
Prise en char
ge de la dépr
ession de la personne âgée
La Revue de Gériatrie, T
ome 28, N°6
JUIN 2003
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autr
e thérapeutique. L’ef
ficacité de l’ECT est rapide
-
ment observée. La tolérance est bonne et son utilisation
comporte peu de risques chez la personne âgée, même
si le risque de syndr
ome confusionnel post critique sem
-
ble plus élevé que chez le sujet jeune. Une des indica
-
tions potentiellement intér
essante est la dépr
ession chez
le dément, mais il n'existe que des études sur un petit
nombr
e de cas qui ne per
mettent pas d’établir des
règles de conduite dans ce domaine. Le nombr
e de
séances d’ECT nécessair
es varie de 6 à 12 séances,
avec une fréquence moyenne de 3 fois par semaines.
AUTRES TYPES DE PRISE EN CHARGE
_______
Les traitements biologiques ne peuvent pas résoudr
e
toutes les composantes associées à la dépr
ession. T
out
un ensemble de stratégies d’aides psychosociales sont
nécessair
es et éventuellement des prises en char
ge
psychothérapiques. Même si le clinicien ne dispose pas
d’études contrôlées démontrant l’ef
ficacité, cet accom
-
pagnement r
elève de la dimension éthique du soin
gériatrique. T
outefois il peut exister une inadéquation
entr
e les attentes du patient âgé dépr
essif et les possibi
-
lités de réponses et par ailleurs, les psychothérapies ne
sont pas suf
fisamment accessibles aux patients âgés
déprimés.
Les prises en char
ge psychothérapiques
Les indications sont les mêmes que chez l'adulte : elles
sont à pr
oposer en cas d’échec du traitement chimio
-
thérapique, en cas de contr
e-indication de ces traite
-
ments, ou en cas d’ef
fets secondair
es tr
op importants.
Les indications préfér
entielles sont les états dépr
essifs
légers à modérés, cependant des études ont montré
qu'associées aux traitement chimique elles en amélio
-
raient le résultat, surtout en prévenant les récurr
ences.
Pour leur mise en place elles nécessitent l'adhésion de la
personne et quelquefois de son entourage familial. Les
techniques psychothérapiques les plus utilisées sont les
thérapies de soutien, qui sont basées sur une r
elation de
confiance à partir d 'une vision réaliste des objectifs à
atteindr
e et des possibilités mobilisables.
Elles sont surtout centrées sur "l'ici et maintenant" dans
un souci pragmatique et pour aider la personne à fair
e
face aux dif
ficultés actuelles. Cependant le thérapeute
doit r
e c h e r
cher les événe
m
ents déstabilisants, les
conflits r
elationnels, la r
eviviscence de souvenirs trau
-
matiques. Cette r
echer
che ne se limite pas à un simple
énoncé mais doit en intégr
er le sens dans la vie du sujet.
Il est important de donner des infor
mations sur le fonc
-
tionnement dépressif, d’ aider la personne à r
e c o n n a î t r
e
et accepter le fait doulour
eux. cette appr
oche peut aider
le patient à accepter la diminution de ses capacités liées
à l'âge. L'objectif étant la modification des symptômes
et des conduites
Il faut souligner l'intérêt des psychothérapies cognitives,
basées sur le principe des idées négatives que génèr
ent
la dépr
ession et qu' il est possible de modifier : idées
négatives vis à vis de soi-même, vis à vis du monde envi
-
r
onnant, vis à vis du futur ; le thérapeute identifie avec
l’aide du patient les situations qui entraînent pour lui des
sentiments négatifs et dépr
essifs et l' aide à y substituer
des pensées positives réalistes tout en r
econnaissant
l'authenticité de l'af
fect dépr
essif.
Les thérapies comportementales ont pour but un r
en
-
for
cement positif des comportements qui amélior
ent l’é
-
tat dépr
essif et un r
enfor
cement négatif des comporte
-
ments qui l’entr
etiennent.
Les appr
oches psychosociales
- Un étayage psychosocial, tels que la mise en place
d’aides à domicile, l’incitation à une participation sociale
familiale ou de voisinage (clubs du tr
oisième âge, activi
-
tés physiques etc...). L' ef
ficacité de ce type de sociali
-
sation a été évaluée en ter
mes de santé objective et sub
-
jective, mais insuf
fisamment en ce qui concer
ne spécifi
-
quement la dépr
ession, ce sont néanmoins les stratégies
que peut mettr
e en place tout praticien.
CONCLUSION
__________________________________
La prise en char
ge de la dépr
ession chez l’âgé comp
-
r
end la participation de la famille et de l’entourage pr
o-
fessionnel soignant. Les états dépr
essifs de l'âgé sont
des af
fections fréquentes, caractérisées par leur très
grande hétér
ogénéité clinique, ce qui explique les pièges
diagnostiques : le contexte dans lequel la dépr
ession
peut survenir est complexe où les dimensions sociales,
psychologiques, envir
onnementales et biologiques sont
intriquées. Jusqu'aux années 90 elle était souvent mal
r
econnue, banalisée, considérée comme un corrélât de
l'âge et de ce fait, insuf
fisamment traitée et sans prise en
char
ge cohér
ente. L'arrivée de nouvelles molécules plus
maniables chez la personne âgée explique que le dia
-
gnostic soit évoqué plus aisément. Des études chez la
population très âgée sont nécessair
es et sur bien des
points la médecine factuelle (Evidence Based Medecine)
n’a pas encor
e tr
ouvé ces fondements.
■