1
8 COORDINATION ET LIMITES DES POLITIQUES ECONOMIQUES
La mise en œuvre des politiques économiques apparaît de plus en plus complexe du
fait de leurs interactions du fait de la dépendance économique des pays liée sur le
plan en matière économique à une coordination internationale. Dans le cas de la
France, cette coordination se réalise dans le cadre de l’Union européenne et dépend
d’instances de gouvernance au niveau mondial telles que le G20 ou l’OMC.
I. LA COORDINATION DES POLITIQUES ECONOMIQUES
A. L’INTERACTION DES POLITIQUES ECONOMIQUES
Il est souvent difficile de concilier les différents objectifs des politiques économiques.
Par exemple, une politique qui vise à atteindre un objectif de croissance ou de plein
emploi peut se faire au détriment de la stabilité des prix et de l’équilibre du
commerce extérieur. Il est par exemple admis que la lutte contre l’inflation peut créer
du chômage. De même, la relation entre inflation et salaire s’explique par le fait que
lorsque le chômage dépasse un certain niveau, les salariés ne sont plus en position
de force pour revendiquer des hausses de salaires.
B. LES CONTRAINTES DE L’APPARTENANCE A L’UE
La politique économique de la France est encadrée par son appartenance à l’UE et
son adhésion à la monnaie unique. Pour garantir la stabilité macroéconomique de
l’UE, les membres fondateurs de la zone euro ont défini en 1997 un Pacte de
stabilité et de croissance (PSC) qui a constitué quelques années après un outil de
convergence des politiques économiques européennes sur cinq points dont le critère
d’un déficit public inférieur à 3% du PIB sauf circonstances exceptionnelles
(comme une récession économique grave, par exemple) et une dette publique
strictement inférieure à 60% du PIB. Mais, du fait de la crise des dettes souveraines
en 2010, des États membres n’ont pu respecter leur engagement politique sur le
contrôle de leurs déficits publics d’où l’inscription de la règle d’or de l’équilibre
budgétaire dans la constitution européenne. Pour lutter contre la crise de la dette
souveraine, il existe d’autres moyens prévus ou récemment décidés :
Le semestre européen qui prévoit un calendrier très strict pour l’élaboration
des PNR (« programme nationaux de réforme ») par les États membres après que la
Commission européenne ait décidé des actions prioritaires. Le « semestre
européen » est une période de coordination des politiques structurelles et
budgétaires des États membres se déroulant annuellement pendant six mois. Son
objectif est de permettre aux États membres de tenir compte des orientations de l'UE
à un stade précoce de l'élaboration de leurs budgets nationaux.
Il se déroule en cinq étapes :
Janvier
La Commission publie son examen annuel de la croissance qui fixe les
priorités de l’UE pour stimuler la croissance et la création d’emplois au
cours de l’année à venir.
Mars
Le Conseil européen s’appuyant sur cet examen formule les lignes
directrices de l’UE pour les politiques nationales
Avril
Les États membres présentent leurs PNR à la Commission
Juin
La Commission évalue les PNR et, si nécessaire, adresse des
recommandations propres à chaque pays que le Conseil européen
examine et approuve.
Fin juin (ou
début juillet)
Le Conseil adopte formellement les recommandations par pays.
2
La coordination des politiques économiques mondiales
Le FMI, l’OMC mais surtout le G20 ont mis en place des processus de décision
conjoints pour définir les grandes orientations de la politique économique au niveau
mondial pour qu’en période de crise, les politiques de relance soient cohérentes
entre elles afin d’assurer avec succès le retour de la croissance économique au
niveau international. Les pays membres du G20 (Argentine, Australie, Brésil,
Canada, Chine, France, Allemagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Russie,
Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Corée du sud, Turquie, Royaume-Uni, États-Unis,
Union européenne) représentent environ 90 % du PNB brut mondial, 80 % du
commerce mondial (y compris les échanges intra-communautaires) ainsi que les
deux tiers de la population mondiale. Cela lui confère une légitimité et une influence
importante sur la gouvernance de l'économie et du système financier mondial. Les
dirigeants de ces pays se réunissent périodiquement pour échanger leurs points de
vue sur la régulation de l'économie mondiale en vue d’améliorer son fonctionnement.
L’action récente de la BCE de racheter de la dette publique « sans limite »,
Mario Draghi a annoncé la fin du 1er programme de rachat de dette publique (le
SMP), qui a permis de racheter pour 209 milliards d'euros de titres. Il a précisé que la
BCE allait désormais pouvoir acheter des obligations d'Etat de maturité allant de 1 à
3 ans et qu'il ne se fixerait « pas de limite quantitative ».
II. LES LIMITES A L’EFFICACITE DES POLITIQUES ECONOMIQUES
A. LES LIMITES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
1. La soutenabilité budgétaire
La notion de soutenabilité des finances publiques concerne la capacité d’un état à
rester solvable, c’est-à-dire à conserver des marges de manœuvre budgétaires
suffisantes pour honorer ses engagements. L’effet « boule de neige » est le
processus cumulatif d’accroissement de la dette en raison de la charge trop
lourde que représente le paiement des intérêts. Le besoin de financement de l’État
augmente, ce qui le contraint à s’endetter davantage. Le poids de la dette devient
insoutenable.
2. L’effet d’éviction
Pour financer le déficit, l’état doit emprunter sur les marchés financiers.
L’endettement croissant des états et la captation croissante des sources financement
détourne l’épargne des agents à besoin de financement telles que les entreprises et
le ménages. Ce défournement au profit du secteur public et au détriment du secteur
privé provoque une baisse de l’investissement et un ralentissement de l’activité
économique. Les agents économiques tels que les entreprises sont de fait évincés
des sources financement et du marché financier : c’est l’effet d’éviction.
3. Les anticipations rationnelles des agents économiques
Selon la théorie des anticipations rationnelles de Robert Lucas1, les agents
économiques anticipent les effets d’une mesure de politique économique et agissant
ainsi, ils lui retirent son efficacité. Par exemple, face à une mesure de relance
budgétaire, il y a hausse du déficit budgétaire pour relacer la demande générale
(Keynes), les ménages anticipent cette hausse et l’interprètent comme une
augmentation des impôts et, en prévision, diminuent leur consommation. La
consommation fait partie de la demande générale donc la remise en échec.
Selon la théorie d’Arthur Laffer, une augmentation des prélèvements fiscaux
1 Robert Emerson Lucas Junior (né le15 septembre 1937) est un économiste américain.
3
désincitent au travail et à l’épargne2 parce que les agents économiques considèrent
que leurs revenus sont trop amputés et décident de moins travailler, investir et/ou de
moins épargner. Avec deux taux de prélèvement, on obtient le même niveau de
recettes budgétaires, mais le taux le plus élevé désincite au travail : « trop d’impôt
tue l’impôt » ou « les hauts taux tuent les totaux »
B. LES LIMITES A L’EFFICACITE DE LA POLITIQUE MONETAIRE
C’est la BCE qui conduit la politique monétaire qui, de ce fait, doit être crédible pour
les agents économiques. Mais, la politique monétaire peut avoir des effets pervers
sur l’inflation et sur la croissance, notamment par les répercussions de la variation de
ses taux d’intérêt directeurs provoquant, sur les marchés financiers internationaux,
du fait de l’internationalisation des marchés des capitaux, un afflux ou, au contraire,
une fuite des investissements étrangers.
De plus, les pays membres de la zone euro, même s’il y a convergence, sont
économiquement très différents. Ils n’ont pas les mêmes rythmes de croissance, les
mêmes taux d’inflation, le même degré d’ouverture à l’international, etc. La politique
monétaire de la BCE n’aura donc pas la même efficacité dans toute l’UE.
Robert Mundell3 a montré, dans une économie ouverte, avec libre circulation des
capitaux, qu’il était impossible de maintenir en même temps la libre circulation des
capitaux, l’autonomie de la politique monétaire et la stabilité des changes : Le
triangle d’incompatibilité. Les responsables de la politique monétaire sont toujours
contraints d’abandonner un des sommets du triangle. Ainsi, en système de changes
fixes, comme dans la zone euro, il est possible de conduire une politique monétaire
autonome (baisse ou hausse des taux d’intérêt par rapport à ceux des partenaires), à
condition que le contrôle des changes empêche les mouvements de capitaux (sorties
ou entrées) qui en découlent inévitablement. De même, si le taux de change est fixe
mais que les capitaux peuvent circuler librement (le contrôle des changes est levé), il
faut renoncer à toute politique monétaire autonome. Enfin, la BCE qui peut mener la
politique monétaire de son choix en l’absence de contrôle des changes si elle
abandonne tout objectif de change fixe.
Le triangle d’incompatibilité de Robert Mundell schématise le fait qu’il est impossible
de concilier les trois sommets du triangle en même temps.
2 Arthur Betz Laffer (né le 14 août 1940) est un économiste libéral américain.
3 Robert Alexander Mundell (né le 24 octobre 1932) est un économiste canadien qui enseigne aux États-Unis.
Autonomie de la politique monétaire
Stabilité des changes
Liberté de circulation
des capitaux
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !