L`éruption du volcan Grimsvötn en Islande (4)

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BRGM
PDG/JV
Orléans, le 24 Mai, 21h
L’éruption du volcan Grimsvötn en Islande (4)
La présente information vient compléter le 24 mai à 21h les 3 notes précédentes émises par
le BRGM.
L’éruption du volcan Grimsvötn – un volcan situé au centre de l’Isalnde sous le glacier
Vattnajökull, le plus grand d’Islande recouvrant au moins 6 volcans actifs (Fig. 1) - se
poursuit au 4ème jour, mais continue à décroître en intensité :
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La hauteur du panache a baissé à une hauteur de 5 à 9 Km, contre 8 à 10 la veille et
jusqu’à 20Km lors du démarrage de l’éruption samedi 21 mai (il faut néanmoins
remarquer qu’un fort vent du nord peut contribuer à rabattre le panache).
Le nombre de tremors tend à diminuer depuis le début de l’éruption, notamment pour
ce qui concerne la station située à proximité immédiate du volcan (Fig. 2 et 3).
L’activité sismique (essentiellement à moins de 4 Km de profondeur) qui avait
brutalement augmenté samedi, est également retombée à un niveau quasi normal.
L’évaluation de la quantité de magma émise est – selon les calculs - en régulière
diminution.
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Fig. 1 : le volcan Grimsvötn sous le glacier Vatnajökull ; localisation des stations de surveillance GPS,
du bruit sismique et du niveau des rivières.
Fig. 2 : enregistrement des tremors sur la station la plus proche du volcan. Après la très forte
augmentation samedi, la tendance à la baisse observée dès dimanche se confirme, malgré une légère
reprise lundi.
Grímsfjall
Mókollar
Skrokkalda
Kreppuhraun
Kálfafell
Fagurhólsmýri
Brúarjökull
Fig. 3 : la même observation peut se faire sur l’ensemble des 7 stations situées au voisinage du
volcan, même si le décalage entre le bruit de fond et l’épisode éruptif est d’autant plus élevé que la
station est proche du centre éruptif.
Fig. 4 : évolution de l’activité sismique entre le 9 et le 25 mai. Après la très forte augmentation du
samedi 21, le nombre quotidien et la magnitude des séismes est en baisse. On observe que le pic se
situe sous le volcan, à une profondeur de moins de 4 kilomètres, ce qui correspond à des
déformations des roches encaissant la chambre magmatique située sous la caldera.
Selon les premières analyses effectuées sur les particules de cendres (moins de 10
microns), il se confirme qu’il s’agit d’un verre basaltique, contenant des cristaux de
plagioclases, dont la teneur en silice est de 50 à 51%. Rien n’indique une évolution de la
composition du magma au cours du temps ; il s’agirait donc d’une injection assez directe,
sans différenciation importante dans la chambre magmatique.
A noter qu’il n’y a pas eu à ce jour d’observation directe de lave effusive.
Concernant le panache de cendres, il faut distinguer maintenant le devenir des
émissions selon les périodes. Les cendres émises en haute altitude (10 à 20 Km) lors de la
phase initiale de l’éruption se sont déplacées du Groenland vers le continent américain
(Canada et USA). Celles qui sont émises désormais à plus basse altitude (6 à 10Km) se
dirigent selon les deux extrémités d’un arc, d’une part vers l’Est de l’Islande, le Groenland, le
Nord de la Scandinavie et la Russie, et d’autre part vers l’Ecosse et le Danemark. Les
images du satellite EUMETSAT (Fig. 5) sont reprises dans des modèles prédictifs établis par
le Met Office britannique (Fig. 6). Selon ces modèles, le nuage pourrait frôler le Nord de la
France le 25 mai.
Fig. 5 : image Eumetsat du nuage de cendres se dirigeant de l’Islande vers le Nord de l’Ecosse (en
rouge), le 24 mai à 15h.
Fig. 6 : prévisions concernant le déplacement du nuage de cendres vers la Russie d’une part et la mer
du nord d’autre part entre mardi 23 et mercredi 24.
Référence des sources :

http://en.vedur.is/earthquakes-and-volcanism/earthquakes

http://hraun.vedur.is/ja/oroi/grf.gif (enregistrement continu du tremor volcanique)

http://www.earthice.hi.is

http://www.metoffice.gov.uk/aviation/vaac/vaacuk_vag.html
Jacques Varet
Volcanologue, ancien président du CSERV (Comité Supérieur d'Évaluation des Risques Volcaniques),
lauréat du prix L.R.Wager décerné par la Royal Society et l’Association Internationale de Volcanologie
et de Chimie de l’Intérieur de la Terre (AIVCIT).
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