Énoncé de politique L`aspect économique des élections

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Série sur la politique économique – Septembre 2009
Énoncé de politique
L’aspect économique
des élections
Introduction
Les Canadiens sont allés aux urnes trois fois
dans une élection fédérale générale depuis 2004
et, chaque fois, ils ont élu un gouvernement
minoritaire. «Les gouvernements minoritaires
des cinq dernières années semblent avoir incité
les gens à vouloir retourner aux gouvernements
majoritaires.»1 Dans un récent sondage de Harris/
Decima, 64 % des Canadiens préféraient l’option
majoritaire, tandis que 24 % favorisaient l’élection
d’un gouvernement minoritaire la prochaine
fois. Les Canadiens semblent fatigués d’aller
aux urnes.
Seulement 58,8 % des électeurs canadiens
admissibles ont voté lors de l’élection du 14
octobre 2008, le pourcentage le plus bas de
l’histoire. Lors de l’élection générale du 23
janvier 2006, 64,7 % des électeurs inscrits avaient
participé. La participation au scrutin a diminué
considérablement depuis 1988 après avoir atteint
1
« La démocratie est fondée sur le droit des
citoyens de participer à la prise des décisions
qui les concernent et à la formulation des règles
Harris/Decima. « Canadians Say It’s Time for a Majority Government ». Le 12 juillet 2009.
L
a Chambre de commerce du Canada favorise
l’établissement d’un environnement commercial
solide, concurrentiel et productif qui profite
à tous les Canadiens. Ce document fait partie
d’une série d’études techniques indépendantes
portant sur les “principales questions de politique
gouvernementale auxquelles le Canada est confronté
à l’heure actuelle.
Série sur la politique
économique commandité par:
environ 75 % entre 1945 et 1988 (voir le tableau
1). Le Canada n’est pas seul pays à afficher cette
tendance. La participation électorale est en baisse
dans de nombreux pays industrialisés.
Nous espérons que cette analyse sensibilisera le
public à ces questions et aidera les décideurs à
faire des choix éclairés. Les études ne visent pas à
recommander des solutions politiques particulières,
mais plutôt à stimuler les discussions et les débats
publics sur les enjeux du pays.
sociales auxquelles ils se soumettent. Ces droits
fondamentaux ne prennent tout leur sens que
lorsque les citoyens participent, le plus activement
possible, à la vie publique. Le vote est une
manifestation essentielle d’un tel engagement. »2
La baisse de la participation à des élections
successives est inquiétante pour la santé du système
politique démocratique – « pour le caractère
démocratique du mandat des gouvernements,
le type de candidats élus et même le type
d’enjeux examinés. »3
Ce document examine les forces qui éperonnent
la participation électorale – institutionnelles,
socioéconomiques et démographiques. À défaut
de comprendre ces facteurs, « le problème [de
la baisse de la participation électorale] pourrait
accabler le système politique pendant de longues
années. »4 Ce document explique aussi comment
les élections sont financées au Canada.
Tableau 1 : Participation électorale aux élections générales fédérales
1867-2008
(%)
85
80
75
70
65
60
55
1867
1872
1874
1878
1882
1887
1891
1896
1900
1904
1908
1911
1917
1921
1925
1926
1930
1935
1940
1945
1949
1953
1957
1958
1962
1963
1965
1968
1972
1974
1979
1980
1984
1988
1993
1997
2000
2004
2006
2008
50
Source : Élections Canada; La Chambre de commerce du Canada
2
3
4
Élections Canada. « Les jeunes et les élections ». Perspectives électorales. Vol. 5, no 2 . Juillet 2003.
Élections Canada. « La problématique du déclin de la participation électorale chez les jeunes ». Perspectives électorales.
Vol. 5, no 2. Juillet 2003.
Idem.
La Chambre de Commerce du Canada
2
Différences de comportement électoral à
l’échelle internationale
La participation électorale varie considérablement
d’un pays à l’autre. En Australie, en Belgique, à
Chypre et à Singapour, par exemple, elle atteint
plus de 90 % en moyenne. Les pays d’Amérique
du Sud affichent également des taux de
participation électorale relativement élevés – par
exemple, le Brésil 83,2 % (2006), le Chili 84,4 %
(2006), l’Argentine 73,1 % (2007) et le Pérou 88,7
% (2006). En Europe de l’Ouest, la participation
électorale est relativement faible – par exemple,
en France elle atteint 40,6 % (2009), en Allemagne
43,3 % (2009), au Royaume-Uni 61,4 % (2005) et
en Italie 65,1 % (2009)5. Aux États-Unis, on estime
que 61,6 % des électeurs inscrits ont déposé un
bulletin de vote lors de l’élection présidentielle
de 2008; ce pourcentage est semblable aux taux de
participation récents au Canada (58,8 % en 2008)
et au Mexique (58,9 % en 2006).
Un des principaux facteurs qui expliquent les
différences en matière de participation électorale à
l’échelle internationale est la votation obligatoire.
On estime que celle ci a augmenté la participation
électorale de 10 à 15 points de pourcentage et son
impact dépend de la mise à exécution.6
Le vote obligatoire existe dans 32 pays, dont 16
le mettent à exécution. Ce sont, notamment,
l’Australie, l’Argentine, la Belgique, le Brésil,
le Chili, Chypre, Singapour et la Turquie. Neuf
des 30 membres de l’OCDE ont mis en œuvre la
votation obligatoire7.
5
6
7
8
9
10
En Australie, par exemple, l’inscription obligatoire
des électeurs pour les élections fédérales a été mise
en œuvre en 1911. La Commonwealth Electoral Act
1918 énonce que tout électeur a le devoir de voter
à chaque élection. Par conséquent, la participation
électorale en Australie n’a jamais été inférieure à
90 %. En fait, elle a atteint 95,2 % lors de l’élection
générale de 20078.
Dans un sondage mené au Canada en 2000 par
l’Institut de recherche en politiques publiques, on
a demandé aux répondants ce qu’ils pensaient de
l’adoption d’une loi qui obligerait les citoyens à
voter sous peine d’une faible amende. La majorité
des Canadiens (73 %) a indiqué qu’elle s’opposait
à l’idée9.
Il est intéressant de constater que des recherches
empiriques ont constaté qu’il n’y a pas de
corrélation statistique entre la participation
électorale et le niveau d’alphabétisation, la
richesse (mesurée selon le PIB) ou la taille de la
population d’un pays.
Certaines études ont révélé que les pays ayant
un système de représentation proportionnelle
(RP) affichent une participation électorale plus
élevée10. En vertu de la RP, la répartition des sièges
des assemblées législatives est proportionnelle à
la répartition des voix. Par exemple, si un parti
obtient 40 % du vote, il obtient 40 % des sièges.
Étant donné que presque chaque vote aide un
Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale-Appui institutionnel. www.idea.int
Voir, par exemple, Jackman (1987); Blais et Carty (1990); Blais et Dobrzynska (1998); Franklin (1996 et 2004); et Blais et
Aarts (2005).
Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale. www.idea.int
L’Australian Electoral Commission écrit à tous les non-votants apparents leur demandant de donner la raison pour
laquelle ils n’ont pas voté ou de payer une amende de 20 dollars. Si dans les 21 jours suivants le non-votant apparent n’a
pas donné de raison valide et suffisante ou refuse de payer l’amende, des poursuites judiciaires peuvent être intentées. Si
l’affaire est traitée devant un tribunal et que la personne est déclarée coupable, on peut lui imposer une amende maximale
de 50 dollars, frais judiciaires en sus.
Howe, Paul et David Northrup. « Strengthening Canadian Democracy: The Views of Canadians ». Enjeux publics vol. 1, noo
5. Institut de recherche en politiques publiques. Juillet 2000.
Par contraste, le Canada a un système à majorité relative ou scrutin majoritaire uninominal ou circonscription majoritaire.
Le candidat qui obtient le plus de votes dans chaque circonscription électorale remporte un siège dans la Chambre
des communes.
La Chambre de Commerce du Canada
3
parti à gagner plus de sièges, les électeurs sont
plus encouragés à participer et les partis sont
incités à mobiliser leurs partisans11. En outre,
les nations ayant un système de RP tendent à
avoir une multitude de partis; plus le choix est
grand, plus les électeurs s’identifient à la plate
forme électorale d’un parti politique particulier.
Cependant, le système de RP accroît l’éventualité
de gouvernements de coalition. Il s’ensuit que les
électeurs participent peu à la composition finale
du gouvernement et peuvent être moins enclins
à voter. Ces deux effets contradictoires de la RP
s’équilibrent et l’impact net global de la RP sur la
congruence est nul12.
La fatigue des électeurs peut diminuer la
participation s’il y a plusieurs élections rapprochées
car le public sera fatigué de participer.
D’autre part, comme les enjeux et l’importance
de l’élection augmentent, plus de personnes sont
aptes à voter.13 Un bon exemple est l’élection
présidentielle américaine 2008. Dans un sondage
Gallup conduit juste avant le jour de l’élection,
74 % des Américains ont dit que le résultat de
l’élection 2008 leur a importé plus que dans les
années précédentes. L’investissement personnel
des électeurs dans le résultat a été souligné par les
résultats qui ont montré que 92 % des électeurs
enregistrés étaient d’accord avec le rapport
«les interest dans cette élection sont plus hauts
que dans des années precedents.»14 L’élection
présidentielle du novembre 2008 avait le plus
haut taux de participation dans 40 ans.
Enfin, des facteurs liés au temps et au moment
de l’élection peuvent affecter la participation
électorale. Durant les fins de semaine et les
mois d’été, les gens s’intéressent moins au vote
ou s’absentent. Les nations qui ont des dates
d’élection fixes ont tendance à tenir celles-ci au
milieu de la semaine au printemps ou à l’automne
pour maximiser la participation.
Pourquoi les gens votent ils? –
Différences de comportement électoral
au niveau individuel
Les politicologues, les économistes et les
psychologues ont élaboré de nombreuses
théories à ce sujet. Un sens de devoir civique, une
préoccupation à l’égard du bien être des autres,
l’identification solide à un parti et l’importance
perçue d’une élection influencent la décision
de participer.
Les
facteurs
socioéconomiques
affectent
considérablement la participation électorale. Le
plus important de ceux-ci est le niveau de scolarité:
plus une personne est scolarisée, plus elle est apte
à voter. Les gens à l’aise financièrement tendent
à voter, peu importe leur niveau de scolarité.
L’âge est également un important indicateur
prévisionnel de la participation électorale. Les
citoyens âgés sont beaucoup plus portés à voter
que les jeunes. En outre, les personnes mariées sont
plus aptes à voter que les célibataires. Les facteurs
comme l’ethnie, la race et le sexe semblent avoir
peu d’incidence sur la participation électorale
dans les démocraties de l’Ouest. L’occupation
11
Richie, Robert et Steven Hill. « The Case for Proportional Representation ». Boston Review. Février mars 1998.
12 Blais, André et Marc André Bodet. « Does Proportional Representation Foster Closer Congruence Between Citizens and
Policymakers? » Université de Montréal. 2005.
13 Edlin, Aaron, Andrew Gelman et Noah Kaplan. « Voting as a Rational Choice: Why and How People Vote to Improve the
Well-being of Others. » Département de statistique. Université Columbia. Le 21 septembre 2005.
14 Gallup. « Voters Have High Personal Investment in Election Outcome. » Le 4 novembre 2008.
La Chambre de Commerce du Canada
4
a peu d’effet sur la participation; cependant, les
employés du secteur public sont plus portés à
voter que les travailleurs du secteur privé15.
aptes à voter. Enfin, les gens qui ont facilement
accès à un bureau de scrutin sont plus portés à
déposer un bulletin de vote16.
Les personnes qui s’intéressent à la politique et
aux affaires publiques, et celles qui s’identifient
plus étroitement à un parti politique, sont plus
C’est l’interaction de ces deux facteurs qui
contribue fortement à la participation électorale17.
Principaux motifs de non-participation
des Canadiens
En 2003, Élections Canada a publié une étude18
fondée sur un sondage mené par Decima Research
pour découvrir pourquoi un nombre important
de Canadiens n’ont pas voté à l’élection fédérale
de 2000. L’agrégat des répondants a mentionné
les raisons suivantes : désintérêt, désengagement
et/ou apathie. Certains non-votants ne trouvaient
pas les candidats, les partis et/ou les questions
intéressants, tandis que d’autres ne faisaient
pas confiance aux candidats, aux partis et/ou
aux questions.
Les non-participants plus jeunes, en particulier,
manifestaient un désintérêt ou indiquaient qu’ils
étaient trop occupés à cause de leur travail/
famille/études. Les non votants plus âgés
mentionnaient que des problèmes de santé et
15
16
17
18
l’éloignement de leur circonscription étaient les
principales raisons de leur non-participation;
venaient ensuite le manque de confiance envers
les candidats, les partis et/ou les questions.
Ces constatations ont été confirmées dans le
document « Report on the Evaluation of the 40th
General Election » publié par Élections Canada.
Dans un sondage qui a sous tendu ce rapport, les
Canadiens non-votants ont cité l’apathie (14%),
des vacances ou un voyage à l’extérieur de la
ville (16%), le fait d’être trop occupé (15 %) et une
aversion pour les candidats/partis politiques/
plate-formes (12%) comme leurs raisons
supérieures de ne pas participer à l’élection de
fédéral d’Octobre 2008.
Sigelman, Lee, Philip W. Roeder, Malcolm E. Jewell et Michael E. Baer. «Voting and Non-Voting: A Multi-Election
Perspective ». American Journal of Political Science, vol. 29, no 4. Pages 749-765. Novembre 1985.
Idem.
Fowler, James H. « Altruism and Turnout ». Journal of Politics. Vol. 68, noo 3. Pages 674–683. Août 2006.
Pammett, Jon H. et Lawrence LeDuc. « Explaining the Turnout Decline in Canadian Federal Elections: A New Survey of
Non-voters ». Élections Canada. Mars 2003.
La Chambre de Commerce du Canada
5
Participation électorale à la baisse –
apathie chez les jeunes
Lorsqu’on étudie la baisse de la participation
électorale au Canada, on constate une tendance
très évidente. Le taux de participation des jeunes
Canadiens est inférieur à ceux de leurs aînés
et à celui des générations antérieures pour un
même âge.
Dans l’élection de 200619, environ quatre jeunes
électeurs sur dix (43,8 %) âgés de 18 à 24 ans se
sont rendus aux urnes, soit quelque 20 points de
pourcentage de moins que la moyenne nationale
(64,7 %)20. La participation a régulièrement
augmenté dans chaque catégorie d’âges (voir le
tableau 2) pour atteindre 77,5 % chez les 65 à 74
ans puis baisser à 61,6 % chez les 75 ans et plus. À
l’échelle mondiale, c’est un fait bien établi que la
propension à voter augmente avec l’âge21.
Il y a un fait nouveau : l’écart générationnel se
creuse. Pour une raison quelconque, les jeunes
Canadiens de cette génération sont moins aptes
(%)
à voter que leurs parents ou grands-parents
lorsqu’ils étaient dans la vingtaine22.
En général, les jeunes Canadiens connaissent
moins bien les dossiers politiques, sont apathiques
et moins aptes à considérer l’exercice du droit de
vote comme un devoir pour tout citoyen – ce qui est
une des incitations les plus puissantes à participer
au vote23. On ignore toutefois pourquoi les jeunes
d’aujourd’hui sont moins informés et intéressés
que les jeunes des générations antérieures. Peutêtre notre droit comme des citoyens canadiens
de voter est un privilège que de plus en plus les
jeunes prennent pour acquis.
L’enjeu consiste à engager la jeunesse au Canada
intéressée dans la politique et les élections pour
empêcher la participation électorale de baisser
encore davantage.
Tableau 2 : Participation électorale à l’élection générale
fédérale de 2006 par groupe d’âge
90
80
70,0
70
77,5
61,6
60
50
75,4
61,6
49,8
43,8
40
30
20
10
0
18 - 24
25 - 34
35 - 44
45 - 54
55 - 64
65 - 74
75 - over
Source : Élections Canada; La Chambre de commerce du Canada
19
20
21
22
23
Les données sur la participation électorale selon le groupe d’âge lors de la 40e élection générale fédérale (octobre 2008) ne
sont pas disponibles à l’heure actuelle, mais seront fournies par Élections Canada.
Élections Canada. « Estimation of Voter Turnout by Age Group at the 39th Federal General Election January 23, 2006 ».
Mars 2008.
Idem.
Élections Canada. « Turned Off or Tuned Out? Youth Participation in Politics ». Electoral Insight. Vol. 5, noo 2. Juillet 2003.
Blais, André. To Vote or Not to Vote: The Merits and Limits of Rational Choice Theory. University of Pittsburgh
Press. 2000.
La Chambre de Commerce du Canada
6
Augmenter la participation électorale –
engager les jeunes du Canada
la participation électorale parmi la plus
jeune génération était près de 50 points de
pourcentage plus élevée parmi les diplômés
des universités comparé à ceux qui ont quitté
le lycée sans un diplôme. Dans les écoles,
on devrait accentuer l’importance de voter
ainsi que l’engagement civique et politique.
Des modèles pourraient être élaborés pour
permettre aux étudiants de participer à
des processus politiques réalistes dans les
écoles secondaires.
Les gouvernements, les enseignants, les parents et
le secteur privé peuvent travailler ensemble pour
motiver les jeunes et les engager dans le processus
électoral et autres formes d’engagement civique.
•
•
24
25
26
27
28
29
Entre les élections, les gouvernements
pourraient promouvoir l’importance de
l’engagement civique et de la participation
électorale à l’aide de campagnes multimédia
– la période électorale est beaucoup trop
brève pour persuader les jeunes Canadiens
de l’importance de voter. Les politiciens
pourraient engager un dialogue valable et
continu avec les jeunes et, pour ce, organiser
des tables rondes dans les écoles secondaires
et les universités, discuter de questions
pertinentes et examiner des façons d’accroître
la sensibilisation politique par l’entremise
d’Internet. On pourrait envisager le vote
électronique. Selon l’étude intitulée 2000
Canadian Election Study, 64 % des répondants
non-votants ont indiqué qu’ils auraient voté
s’ils avaient pu le faire par téléphone ou
sur Internet24. Dans un sondage d’Élections
Canada de 2007, 69 % des jeunes ont indiqué
qu’ils souhaitaient voter en ligne25. Élections
Canada a conclu que le vote électronique
présente des avantages et des désavantages.
Il importe de régler les préoccupations en
matière de sécurité.
Il importe également d’encourager les jeunes
à rester à l’école. Les jeunes mieux scolarisés
sont plus aptes à voter. L’étude intitulée
2000 Canadian Elections Study26 révélée que
•
Les parents devraient parler de politique et
d’engagement civique avec leurs enfants – il
semble que le sens du devoir civique découle,
en grande partie, des influences subies durant
l’enfance. Les personnes qui ont un parent
politiquement actif qui discute avec elles
d’enjeux politiques sont beaucoup portées à
voter27. La participation électorale des parents
est également un indicateur prévisionnel de la
participation des jeunes28.
•
Le secteur privé (organismes sans but lucratif
et sociétés) pourrait également contribuer en
créant une nouvelle norme de participation
civique, par exemple, le ressourcement
d’initiatives en éducation civique (campagnes
médiatiques, production de matériel). Des
partenariats pourraient être établis avec des
représentants d’organismes du secteur privé
comme les associations de gens d’affaires ou
les chambres de commerce ou directement
avec les exploitants du secteur privé29.
Élections Canada. « 2000 General Election Post-event Overview ».
Élections Canada. « Report on the Evaluations of the 40th General Election ». Directeur général des élections du
Canada. 2009.
L’Étude électorale canadienne est un projet de recherche sous la responsabilité de chercheurs associés à trois universités
canadiennes (Montréal, McGill et Toronto). L’étude est essentiellement basée sur une importante enquête menée auprès
des électeurs canadiens.
Gross, John. « The Influence of Parents in the Voting Behavior of Young People: A Look at the National Civic and Political
Engagement of Young People Survey and the 2008 Presidential Election ». Public Opinion and Survey Research (PS115). Le 13
décembre 2007.
Plutzer, Eric. « Becoming a Habitual Voter: Inertia, Resources, and Growth in Young Adulthood ». American Political Science
Review 96, noo 1. 2002. Pages 41–56.
Nations Unies. « Civic Education: Practical Guidance Note ». Programme des Nations Unies pour le développement.
Avril 2004.
La Chambre de Commerce du Canada
7
Le financement d’élections
L’élection générale d’octobre 2008 a coûté 288,2
millions de dollars aux contribuables canadiens,
soit un peu plus que les élections de 2004 et de
2006 (277 millions de dollars et 270 millions de
dollars, respectivement). Les activités dans les 308
circonscriptions électorales ont représenté 47,1 %
du coût (135,6 millions de dollars); les dépenses
d’Élections Canada, 32,4 % (93,3 millions de
dollars); le remboursement des dépenses d’élection
admissibles aux candidats et aux partis politiques,
20,1 % (57,9 millions de dollars); et les évaluations
effectuées pour tirer une leçon de l’expérience
pour permettre à Élections Canada de continuer
à améliorer son rendement, 0,5 % (1,4 million de
dollars). L’élection a créé 194 000 postes au niveau
du personnel électoral.
Plafonds de contributions
Des restrictions sévères régissent le financement
des campagnes au Canada. Les modifications
législatives adoptées dans la Loi fédérale sur la
responsabilité (qui a reçu la sanction royale le 12
décembre 2006) ont fait des particuliers la seule
catégorie admissible de cotisants aux campagnes
électorales. En outre, les plafonds de contributions
ont été diminués. À compter du 1er janvier 2007,
les plafonds des contributions politiques des
particuliers ont été ramenés de 5 000 $ à 1 000 $
(rajustés en fonction de l’inflation à 1 100 $ en
2008-2010).30 Ces changements législatifs ont
accéléré la transition à fundraising comme un trait
permanente, à plein temps de partis politiques.
inclut la publicité, la promotion, la rémunération
du personnel électoral et le coût des sondages
et des recherches. Le plafond des dépenses
électorales des partis politiques est fondé sur le
nombre de noms inscrits sur les listes d’électeurs,
et ce, pour toutes les circonscriptions électorales
dans lesquelles le parti a parrainé un candidat.
Dans la 40e élection générale (octobre 2008), le
plafond de dépenses électorales final du Parti
national démocratique était 20,1 millions de
dollars, du Parti conservateur du Canada 20,0
millions de dollars, du Parti libéral du Canada
20,0 millions de dollars, du Parti vert du Canada
19,7 millions de dollars et du Bloc Québécois 5,1
millions de dollars. Tous les partis combinés (19
étaient inscrits) avaient 1 601 candidats confirmés
dont le plafond de dépenses combiné atteignait
100 millions de dollars.
Les plafonds de dépenses entrent en jeu
seulement en période d’élection – du moment
de l’émission du décret jusqu’au jour du scrutin.
Cela a encouragé des partis politiques à dépenser
considérablement plus lourdement à l’extérieur
de la période d’élection, créant une campagne
permanente virtuelle.
La Loi électorale du Canada plafonne les dépenses
de publicité électorale des tiers.31 Dans la 40e
élection générale, les plafonds s’élevaient à 183
300 $ pour une campagne nationale et à 3 666 $
par circonscription électorale. Il y a 62 % de tiers
enregistrés auprès d’Élections Canada.
Plafonds de dépenses pour les candidats, les
partis politiques enregistrés et les tiers
Financement public
La Loi électorale du Canada établit des plafonds
distincts pour les dépenses électorales des
candidats et des partis politiques enregistrés. La
définition des dépenses électorales est vaste et
La Loi électorale du Canada autorise le
remboursement des dépenses admissibles des
candidats, y compris les dépenses électorales et
personnelles engagées. Les candidats peuvent
se faire rembourser 60 % de leurs dépenses
30
31
La 40e élection générale a été la première régie par les nouvelles règles.
Un tiers est défini comme étant un particulier ou un groupe qui n’est pas un candidat ni un parti politique.
La Chambre de Commerce du Canada
8
électorales réelles (jusqu’à concurrence de 60 %
de leur plafond de dépenses électorales) pourvu
qu’ils remportent au moins 10 % des voix dans
leur circonscription électorale.
Les partis politiques enregistrés qui reçoivent 2%
des votes valides déposés à l’échelle nationale ou
5% des votes valides dans les circonscriptions
dans lesquelles ils ont parrainé des candidats
peuvent également se faire rembourser 50 % des
dépenses électorales qu’ils ont engagées.
Dans la 40e élection générale, Élections Canada
a émis aux candidats et aux partis politiques
des remboursements totalisant 57,9 millions
de dollars32.
En outre, les partis politiques ont droit à une
indemnité annuelle de 1,75 $ (multipliée par un
facteur de rajustement pour l’inflation) pour
chaque vote qu’ils ont obtenu lors de l’élection
précédente, pourvu que les candidats qu’ils
parrainent reçoivent au moins deux pour cent des
votes valides déposés dans les circonscriptions
électorales dans lesquelles le parti enregistré a
parrainé un candidat. Cette indemnité est versée
trimestriellement. Les partis ont reçu en tout
environ 28,6 millions de dollars en 2008.
Le financement public a diminué considérablement
l’importance des deux sociétés et main-d’oeuvre
syndiquée dans le processus politique. En outre,
le financement public le rend beaucoup moins
risqué pour partis politiques qui ont des problèmes
se procurant de l’argent entre les élections
pour forcer un vote; ils peuvent emprunter de
l’argent contre le remboursement qui viendra
après l’élection.
32
33
34
35
C’est l’économie, idiot!
« C’est l’économie, idiot! » est une phrase
que Bill Clinton a souvent utilisée durant sa
campagne présidentielle réussie de 1992. Le
fait que l’économie compte est une vérité allant
de soi, mais les incidences économiques sur les
résultats des élections ne sont pas universelles.33
Certaines études ont révélé que la performance de
l’économie est plus important que les politiques,
car les gens ont tendance à récompenser ou à punir
le parti en place pour les conditions économiques;
que les conditions à l’échelle nationale sont plus
importantes que les conditions personnelles; et
que le changement économique à court terme est
plus important que les niveaux économiques à
long terme. Plus l’allégeance à un parti est solide,
moins la conjoncture économique influence la
participation électorale. Cependant, la croissance
économique prend de l’importance à mesure que
l’allégeance faiblit34.
D’autres recherches empiriques indiquent que les
questions (c’est-à-dire politiques publiques sur
questions fiscales et sociales) ont plus d’importance
que la performance de l’économie. Étant donné
que la conjoncture économique relève de facteurs
externes que le gouvernement ne maîtrise pas, les
électeurs s’intéressent davantage aux questions
dont ils peuvent rendre le gouvernement
directement redevable35.
Cela soulève la question à savoir si la participation
électorale augmente ou diminue lorsque
l’économie est en récession. La majorité des études
n’a découvert aucun effet global. Si une récession
a causé de graves difficultés pour les particuliers,
ils sont plus aptes à voter pour redresser les griefs,
mais elle peut inciter d’autres particuliers à se
retirer complètement du processus politique.
Élections Canada. « Report of the Chief Electoral Officer of Canada ». Directeur général des élections du Canada. 2009.
Kayser, Mark Andreas et Christopher Wlezien. « Performance Pressure: Patterns of Partisanship and the Economic Vote ».
University of Rochester. Le 6 mars 2009.
Idem.
Blais, André, Mathieu Turgeon, Elisabeth Gidengil, Neil Nevitte et Richard Nadeau. « Which Matters Most? Comparing
the Impact of Issues and the Economy in American, British and Canadian Elections ». British Journal of Political Science,
34(3). 2004. Pages 555-563.
La Chambre de Commerce du Canada
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Sommaire
La participation électorale diminue constamment
depuis quelques années et diverses théories
expliquent le phénomène. Quoi qu’il en soit,
il importe de bien comprendre ces forces pour
renverser la tendance. Il va sans dire que la baisse
de la participation électorale a des implications
graves pour les démocraties établies. La principale
est la suivante : les dirigeants élus et les intérêts
qu’ils représentent sont déterminés par un
n
nombre décroissant de personnes. La légitimité
té
du système est nécessairement suspecte si peu dee
gens votent36.
36
Koch, Luther Allen. « As the World Turns Out: Economic Growth and Voter Turnout from a Global Perspective ».
Graduate College of Bowling Green State University. Août 2007.
Pour plus de renseignements, communiquer avec :
Tina Kremmidas, économiste en chef | Courriel : [email protected] | Téléphone : 416.868.6415, poste 222
Série sur la politique
économique commandité par:
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