SORTIES DE CRISE
(…) Peut-être en raison de l’intitulé (sans ancrage historique explicite) les étudiants ont été aspirés par le
présent, ils ont privilégié des épisodes historiques très contemporains, centrés sur le XXème siècle (crise des
subprimes, bulle des NTIC…) pour illustrer le raisonnement, les références au XIXème siècle ont été plus
parcellaires. Les correcteurs ont eu tendance à valoriser l’analyse des crises financières du XIXème ou encore
une bonne assimilation de la contribution de Clément Juglar à l’analyse des crises (Des crises commerciales
et de leur retour…), des références à Kindleberger, Bouvier, Kondratieff, ….
Les correcteurs attendaient un questionnement le plus profond et le plus précis possible sur le sens du sujet,
le lien entre crise et équilibre, l’opportunité d’une intervention des pouvoirs publics. La sortie de crise passe-
t-elle par une montée en puissance de l’Etat ? Faut-il faire confiance aux mécanismes de marché pour sortir
de la crise ? Les liens entre crise et réforme des institutions internationales pouvaient également être
questionnés, de même que les liens entre crise, sorties de crise et politique commerciale.
Les correcteurs ont apprécié la qualité des arguments, le degré de maîtrise des concepts et des mécanismes
économiques, la pertinence des références théoriques, le degré de connaissance des faits historiques
mobilisés ainsi que la capacité à déceler des éléments de continuité et de rupture derrière lenchainement
des crises.
Extraits du rapport HEC - 2011
« Entre JM Keynes et Milton Friedman, nous pensions en savoir suffisamment pour éviter que cela ne se
reproduise »
P. Krugman in Pourquoi les crises reviennent toujours
A- La sortie de crise peut s'effectuer de manière spontanée par un rééquilibrage du sysme
économique
1- Le principe libéral classique
→ la crise correspond soit à un choc, soit à un mauvais fonctionnement des marchés
→ la flexibilité des prix permet alors de retrouver l'équilibre en modifiant les prix relatifs
2- La crise et le cycle Juglar
→ la crise peut également être analysée dans une perspective cyclique (Juglar) : la croissance génère des déséquilibres
qui entraînent la crise ; celle-ci joue un rôle de « purge » et permet le redémarrage de la croissance (Marx, analyse
régulationniste des « petites » crises), prise en compte des déséquilibres financiers et des réponses en temre de
politique monétaire
==> la sortie de crise est alors un processus qui ne suppose pas d'intervention publique particulière (une intervention
publique peut empêcher la sortie effective de la crise), sauf à devoir rétablir la flexibilité des marchés
B- L'ajustement n'est cependant pas automatique, ce qui légitime des politiques de relance
permettant de répondre aux difficultés
1- La perspective de Keynes
perspective de Keynes : flexibilité des salaires ne garantit pas le retour à l'équilibre, la crise (niveau de production
insuffisant pour atteindre le plein emploi) peut alors perdurer, voir s'aggraver
→ les politiques conjoncturelles sont alors légitimes et nécessaires
2- La politique permet de réduire les coûts de la crise et faciliter la sortie de crise
→ politique peut également être nécessaire pour compenser les coûts de la crise et éviter les phénomènes d'hystérèse
(réactualisation du thème avec la crise de 2008)
→ question du caractère coopératif ou non des politiques peut infléchir les conditions de la sortie de crise
==> les politiques économiques sont alors nécessaires pour permettre la sortie de crise ou au moins l'accélérer ; dans
ce cadre un processus d'apprentissage des politiques peut avoir lieu
C- Dans certains cas de figures, la sortie de crise peut supposer des mutations profondes du
fonctionnement de l'économie et de la manière de la concevoir
1- L'importance des « grandes crises »
→ les grandes crises correspondent à des tournants majeures du capitalisme (perspective régulationniste)
→ sortie de crise suppose alors une mutation profonde du système (taylorisme + impact de la 2ème
révolution industrielle à la fin du 19ème siècle ; économie de guerre + principe keynésien pour la Grande
dépression des années 30)
→ sortie de crise peut prendre des formes différentes selon les économies (cf. diversité des voies nationales
dans les années 30)
2- Une nécessaire mutation de la pensée économique ?
→ difficulté des sorties de crise peut être également liée à des pensées économiques incorrectes ou devenues
incorrectes
→ exemple des politiques de déflation dans les années 30
→ question des politiques keynésiennes dans les années 70, inefficaces mais également considérées par des
auteurs libéraux comme une des causes de la crise et de son ampleur
→ interrogation sur la croyance en l'efficacité des marchés dans la première moitié des années 2000
==> la crise est alors une rupture majeure dans la dynamique du capitalisme, la sortie de crise renvoie alors à des
mécanismes complexes et s'inscrit dans un temps plus long
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