticothérapie au cours des DSS. Cependant, avant de considérer un essai clinique visant à évaluer l’efficacité, il convient de vérifier qu’une immunomodulation durant la phase de virémie n’interfère pas avec la clairance virale. Ainsi, le critère principal de jugement de cette étude est d’évaluer l’impact d’une corticothérapie courte à la phase aiguë de la dengue en termes de clairance virale et d’évolution des symptômes. Pour tenter de répondre à cette question, les auteurs ont réalisé une étude randomisée et contrôlée à l’hôpital d’Hô Chi Minh (Vietnam) [1]. Les patients âgés de 5 à 20 ans et suspects de dengue étaient randomisés en 3 groupes : 1 groupe où ils recevaient 0,5 mg/kg de cortisone pendant 3 jours, 1 groupe où ils recevaient 2 mg/kg de cortisone pendant 3 jours et 1 groupe placebo. Entre août 2009 et janvier 2011, 225 patients ont pu être randomisés. Les caractéristiques des patients des 3 groupes étaient comparables à l’inclusion. L’administration des corticoïdes n’a pas eu d’effet significatif sur les critères de jugement prédéfinis tels que : ➤➤ apparition d’un DSS ou nécessité d’hospitalisation en réanimation, hémorragie, hypoglycémie, nadir des plaquettes, aire sous la courbe de la virémie plasmatique. Jean-Luc Meynard, Paris 214 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVII - n° 6 - novembre-décembre 2012 Commentaire Il n’est pas montré d’effets de la corticothérapie sur la virémie du virus de la dengue, ni sur l’évolution des symptômes. Référence bibliographique 1. Tam DT, Ngoc TV, Tien NT et al. Effects of short-course oral corticosteroid therapy in early dengue infection in Vietnamese patients: a randomized, placebo-controlled trial. Clin Infect Dis 2012:55;1216-24.