INFORMATIONS
PROFESSIONNELLES
Est-ce que la télémédecine
intéresse vraiment
les médecins ? Dans quelles
disciplines ? « Le Quotidien »
a rencontré quelques-uns
de ses «militants».
CONFRONTÉ à un grand nombre
de patients touchés par des crises
de fibrillation auriculaire, le Dr Pa-
trick Dary n’a pas hésité une se-
conde dès qu’il a eu connaissance de
la campagne internationale « Au
cœur de l’AVC ». Le cardiologue li-
mousin a présenté pas moins de
trois dossiers, dont le projet
D.E.TE.C.T. (Dépister En TElé-Car-
diologie la Tachycardie), par lequel
il propose d’améliorer le dépistage
de la fibrillation grâce au monitoring
à distance (ECG et automesure ten-
sionnelle). Bien lui en a pris. L’opéra-
tion, qui consiste à faire voter le
grand public pour un projet qui sera
ensuite soutenu financièrement, a
très vite remporté les meilleurs suf-
frages et atteint la 9eplace. Il saura
fin juin s’il obtient la bourse de 50
000 euros qui l’aiderait à mettre en
place l’étude de faisabilité et l’ana-
lyse médico-économique pour les-
quelles il souhaite recruter quelque
500 patients sur deux ans.
« C’est indispensable de pouvoir
proposer autre chose que l’hospita-
lisation systématique, explique le
cardiologue libéral qui exerce éga-
lement à l’hôpital de Saint-Yrieix-la-
Perche. Aussi bien en amont qu’en
aval. Avec un dispositif de sur-
veillance à distance, nous pour-
rions, dans bien des cas, sécuriser
le retour des patients à domicile,
surtout quand ils sortent de l’hôpi-
tal un vendredi soir. »
Il l’expérimente déjà au quotidien,
avec un dispositif qu’il prête à ses
patients à risque. « S’ils ont une
crise, ils font un enregistrement de
leur rythme cardiaque, même sur
leur lieu de travail, et je reçois le
tracé 5 minutes après. »
Une décision confortée par l’avis
à distance. Autre domaine d’appli-
cation emblématique, la prise en
charge des urgences neurochirurgi-
cales. Le Dr Bruno Aesch, praticien hospitalier au CHRU de Tours, a
commencé, en 2008, par formaliser
des réunions de formation et des
consultations avancées avec les CH
de Châteauroux, Blois, Bourges et
Chartres. « Ces rencontres se sont
rapidement traduites par l’intérêt
d’organiser une garde de neurochi-
rurgie au CHU, qui s’appuie sur la
télétransmission d’images en-
voyées par les urgentistes de ces
centres hospitaliers », raconte-t-il.
Aujourd’hui, avec un rythme de près
de 1 000 avis de télé-expertise par
an, assurés par une garde de 7 neu-
rochirurgiens seniors, le médecin
– qui assume également la responsa-
bilité du pôle tête et cou du CHU –
se félicite d’une organisation béné-
fique à la fois à l’établissement (qui
avait tendance à conseiller les trans-
ferts vers le CHU par excès), aux pa-
tients, aux urgentistes… Et à l’en-
semble de la région, qui limite ainsi
le taux de « fuite » des patients vers
les régions limitrophes. Du coup, le
réseau s’étend actuellement au CH
de Chinon, et prochainement de Ro-
morantin. Tandis que les urgentistes
– et les institutions régionales – sou-
haiteraient l’élargir à la prise en
charge des AVC. « Dans un hôpital
comme le nôtre, les patients peu-
vent avoir l’impression qu’on ne
leur offre pas le maximum. Il nous
est désormais plus facile d’étayer
une décision de non-transfert car
elle est confortée par l’avis du neu-
rochirurgien à distance », souligne
par exemple le Dr Louis Soulat, du
pôle médecine d’urgence au CH de
Châteauroux.
Jusqu’à la psychiatrie. Le
champ des disciplines concernées
par la télémédecine s’est considé-
rablement élargi ces dernières an-
nées, même si les pratiques sont
restées expérimentales. L’organisa-
tion de journées annuelles telle que
Télésanté 2011 (1) ou, en no-
vembre, les rencontres de l’AN-
TEL (2), en témoigne. Les pra-
tiques médicales à distance ont
même conquis les psychiatres, qui
observent que « ce nouveau cadre
d’exercice a pu modifier de ma-
nière significative le déroulement
de l’acte, avec des particularismes
susceptibles de prendre un sens
clinique intéressant », comme le
souligne le Dr Didier Robin, chef
du service psychiatrie à l’EPSM-
Morbihan et président de CATEL
Réseau.
> DOMINIQUE LEHALLE
(1) http://www.journee-telesante.com/
(2) Association nationale de télémédecine,
http://www.antel.fr/
À noter, journée de télémédecine le 19 mai au
salon Hit Paris 2011. Palmarès des prix Hit
Télémédecine annoncé le 17 mai à 15 h 30.
http://www.health-it.fr/congres/congres-
programme.asp?theme=39
iPhone pour tous
les médecins au CH de
Valenciennes
À L’HEURE du grand chantier d’in-
formatisation des unités de soins,
comment motiver le corps médical
et l’intéresser à l’informatique de
l’hôpital ? « Nous avons décidé de
joindre l’utile à l’agréable en offrant
aux 350 médecins du centre hospi-
talier des iPhone », explique Jean
Guicheteau, directeur des finances
et du système d’information. Le
smartphone était proposé par Zeni-
doc, fournisseur de la solution de
dictée numérique, en remplacement
des enregistreurs numériques mo-
biles (1). Une façon de faire d’une
pierre deux coups puisque Cerner,
la société qui informatise les unités
de soins, avait développé la pres-
cription en mobilité à partir d’un
iPhone. L’adoption des smatphones
a permis de faire migrer la solution
développée par le CH de Valen-
ciennes sur PDA pour les cadres
hospitaliers de garde (5 kg de docu-
mentations au format numérique).
Les iPhone sont mastérisés avec les
applications « maisons » (lien avec
la dictée vocale, et progressivement
lien avec le SI hospitaliers, liste des
patients présents suivis, réception
des derniers résultats de laboratoire,
dernière prescription médicamen-
teuse en cours). Le contrat passé
avec Orange offre beaucoup de data
et deux heures d’appels personnels.
La moitié des iPhone ont été distri-
bués. « Certains médecins ont émis
des réserves quant à ce fil à la patte
– c’est vrai que c’est plus facile pour
les joindre rapidement – mais,
dans l’ensemble, ils sont satisfaits.
Je pense que cela donne une bonne
image de l’établissement. »
HAD : une box santé
au domicile du patient
La clinique Pasteur de Toulouse
teste depuis février auprès de pa-
tients en HAD un nouveau disposi-
tif de coordination des soins, le Me-
digate (nominé pour le prix HIT
2011, catégorie Communication
ville-hôpital). Cet outil innovant est
le fruit de deux ans de réflexions de
la clinique et d’une start-up toulou-
saine, MHCOMM, pour maintenir le
lien entre les différents interve-
nants (équipe soignante, famille)
lorsqu’un patient est admis en
HAD. Toutes les données trans-
mises ou saisies sont tracées dans
le dossier patient informatisé de la
clinique Pasteur. Multifonctions,
l’outil renferme une tablette tactile
pour la saisie d’information avec un
stylet. La tablette se redresse pour
servir d’écran. Le mode scanner
permet de numériser des docu-
ments et de les envoyer par fax.
C’est une nouvelle version du tra-
ditionnel cahier de liaison. Le test
prévu jusqu’en juin sur une tren-
taine de patients doit servir à véri-
fier l’ergonomie de l’appareil pour
les patients, qui peuvent aussi s’en
servir pour demander des médica-
ments. Le système permet égale-
ment une télésurveillance de l’état
du patient en reliant par exemple
un tensiomètre.
La reconnaissance vocale
dans le « cloud »
Nuance va profiter d’ HIT pour an-
noncer la sortie de sa plate-forme
en ligne (dans le « cloud ») pour
Dragon Medical, son logiciel de re-
connaissance vocale assorti d’un
dictionnaire médical qui convient
à toutes les spécialités (dans 90 %
des cas). Une telle version sera
plus facile à déployer pour les éta-
blissements, qui sont encore très
peu nombreux à profiter de la re-
connaissance vocale. Nuance éva-
lue à 8 000 le nombre total de ses
utilisateurs (Dragon et Speech
Magic) dans le domaine de la
santé en France (contre 150 000 à
200 000 clients dans le monde). La
tendance est cependant à la
hausse. En 2010, Nuance Health-
care a gagné 1 800 nouveaux
clients dont 60 % dans le secteur
public et 40 % dans le secteur
privé (cliniques et libéraux). Les
logiciels de gestion des dictées
(workflow) l’intègrent aujourd’hui
pratiquement tous. SpeechExec
Enterprise de Philips l’associe de-
puis sa récente version 4.0.
Aide à la décision après AVC
130 000 AVC par an et autant de si-
tuations d’urgence dont l’évolution
dépend de la rapidité de la prise de
décision. D’où l’initiative du Pr Ni-
coli, à l’hôpital de la Timone à Mar-
seille, de réaliser avec l’aide de trois
ingénieurs une suite logicielle pour
aider les praticiens dans leur prise
de décision. Une société, Olea me-
dical, a été créée pour commerciali-
ser les suites diagnostiques IRM et
CT-Scan PerfScape NeuroScape
AVC permettant une analyse
d’image en moins d’une minute et
un diagnostic en temps réel. Les
suites d’AVC sont utilisées en rou-
tine clinique dans de nombreux
centres CHU de Besançon, et aussi
aux États-Unis. Les résultats cli-
niques et fonctionnels des patients
pris en charge ont été améliorés,
78 % de guérison totale depuis l’uti-
lisation des logiciels contre 58 % au-
paravant. Ces outils s’intègrent dans
les systèmes de télémédecine. (No-
miné pour le prix HIT 2011, catégo-
rie Système d’information décision-
nel).
> MARIE-FRANÇOISE DE PANGE
(1) Philips Speech processing vient de
lancer son enregistreur de dictées pour
iPhone à intégrer dans sa solution de
gestion de dictées SpeechExec Enterprise,
adoptée par nombre d’établissements
(institut Montsouris par exemple).
L’enregistrement s’active en secouant
l’iPhone.
Technologie et santé : HIT ouvre demain
Qui veut faire de la télémédecine ?
Ces hôpitaux qui innovent
La palette des spécialités touchées par la télémédecine s'est élargie ces dernières années
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30 millions deuros
en 2011
Le Fonds pour la modernisation des
établissements de santé publics et
privés (FMESPP) viendra en soutien
des projets Télémédecine pour un
montant de 26 millions d’euros. Les
ARS auront à sélectionner les dos-
siers, sachant que la priorité doit al-
ler à la prise en charge de l’AVC (11,6
millions d’euros), l’imagerie en
termes de permanence des soins et
la santé des détenus. Mais la circu-
laire ouvre le périmètre à « des
chantiers à caractère plus innovant :
la prise en charge d’une maladie
chronique (insuffisance rénale chro-
nique, insuffisance cardiaque ou dia-
bète) et les soins dans les struc-
tures médico-sociales ou en HAD ».
5,8 millions d’euros sur trois ans
sont également mobilisés sous la
forme de subventions directes de
l’ASIP Santé dans le cadre de son ap-
pel à projets 2011 (cinq projets de «
grande qualité » seront retenus).
4- LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - N° 8963 - LUNDI 16 MAI 2011 - www.lequotidiendumedecin.fr
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