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Voilà un an qu’existe „iSert“, de HOYA, la première LIO préchargée au monde en
acrylique hydrophobe avec filtre à lumière bleue et optique asphérique. Pre-
miers résultats en clinique. Interview du Dr F. Sutter, Herisau
CLIN D’OEIL : Dr Sutter, qu’est-ce
qu’une lentille intraoculaire préchar-
gée a de particulier?
Dr F. Sutter: l’implantation de la LIO
est une étape importante de l’opéra-
tion, qui est susceptible de conduire à
des complications dans les cas diffici-
les (chambre antérieure plate, orbite
profonde, pupille étroite, mauvaise
visibilité à travers la cornée, etc…).
Les lentilles implantées par injection
(„shooter“) représentent ici un énorme
progrès par rapport aux lentilles plia-
bles. Le chargement dans la cartouche
est toujours, à cette occasion, un point
critique, car si le chargement et l’opé-
ration de pliage ne s’accomplissent pas
avec une précision absolue, le dépliage
et ainsi l’ensemble de l’implantation
en subissent les conséquences. Dans
le cas des LIO préchargée, la position
de l’injecteur est toujours la même
et le pliage s’accomplit à chaque fois
de façon précise et standardisée. Le
processus de chargement ne présente
aucun facteur susceptible de mettre
l’implantation en danger. La LIO ne doit
plus être manipulée, et une LIO pré-
chargée est naturellement optimale
du point de vue de la stérilité.
L’„iSert“ n’est pas seulement pré-
chargée, elle dispose également
d’une optique hydrophobe avec
un design asphérique et un filtre à
lumière bleue. Quel jugement por-
tez-vous sur les caractéristiques du
produit?
Il est prouvé que les avantages de l’op-
tique hydrophobe (réduction du taux
de cataracte secondaire), combinés
avec le design optique asphérique,
augmentent la qualité de la vision. A
cela vient s’ajouter le fait que l’„iSert“
est insensible au décentrage, ce qui
présente un grand avantage pour le ré-
sultat postopératoire. La réduction de
l’épaisseur au centre que cela entraîne
facilite le processus de l’injection.
En ce qui concerne le filtre à lumière
bleue, l’évidence scientifique n’est pas
aussi certaine que l’affirment certains
fabricants. Des examens faits sur des
cultures de cellules et des modèles
animaux donnent certes des indices
selon lesquels la partie à courte lon-
gueur d’onde de la lumière pourrait
endommager la rétine ou l’épithélium
pigmentaire, mais il n’y pas, jusqu’à
présent, de données cliniques con-
vaincantes. Ce qui est de ce fait déci-
sif, c’est que le filtre à lumière bleue ne
porte pas atteinte à la vue lorsque les
conditions de luminosité ne sont pas
bonnes. Parce qu’on peut assurément
utiliser en toute sécurité des lentilles
jaunes, ne serait-ce que pour des rai-
sons psychologiques, quand on est par
exemple en présence de modifications
au sens d’une maculopathie due à l’âge
ou si l’autre oeil a déjà développé une
forme tardive de DMLA.
Avec quelles demandes les patients
viennent-ils aujourd’hui vous voir?
Ou autrement dit: les patients exi-
gent-ils aujourd’hui un filtre à lu-
mière bleue, des propriétés optiques
asphériques ou multifocales etc.?
De nombreux patients atteints de
cataracte sont assez âgés et ne sont
pas très bien informés. Un petit nom-
bre d’entre eux a entendu parler des
lentilles jaunes et les demandent. Ce
sont plutôt les patients et les patien-
tes qui demandent des LIO multifoca-
les qui ont des attentes concrètes. Il
faut cependant être ici très prudent.
Les lentilles multifocales continuent à
présenter l’inconvénient que la qualité
de reproduction dans une longueur fo-
cale n’atteint pas le niveau des lentilles
unifocales. Il peut donc y avoir de ce
fait des insatisfactions en dépit de l’ab-
sence de lunettes. Une sélection très
soigneuse des patients est essentielle
à ce niveau. Je préfère déconseiller les
designs multifocaux en cas de doute.
Les patients qui ont déjà porté des len-
tilles de contact multifocales avant de
développer une cataracte constituent
bien entendu une exception. On peut
ici avoir recours à des LIO multifocales
avec un grand succès. Une bonne op-
tion est sûrement représentée dans
les LIO toriques en cas d’astigmatisme
élevé.
A quoi ressemble, selon vous, l’ave-
nir du marché des lentilles intraocu-
laires?
Les développements accomplis ces
dernières années ont fait apparaître
de nombreuses technologies nouvel-
les et les lentilles se sont beaucoup
améliorées. Comparées aux premières
LIO que j’ai implantées au cours de ma
formation, nous avons fait aujourd’hui
d’énormes progrès en termes de qua-
lité et de maniement, même en ce
qui concerne les „lentilles standard“.
Les résultats insatisfaisants n’ont que
très rarement à voir avec la LIO, mais
plutôt avec la biométrie ou l’existence
simultanée d’autres maladies de l’œil.
L’utilisation de LIO spécifiques comme
les LIO toriques, multifocales ou les LIO
spéciales (p. ex. en cas de défauts de
l’iris) représente toujours de grands
efforts et suppose une forte implica-
tion du patient. Je ne m’attends donc
pas à des grandes révolutions dans les
toutes prochaines années. Cela pren-
dra encore un peu de temps jusqu’aux
prochaines étapes marquantes, mais
celles-ci seront peut-être très grandes.
Pensez à des choses comme les LIO ac-
commodantes ou d’autres LIO, que l’on
peut encore influencer au plan réfractif
après l’opération.
Dr.Sutter, nous vous remercions de
cet entretien
HINTS & TIPS
„iSert“, de HOYA, a passé l’épreuve de la pratique
Dr F. Sutter,
Herisau
HOYA isert avec et sans
filtre à lumière bleue
CLINS D’ŒIL 1/2009