67
••••••••
(prédominancesur lessolides)permet
d’évoqueren prioritéune dysphagie
«organiquparrétrécissementde la
lumièrsophagienne. Ainsi,une
dysphagie aux solidesintermittente,
survenantessentiellementpour les
aliments lesplus volumineux doit
fairvoquerune sténosemodérée
ouunanneauœsophagien qui
peuventpasserinaperçus particulière-
mentsil’endoscopie est réalisée avec
unendoscope de petitcalibrecomme
unnasofibroscope ouunendoscope
pédiatrique. Inversementune dys-
phagie non sélectivedoitfairvoquer
en prioritéuntrouble moteur œso-
phagien.
Lesiège de ladysphagie doitêtre
prisen compte. Ainsi,une dyspha-
gie basseourétrosternale est syno-
nyme d’une origine œsophagienne.
Inversement,une dysphagie haute
peut êtreenrapport avecune
pathologie oro-pharyngée même si
d’authentiquespathologiesœsopha-
giennespeuventêtreresponsables
d’une dysphagie cervicale.
Lessignesassocssonttrèsimpor-
tants àfairepréciser.Ainsi,l’asso-
ciation d’une dysphagie hauteàdes
régurgitationspharyngo-oralesou
pharyngo-nasales,lesfaussesroutes
aux liquides,oudesmodifications
de lavoixdoiventfairvoquerune
dysphagie d’origine oro-pharyngée.
Desrégurgitationsalimentairesou
desdouleurs thoraciquesd’allurean-
gineusesontfréquemmentassociées
àdestroublesmoteurs œsophagiens.
Lecontextepathologiquepeut
égalementorienterle diagnostic.
Ainsi,une dysphagie aux solides,
La dysphagie
àendoscopinormale»
intermittente,«capricieusdansun
contextedereflux gastro-œsopha-
gien ancien doitfairesuspecterune
sténosepeptiqueouunanneaude
Schatzki. Une dysphagie ancienne
sansretentissementde l’étatgénéral
chezunpatientjeune avecterrain
atopique(en particulierasthmatique)
est trèsévocatricedune œsophagite
àéosinophiles.Lediagnosticdevient
quasimentcertain siexistelanotion
d’unouplusieurs épisodesd’impac-
tion alimentaire. Lesautrescauses
fréquentesd’impaction alimentaire
sontreprésentéesparl’achalasie et
l’anneaude Schatzki.
L’endoscopie
est-elle normale?
Ilest difficile de définirla«norma-
lité» d’une endoscopie. Cependant,
chezunpatientdysphagique,l’endos-
copistedoitêtreparticulièrement
attentif lors de l’analysedel’œso-
phage etrechercherplusieurs signes
quipeuventreprésenterautantd’élé-
ments d’orientation diagnostique.
Lediatredel’œsophage
Lessténosesœsophagiennespeuvent
passerinaperçuessiellessontmodé-
réesetsil’endoscopie est réalisée
avecunappareil de petitcalibre. Il
faut êtreparticulièrementattentif au
calibredelajonction œso-gastrique
quipeut êtrefranchie sansressaut
Objectifspédagogiques
Savoirdéfinirune endoscopie
normale;
Connaîtreleséléments séméio-
logiquesdiscriminatifsd’une dys-
phagie;
Connaîtrelesexplorationsdiges-
tivescessaires.
Introduction
La dysphagie est unmotif fréquentde
consultation en gastroentérologie. Elle est
considéréejustetitre,comme unsymp-
tôme d’alarme imposantle recours àl’en-
doscopie quelle quesoitlaprésentation
clinique. L’endoscopie vapermettreledia-
gnosticde cancerde l’œsophage,d’œso-
phagitepeptiquesévère,de sténosepep-
tique,d’achalasie de l’œsophage évoluée.
Ilest possible quel’endoscopie ne
puissepasidentifierl’origine de la
dysphagie pour plusieurs raisons:la
causen’est pasœsophagienne,les
anomaliesendoscopiquessontmi-
nimesounon reconnues,ouil sagit
d’untrouble moteur œsophagien. La
priseencharge diagnostiqueetthé-
rapeutiquedesdysphagiesd’origine
oro-pharyngéesne serapastaillée
danscetexte.
La séméiologie
desdysphagies
L’interrogatoireest ulémentessen-
tiel de ladémarche diagnostique
d’une dysphagie inexpliquée. Le
caractèresélectif de ladysphagie
F.ZERBIB,
H.LAMOULIATTE
(Bordeaux)
Tirésàpart :Frank Zerbib, Serviced’hépato-gastroentérologie,HôpitalSaintAndréCHU
de Bordeaux -33075Bordeaux.
êtrerecherchéeschezunpatient
dysphagiqusansraison évident.
Desstriesœsophagiennesdonnantà
l’œsophage unaspect«pseudo-
traca,dessillonslongitudinaux,
unaspecten pavage de lamuqueuse
œsophagienne,desdépôts blan-
châtres,sonttrèsévocateurs d’une
œsophagiteàéosinophiles[2]etdoi-
ventfairepratiquerdesbiopsieséta-
géesde l’œsophage. Lors desbiop-
sies,descollements en lambeaux,
parfoisimportants,sontégalement
évocateurs d’une œsophagiteàéosi-
nophilesmaispeuventégalement
êtreletémoin d’une œsophagite
disséquante. Descollements mu-
queux peuventêtrgalementliés
aufrottementde l’endoscope etdoi-
ventfairvoquerle diagnostic
d’œsophagitedisséquante. Néanmoins,
en casd’œsophagitedisséquante
primitive,laprésencedune sténose
œsophagienne est quasi-constante
en casde dysphagie.
Quelsexamens
complémentaires?
Lesbiopsiesœsophagiennes
Encasde dysphagie àendoscopie
«normale »,il est indispensable de
réaliserdesbiopsiesœsophagiennes,
qu’il yaitdesaspects endoscopiques
évocateurs d’œsophagiteàéosino-
philesounon. Desétudesontmontré
qu’il fallaiteffectueraumoins
5biopsiesétagéessur toutelahau-
teur œsophagienne cequipermettait
d’avoirune sensibilitéde100 %[3].
Ilest égalementimportantde préciser
àl’anatomo-pathologistederecher-
cherune œsophagiteàéosinophiles
c’est-à-diredecompterle nombre
d’éosinophilesparchamp. Leconsen-
sus récemmentpublié considèreque
le seuil de 15 éosinophilesparchamp
(fort grossissement)doitêtreretenu
pour porterle diagnostic[2].La réa-
lisation de biopsiespermetégale-
mentde constaterdescollements
muqueux pouvantenterdansle
cadredune œsophagitedisséquante.
Letransitbaryté
de l’œsophage
Cetexamen peut permettredemettre
en évidencedesanneaux œsopha-
gienspassésinaperçus en endos-
copie,comme l’anneaude Schatzki.
Ilest importantquedesclicsde
profil soientréaliséscarcertains
anneaux ne sontvisiblesquesur ces
incidences.Letransitbarytépeut
égalementrévélerune sténosemo-
rée dubasœsophage. L’existence
de troublesmoteurs œsophagiens
peut êtresuspectée sur untransit
montrantunaspectd’œsophage en
«tire-bouchon »maislascificitéde
cessignesradiologiquesest faible,
particulièrementchezlessujets âs.
Néanmoins,uncertain degréde
dilatation œsophagienne,undiverti-
cule de pulsion auniveaudu1/3 in-
rieur de l’œsophage ouundéfaut
de clairancsophagienne duproduit
de contrastepeuventégalementêtre
dessignesde troublesmoteurs œso-
phagiens.
Letransitbarytépermettraégalement
de mieux préciserl’impression de
compression extrinsèquedel’œso-
phage en casde pathologie médias-
tinale (tuberculose,adénopathies)ou
en casde dysphagialusoriaquicor-
respond àl’implantation aberrante
de l’artèresous clavredroitequi
vadonccroiserlaligne médiane et
comprimerl’œsophage. Cetteano-
malie anatomique(prévalencede
0,7%) est souventasymptomatique
(60-70 %descas)maispeut devenir
responsable d’une dysphagie surtout
après40ans.Dansune série récente
de 6patients,l’endoscopie ne révé-
laitaucune anomalie significative
dans3cas,etune «impression pulsa-
tile»contrel’œsophage dans3cas[4].
Letransitbarytépermetle diagnostic
danstous lescas,etpeut êtreaidé
duscanner[5].
Enfin,il faudratoujours êtreattentif
àlaportion cervicale de l’œsophage
en recherchantundiverticule de
Zenker,causefréquentededyspha-
gie hauteetsouventassocàune
anomalie de relaxation dumuscle
cricopharyngien. Ilfaut cependant
soulignerquelanalysedesdys-
phagieshautesimposelaréalisation
d’une vidéo-radiographie de ladéglu-
alors quune sténosepeut êtrefacile-
mentvisible sur untransitbaryté
de l’œsophage. Cettesituationest
particulièrementfréquentedansun
contextedeRGO avecantécédent
d’œsophagitepeptiquealors même
qu’il n’existeaucune anomalie
muqueuse. Danscettesituation,la
dysphagie peut êtreexpliquée par
desremaniements fibro-inflamma-
toiresde laparoi œsophagienne.
Lanneaude Schatzki,quisurvient
égalementsouventdansuncontexte
de RGO,est parfoistrèspeuserréet
difficile àvoiren endoscopie auni-
veaude lajonction œso-gastrique.
Dansles2cas,une dilatation instru-
mentale permetle plus souventde
soulagerrapidementetdurablement
lespatients,cequiconfirme l’hypo-
tsediagnostiqueaposteriori.
La stassophagienne
Lorsquune stassophagienne est
abondante,contenantdesrésidus
alimentaires,le diagnosticde trouble
moteur œsophagien (en règle une
achalasie) est aisé. Toutefois,les
signespeuventêtrebeaucoupplus
discrets.Ilest anormaldeconstater
une stasemême modérée de liquide
dansl’œsophage. Cesigne témoigne
d’undéfaut de clairancsophagienne
etdoitfairvoquerimpérativement
untrouble moteur œsophagien.
Lesspasmesœsophagiens
La miseevidencedecontractions
spastiquesde l’œsophage durantune
endoscopie peut fairvoquerun
trouble moteur œsophagien. Ilenva
de même de lasensation de ressaut
aufranchissementducardiaquipeut
parfoiségalementêtrelesiège d’un
spasme important.Sidanscertains
cas,cesconstationssonteffective-
menten rapport avecdestroubles
moteurs,leur scificitéetsensibilité
sontprobablementaussimédiocres
quecelle desimagesd’untransit
barytédel’œsophage [1].
Lesanomaliesde lamuqueuse
œsophagienne
Desanomaliesparfoissubtilesde la
muqueussophagienne doivent
68
••••••••
Maladie desspasmesdiffus :Plus
de 20 %d’ondesœsophagiennes
distalessimultanées;
Défaut de relaxation duSIO :ri-
staltisme œsophagien normalmais
pression résiduelle duSIO lors des
déglutitions>8mmHg;
SIO hypertonique:pression de
repos>45mmHgetristaltisme
œsophagien normal.
Autresexamens
LIMPÉDANCEMÉTRIE ŒSOPHAGIENNE
L’impédancemétrie œsophagienne
couplée àlamanométrie apermisde
mieux définirlapertinencedesano-
maliesmanométriquesobservées.
L’impédance(en ohms)représente
l’opposition àuncourantentredeux
électrodes; elle est doncinversement
proportionnelle àlaconductivité
électriquedumatériel danslequel ce
courantcircule. Lesconductivitésde
laparoi œsophagienne,de l’air,ou
de différents bolus (salive,contenu
gastrique) sontdifférentes,de telle
sortequelaprésencedechacunde
ceséléments aucontactd’électrodes
placéesdansl’œsophage vainduire
unprofil d’impédancedifférent.
Ainsi,laprésencedunbolus de
faible conductivitécomme l’air,in-
duitune augmentation de l’impé-
danceentrelesdeux électrodes,alors
quunbolus liquide,de haute
conductivitéélectrique,provoque
une chutedel’impédanceendolumi-
nale [8].Lors d’une étude couplée
manométrie-impédancemétrie,il est
possible d’analysersimultanémentla
motricitéœsophagienne (amplitude
etpropagation desondesde contrac-
tion) etlarésultantefonctionnelle en
terme de transitdubolus dégluti.
Tutuianetal. [9]ontmené une
étude chez350sujets présentantsoit
une manométrie normale soitdes
anomaliestellesquecellescrites
plus haut.Ilsontmontréquaucun
despatients avecachalasie ouœso-
phage scrodermiquenavaitun
transitnormaldubolus œsophagien.
Environ 50%despatients avecma-
ladie desspasmesdiffus etmotricité
œsophagienne inefficaceavaitun
transitnormaldubolus œsophagien,
alors quecetteproportion étaitde
tition (radiocinéma)quipermetune
étude fonctionnelle de lacoordina-
tion pharyngo-laryngée etlamise
en évidenceduventuel diverti-
cule de l’œsophage cervical[6].
La manométrie œsophagienne
C’est unexamen indispensable dans
le contextedune dysphagie inexpli-
quée parl’endoscopie etlesbiopsies
œsophagiennes.La manométrie per-
metl’étude desondesde contraction
œsophagiennes(amplitude,durée et
propagation) etdusphincterinfé-
rieur de l’œsophage.
Lachalasie est le trouble moteur
œsophagien primitif le plus fréquent,
associantaristaltisme œsophagien
completetabsencederelaxation du
SIO.Lediagnosticest relativement
aiséetlapriseencharge trapeu-
tiquerelativementbien codifiée repo-
santsur lesdilatationspneumatiques
de premièreintention etsur lamyo-
tomie chirurgicale en casd’échec[7].
Danslesformesévoluées,l’endos-
copie n’est pasnormale,montrant
usophage trèsdilatécontenant
une stassophagienne. Néanmoins,
danslesformesbutantes,l’endos-
copie peut êtrestrictementnormale
oune montrerquedediscrètesano-
malies(minime staseliquidienne,
ressaut ouspasme cardial).
Lestroublesmoteurs œsophagiens
non achalasiquessontplus difficiles
àappréhender.Touteladifficultéest
de mettresur le comptedesanoma-
liesmanométriquesune dysphagie
inexpliquée. Lesprincipalesanoma-
liesmanométriquesrencontréessont
lessuivantes:
Œsophage scrodermique:scro-
dermie confirmée selon lescritères
cliniquesusuelsethypotonie des
ondesœsophagiennesdistalesavec
ousanshypotonie duSIO ;
Œsophage casse-noisettes:ristal-
tisme normalmaisondesœso-
phagiennesdistalesd’amplitude
moyenne >180mmHg;
Motricitéœsophagienne inefficace
ineffectiveesophagealmotility») :
plus de 30%d’ondesœsophagiennes
distalesd’amplitude <30 mmHg;
95 à100 %pour lesautrescatégo-
riesde patients.Ilsemble doncque
lapertinencedesanomaliesmano-
triquesen terme de dysphagie ne
concerne quelespatients chezqui
unralentissementdutransitdu
bolus œsophagien est constaté. Il
faut cependantsoulignerquesensi-
bilitéetscificitédesanomalies
tectéesen impédancemétrie sont
relativementmédiocrespuisque50%
despatients dysphagiquesde cette
série avaientuntransitœsophagien
normaletque30 %despatients non
dysphagiquesavaientuntransitde
bolus œsophagien ralenti.
LAMANOMÉTRIE HAUTE RÉSOLUTION
La manométrie hauterésolution
(MHR)permetune étude bien plus
précisedelamotricitéœsophagienne
quelamanométrie classique. Ces
performancesreposentsur l’utili-
sation de sondeséquipéesde 36 cap-
teurs électroniquespermettantune
représentation spatio-temporelle en
«pseudo 3D»desvaleurs de pression
obtenues.Selon lesétudes,pour
l’exploration desdysphagies,l’apport
diagnostiquedelaMHR seraitde 12
à20 %parrapport àlamanométrie
conventionnelle.AinsilaMHR peut
rectifierdesdiagnosticsde «pseudo-
relaxation »duSIO liée auraccour-
cissementœsophagien dansl’acha-
lasie vigoureuse,faireladifférence
entredesspasmesœsophagienset
une augmentation importantedela
pression intra-bolus lors desdéglu-
titions[10].Resteleproblème de la
pertinencecliniquedesanomalies
observéesquin’est paspour l’instant
clairementétablie.
Conduiteàtenir
La conduiteàtenirproposée (Fig. 1)
tientcomptedesdifférents éléments
citéspréalablement.
Chezunpatientdysphagique,l’ana-
lyseducontextecliniqueest essen-
tielle etdoitbien sûr interveniravant
même laréalisation de l’endoscopie.
Ilfaudrasavoirévoqueravantl’en-
doscopie,lapossibilitédune dys-
phagie oro-pharyngée,d’une œso-
phagiteàéosinophiles(adultejeune,
69
••••••••
collements muqueux spontas,
lors dufrottementde l’endoscope ou
desbiopsiesdevrontêtrenotés.
Enfin,même en l’absencedanoma-
lie,desbiopsiessystématiques
doiventêtreréalisées,auminimum
5répartiessur toutelahauteur de
l’œsophage. Encasde suspicion
d’œsophagiteàéosinophiles,il peut
existerune hyperéosinophiliesurla
nuration formule sanguine dans
10à50%descas.
Letransitbarytédel’œsophage doit
êtreproposéendeuxième intention
pour rechercherdesanomaliesde
calibre(dilatation,sténose),desdia-
phragmes,une compression extrin-
sèque,voireundiverticule de
Zenker.Desclicsde profil etde
l’œsophage cervical(de profil égale-
ment)devrontêtreobtenus.
La manométrie œsophagienne permet
de poserle diagnosticde troubles
moteurs œsophagiens,particulière-
mentl’achalasie etlamaladie des
spasmesdiffus,lesautrestroubles
moteurs œsophagiensn’étantpas
assurémentresponsablesde dyspha-
gie. Lesplacesrespectivesde l’étude
couplée manométrie-impédanceet
de lamanométrie hauterésolution
serontcertainementpréciséesdans
lesannéesàvenir.
Silebilanest négatif etquelepa-
tientaune dysphagie haute,il faut
orienterlesinvestigationsvers une
origine oro-pharyngée etenvisager
laréalisation d’une vidéoradiogra-
phie de ladéglutition.
Casparticuliers
L’œsophagiteàéosinophiles
L’œsophagiteàéosinophilesest
l’objetd’unregain d’intérêtrécent,
probablementàlafaveur d’une inci-
denceenforteaugmentation,bien
quelesdonnéessoientfinalement
assezcontradictoires[2].Iln‘est pas
excluquenous soyonsplus attentifs
aujourd’huiàdesanomaliesendo-
scopiquesethistologiquesquenous
rencontrionsantérieurementsansy
prêterattention. Ilsagitd’une mala-
die trèsfréquentechezl’enfantet
l’adultejeune,dontlaphysiopatho-
logie est assezmalconnuemaisqui
faittrèsprobablementintervenirdes
canismesimmunoallergiques,en
particuliervis-à-visde protéines
alimentaires.La triade cliniqueest
trèsévocatrice:adultejeune,terrain
allergique(asthme),épisode d’im-
paction alimentaire. L’interrogatoire
révèle toujours l’existencedune
dysphagie ancienne laplus souvent
sansretentissementsur l’étatgéné-
ral. Silesaspects endoscopiques
précédemmentcrits sonttrèsévo-
cateurs,ilspeuventêtrediscrets ou
absents cequijustifie laréalisation
de biopsiesœsophagiennessystéma-
tiques(auminimum5)encasde
dysphagie inexpliquée. Lediagnostic
histologiqueest relativementsimple
silanatomo-pathologisteest orienté
parle clinicien,etreposesur lamise
en évidencedune hyperéosinophilie
intra-épithéliale (> 15 parchamp à
fort grossissement). Lesprincipaux
diagnosticsdifférentielssont:le RGO,
asthmatiqueavecépisodesd’impac-
tion alimentaire),d’unRGO ancien
pouvantsecompliquerde sténose
peptiqueoud’anneaude Schatzki.
L’endoscopie auraunmeilleur rende-
mentdiagnostiquesil’endoscopiste
est attentif àcertainesanomaliesde
calibre(sténosemodérée,anneaux),
de contenu(staseliquidienne mi-
nime) oude lamuqueuse(stries,
sillons,dépôts blanchâtres). Des
70
••••••••
Dysphagie
Endoscopie Anormale(QS)
Sténosmodérée »
Anneau
Stase
Spasmes
Stries/sillons
Dépôts blanchâtres
Compression
«normale »
?
Biopsiesétagées++
Œsophagite
àéosinophiles
et/oudisséquante
Normales
Manométrie œsophagienne
TOGD
Trouble moteur œsophagien
Diaphragme
Sténose«modérée »
Compression extrinsèque
Diverticule (Zencker)
Dysphagie oro-pharyngée ?
>Vidéoradiographie
+
-
FIGURE 1
TABLEAUI
LES PRINCIPALES CAUSES
DE DYSPHAGIE
ÀENDOSCOPIE «NORMALE »
Anomaliesde calibre
Sténosepeptiqumodérée »
Anneaude Schatzki,diaphragme
Compression extrinsèque
Anomaliesde lamuqueuse
Œsophagiteàéosinophiles
Œsophagitedisséquante
Troublesmoteursœsophagiens
Achalasie débutante
Maladie de spasmesdiffus
Autres?
Dysphagie oro-pharyngée (qs)
fréquentaux dilatations.Dune ma-
nièregénérale,il n’existepasde
traitementcodifié desODC.
Lestroublesmoteurs
œsophagiens
La priseencharge trapeutiquede
l’achalasie de l’œsophage faitappel
en premièreintention aux dila-
tationspneumatiquesouàlacar-
diomyotomie chirurgicale. Ledébat
resteouvert entrelestenants dutraite-
mentendoscopiqueetleséquipes
préférantd’emblée proposerune
priseencharge chirurgicale. Dans
notreexrience,lesdilatations
pneumatiquespermettentune rémis-
sion dans90%descas,1/3 despa-
tients rechutantdansles2ans.La
réalisation de dilatationspneuma-
tiques«àlademande »permetde
mainteniren rémission laquasi-
totalitédespatients [7].La réponse
viendrapeuttredesétudesrando-
miséesactuellementen cours.
La priseencharge destroublesmo-
teurs œsophagiensnon achalasiques
est peurapportée danslalittérature.
La plupart desétudesconcernentla
maladie desspasmesdiffus de
l’œsophage,sontrarementcontrô-
léesetontinclus de petits effectifs.
La premièreoption consisteàcher-
cheret/outraiteruventuel reflux
gastro-œsophagien quipeut induire
desspasmesœsophagiens[1].En
deuxième intention,untraitement
médicalfaisantappel aux rivés
nitrésouaux inhibiteurs calciques
peut êtreproposé. Encasd’échec,
l’injection de toxine botuliquedans
le cardiapeut représenterune option
intéressante. Plusieurs sériesou-
vertesontrapportédebonsrésultats
desdilatationspneumatiques.Dans
notreexrienceportantsur 21pa-
tients avecdivers troublesmoteurs
non achalasiques(dont6maladies
desspasmesdiffus),lesdilatations
pneumatiquesontpermisd’obtenir
une rémission prolongée dans71%
descas.Ilfaut noterquel’hyperto-
nie oulestroublesde larelaxation
duSIO n’influençaitpaslaréponse
autraitement[12].Lerecours àla
cardiomyotomie chirurgicale doit
resterexceptionnel,lesséries
lagastroentériteàéosinophiles,la
maladie de Crohn,le syndrome hyper-
éosinophilique,lesconnectivites.En
pratique,le diagnosticpositif est
trèsaisé. Letraitementd’une œso-
phagiteàéosinophilesreposesur les
corticoïdestopiques.Ilconsisteà
faireavaleraupatientdesbouffées
de corticoïdeshabituellementutilisés
en inhalation (2à4boufféesde
220µgparjour pendant4à6se-
maines). Lessymptômesrécidivent
souventàl’arrêtdutraitementet
peuventcessiteruntraitement
d’entretien dontl’objectif est d’obte-
nirlarémission cliniqueplus qu’his-
tologique[2].Encasde symptômes
sévèresrésistants àcettepriseen
charge,lescorticoïdespeuventêtre
administrésparvoie générale. Des
dilatationsinstrumentalespeuvent
êtreproposéesen casde sténose.
L’intérêtdubilanallergologiqueet
l’exclusion desaliments responsables
ontétéclairementdémontréschez
l’enfant,maisnous ne disposonspas
de donnéeschezl’adulte.
L’œsophagite
disséquantechronique
L’œsophagitedisséquante(ODC)est
définie parundécollementsuperfi-
ciel de lamuqueussophagienne
occasionné parle frottementde l’en-
doscope oulors de biopsiesœsopha-
giennes.Dansnotreexrience,les
ODC sontprimitivesdans20%des
casmaisune sténossophagienne
est toujours retrouvée cequisort
alors ducadredesendoscopies«nor-
males»[11].LesODC secondaires
surviennentdansuncontextede
RGO,de maladie dermatologique
(lichen plan,pemphigus vulgaire),
d’œsophagiteàéosinophiles,de can-
cerde l’œsophage oude maladie de
Crohn. Ilest difficile d’affirmerque
laconstatation d’une ODC dansun
tel contexteexpliqueàelle seule,
une dysphagie en l’absencedesté-
nose. Dansnotresérie de 15 cas
d’ODC secondaires,lesformessans
sténosesétaientreprésentéesparles
œsophagitesàéosinophiles(n =3),le
RGO (n =3)etlamaladie de Crohn.
LesODC sanssténosesontcaracté-
riséesparle caractèremoinssévère
de ladysphagie etle recours peu
publiéesétanttrèslimitéeset
portantsur de faibleseffectifstrès
sélectionnés.
Conclusion
La démarche diagnostiquedevant
une dysphagie «inexpliquée »impose
unexamen endoscopiqueminutieux,
attentif àdesanomaliesdiscrètes
quiontpupasserinaperçueslors
d’unexamen précédentoulors d’un
premierpassage de l’endoscope. Les
anomaliesde calibre,de contenu,ou
de lamuqueusedoiventretenirl’at-
tention de l’endoscopistequidevra
danstous lescas,effectuerdesbiop-
siesœsophagiennes.Cetteattitude
est justifiée parl’émergencedepa-
thologiestellesquelesœsophagites
àéosinophilesoulesœsophagites
disséquantes.Letransitbarytéde
l’œsophage etlamanométrie œso-
phagienne sontdescompléments
utilesmême silapertinencedes
anomaliesobservéesest parfoisdif-
ficile àapprécier.
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Ouwendijk RJ.Dysphagialusoria:
clinicalaspects,manometricfindings,
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