Mai 2010
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démographique ne peut pas durer et doit s’arrêter2, et on doit reconnaître que cet aspect presque
aléatoire et peu reconnu de la croissance économique depuis la Deuxième Guerre mondiale est
fondamental dans l’analyse de ce qui s’est passé et de ce qui va se passer dans les prochaines
années. Une stabilisation puis un vieillissement de la population dans les pays riches s’opèrent
peu à peu, inéluctablement.
Ce phénomène constitue non seulement une composante « non durable » de la croissance connue
par ces pays pendant les dernières décennies, mais il comporte aussi un coût rarement évalué:
celui associé à l’occupation de plus en plus de territoires de la planète pour l’habitation, pour
l’alimentation et pour la recherche de matières premières pour soutenir la population (surtout,
dans les pays riches), tout comme pour servir de dépotoir à ces matières après usage. Cette
occupation a soumis la planète à un stress qui la poussait à ses limites et qui, depuis plusieurs
années, la pousse au-delà de ces limites.
Elle nous laisse aussi aujourd’hui avec une « dette écologique » extrêmement importante.
Presque personne non plus ne cherche à évaluer l’importance de l’aspect démographique de cet
endettement, mais il représente finalement le fond de plusieurs crises qui sévissent depuis des
décennies (au moins depuis 1987 et le dépôt du rapport Brundtland, si on s’en tient à des constats
officiels). L’impressionnante amélioration de la qualité de vie de centaines de millions de
personnes, depuis environ cinquante ans, s’est faite en épuisant de nombreuses ressources
naturelles, dont les énergies fossiles, appauvrissant ainsi le capital naturel sur lequel repose tout
développement humain, cela accompagné d’une augmentation des populations humaines pauvres
2 Par contre, seuls quelques pays comme la Chine (400 millions de moins de Chinois en raison de
la loi de 1978 sur la restriction à un seul enfant) et le Viet Nam ont pris le défi au sérieux.