CURRICULUM Forum Med Suisse No25 18 juin 2003 581
tus, alors que ce sont particulièrement ces
patients, surtout lors d’ischémie persistante,
qui peuvent bénéficier le plus d’une thérapie
de revascularisation spécifique – contraire-
ment à l’argumentation publicitaire de l’in-
dustrie désirant vendre ces tests aux médecins
praticiens et même peut-être directement aux
patients avec l’argument du «pré-triage».
Nous sommes également navrés, en tant que
médecins hospitaliers, quand nous recevons
des patients qui ont consulté précocement un
médecin le jour de l’infarctus mais qui sont
hospitalisés seulement le jour suivant pour un
traitement d’infarctus adéquat en raison d’un
test de troponine négatif!
Les tests rapides peuvent par contre être utiles
en cabinet chez les patients consultant pour
des douleurs thoraciques de brèves durées ou
ayant cessé depuis des heures. Lors de consul-
tation téléphonique de patients souffrant de
douleurs thoraciques persistantes, la plupart
des médecins ont le réflexe correct d’envoyer
directement une ambulance ou le cardiomo-
bile sur place pour gagner le plus de temps
possible, à moins que des circonstances parti-
culières ou géographiques rendent une visite
à domicile immédiate plus adéquate. Comme
l’instruction par téléphone aux profanes sur le
massage cardiaque peut sauver des vies [4], il
est, selon les circonstances, très utile de rap-
peler la famille présente du patient après avoir
alerté les services de transports d’urgence.
Catégories de syndromes
coronariens aigus
Il est important de classifier dès le premier
contact médical le syndrome coronarien aigu
dans l’une des catégories suivantes, impor-
tantes pour la prise en charge ultérieure:
– Infarctus du myocarde aigu avec suréléva-
tion ST (STEMI = ST elevation myocardial
infarction) de >1 mm (resp. >2 mm dans les
dérivations V1-V2) ou un bloc de branche
gauche vraisemblablement nouveau. Les
cas bénéficient le plus de mesures de reper-
fusion immédiates (PTCA en urgence, resp.
thrombolyse). Ce diagnostic peut influencer
le choix de l’hôpital pour l’ambulance et
sera discuté plus en détail dans des articles
ultérieurs [5, 6]. Le risque de fibrillation
ventriculaire soudaine est élevé chez ces
patients et nécessite de disposer rapide-
ment d’un défibrillateur externe.
– Infarctus aigus avec choc cardiogène. Cette
catégorie de patients a la plus haute mor-
talité et nécessite un diagnostic/traitement
invasif précoce et aussi fréquemment un
soutien cardiovasculaire mécanique avec
pompe à ballon de contrepulsion aortique,
ce qui peut aussi influencer le choix de l’hô-
pital.
– Infarctus du myocarde aigu sans élévation
ST (NSTEMI = non-ST elevation myocardial
infarction) et angine de poitrine instable
(sans mouvement enzymatique): ces cas
forment une continuité sur le plan patho-
génique, du risque et de la prise en charge.
Ces formes ne peuvent être généralement
dissociées qu’au cours de l’observation
hospitalière des symptômes des modifica-
tions ECG et enzymatiques après le début
du traitement. L’absence de modification
ECG ne garantit pas un moindre risque [7]!
Il est difficile de classifier les patients avec
«ECG non évaluable», par ex. lors de Pace-
maker ou de bloc de branche gauche préexis-
tants; mais ces patients ont justement un
risque qui est même plus élevé que celui des
patients avec infarctus du myocarde aigu avec
surélévation ST [7].
Phase hospitalière
Tandis que les patients avec le plus haut risque
(infarctus avec surélévation ST, choc cardio-
gène) sont acheminés dans le cas idéal direc-
tement du cardiomobile en salle de cathété-
risme, la majorité de ces patients transitera
d’abord aux services d’urgences ou des soins
intensifs pour un premier traitement prélimi-
naire, avec un monitoring du rythme car-
diaque (et éventuellement de l’élévation du
segment ST), des premières investigations et
une stratification de risque. L’ECG 12 déri-
vations et les examens de laboratoire ont lieu
parallèlement à une anamnèse et un examen
physique plus approfondis. L’anamnèse se
concentre sur le caractère et les circons-
tances d’apparition des douleurs, les éven-
tuelles manifestations angineuses préalables,
les facteurs de risques, les maladies concomi-
tantes pouvant influencer le choix du traite-
ment, des possibles diagnostics différentiels et
des prédicteurs de risques. L’examen physique
recherche les signes d’insuffisance cardiaque,
de forward failure ou de stase pulmonaire, les
signes de complications mécaniques d’un in-
farctus ou d’indices d’autres maladies pouvant
entrer dans le diagnostic différentiel telles la
dissection aortique, l’embolie pulmonaire, la
péricardite ou la pleurite et les douleurs de la
cage thoracique.
Examens de laboratoire
Le laboratoire d’entrée a évolué ces dernières
années: le marqueur le plus spécifique et le
plus sensible pour mettre en évidence une né-
crose du myocarde est la troponine (troponine
T ou troponine I). La place de la créatine-