PRATIQUES EN OPHTALMOLOGIE R E V U E D I D A C T I Q U E M É D I C O - C H I R U R G I C A L E dd www.ophtalmologies.org mise au point Toxine botulique Quand l’utiliser en ophtalmologie ? Dr Hadia El Gharbi (Paris) échos des congrès Retour sur le symposium de l’ASCRS à San Diego Quelles nouveautés ? Dr Chrysanthi Basdekidou (Paris), Dr Eric Pérez-Campagne (Eaubonne) Actualités • La Fondation de France donne le Prix Spécial d’Opthalmologie •F ormation : nouveau Bachelor de Manager en Optique •R ecommandations pour la délivrance de verres correcteurs • Une rétine de souris obtenue grâce à des cellules souches embryonnaires dossier DIAGNOSTIquer ET Prendre EN CHARGE LES PARALYSIES OCULOMOTRICES Dossier coordonné par le Dr Corinne Bok-Beaube Pathologie de l’enfant ou de l’adulte, congénitale ou acquise, le diagnostic d’une paralysie oculomotrice impose sa prise en charge rapide. Généralités, étiologies et retour sur les paralysies des III e, IV e et VI e paire crânienne. Mai 2011 • Volume 5 • n° 44 • 8 e PRATIQUES EN OPHTALMOLOGIE R E V U E D I D A C T I Q U E M É D I C O - C H I R U R G I C A L E • Directeur de la publication : Dr Antoine Lolivier • Chef du Service Rédaction : Odile Mathieu • Rédactrice : Diana Alfonso • Secrétaire de Rédaction : Annaïg Bévan • Directrice de la production : Gracia Bejjani • Assistante de Production : Cécile Jeannin • Chef de Studio : Laurent Flin •M aquette et illustration : Élodie Lecomte, Antoine Orry • Chef de publicité : Emmanuelle Annasse • Service Abonnements : Claire Lesaint • I mpression : Imprimerie de Compiègne 60205 Compiègne sommaire www.ophtalmologies.org Mai 2011 • Vol. 5 • N° 44 n ActualitÉs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 110 n Dossier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 113 LES PARALYSIES OCULOMOTRICES Dossier coordonné par le Dr Corinne Bok-Beaube Rédacteur en chef Dr Pierre-Vincent Jacomet (Paris) Responsable editorial Dr Michaël Assouline (Paris) Comité scientifique Pr Jean-Paul Adenis (Limoges), Pr Christophe Baudouin (Paris), Dr Yves Bokobza (Boulogne-Billancourt), Dr Georges Caputo (Paris), Dr Sylvie Chokron (Paris), Pr Béatrice Cochener (Brest), Dr Salomon-Yves Cohen (Paris), Dr Howard Cohn (Paris), Pr Joseph Colin (Bordeaux), Pr Gabriel Coscas (Créteil), Dr Marie Delfour-Malecaze (Toulouse), Pr Paul Dighiero (Poitiers), Dr Serge Doan (Paris), Dr Olivier Gout (Paris), Dr Jean-Claude Hache (Lille), Pr Jean-François Korobelnik (Bordeaux), Dr Yves Lachkar (Paris), Dr Evelyne Le Blond (Grenoble), Dr Dan Alexandre Lebuisson (Suresnes), Pr Frédéric Mouriaux (Caen), Pr Jean-Philippe Nordmann (Paris), Dr Pascal Pietrini (Saint Herblain), Pr José Sahel (Paris, Strasbourg), Dr Monique Schaison (Paris), Dr Eric Sellem (Lyon), DrJean-Bernard Weiss (Paris) Pratiques en Ophtalmologie est une publication ©Expressions Santé SAS 2, rue de la Roquette Passage du Cheval Blanc Cour de Mai 75011 Paris Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19 E-mail : [email protected] Site : www. ophtalmologies.org RCS Paris B 394 829 543 N° de Commission paritaire : 0314T88767 ISSN : 2106 – 9735 Mensuel : 10 numéros par an Les articles de “Pratiques en Ophtalmologie” sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. Toute reproduction, même partielle, sans le consentement de l’auteur et de la revue, est illicite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. © DR Comité de Rédaction Dr Laurent Laloum (Paris) (Conseiller éditorial de la rédaction) Dr Cati Albou-Ganem (Paris), Dr Corinne Bok-Beaube Pr Antoine Brézin (Paris), Dr Christine Brodaty (Paris), Pr Alain Bron (Dijon), Dr Catherine Favard (Paris), Dr Eric Gabison (Paris), Dr Jacques Laloum (Paris), Dr Gérard Mimoun (Paris), Dr Vincent Pierre-Kahn (Suresnes) 1 n Les paralysies oculomotrices Diagnostic clinique, étiologique et épidémiologie . . . . . . . . . . . . . . p. 114 Dr Corinne Bok-Beaube (Paris) 2 n Les paralysies de la IIIe paire crânienne Diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 118 Dr François Audren (Paris) 3 n La paralysie de la IVe paire crânienne Diagnostic et prise en charge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 121 Dr Pierre Lebranchu, Pr Alain Péchereau (Nantes) 4 n La paralysie du nerf abducens VIe paire crânienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 125 Dr Arnaud Sauer, Pr Claude Speeg-Schatz (Strasbourg) n mise au point Toxine botulique Quand l’utiliser en ophtalmologie ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 128 Dr Hadia El Gharbi (Paris) n échos des congrès Retour sur le Symposium de l’ASCRS à San Diego Quelles nouveautés ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 131 Dr Chrysanthi Basdekidou (Paris), Dr Eric Pérez-Campagne (Eaubonne) n Bulletin d’abonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n Petites annonces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n Rendez-vous de l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 112 p. 117 p. 133 www.ophtalmologies.org Assemblé à ce numéro : 1 bulletin d’abonnement (4 pages). Photos de couverture : © Ivo Tisljar - 123RF actualités de la profession Formation Nouveau Bachelor de Manager en Optique L’ISO (Institut Supérieur d’Optique) a décidé de créer une formation professionnalisante et complémentaire au BTS Opticien Lunetier. La croissance du marché de l’optique est au cœur de l’initiative : « la profession a besoin d’opticiens qui soient aussi commerçants, managers et gestionnaires », défend Cédric Ducrocq, président de Dia-Mart, cabinet de conseil partenaire de la formation. D’une durée d’un an, l’objectif du Bachelor de Manager en Optique est de former les futurs responsables du marché de l’optique autour de quatre pôles de compétences : Management, Gestion, Vente et Anticipation stratégique. La formation prévoit également des études de cas réalisées en collaboration avec des entreprises partenaires (grandes enseignes du secteur et cabinets d’expertise en gestion et marketing). Pour en savoir plus : www.iso.fr/bmo Le chiffre du mois 1,4 milliards C’est le nombre de nouveaux presbytes qu’il y aura en 2030 à cause du vieillissement de la population mondiale. Le marché de l’optique, dont le réseau de distribution se sont structurés, a montré une croissance de 50 % en neuf ans. Un créneau qui ne risque pas de souffrir de grandes crises dans l’avenir. 110 Bonnes pratiques Les conditions nécessaires à la chirurgie de la cataracte L a HAS tient à rappeler les exigences techniques et environnementales à la réalisation de cette chirurgie en matière de sécurité et de qualité pour le patient. Elle doit s’effectuer dans un bloc opératoire garantissant une asepsie adaptée, ou dans un centre de chirurgie ambu- latoire autonome à condition de respecter les bonnes pratiques d’hygiène, bionettoyage, et gestion de dispositifs, et d’assurer la possibilité de recours à un médecin anesthésiste sur le site. La cataracte toucherait 20 % de la population à partir de 65 ans et plus de 60 % à partir de 65 ans n Régénération Une rétine de souris obtenue grâce à des cellules souches embryonnaires P ubliés par la revue Nature, les travaux menés par une équipe japonaise ont été qualifiés « d’extrêmement novateurs » par Olivier Goureau, de l’Institut de la Vision : « Générer des organes complexes in vitro est un des défis majeurs de la médecine régénérative. « Mais pas impossible » se félicitent pour leur part deux éditorialistes de la revue Nature. n DMLA Des nouvelles perspectives dans le traitement L a dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), première cause de cécité chez les plus de 50 ans profite aujourd’hui d’une prise en charge de pointe avec des traitements parmi lesquels on trouve les anti-VEGF. La clé de ce traitement est le suivi constant des injections d’antiVEGF pour empêcher la pousse des vaisseaux, responsable de la maladie. Une nouvelle étude permet d’espérer aujourd’hui qu’un nouvel anti-VEGF permette d’espacer ces injections. Il s’agit du VEGF Trap Eye, développé par l’Hôpital Universitaire de l’œil à Vienne. Le Pr Ursula Schmidt-Erfuth est le principal investigateur de cette étude, appelée VIEW2. Menée sur 1 240 personnes, celle-ci a été présentée au congrès sur la DMLA à Miami (février 2011), et laisse espérer que les patients puissent ne plus avoir besoin d’une injection tous les deux mois. De leur coté, les équipes de l’INSERM, en France travaillent à partir d’une nouvelle cible thérapeutique, le récepteur CD160. Elle diffère ainsi des traitements angiogéniques actuellement utilisés, qui ciblent le facteur VEGF : « Cette thérapie est originale, car elle induit directement la mort des cellules qui tapissent les vaisseaux et sont en pleine prolifération » explique Philippe le Bouteiller (INSERM/CNRS Toulouse). Elle pourrait ouvrir une nouvelle perspective thérapeutique dans la prise en charge de la DMLA. n Prix La Fondation de France donne le Prix Spécial d’Ophtalmologie L a lauréate est Claire Wardak, post-doctorante dans l’équipe du Pr Jean René Duhamel «Neurophysiologie des processus cognitifs» au Centre de neuroscience cognitive de Bron. Claire Wardak étudie les perturbations des méca- nismes d’exploration oculaire et d’attention chez les patients cérébrolésés, et cherche aussi à trouver des moyens d’agir sur les réseaux neuronaux concernés et d’utiliser le « reéquilibrage » se produisant entre les deux hémisphères cérébraux. n Diabète & Obésité • Mars 2010 • vol. 5 • numéro 37 actualités Parasitologie EN BREF Tirer les vers de l’œil, pas si rare DMP : c’est parti ! La mise en service du dossier médical personnel (DMP) a été confirmée par l’ASIP Santé, responsable du projet. Afin de procéder à des tests en situation réelle, des professionnels de santé ont été sollicités fin décembre dans les régions expérimentatrices, pour créer les premiers DMP avec l’accord des patients. Le 2 décembre dernier, la CNIL a autorisé les applications informatiques nécessaires à la 1re phase de généralisation du DMP. Il devrait être progressivement déployé sur l’ensemble du territoire et permettre aux professionnels et établissements de santé qui prennent en charge un patient, dès lors que celui-ci y a consenti, de partager les informations nécessaires à la coordination des soins. L’ aventure malheureuse de cet américain chez qui les médecins ont eu la mauvaise surprise de trouver un ver dans l’œil (Actualités, Pratiques en Ophtalmologie 37) ne serait pas si rare. En effet, une étude récente rapporte 11 cas d’infestation oculaire par des larves de mouches (Oestrus ovis, dans ces cas) et précise que la localisation conjonctivale serait la plus fréquente. Avec les symptômes de présence de corps étranger gênant, le diagnostic est rapidement posé à l’observation de la conjonctive, et le problème est rapidement et facilement réglé, il suffit de retirer les (2 à 30) vers de l’œil ! L’œil n’est pas le seul hôte atypique de ce genre de parasite. Des praticiens de Sao Paolo ont du extraire 110 vers (Cochliomyia hominivorax) dans la bouche d’un homme âgé, malade. Le patient n’a malheureusement pas survécu à l’intervention. Des vers ont également du être retirés du lobe frontal gauche d’un patient séropositif pour le VIH hospitalisé d’urgence après une violente agression, les vers grouillaient littéralement à travers les fractures du crâne de l’homme. Le patient a non seulement survécu à ses blessures multiples, mais l’infestation par les asticots pourraient l’avoir protégé d’une infection bactérienne. n Pour en savoir plus : Anane S et al. Bull Soc Pathol Exot 2010 b3 : 233-304. Ribeiro MC et al. Gerontology 2010. En cours de publ Terterov S et al. World Neurosurg 2010 ; 5 : 557-9. Recommandations de bonne pratique, HAS Délivrance de verres correcteurs par les opticiens L a HAS a élaboré des recommandations concernant la délivrance de verres correcteurs dans le cadre d’un renouvellement avec adaptation. Depuis 2007, les opticiens lunetiers peuvent adapter, dans le cadre d’un renouvellement, les prescriptions médicales initiales de verres correcteurs datant de moins de trois ans, à l’exclusion de celles établies pour les personnes âgées de moins de 16 ans sauf opposition du médecin. Les recommandations actuelles concernent la délivrance de verres correcteurs, à l’exclusion de celle de lentilles de contact, dans le cadre d’un renouvellement avec adaptation chez des personnes de 16 ans ou plus atteintes d’un trouble de la réfraction. Elles visent à répondre des questions telles que la possibilité d’opposition de l’ophtalmologiste à l’adaptation de la prescription médicale initiale de lunettes, ou le niveau d’évolution de la réfraction, qui devrait conduire l’opticien à orienter la personne vers l’ophtalmologiste avant délivrance de lunettes. L’ophtalmologiste peut décider, dans des situations particulières qui nécessitent un suivi ophtalmologique rapproché, de limiter ou de s’opposer au renouvellement avec adaptation des lunettes : troubles sévères de la réfraction, troubles associés à une pathologie ophtalmologique (glaucome, atteintes rétiniennes…) ou générale (diabète, maladies auto-immunes…), Diabète & Obésité • Mars 2010 • vol. 5 • numéro 37 © Gaby Jalbert (Canada) - iStockphoto La commission de l’AMM recommande la suspension d’utilisation de la trimétazidine (Vastarel® et génériques) Autorisée depuis 1978 en France dans le traitement d’appoint des baisses d’acuité et des troubles du champ visuel et le traitement symptomatique d’appoint des vertiges et des acouphènes, la trimétazidine a été réexaminée dans ces indications. Compte tenu des données récentes et des effets secondaires sur le plan neurologique (chutes, syndromes prakinsoniens) l’Afssaps a lancé une procédure de suspension de l’utilisation de Vastarel® et de ses génériques. Les experts ont considéré qu’il n’existait pas de bénéfice avéré à l’heure actuelle dans ces trois indications. prise de médicaments au long cours (corticoïdes par exemple). Ces recommandations ne doivent pas remplacer le jugement clinique du médecin et l’évaluation des situations au cas par cas. Par ailleurs, il est recommandé au médecin de prendre en compte le degré de compréhension et d’implication de la personne dans sa prise en charge ophtalmologique. L’opticien, quant à lui, doit orienter la personne vers l’ophtalmologiste avant la délivrance de lunettes, notamment en cas de modification importante de la réfraction ou de baisse de la meilleure acuité visuelle corrigée. L’opticien doit alors transmettre à l’ophtalmologiste – directement ou via la personne qui sera reçue en consultation – un compte rendu du contrôle de la réfraction. n 111 DOSSIER LES PARALYSIES OCULOMOTRICES © DR Dossier coordonné par le Dr Corinne Bok-Beaube (Paris) 1 Les paralysies oculomotrices Diagnostic clinique, étiologique et épidémiologie ��������������������� p. 114 Dr Corinne Bok-Beaube (Paris) 2 Les paralysies de la IIIe paire crânienne Diagnostic ����������������������������������������������������������������������������������������������� p. 118 Dr François Audren (Paris) 3 La paralysie de la IVe paire crânienne Diagnostic et prise en charge ����������������������������������������������������������� p. 121 Dr Pierre Lebranchu, Pr Alain Péchereau (Nantes) 4 La paralysie du nerf abducens VIe paire cranienne ������������������������������������������������������������������������������� p. 125 Dr Arnaud Sauer, Pr Claude Speeg-Schatz (Strasbourg) LES PARALYSIES OCULOMOTRICES DOSSIER 1 Les paralysies oculomotrices Le diagnostic clinique, étiologique et épidémiologie Dr Corinne Bok-Beaube1 Introduction Pathologie de l’enfant ou de l’adulte, congénitale ou acquise, le diagnostic d’une paralysie oculomotrice (POM) impose sa prise en charge rapide. Il faut souligner l’importance de l’examen clinique soigneux, qui permet de faire le diagnostic positif, d’apprécier son importance, son retentissement, son étiologie et donc d’orienter la stratégie des examens complémentaires. L’examen orthoptique en est le complément indispensable. L’examen clinique La diplopie représente le symptôme principal d’une POM acquise. Extrêmement invalidante, elle s’accompagne parfois d’un torticolis compensateur, souvent, les patients arrivent avec un œil caché (Fig. 1). L’interrogatoire précise l’âge du patient, les circonstances de survenue, le type de la diplopie, d’éventuelles douleurs associées, les antécédents. L’inspection note l’attitude de la tête, la déviation oculaire, la présence de signes locaux (inflammatoires, traumatiques…), l’aspect des paupières, l’existence d’une asymétrie faciale. La palpation apprécie l’intégrité ou non du cadre orbitaire, la sensibilité sous orbitaire, recherche des adénopathies sa- tellites. L’auscultation orbitaire recherche un souffle. L’examen ophtalmologique doit être complet : AV, LAF, TO, FO, sans oublier l’examen des pupilles, l’examen des paupières, statique et dynamique, l’étude de la sensibilité cornéenne. L’examen oculomoteur étudie les ductions, les versions, on réalise la manœuvre de Bielschowsky, la manœuvre des "yeux de poupée" (réflexes oculocéphaliques). On évalue le contexte général : fièvre, état général, traumatismes, associations pathologiques. L’examen orthoptique permet de compléter l’étude de la diplopie, de réaliser des examens coordimétriques (si le patient est en CRN, condition sine qua non à la réalisation de ces examens), un bilan sensoriel. L’examen électro-oculographique (EOG) est rarement demandé. Au terme de cet examen, le diagnostic de POM et de son territoire (nerfs III, IV, VI…) est posé, uni ou bilatéral, avec ou non des associations. Si le diagnostic n’est pas évident, notamment dans des paralysies anciennes, on pourra s’aider d’un EOG. L’orientation étiologique va guider les examens complémentaires dominés par l’imagerie. L’épidémiologie L’épidémiologie chez l’adulte 1 Service d’ophtalmologie Dr. Galatoire Fondation oph A de Rothschild Paris 114 L’atteinte du VI nerf est la plus fréquente, suivie de celle du IV, puis du III, puis des atteintes multiples. Les atteintes bilatérales surviennent surtout sur le VI. L’âge moyen de présentation est 60 ans, sans distinction de sexe. Les étiologies sont par ordre de fréquence décroissant : vasculaires, indéterminées, néoplasiques, anévrismales, traumatiques, autres. Les statistiques diffèrent selon un recrutement neurologique ou ophtalmologique. L’épidémiologie chez l’enfant L’atteinte du VI est là aussi la plus fréquente (55 %), suivie du III (12 %) et du IV (12 %), puis des atteintes multiples (11 %). Les formes bilatérales sont le fait du VI (19 %) puis du IV (15 %) puis du III (8 %). Les principales étiologies sont congénitales (30-40 %), traumatiques (20-40 %), néoplasiques (10-20 %), indéterminées (15 %), infectieuses, inflammatoires, migraineuses, vasculaires (anévrysmales ou malformatives) (3 %). La fréquence des différentes étiologies varie selon l’âge, avec une majorité de : - formes congénitales : à 4 mois - formes infectieuses : à 18 mois - formes traumatiques : à 8,5 ans - formes néoplasiques : à 9 (± 5) ans Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 DOSSIER LES PARALYSIES OCULOMOTRICES Figure 2 - Paralysie congénitale bilatérale des III. Figure 3 - Paralysie acquise du III gauche avec atteinte pupillaire. Figure 4 - Paralysie acquise du III gauche avec épargne pupillaire. Quelles étiologies ? Figure 1 - La diplopie est supprimée. Photo du haut : par un torticolis (paralysie du VI gauche). Photo du bas : par un cache. Les plus fréquentes Les plus inquiétantes chez l’enfant : chez l’adulte : congénitale, vasculaire traumatique néoplasies, anévrismes Conduite à tenir (CAT) Conduite à tenir devant une paralysie du IIIe ❚❚1. La forme congénitale Elle est liée le plus souvent à un traumatisme obstétrical ou à une hypoxie néonatale. La paralysie est souvent totale. Le diagnostic est immédiat (Fig. 2). Une IRM avec bilan neurologique s’impose. ❚❚2. La forme acquise L’attitude est guidée par l’existence d’une atteinte ou épargne pupillaire (Fig. 3 et 4). Les fibres pupilloconstrictives circulent en superficie du nerf III. Leur atteinte est due dans 95 % des cas à des causes compressives Enfant < 10 ans IRM Ano neuro Normal Prise en charge Arrêt, surveillance Enfant > 10 ans Atteinte pupillaire (anévrysme ++) AngioIRM Normale Artériographie Épargne p. IRM Normale Bilan médical régulier Tableau 1A - Arbre décisionnel : III isolé non traumatique, enfant (tous les tableaux sont Épargne pupillaire e tirés deAtteinte « Cahiers de sensorio-motricité » FNRO, XXVI colloque de Nantes, 1999 : « les pupillaire (anévrysme ++) »). paralysies oculomotrices AngioIRM Normale (traumatisme, tumeur, Artériographie < 40 ans > 40 ans IRM Bilan médical TA, DB, VS BAT Normale après 55 ans ané-régulierConduite àBilan tenir devant Bilan médical éparune paralysierégulier du IVe vrisme), lorsqu’elles sont gnées il s’agit dans 80 % des cas de causes ischémiques. < anévrisme 40 ans L’existence d’un cérébral engage le pronostic vital. Signes cliniques non les taLa CAT estSymptomatologie résumée dans classique, fatigabilité, bleaux 1A et 1B. signes associées Bilan myasthénie Bilan infectieux, viral Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 ❚❚3. La forme congénitale > 40congénitale ans : HTA, DB est susL’origine pectée devant l’existence d’une Bilan médical asymétrie faciale, avec souvent Progression paralysie problèmes d’articulé dentaire, IRM 115 LES PARALYSIES OCULOMOTRICES DOSSIER la présence d’un torticolis « depuis toujours » (importance de voir les photos antérieures) (Fig 5). L’amplitude de fusion verticale est augmentée ≥ 6 dp. Le diagnostic en général ne pose pas de problème et il n’est pas nécessaire de faire des investigations complémentaires. Cependant dans certains cas, une IRM peut être demandée, elle montre alors l’atrophie du muscle oblique supérieur (Fig. 6). ❚❚4. La forme acquise Les étiologies sont diverses, les photos antérieures montrent l’absence de torticolis ancien. Il peut s’agir de formes transitoires notamment dans les cas infectieux. Se méfier des formes congénitales à révélation tardive, à l’occasion d’un traumatisme ou d’une association pathologique. La CAT est résumée dans le tableau 2. Conduite à tenir devant une paralysie du VI ❚❚1. La forme congénitale Une particularité chez l’enfant est l’absence fréquente de signe fonctionnel, on note parfois un torticolis. La déviation en position primaire et/ou l’atteinte de l’abduction est le principal motif de consultation. L’état sensoriel est variable, fonction de la précocité de l’atteinte (torticolis compensateur). La paralysie du VI isolée congénitale est rare, dans ce cas, il existe le plus souvent une amélioration spontanée rapide, dans les six premiers mois de vie. On recherchera un contexte neurologique (IMC) ou systémique. (La CAT est résumée dans le tableau 3A). 116 Enfant < 10 ans IRM Ano neuro Normal Prise en charge Arrêt, surveillance Atteinte pupillaire (anévrysme ++) AngioIRM Normale Artériographie Enfant > 10 ans Atteinte pupillaire (anévrysme ++) AngioIRM Normale Artériographie Épargne p. IRM Normale Bilan médical régulier Épargne pupillaire < 40 ans IRM Normale Bilan régulier > 40 ans Bilan médical TA, DB, VS BAT après 55 ans Bilan médical régulier Tableau 1B - Arbre décisionnel : III isolé non traumatique, adulte. < 40 ans Signes cliniques Symptomatologie non classique, fatigabilité, signes associées Bilan myasthénie Bilan infectieux, viral > 40 ans : HTA, DB Bilan médical Progression paralysie IRM Bilatéral Unilatérale IRM Étiologie bénigne Normale Abstention surveillance fréquente (IRM en fonction des parents) PL Signes additionnels ou Penser aux enfants battus aggravation ou pas guérison Enfantcongénitale, > 10 ans on retient. Photo Figure 5Enfant - Paralysie IV gauche, en faveur de l’origine < 10du ans Atteinte pupillaire droite). Photo Épargne p. le torti IRM de gauche : l’asymétrie faciale (atrophie de l’hémiface de droite: (anévrysme ++) IRM colis retrouvé sur les photos anciennes. IRM AngioIRM Ano neuro <Normal 40 ans < 55 ans > 55Normale ans Normale Bilan Prise en IRMcharge Bilan médical VS BATmédical Artériographie régulier Arrêt, surveillance Normale • Contôle médical Bilan médical, PL • Pas d’amélioration : bilanÉpargne médical + IRM pupillaire Atteinte pupillaire < 40 ans > 40 ans (anévrysme ++) IRM Bilan médical TA, AngioIRM DB, VS BAT Normale après 55 ans Normale Bilan régulier Bilan médical Artériographie régulier Figure 6 - L’IRM trouve une atrophie de l’oblique supérieur gauche. < 40 ans Signes cliniques Symptomatologie non classique, fatigabilité, signes associées Bilan myasthénie Bilan infectieux, viral > 40 ans : HTA, DB Bilan médical Progression paralysie IRM Tableau 2 - Arbre décisionnel : IV non traumatique acquise. Unilatérale Bilatéral Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 Étiologie bénigne IRM Abstention surveillance fréquente Normale (IRM en fonction des parents) PL < 40 ans > 40 ans : HTA, DB Signes cliniques < 40 ans non Symptomatologie Bilan médical > 40 : HTA, DB OCULOMOTRICES LESans PARALYSIES classique, fatigabilité, Signes cliniques signes associées Symptomatologie non classique, fatigabilité, Bilan myasthénie signes associées Bilan infectieux, viral Bilan myasthénie Bilan infectieux, viral Il est d’abord clinique : ophtalmologique et orthoptique, les examens complémentaires sont dominés par la neuroradiologie : IRM, angio-IRM. Le problème se pose devant une IRM normale : il ne faut pas hésiter à faire relire les images, voire à refaire l’examen. S’il y a un doute sur un anévrysme, il faut demander une angiographie devant une angio-IRM normale. Unilatérale Bilatéral Étiologie bénigne IRM Unilatérale Bilatéral Abstention surveillance fréquente Normale Étiologie IRM (IRM en fonctionbénigne des parents) PL Abstention surveillance fréquente Normale Signes additionnels ou (IRM en fonction desguérison parents) Penser aux enfants battus aggravation ou pas PL Signes additionnels ou IRM Penser aux enfants battus aggravation ou pas guérison IRM Tableau 3A - Conduite à tenir devant P VI chez l’enfant de moins de 15 ans. < 55 ans < 40 ans > 55 ans IRM Bilan médical VS BAT < 40 > 55 ans < 55 ans ans Normale IRM VS BAT Bilan médical • Contôle médical Bilan médical, PL • Pas d’amélioration : Normale bilan médical + IRM • Contôle médical Bilan médical, PL • Pas d’amélioration : bilan médical + IRM Conclusion Tableau 3B - Conduite à tenir devant P VI, chez l’enfant de plus de 15 ans. On retiendra l’importance d’une bonne coopération multidisciplinaire, entre ophtalmologistes, orthoptistes, neurologues, ra- diologues et l’importance d’un diagnostic rapide car le pronosn tic vital est parfois en jeu. Quel bilan ? DOSSIER ❚❚2. La forme acquise Les étiologies sont diverses (la CAT est résumée dans le tableau 3B). Progression paralysie Bilan médical IRM Progression paralysie IRM Mots-clés : Diplopie, Paralysies oculomotrices petites annonces Vous recherchez un médecin ou un remplacant pour compléter votre équipe médicale ? 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La paralysie de la troisième paire crânienne est la plus fréquente des paralysies oculomotrices après la paralysie de la sixième paire crânienne (3). L’anamnèse et l’examen clinique initial permettent le plus souvent de faire le diagnostic positif, d’orienter les examens complémentaires et de déterminer leur éventuelle urgence en fonction des étiologies supposées. Rappel anatomique Le noyau de la troisième paire crânienne se situe à la base de la substance grise centrale du mésencéphale, au niveau du colliculus supérieur. Les fibres du III émergent à la partie antérieure du tronc cérébral, au niveau du sillon interpédonculaire, à la terminaison du tronc basilaire ; elles cheminent ensuite le long de la tente du cervelet où elles sont pincées entre les artères cérébelleuse supérieure et cérébrale postérieure, puis sur le toit du sinus caverneux avant de pénétrer dans sa paroi latérale. À la sortie du sinus caverneux, le III se divise en deux branches supérieure et inférieure qui pénètrent dans l’orbite par la fente sphénoïdale (4). L’examen clinique L’interrogatoire précise : • le terrain (âge, antécédents ophtalmologiques et généraux, et notamment les facteurs de risque cardiovasculaires) ; • la date d’apparition du trouble oculomoteur, son évolutivité (survenue brutale d’un trouble d’emblée maximal, ou aggravation progressive) ; • les signes associés généraux (asthénie, perte de poids, douleurs des racines des membres pouvant orienter vers une maladie de Horton). Le principal symptôme est une diplopie qui peut être horizontale, verticale ou oblique. Elle peut être intermittente (variable en fonction de la direction du regard, avec une éventuelle attitude compensatrice de la tête), permanente, ou absente en cas de ptosis complet. Le diagnostic Diagnostic positif 1. Unité de Neuro-ophtalmologie, Strabologie et Chirurgie Oculomotrice, Service d’Ophtalmologie du Dr Caputo, Fondation Ophtalmologique Adolphe de Rothschild, Paris 118 L’examen ophtalmologique et oculomoteur précise les muscles atteints, la sévérité du trouble oculomoteur (atteinte extrinsèque), l’existence d’une atteinte pupillaire (atteinte intrinsèque). L’atteinte extrinsèque (atteignant les muscles DS, RPS, DM, DI, OI) peut être complète ou partielle. Quand elle est partielle, il peut s’agir d’un déficit focal limité à quelques éléments extrinsèques, ou d’un déficit global mais modéré de tous les éléments extrinsèques. Les atteintes extrinsèques partielles sont fréquentes mais, pour des raisons de systématisation neurologique, ne peuvent être rapportées à une paralysie partielle du III : une paralysie isolée du DS sans atteinte du RPS, une paralysie isolée de l’OI sans atteinte du DM et du DI, ou une paralysie isolée du DM. L’atteinte intrinsèque (sphincter pupillaire) peut être complète avec une mydriase complète, aréactive, ou partielle avec seulement une anisocorie augmentant à la lumière. Diagnostic différentiel L’examen ophtalmologique et locorégional permet souvent de distinguer une paralysie de la troisième paire crânienne : • d’une atteinte musculaire (myosite ou myopathie) ou d’un processus tumoral orbitaire, où il y aura une absence de systématisation neurologique et des signes orbitaires (exophtalmie); • d’une myasthénie oculaire Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 (absence de systématisation neurologique, variabilité du trouble oculomoteur). Mais, dans certains cas de paralysie partielle du III, la distinction avec une atteinte orbitaire peut parfois être impossible et c’est l’imagerie qui fera alors le diagnostic. Diagnostic étiologique Une paralysie du III peut être observée dans le cadre d’un tableau neurologique complexe (traumatisme crânien grave, accident vasculaire cérébral par exemple) ou sembler survenir de façon isolée. Dans ce dernier cas, l’examen devra systématiquement rechercher l’atteinte d’une autre paire crânienne, qui pourra donner une information topographique précise (Tab. 1). La paralysie nucléaire du III est rare et sa clinique spécifique est due à l’organisation anatomique du noyau du III : il existe un sousnoyau pour chaque muscle, un noyau commun pour les RPS, et seules les fibres destinées au DS déçussent, ce qui explique qu’une paralysie du noyau du III entraîne une paralysie des DM, DI, OI homolatéraux avec paralysie du DS controlatéral Tableau 1 - Paralysies multiples impliquant le III, d’après Vignal et al (4). Localisation Syndrome de la loge caverneuse Syndrome de la fente sphénoïdale Syndrome de l’apex orbitaire Syndrome de Weber (pied du pédoncule) Syndrome pédonculaire de Bénédikt (noyau rouge) Syndrome de Garcin (base du crâne) (± ptosis). Le plus souvent les paralysies du III nucléaires sont d’origine vasculaire. Dans la majorité des cas la paralysie est tronculaire et on distinguera surtout les formes avec atteinte pupillaire ou sans atteinte pupillaire (2) (Tab. 2). Dans une paralysie tronculaire l’atteinte pupillaire peut être discrète mais elle doit être impérativement recherchée. Si elle existe, en raison de la position superficielle des fibres pupillomotrices au niveau du tronc du III, une étiologie compressive est suspectée et une imagerie doit impérativement être réalisée. Une exploration en urgence Signes cliniques III, IV, V, VI et sympathique III, IV, VI et V1 (sensibilité cornéenne) II, III, IV, VI et V1 III, hémiplégie croisée III, mouvements anormaux controlatéraux (ataxie cérébelleuse, tremblement) Atteinte homolatérale multiple étendue des nerfs crâniens de I à XII (IRM, angio-IRM, artériographie) est indiquée en cas de suspicion d’anévrysme compressif (paralysie avec atteinte intrinsèque, récente, rapidement progressive, douloureuse) ; en cas d’un trouble d’apparition progressive, indolore, l’imagerie est nécessaire mais n’a pas le même caractère d’urgence (compression par tumeur maligne primitive ou secondaire, mais plus souvent par tumeur bénigne type méningiome). En cas de paralysie tronculaire sans atteinte pupillaire, un anévrysme compressif est très improbable et la cause la plus probable est ischémique, Tableau 2 - Risque d’anévrysme, recommandations pour l’imagerie selon l’atteinte intrinsèque et extrinsèque de la troisième paire crânienne, d’après Lee et al (2). Paralysie extrinsèqueParalysie extrinsèqueAbsence de paralysie complète incomplète extrinsèque complète Iridoplégie Risque élevé ++++ Risque élevé ++++ Risque minime voire nul complète IRM, ARM, artériographie IRM, ARM, artériographie Peu ou pas d’indication d’imagerie pour détection d’anévrysme Iridoplégie Risque incertain Risque modéré + Risque minime voire nul (probablement faible) IRM, ARM, artériographie IRM, ARM, artériographie Peu ou pas d’indication d’imagerie peut être discutée pour détection d’anévrysme Pas d’iridoplégie Risque faible Risque possible + Surveillance clinique IRM IRM, ARM, artériographie et ARM en fonction de l’évolution Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 119 DOSSIER LES PARALYSIES OCULOMOTRICES LES PARALYSIES OCULOMOTRICES DOSSIER par occlusion de vasa nervorum (de position centrale dans le tronc du nerf). Dans ce cas la paralysie est souvent massive et brutale. La position superficielle des fibres pupillomotrices explique qu’elles soient plus rarement touchées dans ce cas (mais cependant présente dans 10 à 40 % des cas). Les paralysies ischémiques concernent le plus souvent des sujets âgés, avec un terrain vasculaire (diabète, hypertension artérielle, tabagisme). Une maladie de Horton doit être éliminée systématiquement par la recherche de signes généraux, de céphalées, la palpation des artères temporales, mesure de la vitesse de sédimentation, dosage de la CRP. L’imagerie dans ce cas n’est pas systématique, surtout si le patient est âgé ; en revanche en cas d’atypie (début progressif, absence de régression spontanée), l’imagerie est nécessaire (Fig 1). En cas d’anomalie pupillaire sans atteinte oculomotrice, une cause compressive sur le III est peu probable, ou alors une atteinte extrinsèque apparaît rapidement. En cas de mydriase isolée, il faudra plutôt rechercher une cause locale (pupille d’Adie, mydriase pharmacologique, traumatique), dans ce cas la neuroimagerie est non systématique mais une surveillance est nécessaire pour s’assurer de l’absence d’apparition de signes extrinsèques. La douleur est un signe important à rechercher systématiquement : la moitié des paralysies du III dues à un anévrysme compressif sont douloureuses, mais 120 Paralysie du III (non traumatique) Patient > 10 ans Enfant < 10 ans Présence d’une épargne pupillaire Absence d’une d’épargne pupillaire (anévrysme+++) < 40 ans IRM IRM IRM Normale Normale Normale Arrêt Artériographie Bilan médical régulier (risque faible d’anévrysme) 40 55ans > 55 ans (HT A, diabète) (Horton) Bilan médical VS, BA T Bilan médical régulier: • 1 semaine • 6 semaines Figure 1 - Orientation diagnostique devant une paralysie du III, d’après Burde et al (1). ARM : angio-IRM, artériographie : artériographie cérébrale. une douleur est également très fréquemment retrouvée dans les autres causes et notamment en cas d’étiologie ischémique, qu’elle soit artéritique ou pas (5). Devant une paralysie du III douloureuse (extrinsèque et intrinsèque), l’imagerie est systématique et doit être réalisée en urgence ; en cas de III douloureux extrinsèque, une imagerie est systématique, mais l’urgence peut être discutée. Conclusion La paralysie de la troisième paire crânienne est une anomalie non rare à laquelle l’ophtalmologiste peut être confronté lorsqu’elle est isolée. Les tableaux les plus fréquents sont les paralysies vasculaires (artéritique ou non), ou de mécanisme compressif (par un anévrisme ou une tumeur). L’examen clinique permet de préciser l’atteinte oculomotrice et pupillaire, souvent de suspecter le mécanisme incriminé et ainsi d’établir la nécessité d’une imagerie et son éventuelle urn gence. Mots-clés : Paralysies de la III paire crânienne, Atteinte ou épargne pupillaire. Bibliographie 1. Burde R, Savino P, Trobe J: Clinical decisions in Neuro-ophthalmology. St Louis, 2002. 2. Lee AG, Hayman A, Brazis PW: The evaluation of isolated third nerve palsy revisited: an update on the evolving role of magnetic resonance, computed tomography, and catheter angiography. Surv Ophthalmol 2002 ; 47: 137-57. 3. Richards BW, Jones FR Jr., Younge BR. Causes and prognosis in 4 278 cases of paralysis of the oculomotor, trochlear, and abducens cranial nerves. Am J Ophthalmol 1992 ; 113 : 489-96. 4. Vignal-Clermont C, Miles D. Neuro-ophtalmologie. Paris: Elsevier, 2002. 5. Wilker SC, Rucker JC, Newman NJ et al. Pain in ischaemic ocular motor cranial nerve palsies. Br J Ophthalmol 2009 ; 93 : 1657-9. Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 LES PARALYSIES OCULOMOTRICES DOSSIER 3 La paralysie de la IVe paire crânienne Diagnostic et prise en charge Dr Pierre Lebranchu1, Pr Alain Péchereau1 Introduction Le muscle oblique supérieur est le seul muscle innervé par le nerf trochléaire. C’est un muscle abaisseur et incyclotorteur, son champ d’action maximale s’exerçant dans le regard en bas et en dedans. Sa paralysie entraîne des conséquences variables d’un patient à l’autre, restant longtemps insidieuse dans les formes congénitales ou, au contraire, ayant une expression bruyante dans les formes acquises. Elle est souvent révélée par une diplopie, un torticolis ou une hypertropie. Lorsqu’elle est nécessaire, sa prise en charge chirurgicale donne d’excellents résultats, permettant d’obtenir une zone de vision simple dans les principaux champs du regard. Signes fonctionnels de la paralysie Le patient peut se plaindre d’inconfort visuel ou de diplopie, surtout dans les activités sollicitant le champ inférieur du regard. Elle est typiquement ressentie comme verticale, parfois torsionnelle. Elle est souvent exprimée de manière aiguë dans les formes acquises, restant insidieuse voire ignorée dans les 1 Service d’ophtalmologie, CHU de Nantes. formes congénitales. Parfois la symptomatologie est plus frustre, le patient ressentant un inconfort lors de la lecture ou la descente des escaliers, ou bien ne s’adaptant pas à ses verres progressifs. Diagnostic clinique Le torticolis Il est parfois le seul signe d’appel, mais n’est souvent pas remarqué par le patient (qui n’en a pas conscience) ou son entourage. Il permet de diminuer au maximum la diplopie, le patient adoptant un port de tête qui l’éloigne au maximum du champ d’action de l’oblique supérieur paralysé : • tête penchée sur l’épaule opposée à la paralysie ; • menton abaissé. Classiquement, ce torticolis disparaît lors de l’occlusion d’un œil, mais ce signe dépend en général de l’ancienneté de la paralysie. L’étude des photographies du patient permet parfois de révéler son caractère ancien. lysé (déviation primaire), alternant avec une hypotropie de l’œil sain (déviation secondaire). Classiquement cette hypertropie diminue ou disparaît dans la position de torticolis (abduction de l’œil paralysé). Elle augmente dans l’adduction de l’œil paralysé (élévation en adduction) et diminue lors de l’abduction (Fig. 1). L’étude des versions met parfois en évidence une hypertropie constante dans tous les champs du regard vers le bas, pouvant révéler une contracture du muscle droit supérieur associée. Le test de Bielschowsky Cette manœuvre consiste à mesurer la déviation en position primaire d’abord tête droite, puis en l’inclinant sur l’une puis l’autre épaule. Le patient doit fixer son regard au loin. L’écran est alterné, de façon à décompenser au maximum l’angle de déviation. Il est maintenu devant un œil lors de l’inclinaison, afin d’éviter toute fusion. Cette manœuvre est positive si l’hypertropie augmente lorsque la tête est penchée du côté paralysé (Fig. 2). L’examen sous écran Le patient peut ne montrer aucune déviation en position primaire au début de l’examen. Il faut alors rompre la fusion entre les deux yeux (écran unilatéral puis alterné) pour démasquer une hypertropie de l’œil para- Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 La mesure de l’amplitude de fusion verticale Ce test doit être réalisé en début d’examen, avant que le patient ne voie double. Il consiste à mesurer le nombre de dioptries verticales qui peuvent être inter121 LES PARALYSIES OCULOMOTRICES DOSSIER posées devant un œil avant de déclencher une diplopie. Classiquement les formes congénitales développent une importante amplitude de fusion (≥ 6 dioptries), alors que les formes acquises sont incapables de fusionner. L’examen de la sensorialité Dans les formes congénitales, la déviation est en général bien compensée en position primaire dans les premières années de vie. L’amblyopie est donc rare. Cependant si une hypertropie apparaît dans la plupart des positions du regard, le jeune patient peut être amené à neutraliser (mécanisme antidiplopique), entraînant une altération progressive de sa vision binoculaire. Figure 1 - Paralysie de la IVe paire crânienne gauche (notez l’élévation de l’œil gauche lors de son adduction). La mesure de la déviation Le test de Hess-Weiss permet un relevé coordimétrique de la déviation, mais dépend de la coopération (et de la sensorialité) du patient. Typiquement il retrouve une hypoaction de l’oblique supérieur parésié associée à des hyperactions de l’oblique inférieure homolatérale et du droit inférieur controlatéral (Fig. 3). Les tracés des deux yeux seront sensiblement de la même taille dans les formes progressives. L’examen de la torsion apporte de précieuses informations. L’examen du fond d’œil ou des rétinophotographies peut mettre en évidence une excyclotorsion, parfois bilatérale même en cas de paralysie isolée (Fig. 4) (1). L’examen subjectif de la torsion peut être réalisé à la double baguette de Maddox, aux verres de Bagolini ou encore par l’inclinaison de la torche lors du test de Hess-Weiss. Il sera au mieux réalisé par une mesure 122 Figure 2 - Test de Bielschowsky positif lorsque la tête est penchée sur l’épaule gauche. Figure 3 - Test de Lancaster dans une paralysie de la IVe paire crânienne gauche. Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 LES PARALYSIES OCULOMOTRICES L’examen en imagerie par résonance magnétique (IRM) sera demandé en cas d’atypie, en particulier lorsque la paralysie semble acquise sans diagnostic évident. Les coupes orbitaires peuvent mettre en évidence une atrophie du corps musculaire de l’oblique supérieur (Fig. 5), qui, s’il confirme le diagnostic de paralysie de l’oblique n’oriente pas sur son origine congénitale ou acquise (2). Les coupes encéphaliques permettent d’orienter la recherche étiologique. DOSSIER sur l’écran tangentiel de Harms, qui permet d’objectiver une augmentation de l’excyclotorsion lorsque le regard se porte en bas et en dedans. Figure 4 - Excyclotorsion bilatérale prédominant à gauche dans le cadre d’une paralysie de la IVe paire crânienne. Diagnostic étiologique Les paralysies du IV sont dominées par deux principales étiologies: congénitale et traumatique (Tab. 1). Les atteintes congénitales sont initialement bien compensées, et peuvent être de révélation tardive. Elles sont alors diagnostiquées au cours d’un examen fortuit, ou parce que l’entourage a noté l’élévation d’un œil en adduction. Cependant une fois les mécanismes compensateurs dépassés elles peuvent mimer une atteinte aiguë. L’ancienneté du torticolis, l’existence d’une asymétrie faciale et/ou d’un trouble de l’articulé dentaire, l’importante amplitude de fusion verticale ou l’absence de vision binoculaire sont des signes en faveur d’une origine congénitale. La principale étiologie des paralysies acquises est traumatique mais le traumatisme initial peut parfois se révéler ancien. Les autres étiologies (vasculaire, Figure 5 - Atrophie du corps musculaire de l’oblique supérieur droit visualisé sur une coupe coronale en IRM. infectieuse ou inflammatoire) nécessitent un bilan neurologique et radiologique. La plupart des atteintes microvasculaires régressent dans les 3 premiers mois, ce qui n’est pas le cas des autres étiologies (3). Forme clinique : les paralysies bilatérales Elles ont une expression particulière. Les patients se présentent avec un port de tête menton rentré dans le sternum. A l’examen, il n’existe souvent que peu de déviation en position primaire, avec l’apparition d’une hypertropie droite en version gauche et d’une hypertropie gauche en version droite. Un double signe de Bielschowsky est observé, Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 Tableau 1 - Etiologies des paralysies unilatérales de l’oblique supérieur de l’adulte (étude rétrospective sur 150 patients). Etiologie de Fréquence la paralysie Congénitale 38,3 % Traumatique 29,3 % Microvasculaire 23,3 % Indéterminée 7,5 % ou autre Tableau 2 - Principaux diagnostics différentiels d’une hypertropie. • Myasthénie • Maladie de Basedow •P aralysie de la IIIe paire crânienne • Anomalie orbitaire (fracture, tumeur, myosite…) • Skew deviation 123 LES PARALYSIES OCULOMOTRICES DOSSIER avec une hypertropie gauche vers l’épaule gauche et une hypertropie droite vers l’épaule droite. Par rapport à une paralysie unilatérale, l’excyclotorsion est majeure dans le champ inférieur (supérieure à 10°), s’associant parfois à une ésotropie dans le regard en bas et à un syndrome alphabétique en V. Elle est secondaire à un traumatisme dans la moitié des cas. Diagnostic différentiel d’une hypertropie Il est résumé dans le tableau 2. Prise en charge Le traitement médical La correction optique doit être prescrite, en évitant les verres progressifs chez le patient non compensé. L’amblyopie devra être dépistée chez les plus jeune, et traitée ou prévenue. La prescription de prisme peut parfois compenser une petite hauteur, mais ne résout pas le problème torsionnel (4). L’occlusion monoculaire chez l’enfant peut permettre de diminuer le torticolis en attendant une éventuelle prise en charge chirurgicale. 2. Le traitement chirurgical Il est souvent la clé du traitement des paralysies. Il faut savoir y penser lorsque la diplopie devient gênante (en particulier lors de l’adaptation aux verres progressifs) ou le torticolis permanent. Chez l’enfant, l’altération de la vision binoculaire est un signe de l’aggravation de la paralysie, justifiant sa prise en charge chirurgicale. Le protocole chirurgical dépend de la clinique et des contractures musculaires associées. Il est guidé par les tests de laxité ligamentaire pre-opératoires réalisés sous anesthésie générale. On pourra ainsi associer selon les modalités un recul gradué du muscle oblique inférieur, un renforcement gradué du muscle oblique supérieur (dans sa totalité ou dans sa portion antérieure), parfois un recul du droit supérieur. Un geste complémentaire sur l’œil controlatéral se discutera en deuxième intention. Les résultats chirurgicaux s’avèrent satisfaisants, permettant d’éliminer la diplopie en position primaire et dans le regard en bas chez la très grande majorité des patients (5, 6) Conclusion La paralysie de la IVe paire crânienne est un diagnostic fréquent, mais qui peut être longtemps ignoré en raison de la normalité de l’examen clinique initial. Il faut savoir l’évoquer dans des circonstances particulières (trouble visuel dans le regard en bas, torticolis) et la rechercher par des manœuvres spécifiques de décompensation. Une fois son diagnostic affirmé, le médecin doit s’attacher à en rechercher l’origine (congénitale ou acquise) et adapter la prise en charge. Devant une paralysie non résolutive, une solution chirurgicale donne souvent d’excellents résultats. n Mots-clés : Paralysie de la IVe paire crânienne, Torticolis, Nerf trochléaire, Extorsion Bibliographie 1. Lefevre F, Pechereau A. Study of optic nerve head-fovea angle with retinophotography in congenital fourth nerve palsy. J Fr Ophtalmol 2009 ; 32 : 263-7. 2. Ozkan SB, Aribal ME, Sener EC,et al. Magnetic resonance imaging in evaluation of congenital and acquired superior oblique palsy. J Pediatr Ophthalmol Strabismus 1997 ; 34 : 29-34. 3. Mollan SP, Edwards JH, Price A, et al. Aetiology and outcomes of adult superior oblique palsies: a modern series. Eye (Lond) 2009 ; 23 : 640-4. 124 4. Tamhankar MA, Ying GS, Volpe NJ. Success of prisms in the management of diplopia due to fourth nerve palsy. J Neuroophthalmol 2011 ; En cours de publication. 5. Genevois O, Beaumont R, Retout A, Quintyn JC: Comparison of two surgical techniques for the treatment of superior oblique palsy. J Fr Ophtalmol. 2005 , 28 : 355-362. 6. Helveston EM, Mora JS, Lipsky SN et al. Surgical treatment of superior oblique palsy. Trans Am Ophthalmol Soc 1996 , 94 : 315 - 28. Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 4 La paralysie du nerf abducens VIe paire crânienne Dr Arnaud Sauer1, Pr Claude Speeg-Schatz1 Introduction La paralysie du nerf abducens (VI) est la plus fréquente des paralysies oculomotrices. Le VI innerve un seul muscle oculomoteur : le droit latéral. La paralysie du VI entraîne un déficit ou une paralysie de l’abduction, à l’origine d’une diplopie binoculaire horizontale. Les étiologies sont variées et nécessitent un bilan orienté. Le pronostic dépend de l’étiologie, mais est bien souvent favorable, avec une grande majorité de récupération spontanée. Figure 1 - Paralysie du VI droit : ésotropie et paralysie de l’abduction de l’œil droit. Diagnostic clinique La paralysie du VI se caractérise par une atteinte du muscle droit latéral, empêchant l’abduction de l’œil paralysé. Parallèlement, le muscle antagoniste, le droit médial, devient dominant et entraîne un strabisme paralytique convergent ou ésotropie (Fig. 1). Au verre rouge, la diplopie binoculaire est de type homonyme (non croisée) horizontale, augmentant dans le regard latéral du côté atteint et de loin. Un torticolis est retrouvé tête tournée du côté paralysé (1,3). Le test de Hess-Lancaster est un test rouge-vert qui permet de faire le diagnostic de l’œil et des muscles paralysés et de reconnaître les hyperactions musculaires secondaires à la pa- 1 Opthalmologie NHC, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Figure 2 - Paralysie du VI droit : test de Hess-Lancaster. Le cadre est plus petit dans le champ temporal de l’œil droit par rapport au côté gauche. ralysie. Il consiste en un relevé graphique de l’oculomotricité dans les différentes positions du regard. L’œil paralysé a un cadre plus petit que la normale (par hypoaction du muscle paralysé), l’œil controlatéral a un cadre plus grand que le normale (par hyperaction de l’agoniste controlatéral suivant la loi de Hering). Ainsi dans une paralysie du VI, le cadre sera plus petit dans le champ temporal de l’œil atteint par rapport au côté sain (Fig. 2) (1, 2). Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 L’examen clinique sera complété par un examen neurologique complet comprenant une analyse systématique de l’ensemble des paires crâniennes et par un examen ophtalmologique, notamment un fond d’œil recherchant un œdème papillaire associé. Formes cliniques On distingue habituellement les formes congénitales des formes acquises. 125 DOSSIER LES PARALYSIES OCULOMOTRICES LES PARALYSIES OCULOMOTRICES DOSSIER Les paralysies congénitales du VI sont rares. Il existe une forme bénigne du nourrisson, unilatérale, le plus souvent spontanément résolutive dans les six premiers mois de vie. Les formes bilatérales s’intègrent le plus souvent dans des formes syndromiques complexes. Les deux formes les plus classiques sont le syndrome de Möbius et le syndrome de Stilling-Duane. des paralysies du VI, mais il est en fait une atteinte congénitale du VI. Il atteint plus souvent les filles et l’œil gauche. La majorité des cas sont sporadiques, mais des formes héréditaires sont rapportées dans la littérature et plusieurs mutations sont impliquées. Des anomalies associées sont présentes chez un quart des patients environ. Le syndrome de Möbius Etiologies des paralysies du VI Le syndrome de Möbius associe une diplégie faciale, une paralysie bilatérale de l’abduction et souvent des anomalies générales (malformations des extrémités, atteintes des dernières paires crâniennes, retard mental). Dans la majorité des cas, le syndrome de Möbius résulte d’anomalies vasculaires prénatales du tronc cérébral (1). Le syndrome de Stilling-Duane Celui-ci est une atteinte congénitale du VI, liée à une agénésie complète ou partielle du noyau et du tronc du VI, associée à une innervation aberrante du droit latéral par des fibres destinées au droit médial. Le tableau clinique comporte du même côté une paralysie de l’abduction et une rétraction du globe lors de l’adduction. La fente palpébrale s’élargit lors de l’abduction en raison de la contraction des obliques. Elle se rétrécit en adduction par une rétraction du globe dans l’orbite liée à l’association de la co-contraction des deux droits horizontaux et de l’effet "corde de rappel" du droit latéral fibrosé (2). Le syndrome de Stilling-Duane est habituellement décrit comme un syndrome de restriction et un diagnostic différentiel 126 Chez l’enfant, on évoquera principalement les étiologies congénitales, traumatiques et tumorales (4). Les principales causes chez l’adulte comprennent les maladies vasculaires, les traumatismes et les tumeurs cérébrales (1, 3, 5). Des atteintes isolées transitoires sont retrouvées aussi au cours des maladies infectieuses, fébriles et après vaccinations. Les HTIC primaires ou secondaires sont souvent responsables d’une paralysie du VI bilatérale car ce nerf présente un trajet long à la base du crâne, donc sensible aux variations de pression cérébrale. D’autres signes cliniques comme un œdème papillaire de stase bilatéral, des acouphènes et des éclipses visuelles sont alors souvent retrouvés. Dans les atteintes nucléaires, on retrouve souvent une atteinte d’une ou plusieurs autres paires crâniennes et une paralysie de la latéralité du regard. Les causes sont principalement ischémiques, tumorales ou par démyélinisation. L’atteinte du VI dans l’espace sous-arachnoïdien est dite "non localisatrice". Des étiologies variées sont évoquées : inflammatoires (SEP, lupus ou sarcoïdose), tumorales, traumatiques et infectieuses (maladie de Lyme, syphilis…). Dans le sinus caverneux, la sémiologie est souvent plus riche avec des associations à un syndrome de Claude-Bernard Horner homolatéral, une paralysie du III et/ou du IV ou une atteinte du trijumeau. Les étiologies sont diverses : tumorales, vasculaires (thromboses et anévrismes de la carotide interne, fistules carotido-caverneuses), ischémiques (maladie de Horton et diabète), inflammatoires (sarcoïdose, tuberculose et syndrome de Tolosa-Hunt), infectieuses et traumatiques (1, 6). Diagnostics différentiels Le principal diagnostic différentiel est représenté par l’atteinte myogène du muscle droit latéral dont les principales étiologies sont la myasthénie, les myosites, rarement les myopathies dysthyroïdiennes. Les traumatismes, par lésion directe du muscle et/ ou incarcération musculaire et les spasmes en convergence peuvent poser aussi le problème du diagnostic différentiel (1, 5). Conduite à tenir devant une paralysie acquise du VI Chez l’enfant Les examens complémentaires doivent avant tout éliminer une tumeur intracrânienne. Une IRM cérébrale, ou à défaut un scanner, doit être pratiquée dans les meilleurs délais. Si l’imagerie cérébrale est normale, une ponction lombaire, à la recherche d’une cause infectieuse ou inflammatoire, sera indiquée (4). Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 Chez l’adulte de moins de 50 ans En cas d’atteinte non traumatique, isolée du VI, il est nécessaire de pratiquer un bilan neuroradiologique. S’il est négatif, des examens sanguins à la recherche d’un syndrome inflammatoire et une consultation neurologique avec ponction lombaire sont demandés (1). Chez l’adulte de plus de 50 ans Après 50 ans, la maladie de Horton doit être recherchée (VS en urgence) et un bilan cardiovasculaire est réalisé afin d’éliminer les facteurs de risque comme une HTA ou un diabète. En dehors de ces causes, l’atteinte du VI isolée, le plus souvent d’origine vasculaire, se résout généralement en 6 à 8 semaines et ne nécessite pas d’exploration supplémentaire. Il n’y a pas d’indication à un bilan neuroradiologique (1). Les atteintes bilatérales imposent un bilan neuroradiologique. En cas de normalité, une ponction lombaire avec prise de pression à la recherche d’une HTIC est indiquée (1). Principes de la prise en charge Le traitement étiologique, parfois urgent (compression anévrysmale, Horton…), est indiqué devant toute paralysie oculomotrice. Les mesures mises en place par l’ophtalmologiste dépendent de la gêne ressentie par le patient (diplopie invalidante) et du moment de cette prise en charge. La majorité des paralysies du VI va s’arranger spontanément entre 6 semaines et 6 mois. À la phase aiguë de la paralysie, une occlusion de l’œil atteint est souvent proposée afin de supprimer la diplopie. Si l’acuité visuelle le permet, on réalise une occlusion alternante, systématique chez l’enfant en raison du risque d’amblyopie. Quand l’angle de déviation est stable et peu important (maximum 2025 dioptries) des prismes à bases temporales peuvent être posés devant l’œil paralysé ou répartis sur les deux yeux. Après 3 à 6 mois d’évolution, un traitement par toxine botulique peut être proposé. L’injection réalisée dans le droit médial homolatéral à la paralysie permet de limiter sa contracture et de soulager la diplopie persistante. Les résultats sont controversés selon les études (7). L’effet secondaire principal est la survenue d’un ptosis transitoire par diffusion de la toxine. En cas de persistance après 6 à 12 mois d’évolution, la chirurgie est le traitement de choix. Le protocole est guidé par un test de duction forcée. Si l’œil paralysé passe la ligne médiane, le traitement repose sur l’association recul du droit médial-résection du droit latéral. Si l’œil ne passe Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 pas la ligne médiane, une technique de transposition musculaire type "Hummelsheim" par déplacement des droits verticaux fonctionnels, est indiquée. Conclusion Les paralysies du VI regroupent un grand nombre d’étiologies. Le pronostic dépend de la cause et de l’âge de survenue. Il est souvent favorable chez l’adulte après 50 ans avec une grande majorité de récupération spontanée. Chez l’adulte jeune et l’enfant, les causes tumorales et inflammatoires sont les plus fréquentes et le pronostic ainsi plus variable. n Mots-clés : Paralysie du VIe, Nerf abducens Bibliographie 1. Cochard-Marianowski C, Roussel B, VignalClermont C. Paralysies oculomotrices. EMC Ophtalmologie.Paris : 2008, 21-500-A-10. 2. Espinasse-Berrod M. Strabologie : approches diagnostique et thérapeutique. Atlas en ophtalmologie Paris: Elsevier-Masson 2004 : 124-72. 3. Blaustein BH. Ocular motility dysfunction Ocular manifestations of neurologic disease St Louis,1996 : 111-126. 4. Merino P, Gómez de Liaño P, Villalobo JM, et al. Etiology and treatment of pediatric sixth nerve palsy. J AAPOS 2010 ; 14 : 502-5. 5. Goodwin D. Differential diagnosis and management of acquired sixth cranial nerve palsy. Optometry 2006 ; 77 : 534-539. 6. Vignal C, Miléa D. Neuro-ophtalmologie Atlas en ophtalmologie Paris : Elsevier-Masson 2002 : 188-211. 7. Rowe FJ, Noonan CP. Botulinum toxin for the treatment of strabismus. Cochrane Database Syst Rev 2009 : CD006499. 127 DOSSIER LES PARALYSIES OCULOMOTRICES mise au point Toxine botulique Quand l’utiliser en ophtalmologie ? Dr Hadia El Gharbi1 Introduction D’abord proposée par Alan Scott en 1978 (1) pour le traitement du strabisme puis dans les pathologies spasmodiques comme le blépharospasme, la toxine botulique a connu une évolution exponentielle de ses indications grâce à son innocuité et à la sécurité de son utilisation. Utilisation dans les tRoubles oculomoteurs L’utilisation de la toxine botulique reste en France hors AMM en strabologie. En effet, l’indication principale chez l’enfant est le strabisme précoce entre 18 mois et 3 ans. Alors que son utilisation est contre-indiquée avant l’âge de 12 ans. Elle est utilisée dans les strabismes convergents précoces (2). La technique opératoire implique une anesthésie générale sans intubation et la réalisation d’une boutonnière conjonctivale en regard du muscle droit médial. Un injection de 2,5 à 5 unités Allergan d’un flacon de Botox 50 dilué à 1 ml. Dans les troubles oculomoteurs, elle est indiquée particulièrement dans les paralysies du VI précoces, avant 6 mois. 1 Opthamologue. Fondation Rothschild et Centre Milan (Paris) 128 toutes les pathologies spasmodiques mitif, il existe trois formes cliniques . • Entropion spasmodique. • Les blépharospasmes primitifs ou secondaires. • Les spasmes hémifaciaux essentiels ou secondaires à une paralysie faciale. ❚❚Le blépharospasme essentiel Celui-ci se traduit par des contractions musculaires qui restent localisées aux muscles orbiculaires, corrugateurs et procerus. Cette contraction intense entraîne une fermeture des paupières et un abaissement des sourcils qui accompagne cette fermeture palpébrale (Fig. 2). L’entropion spasmodique. Son utilisation est intéressante s’il y a une contre indication opératoires ou dans certaines pathologies de surface. Les blépharospasmes (3) Il s’agit d’une pathologie neurologique à expression ophtalmologique qui se traduit par des contractions musculaires toniques et spasmodiques des muscles (Fig. 1). Sur le plan clinique les patients se plaignent de brûlures oculaires, une impression de grain de sable et de photophobie. Ces plaintes évoquent une pathologie de surface oculaire alors que les signes cliniques sont négatifs. On peut rarement observer une blépharite ou un syndrome sec qu’il faut traiter. Certaines situations déclenchent ou aggravent ces spasmes: la fixation, l’exposition à une source lumineuse (le soleil, la télévision ou un écran d’ordinateur). Ces blépharospasmes sont primitifs ou secondaires à une prise chronique de neuroleptiques, un syndrome parkinsonien, un accident vasculaire cérébral. Dans le blépharospasme pri- ❚❚Le syndrome de Meige (4) ou spasme facial médian Les contractions spasmodiques sont beaucoup plus étendues, elles touchent les muscles médians de la face (Fig. 3). En plus des muscles orbiculaires, on note des spasmes des muscles petit et grand zygomatiques péribuccaux et dilatateurs du nez. On retrouve souvent une dystonie axiale en ante ou latéroflexion de la tête. Il faut rechercher également des spasmes des muscles intrinsèques responsables d’une dystonie pharyngée ou laryngée. ❚❚L’apraxie d’ouverture des paupières ( 5) ou dystonie de l’orbiculaire prétarsal Cette forme clinique évoque particulièrement un ptosis myasthénique (variabilité du ptosis plus important le soir, chute des paupières avec hyperaction compensatrice du muscle frontal et élévation du sourcil). La composante spasmodique est limitée ce qui rend le diagnostic difficile(Fig. 4). Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 Toxine botulique Figure 1 - 2 : muscle corrugateur 3: procerus 4: orbiculaire. Figure 2 - Blépharospasme essentiel : la fermeture intense des paupières oblige le patient à ouvrir ses paupières de façon mécanique. Figure 4 - Apraxie d’ouverture des paupières . Celle-ci évoque un ptosis myasthénique. Figure 3 - Syndrome de Meige : contraction des muscles petits zygomatiques et élévation de la commissure labiale. Figure 6 - Conflit vasculo-nerveux - Angio-IRM : conflit entre Figure 5 - Spasme hémifacial droit. Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 l’artère cérébelleuse postéro-inférieure (PICA). 129 mise au point Il faut rechercher des antécédents de dystonie familiale, retrouvé dans 15 % des cas de syndrome de Meige. Il faut rechercher une prise de neuroleptique qui aggrave ou induit un blépharospasme Il faut essayer de dépister un syndrome dépressif et le traiter car il aggrave le blépharospasme. Le diagnostic est clinique mais une imagerie cérébrale permet d’éliminer une cause secondaire. Sur le plan physiopathologique, la cause reste inconnue, il existerait un déséquilibre entre le système cholinergique et adrénergique (6). Le spasme hémifacial (SHF) Le spasme hémifacial (Fig. 5) peut être essentiel ou secondaire . ❚❚Spasme hémifacial essentiel Le SHF n’est une dystonie mais une stimulation periphérique du nerf facial dans sa partie distale , à son émergence ponto-cerebelleuse (Fig. 6) soit par un conflit vasculo-nerveux (artère cérébelleuses moyennes ou doligotronc basilaire) soit par stimulation anarchique du nerf facial à partir d’une zone amyélinique dénommée le REZ (7). Cliniquement les contractions musculaires touchent tout le territoire facial du muscle frontal au muscle carré du menton, mais ces contractions restent unilatérales, exceptionnellement bilatérale, parfois associée à une nevralgie du V. Une imagerie par RMN est nécessaire afin de rechercher un conflit vasculo-nerveux et éliminer une cause tumorale. ❚❚Spasme hémifacial secondaire Le spasme hémifacial peut être secondaire à une paralysie faciale. La récupération du nerf paralysé est responsable de régénérations anarchiques avec syncinésies. Dans cette indication, il est préférable de réaliser un électromyogramme avant toute injection de toxine botulique, et de diminuer de 50 % la dose à injecter. Les autres indications en ophtalmologies Dans les suites d’une paralysie faciale avec malocclusion. Induire un ptosis total évite une tarsorraphie. Ceci est possible en injectant le muscle de Müller ou directement dans le muscle releveur de la paupière supérieure. Traitement des rétractions palpébrales dans la maladie de Basedow (8) L’injection de toxine botulique se fera au niveau du bord su- périeur du tarse au niveau du muscle de Müller. L’effet sur la secrétions des glandes salivaires Cet effet est bien connu et est utilisé de façon courante dans les hypersialorrhées de la maladie de Parkinson (9). En ophtalmologie, il est possible d’effectuer une injection directement dans la glande lacrymale dans sa portion palpébrale en cas d’hypersecretion lacrymale à voie pérméable qui n’a pas de cause mécanique ou impossible à traiter chirurgicalement (10). Conclusion La diversité des indications de la toxine botulique en ophtalmologie reste assez méconnue. Dans le cas de certaines patholgies pour les quels un traitement chirurgical serait inéfficace , une alternative est possible grâce à la toxine botulique. L’inconvénient majeur de la toxine botulique reste son coût et la répétition des n injections. Mots-clés : Toxine botulique, Spasme hémifacial, Blépharospasmes, Troubles oculomoteurs Bibliographie 1. Scott AB: Botulinum toxin injection into extraocular muscles as an alternative to strabismus surgery. Ophthalmology, 1980 ; 87 : 1044-9. 2. Scott AB , Magoon EH, McNeer KW, Stager DR Botulinum treatment of childhood strabismus. Ophthalmology, 1990 ; 97 : 1434-8. 3. Jankovic J, Ford J, Blepharospasm and orofacial-cervical dystonia: clinical and pharmacological findings in 100 patients. Ann Neurol, 1983 ;13 : 402-11. 4. Jankovic J, Nutt JG. Blepharospasm and cranial-cervical dystonia (Meige’s syndrome): familial occurrence. Adv Neurol, 1988 ; 49 : 117-2 5. Goldstein JE, Cogan DG. Apraxia of lid opening. Arch Ophthalmol, 1965 ; 73 : 155-9 6. Hallett M. Blepharospasm: recent advances. Neurology, 2002 ; 12 ; 59 : 1306-12. 130 7. Onoda K, Tokunaga K, Miyoshi Y et al. Hemifacial spasm due to vascular compression of the distal portion of root exit zone of the facial nerve: report of two cases. No Shinkei Geka, 2006 ; 34 : 397-400. Japanese 8. Uddin JM, Davies PD. Treatment of upper eyelid retraction associated with thyroid eye disease with subconjunctival botulinum toxin injection. Ophthalmology, 2002 ; 109 : 1183-7 9. Young CA, Ellis C, Johnson J et al. Treatment for sialorrhea (excessive saliva) in people with motor neuron disease/amyotrophic lateral sclerosis. Cochrane Database Syst Rev, 2011 : CD006981 10. Nava-Castañeda A, Tovilla-Carles SL Boullosa V et al. Duration of botulinum toxin effect in the treatment of crocodile tears. Ophthal Plast Reconstr Surg, 2006 ; 22 : 453-6. Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 éCHOS DES CONGRèS Retour sur le Symposium de l’ASCRS* à San Diego Quelles nouveautés ? n Du 25 au 29 mars 2011, la ville californienne a accueilli le congrès annuel de l’American ­Society of Cataract and Refractive Surgery. Au programme, toute une reflexion sur la chirurgie ophtalmique, et deux journées consacrées à la cornée et au glaucome. Dr Chrysanthi Basdekidou1, Dr Eric Pérez-Campagne1,2 La chirurgie de la cataracte au laser femtoseconde : une réalité Par la suite, le chirurgien doit effectuer l’aspiration du cristallin et l’injection d’un implant dans le sac capsulaire. Un OCT est incorporé et permet de visualiser en 3D la profondeur des découpes. L’OCT permet au chirurgien d’introduire les paramètres avant la chirurgie afin de respecter les zones de sécurité à l’aide du système Integral guidance safety zones. Grâce au laser femtoseconde le diamètre et le centrage de la capsulotomie très précis, ce qui est très important pour le positionnement de l’implant intraoculaire. La sculpture est plus rapide, le chop plus consistant et * American Society of Cataract and Refractive Surgery 1 : Fondation A. de Rothschild, Paris 2 : Hôpital Simone Veil, Eaubonne © Chris Johnson - Fotolia La chirurgie de la cataracte au laser femtoseconde consiste à effectuer au laser la capsulotomie dans un premier temps opératoire, puis la fragmentation du cristallin, et finalement la réalisation des incisions-porte d’entrée et porte de service. il y a une réduction de l’énergie d’ultrasons employée. Pendant cette chirurgie une couche d’épinoyau est créée. Celle-ci protège la capsule postérieure d’un éventuel endommagement par des morceaux nucléaires durs. Cette couche est facilement enlevée après la fragmentation du noyau. Ainsi, le sac capsulaire reste solide après avoir effectué la capsulotomie. La fragmentation à l’aide du laser femtoseconde est plus rapide dans les cataractes dures par rapport aux moyens actuels de phacoémulsification. Cependant, le temps opératoire est similaire dans le cas des cataractes Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 de bas grade. La fragmentation n’est pas efficace dans le cas des cataractes blanches car le laser femtoseconde est réfléchi, mais les cataractes brunes peuvent être fragmentées. Dans les premières interventions effectuées de femtocataracte quelques patients avec des angles étroits ont eu des augmentations de pression intraoculaire après la fragmentation du noyau. Cette complication est résolue après avoir enlevé les fragments du cristallin. Les avantages principaux de cette technologie sont les suivants : une meilleure sécurité et efficacité, une réduction du 131 éCHOS DES CONGRèS temps de phacoémulsification et une diminution de la perte de cellules endothéliales. Le but de cette chirurgie est d’obtenir une moindre dépendance du chirurgien et que l’intervention soit le plus prévisible possible. Quatre laboratoires développent cette technologie : • Technolas Perfect Vision (Munich, Allemagne); • LensAR (Winter Park, Florida) • OptiMedica (Santa Clara, Californie); • LenSx (Alcon, Fort Worth, Texas). La différence principale entre les quatre instruments est que le système d’OptiMedica emploie une interface de liquide entre le laser et l’œil lors de la procédure. La correction de la Presbytie : les inlays Les corneal inlays sont utilisés pour traiter des erreurs réfractives. L’erreur réfractive la plus fréquemment traitée est celle de la presbytie. Ils se posent dans l’œil dominé. Les candidats sont les patients âgés de 45 à 60 ans. Les inlays améliorent la vision de près en préservant la vision de loin. Ils se positionnent dans le stroma, au centre de l’axe visuel, après avoir effectué un capot cornéen à l’aide d’un laser femtoseconde. Ils ont peu de complications (centrage, complications type Lasik). Ces implants ont l’avantage d’être amovibles. Dans le marché nous trouvons 3 types d’implants. L’AcuFocus Kamra® inlay C’est un micro-disque opaque d’un diamètre de 3,8 mm, muni 132 d’une petite ouverture (1,6 mm) au centre. Il améliore la vision de près grâce à un effet de "trou sténopéique" qui augmente la profondeur de champ en préservant la vision de loin. La Presbylens®, ReVision Optics Cette lentille de 2 mm a le même indice de réfraction que le tissu cornéen. Elle augmente la courbure antérieure de la zone centrale de la cornée en créant une surface multifocale. La Flexivue Microlens®, Presbia Il s’agit d’une lentille hydrophile polymère d’un diamètre de 3 mm et de 20 microns d’épaisseur. La composition de la lentille est similaire à celle employée dans les implants intraoculaires. Quelle solution choisir finalement pour la presbytie ? Les 12 points-clefs 1. L’ablation multifocale est basée sur le principe d’induction d’une aberration sphérique qui augmente la profondeur de champ sans affecter la sensibilité aux contrastes. 2. L’approche cornéenne n’est peut être pas l’option idéale pour le traitement de la presbytie, mais il existe la possibilité de l’IntraCor (Technolas Perfect Vision, St Louis), qui induit des modifications de la forme de la cornée au laser Femtoseconde. 3. PresbyLens®est la meilleure approche cornéenne pour la vision de près et la vision intermédiaire, tandis que le presbyLasik offre les meilleurs résultats pour la vision de loin. 4. La procédure de chirurgie d’expansion sclérale au laser offre un confort visuel pendant une période de 5-7 ans. Cette chirurgie est basée sur la théorie d’accommodation de Schachar. 5. Les lentilles multifocales sont aussi une bonne alternative. 6. Les implants accommodatifs sont une possibilité pour des patients motivés !!! Une accommodation efficace exige un shift de focus de 2 mm. Il n’y a aucun implant accommodatif qui peut le faire à présent. 7. Les implants photo ajustables (LAL, Calhoun Vision, Pasadena, Calif.) offrent des résultats réfractifs postopératoires corrects, car ils assurent le bon centrage de la pupille. Le piège se trouve au fait que l’axe de la best fit ellipse change avec l’éclairage. 8. La monovision pour qu’elle soit bien supportée par les patients doit prioriser la vision de loin et diminuer le défocus myopique à 1,5 D. 9. NuLens® (Herzliya Pituach, Israel) utilise les mécaniques de la capsule effondrée pour créer une accommodation. 10. Une équipe japonaise a créé un implant avec membrane accommodative. Deux membranes artificielles bouchent le capsulorhexis antérieur et postérieur pour contenir du liquide de silicone injecté dans le sac. L’implantation dure 20-30 min. Les rhéxis antérieur et postérieur évitent la création d’une opacification secondaire de la capsule. 11. Restituer l’accommodation grâce au laser femtoseconde afin de “modeler” le cristallin a été essayé sur 16 patients et pourrait être une éventualité. 12. L’idéal serait la manipulation des aberrations sphériques afin d’élargir la profondeur de champ. Cependant l’ampleur idéale des aberrations n’est pas connue. n Mots-clés : ASCRS, Cataracte, Chirurgie, Inlays Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44 rendez-vous de l’industrie PRESBYTIE un pack découverte de 10 lentilles Dailies® AquaComfort Plustm proposé en complément des lentilles mensuelles pour les vacances et les activités sportives. n AcuFocus lance l’implant KAMRA® C onstitué d’un tissu synthétique biocompatible, l’implant KAMRA® est placé dans la cornée et permet une augmentation du champ visuel en réduisant le diamètre de la pupille d’entrée de l’œil. Les faisceaux lumineux sont ainsi concentrés sur la rétine. En appliquant le principe de la « profondeur de champ » utilisée en photographie, l’implant va contrôler la transmission de la lumière. Le docteur Damien Gatinel, chef de service de la Fondation Rothschild, précise les conditions d’applicabilité : « Le résultats de la technique dépendent de la sélection rigoureuse des candidats et de l’exécution minutieuse de la technique chirurgicale. Avant toute démarche, un bilan ophtalmologique doit être effectué afin d’identifier toutes les contre-indications ». n Contactologie Ciba Vision diversifie les formats des lentilles L e laboratoire lance deux nouveaux formats Dailies® AquaComfort Plustm : un pack économique de 180 lentilles pour les porteurs réguliers de lentilles de contact, et Irritation oculaire Phytothérapie pour les yeux irrités B aush&Lomb propose une solution pour les yeux irrités, sous forme de collyre unidose sans conservateur : Vidisan® EDO (pour Euphrasia Dose Ophtalmique) utilise les propriétés anti-inflammatoires de la fleur Euphrasia Officinalis pour apaiser les yeux irrités à cause du vent, de la poussière, de la fumée, des bains de mer ou de piscine et d’autres causes d’inconfort oculaire au quotidien. n ERRATUM Formule du Travatan® D ans les rendez-vous de l’industrie de notre numéro d’avril, nous avons signalé « une nouvelle formule sans conservateur » pour le collyre en solution Travatan® d’Alcon. Il s’agit d’une erreur. L’ancienne formule à base de chlorure de benzalkonium a été remplacée par une nouvelle formule avec polyquarternium-1 (Polyquad®), mais elle n’est pas dépourvue de conservateur. Nos exn cuses aux lecteurs et au fabriquant. Publiez votre annonce en 1 clic sur le site Offres d’emploi, Demandes d’emploi, Remplacements, Installations, Immobilier, Matériel médical… Pour tout renseignement, contactez Marie-Laure Le Roux au 01 49 29 29 20 ou par mail : [email protected] Un site Expressions Santé