Nord-Pas-de-Calais, Nord, Montigny-en-Ostrevent, Cité-du-Sana, place du Sana
château dit château Lambrecht, puis sanatorium dit sanatorium familial, enfin cité ouvrière dite Cité du Sana IA59001905
21 avril 2017 Page 2
donner à cet établissement l’allure d’un lotissement de villégiature plutôt que celle d’un édifice sanitaire. Le déploiement
de tout ce luxe avait cependant inévitablement engendré un coût de construction et d’installation considérable puisque la
dépense totale s'était élevée à plus d’un million de francs pour un total de 76 lits de malades, soit un prix de revient de 14 000
francs par lit, ce qui constituait un record absolu dans le genre. De surcroît, l’offre pourtant si originale de soins s’était vite
révélée inadaptée à la demande : les 24 logements voués à l'accueil des familles demeuraient ainsi en partie vacants, ce qui
prouvait à l'évidence qu'il était encore plus difficile de convaincre une famille entière de s'exiler loin de son environnement
familier que de le faire pour son seul membre malade. En raison de ces graves difficultés de fonctionnement, la direction
de l'établissement fut confiée en 1912 au médecin Louis Guinard, directeur du sanatorium de Bligny, un des plus
anciennement fondés en France, situé sur la commune Briis-sous-Forges appartenant alors au département de la Seine-et-
Oise. Guinard repensa incontinent toute l’organisation mise en place au sanatorium de Montigny, n’hésitant pas ainsi à
placer des tuberculeux célibataires dans les pavillons originellement destinés à l'accueil des familles, et ce à raison d’un
par chambre et donc de trois par logement, ce qui lui permit d'admettre dans l'établissement jusqu’à 140 pensionnaires
au lieu de 76 précédemment.
Ce redressement opéré par Louis Guinard allait être interrompu fort peu de temps après le début de sa mise en œuvre par le
déclenchement du premier conflit mondial, l'édifice ayant dû être évacué dès le mois d'août 1914, du fait de sa proximité
de la zone des combats. L'armée allemande qui venait d'occuper la région le réquisitionna aussitôt pour en faire un hôpital
militaire qui fonctionna durant presque toute la durée des hostilités ; en lui adjoignant plusieurs baraquements, les services
sanitaires de l'armée allemande en augmentèrent même considérablement la capacité d'accueil. Lors du recul de ses troupes
en octobre 1918, l'armée allemande emmena dans sa retraite tous les produits, matériels et équipements transportables et
au surplus dynamita la salle des machines et les installations d'épuration des eaux. En raison de l'importance des dégâts
occasionnés, la Ligue du Nord contre la tuberculose hésita à rouvrir son sanatorium au lendemain de la guerre, d'autant
que le choix du site avait été précédemment critiqué en raison de l'humidité jugée excessive de la contrée où il se trouvait.
Elle renonça définitivement à l'idée d'une réouverture lorsqu'elle apprit que les terrains avoisinant le sanatorium seraient
cédés, en juillet 1919, à la compagnie des mines d'Aniche. Considérant qu'un tel voisinage de caractère industriel serait
incompatible avec une activité médicale de type sanatorial, elle se résolut en conséquence à vendre sa propriété en 1920
à cette même compagnie minière.
La dite compagnie entreprit dès lors de lotir les vastes surfaces disponibles du parc entourant le château par la construction
de maisons de mineurs : un premier groupe de maisons dit groupe A, fut édifié vers 1923, le groupe C en 1924-1925, le
groupe D avant 1932. En 1932 fut entreprise la construction d'une école dotée d'une salle des fêtes, puis d'une église dédiée
à Saint-Charles, ouverte au culte en novembre 1935. Le sanatorium se muait ainsi en cité ouvrière. Les bâtiments d'origine
avaient été tous préservés lors de ces lotissements successifs, mais ceux qui relevaient proprement de la cure sanatoriale
ont été depuis, pour la plupart, rasés : ainsi onze des douze pavillons destinés aux familles furent détruits au début des
années 1980, le pavillon Sculfort le fut en 1990. Par ailleurs le château, sinistré par incendie vers 1986, fut ensuite restauré
et agrandi sur l'arrière par l'adjonction d'un bâtiment neuf pour devenir en 1999 une maison d'accueil médicalisée pour
personnes âgées dépendantes. Les deux bâtiments de célibataires hommes et femmes sont toujours conservés, mais leur
modernisation drastique relativement récente a conduit à la destruction de tout les décors de façade qui faisaient leur
charme - avec notamment suppression de tous les balcons -, ce qui a ainsi radicalement gommé leur aspect d'architecture
Art nouveau.
Période(s) principale(s) : 3e quart 19e siècle (), 1er quart 20e siècle ()
Dates : 1856 (daté par travaux historiques), 1904 (daté par source)
Auteur(s) de l'oeuvre : Lucien-Ambroise Hénault (architecte, attribution par travaux historiques), Benoît-
Victor Lenoir (architecte, attribution par travaux historiques), Léonce Hainez (architecte départemental, attribution par
travaux historiques), Degoix (ingénieur, attribution par travaux historiques), Jonquez (entrepreneur, attribution par
travaux historiques)
Personne(s) liée(s) à l'histoire de l'oeuvre : Albert Calmette (commanditaire, attribution par source)
Description
Le corps de logis du château est bâti en pierre calcaire de Saint-Leu avec remplissage de briques tandis que la ferme
présente un gros œuvre entièrement en briques. Les divers corps de bâtiments édifiés, dans le cadre de la création du
sanatorium, sur les terrains correspondant au parc du château sont faits en maçonnerie, très vraisemblablement de brique,
recouverte d'un enduit. Le corps de logis du château ainsi que les deux bâtiments de tuberculeux célibataires et le pavillon
Sculfort sont en rez-de-chaussée surélevé. Hormis le pavillon Sculfort et les bâtiments de la ferme qui ne s'élèvent que d'un
étage, tous les autres bâtiments sont surmontés de deux étages carrés. Le corps de logis du château et les deux bâtiments
de tuberculeux célibataires présentent une élévation ordonnancée.
Le corps de logis du château est couvert d'une toiture principale à longs pans et à croupes tandis que les tourelles qui le
cantonnent sont chacune coiffées d'un toit conique. Corps de logis et tourelles ont une couverture en ardoise. Les pavillons
carrés qui cantonnent les bâtiments de la ferme sont coiffés d'un toit en pavillon. Les divers bâtiments du sanatorium
sont eux aussi couverts d'un toit à longs pans et à croupes, mais leurs toits offrent une pente beaucoup moins prononcée
que ceux du château. Les deux galeries de cure d'air respectives des hommes et des femmes sont couvertes d'un toit en
appentis. La ferme du château et les bâtiments du sanatorium ont une couverture en tuiles mécaniques.