Santé
Les enjeux de la télémédecine
en Lorraine
La médecine de l’avenir
Pont-à-Mousson. La mise en
œuvre de certains outils de té-
lémédecine permet de gagner
sur les temps d’intervention
afin de sauver la vie des pa-
tients et épargner celle des
médecins. « Dans les situa-
tions sans délais quand des
chirurgiens prennent un avi-
on de nuit par mauvais temps
pour prélever un organe, on
met en danger une équipe »,
avance Étienne Chouvet, mé-
decin coordonnateur hospita-
lier des prélèvements d’orga-
nes et de tissus au CHR de
Metz-Thionville.
Jeudi soir, à l’abbaye des
Prémontrés de Pont-à-Mous-
son, dans le cadre des rencon-
tres sur « La télémédecine en
actions », le médecin présen-
tait l’application, utilisée de-
puis le mois de juin, permet-
tant aux chirurgiens de
disposer d’images scanners
de l’organe en plus de la des-
cription anatomique. « Le chi-
rurgien se déplace car il sait
que le prélèvement est possi-
ble, avant il découvrait la si-
tuation sur place ».
Étienne Chouvet considère
la télémédecine comme « un
outil moderne de transmis-
sion d’images et d’informa-
tions sécurisées aux normes
médicales ». Une prouesse
rendue possible par « Télé-
santé Lorraine », un groupe-
ment de coopération sanitaire
(GCS) auquel adhèrent 45 éta-
blissements à ce jour. Le mé-
decin croit en l’avenir de la
télémédecine car « on ne peut
pas avoir de spécialistes dans
tous les domaines au sein de
l’ensemble des centres hospi-
taliers ».
Les outils de téléconsulta-
tion réduisent les temps de
prise en charge de victimes
d’AVC (accident vasculaire
cérébral). Les neurologues du
CHU de Nancy suivent les pa-
tients présents dans les cen-
tres hospitaliers de Bar-le-
Duc, Verdun et Épinal. Denis
Titah, cadre hospitalier, utilise
lui aussi le chariot de télémé-
decine auprès des patients du
centre pénitentiaire de Nan-
cy-Maxéville pour les consul-
tations pré-anesthésiques et
dermatologiques. « L’entre-
tien est interactif entre le pa-
tient et le médecin. De plus, on
gagne du temps en évitant les
sorties du centre ».
Après le passage en revue
des différents outils, à com-
mencer par la téléradiologie,
une table ronde a réuni deux
généralistes, un médecin gé-
riatre et Alexandre Horrach,
directeur général de l’AEIM,
pour évoquer les autres usa-
ges d’une télémédecine en
Lorraine, soutenue par l’ARS
et « considérée comme une
référence nationale », selon
son président, Claude d’Har-
court.
Les généralistes ont souli-
gné un confort pour les pa-
tients qui perdaient du temps
dans les transports et les salles
d’attente avant de faire exami-
ner une lésion cutanée en
quelques minutes. Ils sont fa-
vorables à tous ces outils mais
craignent les problèmes tech-
niques lors des consultations à
distance avec les spécialistes.
Jean-Louis Fuchs, chargé de
mission en systèmes d’infor-
mation à l’ARS, assure que le
« zéro défaut pendant 24 heu-
res n’existe pas ». Cependant,
le GCS Télésanté a mis en pla-
ce « une continuité de services
y compris en mode dégradé ».
« La bonne utilisation des
outils peut entraîner une ri-
chesse importante », pointe
Alexandre Horrach, avant de
définir la télémédecine. « Il
s’agit de faire d’une compé-
tence plurielle, une compé-
tence unique au service de la
personne ».
Jérôme BOURGUIGNON
쮿Un chariot de télémédecine identique est utilisé au centre
pénitentiaire de Nancy-Maxéville Photo ER
L'Est Républicain - Région Lorraine / Sa. 28
Septembre 2013