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• Bilan et réanimation spécialisée Dès que le
matériel de secours est disponible,
l'inhalation ou l'insufflation d'oxygène à
FiO2
= 1 est réalisé (masque facial à haute
concentration, ballon auto-remplisseur à
valve unidirectionnelle). La pose d'un accès
veineux périphérique (sérum isotonique non
sucré) et d'une sonde gastrique (permettant
l'aspiration du contenu de l'estomac et
améliorant la cinétique diaphragmatique)
sont réalisés.
Le bilan de la situation permet alors de
catégoriser le noyé dans l'un des quatre
groupes suivants :
- Aquastress : la victime a été simplement
immergée et n'a pas inhalé d'eau. Il
convient de la rassurer, de la réchauffer et
de contrôler sa glycémie. Une
hospitalisation de 24 heures en service de
médecine ou de lits dits « porte » est
nécessaire du fait d'une possibilité de
dégradation secondaire de l'état
respiratoire (inhalation liquidienne de
faible importance passée inaperçue
initialement).
- Petit hypoxique : de l'eau a pénétré dans
l'arbre respiratoire, mais les conséquences
demeurent réduites. La victime est
dyspnéique, tachypnéique et tousse. Le
pouls est rapide, l'hémodynamique est
conservée, l'auscultation pulmonaire peut
révéler quelques râles crépitants aux
bases ou quelques sibilants. L'examen
neurologique est normal, en dehors d'une
agitation anxieuse qui peut être notée. Il
n'y a pas de cyanose, la saturation
oxyhémoglobinée appréciée à l'oxymétrie
de pouls reste dans les limites de la
normale sous oxygénothérapie au
masque. Après vidange gastrique, le
patient est transporté sous surveillance
médicalisée vers l'établissement
hospitalier de destination, où il sera
hospitalisé au minimum 48 heures en
unité de soins intensifs, du fait d'une
toujours possible aggravation secondaire.
Grand hypoxique : la conscience est de
niveau variable avec obnubilation voire
coma. Le patient présente une détresse
respiratoire avec dyspnée, tachypnée,
cyanose de degré variable, désaturation à
l'oxymétrie de pouls. L'auscultation
pulmonaire retrouve de gros râles diffus
bilatéraux. La ventilation mécanique est
nécessaire et l'intubation endo-trachéale
sera réalisée sous couvert d'une induction
anesthésique en séquence rapide après pré-
oxygénation afin d'éviter de majorer
l'hypoxie. Une pression positive de fin
d'expiration (PEP) pourra être utilisée
durant le transport afin de débuter un
traitement précoce de l'œdème pulmonaire.
Le transport sera réalisé sous stricte
surveillance médicalisé. - Anoxique :
tableau d'un arrêt cardiorespiratoire
anoxique. Le traitement est habituellement
celui d'un arrêt cardiorespiratoire classique
avec possibilité d'effectuer une
défibrillation semi-automatique ou
manuelle sans risque particulier pour le
noyé ou pour les sauveteurs à condition de
respecter les règles de précaution
habituelles.
• Mise en condition de transport Le transport
s'effectue après stabilisation de la situation et
après contact avec la régulation médicale du
SAMU qui dirigera la victime vers le service
approprié. La surveillance durant le transport
est primordiale. Régulièrement actualisée,
elle peut conduire à des gestes
complémentaires en cours de trajet comme
une intubation endo-trachéale. Un support
pharmacologique intraveineux pourra être
utilisé en cas de difficultés à maintenir la
pression artérielle de la victime, et
corrélativement la pression de perfusion
cérébrale. L'utilisation de dobutamine (5 à 15
ug/kg/mn) en association éventuelle à la
noradrénaline (0,05 à 0,5 µg/kg/mn). La
sédation permettant l'adaptation au
respirateur peut être obtenue par le
midazolam (0,03 à 0,2 mg/kg/h),
éventuellement associé à un
morphinomimétique (morphine, fentanyl ou
sufentanil). Les perfusions font appel aux
solutés ne majorant pas, du fait de leur
hypotonicité, les lésions cérébrales. Le sérum
salé isotonique à 9
%o
constitue le choix de
première intention. Si un remplissage s'avère
nécessaire, les gélatines fluides modifiées et
l'hydroxyéthylamidon permettent de restaurer
une volémie.