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2La nouvelle revue de l’adaptation et de la scolarisation - no 60 • 4e trimestre 2012
confrontés au quotidien à ces élèves particuliers. Nous ferons d’abord une critique de
la présentation actuelle de l’autisme avant de développer une autre présentation de
ce que nous appelons le fonctionnement autistique. Ainsi ne nous contenterons-nous
pas de définir un syndrome, ce qui correspond à la façon classique de présenter
ces populations en situation de handicap et qui caractérise l’approche médicale. Il
existe en effet une autre façon d’approcher ces populations particulières en tentant
d’appréhender leur différence et leur façon singulière d’être et de participer au
monde… C’est une telle présentation que nous souhaitons promouvoir.
Critique de l’approChe médiCale et défiCitaire de l’autisme
Dans les diverses manifestations ou colloques, lorsqu’il s’agit de présenter l’autisme,
on assiste de nos jours à la présentation classique de ce qui est appelé un syndrome à
partir des classifications internationales et de la bien connue triade autistique détaillant
les altérations qualitatives des interactions sociales et de la communication verbale
et le caractère répétitif et restreint des intérêts, activités et comportements. Il s’agit
en définitive d’une façon assez négative de présenter le profil de ces personnes,
laquelle n’engage nullement à les fréquenter mais inciterait plutôt à s’en méfier, voire
à s’en protéger… L’exposé est en général assez clair, illustré ou non d’exemples, mais
l’autisme se trouve systématiquement réduit à un trouble de la communication (non
verbale et verbale), présenté à partir de ses symptômes les plus évidents. L’accent
est mis sur les déficits de communication de ces personnes.
Plusieurs remarques peuvent être faites sur cette façon de définir l’autisme. Tout
d’abord ce qui fait problème, c’est cette volonté de définir un trouble. Ce qui est
important pour les professionnels au quotidien, ce n’est pas la définition du trouble
mais plutôt la compréhension de la personne. Par ailleurs en ne se centrant que
sur les aspects négatifs et problématiques, on oublie de définir les points forts de
ces personnes sur lesquels les professionnels peuvent s’appuyer au fil des jours.
Ces aspects déficitaires risquent toujours d’engendrer crainte et démobilisation.
Par ailleurs en se focalisant ainsi sur la communication et ses déficits, on se centre
sur ce qui constitue nos normes de fonctionnement, celles des dits neuro-typiques,
comme nous nomment les autistes dans le haut du spectre de l’autisme… Nous
sommes en effet avant tout des êtres communiquants. Et c’est sur cet aspect que
nous avons tendance à nous focaliser d’une façon naturelle et parfois excessive,
alors que, comme nous le montrerons plus loin, il y a d’autres aspects, notamment
sensoriels et perceptifs, qui ne retiennent pas notre attention et qui pourtant
éclairent grandement le fonctionnement de ces personnes. Cette approche dont
nous faisons la critique est une approche très médicale, présentant ces personnes
en négatif, se focalisant sur leurs manques et leurs dysfonctionnements. C’est une
approche très normo centrée, prenant comme point de départ notre propre mode
de fonctionnement qui constitue la norme et qui donc appréhende ces personnes
à partir de ce fonctionnement.
Nous allons donc tenter pour une fois de présenter l’autisme autrement, en essayant
de comprendre le mode de fonctionnement de ces personnes, en prenant en compte
notamment les témoignages de ceux qui peuvent s’exprimer, ceux-là attirant notre
attention sur d’autres aspects que les aspects sociaux déficitaires, sur des aspects