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Cycle de qualification « la médiation sociale :
enjeux, cadre et conditions d’exercice »
24 et 25 mars 2010
Dossier du participant
Avril 2010
1
Ce dossier reprend de manière synthétique, plusieurs des supports utilisés à l’occasion du cycle de
qualification « La médiation sociale, enjeux, cadre et conditions d’exercice », proposé par le Pôle de
ressources Ville et développement social, les 24 et 25 mars 2010 et animé par l’AFPA de Saint-Ouenl’Aumône.
Le cycle de qualification a été construit à l’attention de médiateurs et médiatrices (notamment inscrits
dans le dispositif adultes-relais), afin de les doter de repères généraux et pragmatiques sur la médiation
sociale (son émergence, ses intentions, sa spécificité par rapport aux autres champs de la médiation…),
de réfléchir collectivement à son cadre d’intervention et conditions d’exercice, de prendre du recul par
rapport à l’action quotidienne et, in fine, de les outiller dans leur pratique et leur positionnement dans
le réseau d’acteurs local.
Les supports utilisés font eux-mêmes partie de documents qui ont aidé à définir et stabiliser la médiation
sociale et les emplois afférents (charte de référence de la médiation sociale, référentiels d’emploi
technicien(ne) médiation services, guide sur l’évaluation de l’utilité sociale de la médiation sociale,…). À
ce titre, les sources sont à chaque fois citées.
Éléments du dossier :
-
Quelques éléments sur l’histoire de la médiation sociale ............................................................. p.3
-
Les différents champs de la médiation ....................................................................................... p.7
-
La charte de référence de la médiation sociale ........................................................................... p.9
-
Les activités du médiateur social (emploi de technicien(ne) médiation services ............................ p.15
2
1.
Quelques éléments sur l’histoire
de la médiation sociale
Source : Guide d’évaluation de l’utilité sociale de la médiation sociale,
Éditions du CIV, 2009, fiche n°1 : historique et déontologie de la médiation sociale
À télécharger sur : http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/GuideSGCIV_EvaluationMediation.pdf
Si la médiation sociale dans sa forme actuelle, en France, est une pratique encore relativement récente
puisqu’elle a émergé autour des années 1990, elle s’apparente, par certains aspects, à la réinvention de
la roue. En effet, des exemples illustrant la pratique de la médiation peuvent être cités à toutes les
époques, dans le monde entier. Il s’agit ainsi d’une tradition ancestrale et culturelle repérable sur de
nombreux continents tels que l’Afrique (l’art de la palabre) et l’Asie (où le Confucianisme apparaît
emprunt de cette philosophie). Le recours aux voisins1, aux amis, aux chefs de famille, aux curés ou aux
« anciens », dans la perspective de gérer les problèmes sociaux ou de régler les conflits à l’amiable, a
toujours constitué un préalable quasi obligatoire dans les us et coutumes, avant tout recours ultime aux
instances dirigeantes ou judiciaires.
Cependant, toutes ces instances de régulation se voient peu ou prou rejetées voire délégitimées depuis
l’exode rural vers les grandes villes. En effet, si les médiations les plus anciennes doivent être réalisées2
« à l’intérieur du lignage ou du village » et prennent en compte les intérêts de la communauté, le
renouveau de la médiation en Europe est centré sur l’individu qui exige un tiers extérieur et le respect
d’un principe de confidentialité.
Un tournant économique et social au milieu des années 1970
La médiation sociale va naître de la conjonction de ce phénomène et du changement brutal de contexte
économique et social autour des années 1975, avec la crise pétrolière qui marque la fin des « Trente
glorieuses » et de l’État providence : restructurations industrielles, croissance continue du chômage et
des difficultés des familles. Quelques années plus tard, les lois de décentralisation sont votées : elles
modifient l’ensemble du contexte institutionnel avec le transfert des compétences de l’action sociale
vers les départements. Par ailleurs, les réformes successives liées à l’habitat depuis 1975 ont eu pour
effet de rassembler majoritairement dans les quartiers d’habitat social les populations les plus en
difficulté, les premières frappées par le chômage, et notamment les populations immigrées, tandis que
le reste de la société s’inscrivait dans une forme de « séparatisme » social. Ainsi, un processus de
spécialisation des territoires s’est progressivement développé depuis le début des années 1980 et n’a
cessé de s’amplifier depuis. Aujourd’hui, ce sont cinq millions d’habitants3 qui résident sur ces territoires
et qui seront rebaptisés pudiquement, en 1996, « zones urbaines sensibles ».
Même si d’importants moyens humains et financiers ont été investis sur ces territoires depuis le début
des années 1980 avec la mise en place de la politique de la ville en 1982, que ce soit en matière
1
« Il faut que ceux qui ont des griefs les uns contre les autres commencent à trouver leurs voisins, leurs amis, aussi bien que
ceux qui sont au courant des actes sur lesquels porte la contestation, qu’ils aillent vers les tribunaux dans le cas seulement
où d’aventure, on n’aura pas reçu de ces gens-là une décision qui règle convenablement le différend. », écrit Platon dans Les
lois (VI 767).
2
Le Roy Étienne, « Des croyances aux pratiques en France et en Afrique », in Actes du colloque Palabre et médiation :
apports réciproques France- Afrique, 16 novembre 2001, p.12.
3
Au recensement de 1999, la population de la totalité des ZUS était de 4 672 089 habitants (plus de cinq millions en 2008 recensement Insee), soit plus de 8 % de la population nationale et de 10 % de la population urbaine. La population moyenne
par ZUS est de plus de 6 200 habitants, mais ce chiffre ne rend pas compte de l’extrême variété des situations : en fait, un
quart des ZUS accueille plus de la moitié de la population vivant en ZUS.
3
d’habitat, d’emploi, d’activité économique, de réussite scolaire, de santé ou encore de sécurité, tous les
indicateurs demeurent dans le rouge. Il ne suffit pas d’investir sur ces territoires. Les inégalités
structurelles mettent à mal les efforts engagés par la politique de la ville qui ne pourra rien faire à elle
seule si les solidarités régionale et nationale ne s’affirment pas davantage, notamment en matière de
logements sociaux, de transports, de politiques sociales et de lutte contre les discriminations. Les
ségrégations rongent très insidieusement mais sûrement la cohésion sociale. Nombre d’habitants, de
jeunes en particulier, vivent cette situation avec un sentiment de profonde injustice et d’abandon par
les pouvoirs publics : les violences urbaines nous le rappellent.
Un foisonnement et une diversité d’initiatives
C’est dans ce contexte qu’apparaîtront ceux que l’on appellera les « nouveaux acteurs » sociaux, issus
des territoires, qui vont utiliser les possibilités offertes par la politique de la ville et ses financements
pour tenter, à leur manière, de résoudre certains dysfonctionnements pour lesquels ils pensent que les
pouvoirs publics ne sont plus en capacité d’intervenir ou ne savent pas faire. Les premières tentatives de
médiation sociale n’ont pas abouti : elles ont bien souvent consisté à « acheter la paix sociale »4.
Pourtant, que ce soit dans les quartiers ou les transports en commun, ces nouveaux intervenants,
dénommés plus familièrement « grands frères », ont montré dans les premiers temps une relative
efficacité. Mais dans la mesure où leur recrutement s’est fait sur une « appartenance » ethnique ou
territoriale et a rarement été accompagné d’une politique de formation, d’encadrement et de
professionnalisation, des dérives proches d’une forme de caïdat se sont développées, et beaucoup de ces
« grands frères »5 conservent encore un profond ressentiment contre les pouvoirs publics.
Les femmes-relais appartiennent elles aussi à cette génération de nouveaux acteurs sociaux, issus des
quartiers d’habitat social, issus de l’immigration, dont l’apparition se situe à la fin des années 1980. Ce
sont des femmes qui, spontanément, vont s’organiser d’abord individuellement, puis en association pour
accompagner leurs voisines dans leurs démarches à la PMI, au service social ou encore à la préfecture.
Elles s’appuient sur leur expérience personnelle, en particulier sur leur propre parcours de vie, et sur
leur connaissance des modes de vie des populations pour lesquelles elles interviennent. C’est cette
proximité des femmes-relais médiatrices avec les familles qui rend le travail possible, grâce à une
traduction culturelle entre des personnes et des univers sociaux qui ont du mal à se comprendre, à se
parler, et par la levée des réticences des familles face à des services sociaux qui sont d’abord vécus
comme des services de contrôle. La circulaire adultes-relais publiée en 2000 s’appuiera beaucoup sur ces
expériences et ce savoir-faire spécifique.
Une structuration de la médiation sociale facilitée par les pouvoirs publics
Mais si la médiation sociale s’est instituée depuis lors sur la plupart des quartiers en difficulté, elle reste
malgré tout associée aujourd’hui à une forme de précarité puisque l’essentiel des dispositifs de
médiation se sont développés, pour la plus grande part de leurs effectifs6, grâce à des contrats aidés. À
tel point que la médiation sociale culminera à 20 000 médiateurs sociaux en 2000, à l’apogée du
dispositif emplois-jeunes, pour diminuer de plus de la moitié à la fin de ce dispositif et remonter à près
de 10 000 en 2009 depuis la relance du programme adultes-relais. « Même si la qualité des services est
4
Ainsi, par exemple, la RATP confia à l’Association pour une meilleure citoyenneté des jeunes (APMCJ) le soin d’instituer en
1994 un premierdispositif dans les bus avec, pour mission de « sensibiliser au civisme, rappeler les règles fondamentales de
la vie en société, notamment le respect d’autrui, et d’une façon plus générale, d’apprendre à se comporter en citoyen ».
5
En effet, cette politique consistant à « embaucher des “grands frères” comme animateurs-régulateurs des quartiers s’est
heurtée à de nombreuses limites. Ces jeunes se sont retrouvés catalyseurs des contradictions entre les jeunes du quartier et
la politique municipale, et ont été obligés de jouer un rôle d’équilibristes soucieux de préserver leurs positions plus qu’ils
n’ont pu remplir des fonctions de médiateurs. », in Charlot Bernard, Emin Laurence et de Peretti Olivier, Les aideséducateurs : le lien social contre la citoyenneté, Ville-École-Intégration, n° 118, septembre 1999.
6
70 % des médiateurs relèvent encore d’un contrat aidé, d’après la dernière enquête de l’Ifop réalisée à la demande de la
DIV en 2005 auprès d’un échantillon de 804 structures employant 5 500 médiateurs.
4
contrastée d’un site à l’autre (en fonction en particulier des moyens affectés à la définition des missions,
à la formation, à l’encadrement, ou encore compte tenu du cadrage partenarial) »7, un mouvement de
professionnalisation constant et puissant s’est constitué depuis le début des années 2000. Il a pu
bénéficier du soutien du Secrétariat général du CIV, du CNFPT, de la DGAS et de l’Acsé qui ont orchestré
et posé les jalons nécessaires à cette dynamique d’ensemble.
• Ainsi, les modes opératoires de la médiation sociale qui constituent « la plus-value sociale majeure de
ces emplois […] et interroge fortement de nombreux métiers traditionnels, notamment ceux du travail
social » sont analysés pour la première fois dans le rapport remis au ministre délégué à la Ville,
Claude Bartolone, par Claude Brévan et Paul Picard en septembre 2000.
• Consécutivement, lors du séminaire européen « Médiation sociale et nouveaux modes de résolution
des conflits de la vie quotidienne » qui s’est tenu le 22 septembre 2000 à Créteil, quarante-deux
experts de douze États membres de l’Union européenne sont réunis par la Délégation
interministérielle à la ville et s’accordent sur une définition commune de la médiation sociale. Il
s’agit d’un : « processus de création et de réparation du lien social et de règlements des conflits de la
vie quotidienne, dans lequel un tiers impartial et indépendant tente à travers l’organisation
d’échanges entre les personnes ou les institutions de les aider à améliorer une relation ou de régler
un conflit qui les oppose ».
• Faisant suite à ces travaux, un groupe de travail interministériel s’est constitué sous la présidence
d’Yvon Robert, qui rend ses conclusions sous la forme d’une Charte de référence de la médiation
sociale en octobre 2001. Six principes généraux précisent ainsi le cadre d’intervention des médiateurs
sociaux : la neutralité et l’impartialité, la négociation et le dialogue, le libre consentement et la
participation des habitants, la mobilisation des institutions, la protection des droits et des personnes
et le respect des droits fondamentaux.
• L’étude du Centre de réalisation et d’étude pour la planification, l’aménagement et l’habitat
(Crepah) sur les référentiels d’activités et de compétences a identifié ensuite, en octobre 2002, cinq
emplois-repères au sein de la médiation sociale précisant leurs domaines d’activités à travers la
déclinaison de leurs connaissances, de leurs expériences, de leurs modalités d’intervention et de leurs
savoir-faire : agent de prévention et de médiation présent dans les espaces publics et/ou ouverts au
public, agent d’ambiance dans les transports, médiateur social et culturel, correspondant de nuit et
coordinateur d’équipes de médiation.
• Ces travaux ont permis de mettre en place des formations diplômantes ciblées et adaptées telles que
agent de médiation d’information et de service (AMIS, niveau V) et technicien médiation service (TMS,
niveau IV), l’objectif étant de sortir de la précarité ces emplois de médiation sociale. L’essor de la
médiation sociale et la diversification des activités ont depuis considérablement élargi le spectre des
diplômes et formations mis en oeuvre par le champ de la médiation sociale (CAP Prévention et
médiation, Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport, Licences
professionnelles, Bac professionnel...), notamment par le recours aux démarches de VAE (Validation
des acquis de l’expérience), dispositif particulièrement adapté à ces métiers en phase de
reconnaissance. L’ambiguïté demeure toutefois persistante dans de nombreux dispositifs alliant
médiation sociale et programmes d’insertion par l’emploi. À ce titre, des passerelles sont organisées
vers l’animation sportive et culturelle, la sécurité publique, le travail social, le logement, le transport
et la fonction publique territoriale.
Dans cette continuité, l’étape suivante était celle de l’évaluation, définie d’ailleurs comme axe
prioritaire tant par le Secrétariat général du CIV que par le CNFPT lors du colloque national sur la
médiation sociale organisé conjointement le 15 juin 2005.
Début 2006, dans le cadre du plan de cohésion sociale, le rapport piloté par la DGAS 8, recommandait
notamment dans ses préconisations de formaliser la lisibilité et la visibilité de la médiation sociale, « en
l’inscrivant dans un processus réactif d’adaptation permanente appuyée aux réalités du terrain
d’exercice, en l’entraînant à produire des éléments d’analyse du territoire, constitutifs d’une aide à la
7
Lenoir Éric, Gautier-Etié Françoise, La médiation sociale : une démarche de proximité au service de la cohésion sociale et
de la tranquillité publique, coll. « Repères », DIV - CNFPT, décembre 2004, p. 18
8
Chaix Maryse, Gorisse Marie-Joëlle, Professionnaliser la médiation sociale, DGAS, janvier 2006.
5
décision pour les financeurs, notamment les élus locaux ». D’où le rapport 9 précité sur l’«Évaluation de
l’utilité sociale de cinq structures de médiation sociale » remis au ministre du Logement et de la Ville le
27 mars 2008, et la commande publique du présent guide.
L’heure est désormais au rassemblement des acteurs de la médiation sociale au travers du réseau France
Médiation créé en mai 2008. Convaincu que l’union fait la force, ce réseau entend favoriser le
développement et la reconnaissance de la médiation sociale par la capitalisation des échanges de savoirs
et de pratiques entre ses adhérents. Car l’étape qui suit la démarche d’évaluation est celle d’assurer la
promotion de la plus-value sociétale de la médiation sociale sur l’ensemble du territoire national.
Tout ce chemin parcouru dans un temps resserré a conduit la médiation sociale à pouvoir sortir enfin du
manque de visibilité qu’elle a longtemps entretenu non seulement avec les autres champs de la
médiation existant aujourd’hui (familiale, pénale, travail, commerciale…), mais aussi, d’une façon plus
générale, avec les autres travailleurs sociaux (animateurs, éducateurs, assistants sociaux…). La meilleure
preuve en est que les partenaires longtemps sollicités pour former les médiateurs sociaux viennent
désormais également solliciter les médiateurs pour être sensibilisés, voire formés à leurs modes
opératoires.
9
Duclos Hélène, Grésy Jean-Édouard, op. cit., mars 2008. Ces cinq structures étaient le groupement d’employeurs OMEGA
d’Angoulême, l’Ademn à Lille (Citéo), le GIP Chalon sécurité prévention éducative de Chalon-sur-Saône, l’AMS de Marseille et
l’agence municipale de médiation de Niort.
6
2. Les différents champs de la médiation
Source : La note de veille, n°147, juillet 2009 (annexe), Centre d’analyse stratégique
À télécharger sur : http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/AnnexeNoteVeille147.pdf
Contexte
d’émergence
Cadre de la
médiation et
nature du
conflit
Médiation familiale
Médiation sociale
Médiation scolaire
Médiation pénale et processus
associés
Modèle anglo-saxon diffusé largement en
Europe et en France depuis la fin des
années 1980 à l’initiative d’associations.
Motifs :
- inflation du nombre de conflits
familiaux, divorces et séparations,
- constat de l’impact dramatique des
relations conflictuelles et violences
familiales sur l’enfant,
- constat des limites de la justice : temps
judiciaire et moyens humains
insuffisants pour une prise en compte
des aspects psychologiques et affectifs
du conflit, procédures judiciaires à
répétition lourdes pour les parties.
Émergence d’une médiation sociale
orientée vers la régulation des conflits au
milieu des années 1980 à l’initiative de la
société civile. Motifs :
- délitement du lien social, difficultés
d’intégration sociale et culturelle,
- demande d’une régulation nouvelle au
sein des quartiers (essoufflement de la
vie associative, limites des interventions
sociales traditionnelles, manque de
confiance dans les institutions)
Largement répandue et enseignée en
Amérique du Nord depuis 1970, en Suisse
dès 1975. Premières expériences datant en
France de 1991 (menées par des
associations de prévention de la violence).
Motifs :
- augmentation des incivilités, de la
violence dans les établissements,
- crise de l’autorité et de l’école comme
lieu de socialisation et d’intégration :
déficit de régulation dans les
établissements scolaires,
- recherche de modes alternatifs au
modèle disciplinaire,
- développement d’une logique
d’empowerment.
Mesure d’origine anglo-saxonne
expérimentée par certains parquets en
France dès 1983 et légalisée en 1993,
dispositif phare de la justice restaurative.
Motifs :
- limites du système pénal : critiques du
modèle répressif, crise de l’idéal
réhabilitatif, insuffisante prise en
compte des souffrances de la victime
(naissance de la victimologie),
- diversification des mesures et recherche
de solutions alternatives au procès
pénal notamment face à la montée de
la délinquance juvénile,
- avènement de la justice restaurative :
accent mis sur la réparation des
préjudices causés à la victime et à la
société (développement des mesures
dans la communauté),
- développement d’une dialectique de la
responsabilité.
Médiation conventionnelle, conflit
potentiel ou avéré
Médiation judiciaire, conflit avéré, né
d’une infraction pénale
Médiation conventionnelle et judiciaire,
conflit avéré ou sous-jascent
Émergence d’une médiation sociale
orientée vers la sécurisation urbaine
émanant de l’État, à la fin des années
1990. Motifs :
- développement des conflits (tensions
intergénérationnelles et
interculturelles, nuisances, etc.),
incivilités et actes de violence et d’un
fort sentiment d’insécurité ;
- limites de l’intervention des forces de
l’ordre.
Médiation conventionnelle, conflit
potentiel ou avéré
7
Médiation familiale
Médiation sociale
Médiation scolaire
Médiation pénale et processus
associés
Objectifs
poursuivis
- Prévention en amont des conflits
familiaux
- Apaisement des procédures de
séparation
- Responsabilisation des parents quant à
l’exercice de leur autorité parentale
(forme de soutien à la parentalité) =
Priorité mise de plus en plus sur la
protection et l’intérêt supérieur de
l’enfant
- Autre objectif qui reste discuté :
prévention de la réitération de violences
conjugales
- Maintien de la tranquillité publique
(sécurisation des biens, des espaces et
des personnes)
- Prévention des conflits, des incivilités,
de la délinquance (apaisement des
tensions dans les quartiers, entre les
communautés) - Résolution des conflits
de proximité en favorisant la
participation des habitants = Promotion
d’un mode alternatif de régulation
sociale (régulation locale)
Plus largement :
- réinvestissement et réhumanisation de
l’espace public ;
- création et restauration du lien social ;
Dispositions
légales
Mouvement fort d’institutionnalisation :
- Médiation familiale parentale : loi du
04/03/02 relative à l’autorité parentale,
introduction de la mesure de médiation,
- Médiation familiale conjugale : loi du
26/10/04, introduction de la médiation
familiale dans les procédures de divorce,
au titre des mesures provisoires,
- Médiation en protection de l’enfance :
Loi du 02/01/02, développement de la
médiation préventive dans le cadre de
l’action sociale des départements ; Loi
du 05/03/07, encouragement au recours
à la médiation en assistance éducative.
Pas de disposition juridique spécifique.
Mentionnée dans la loi du 01/08/03
d’orientation et de programmation pour la
ville et la rénovation urbaine, la médiation
sociale se caractérise par la spécificité de
ses lieux d’intervention (quartiers, villes
prioritaires de la politique de la Ville).
Au sein de l’école :
- prévention de la violence au sein de
l’école mais également en dehors par
l’apprentissage des méthodes de
communication, des règles du vivre
ensemble ;
- Démarche participative de gestion de
conflits ;
- Redéfinition des rapports entre les
élèves, et avec la communauté
éducative.
Pour les élèves médiateurs :
- développement de l’estime de soi,
d’habilités sociales (empathie, écoute
active, etc.) ;
- responsabilisation ;
- formation à la résolution de conflits.
Pas de disposition spécifique. Elle relève
des initiatives des établissements scolaires
ou de collectivités dans le cadre de la
politique de la Ville notamment.
Rétablissement d’un lien entre les parties
: possibilité pour la victime d’exprimer
sa souffrance, pour le délinquant
d’expliquer son acte, de s’excuser
(prise de conscience des conséquences
de l’infraction)
- Meilleure prise en compte des intérêts
de la victime et de la société :
recherche d’un accord sur une
réparation adéquate
- Punition en vue de la resocialisation du
condamné
- Prévention de la récidive
- Rétablissement de la paix sociale
- Responsabilisation des acteurs et de leur
entourage (parents, communauté) et visée
éducative pour les mineurs
Une pratique rapidement légalisée :
Dans toutes les affaires présentées devant
lui, le juge peut proposer une médiation
et après accord des parties, désigner un
médiateur. Il peut aussi enjoindre d’en
rencontrer un pour une information.
Démarrage en 2000 du programme des
adultes-relais. Objectif : développer la
médiation sociale et culturelle « pour
améliorer, dans les quartiers relevant de
la politique de la Ville, les rapports
sociaux dans les espaces publics ou entre
les habitants et les services publics ».
Charte de référence de la médiation
sociale adoptée par le Comité
interministériel des villes (CIV) en 2001.
Existence de plusieurs modèles :
- médiation par les adultes, formation des
membres de la communauté éducative
ou recours à des médiateurs extérieurs.
Le programme des adultes-relais (cf.
médiation sociale) finance ainsi des
emplois de médiateur école/quartiers.
Mars 2009 : annonce de la création de
5000 postes de médiateurs de la réussite
scolaire ;
- médiation par les pairs, élèves
volontaires formés à la médiation.
Justice des mineurs : loi du 04/01/93,
introduction de la réparation pénale à
tous les stades de la procédure pénale.
Elle constitue une alternative aux
poursuites pénales (proposition du
parquet) ou une alternative à la sanction
pénale (prononcé par jugement)
Justice des majeurs : loi du 04/01/93,
instauration de la médiation pénale ; Loi
du 23/06/99 et circulaire du 16/03/04
visant à affiner et unifier le recours à la
médiation Elle intervient uniquement
comme alternative aux poursuites pénales,
donc sur proposition du parquet
Pas de principes fixés nationalement mais
existence d’un code de déontologie
élaboré par l’institut national d’aide
aux victimes et de médiation.
- Élaboration de principes déontologiques
en 2003 par le Conseil national
consultatif de la médiation familiale.
8
3. La charte de référence de la médiation sociale
Source : Document établi et adopté par le groupe de travail interministériel
et interpartenarial sur les emplois dits « de médiation sociale »,
visé par le comité interministériel des villes en date du 1er octobre 2001
À télécharger sur : http:// i.ville.gouv.fr/divbib/doc/charte_mediationsociale.pdf
Depuis plusieurs années, des initiatives multiples se développent sous le terme générique de
« médiation ». Ces démarches répondent à une volonté commune de promouvoir un mode d’intervention
dans les relations sociales basé sur la philosophie du dialogue et de la négociation.
Elles tendent à s’établir comme un mode spécifique de régulation sociale.
Dans le domaine judiciaire, la médiation familiale et la médiation pénale disposent à présent d’un
encadrement codifié. Hors mandat judiciaire, différentes initiatives ont également vu le jour tendant à
une résolution des conflits de la vie quotidienne ou plus largement à susciter davantage de lien social, à
améliorer les relations entre les institutions, les groupes sociaux et les personnes, ainsi que les relations
des personnes entre elles. Ce foisonnement d’expériences faisant appel à l’intervention d’un tiers s’est
développé sous l’appellation générique de « médiation sociale ».
Qu’elles soient d’initiative citoyenne ou institutionnelle, ces pratiques occupent une place de plus en
plus importante, en particulier au sein des quartiers de la politique de la ville et participent,
notamment, de la volonté de réinvestissement et d’humanisation de l’espace public.
Ces pratiques génèrent souvent de véritables dynamiques locales, contribuent à conforter le lien social, à
améliorer la cohésion sociale et à faciliter une meilleure prise en compte des conflits de la vie
quotidienne. Elles tendent à établir une plus grande égalité des chances au sein de la société, à favoriser
une plus grande proximité des institutions avec les publics, à expérimenter de nouvelles formes de
relations sociales et à développer une plus grande humanité dans les rapports entre les gens.
La démarche de la médiation sociale répond à un objectif de pédagogie citoyenne qui constitue le cœur
de son utilité sociale : en privilégiant l’écoute et le dialogue, en facilitant une meilleure compréhension
des situations, des normes, des points de vue d’autrui et des conséquences sociales des comportements
de chacun, elle contribue à faire émerger des solutions nouvelles et adaptées à l’évolution de la société
et à favoriser l’autonomie des individus.
Les activités de médiation sociale concernent des catégories d’intervenants très variées (annexe 1), aux
statuts divers et pour lesquels la médiation sociale constitue parfois une fonction spécifique et le plus
souvent une fonction parmi d’autres.
Il faut souligner que la médiation entendue au sens de ce texte prend en compte l’ensemble des
personnes dont l’activité vise à intervenir en qualité de tiers ou d’intermédiaire entre deux parties.
De nombreux métiers existants − gendarme, conducteur d’autobus, enseignant... − peuvent développer
des activités de médiation, mais celles-ci ne constituent pas leur objectif principal.
La médiation intervient dans les interstices, en amont ou en aval d’autres intervenants notamment dans
les champs de la prévention, de la sécurité, de l’intégration ou du travail social, et particulièrement des
services publics. L’émergence de la médiation sociale doit donc également conduire à une redéfinition
de ces métiers traditionnels, mais le cadre de référence proposé ci-après n’a pas vocation à se substituer
aux règles et déontologies propres à chaque profession.
Par-delà la diversité des appellations, des statuts et des missions, le besoin d’un cadre de référence par
rapport aux pratiques relevant de la médiation sociale se fait ressentir et est exprimé bien souvent par
les intervenants eux-mêmes. Ce besoin de clarification participe également d’une fréquente demande de
9
reconnaissance professionnelle vis-à-vis des employeurs. Ce besoin a conduit d’ores et déjà à la
production de textes de référence, couvrant soit un statut particulier (circulaire Intérieur, Emploi et
Solidarité sur les ALMS, emplois jeunes), soit une activité particulière (correspondant de nuit, femmesrelais), soit des employeurs déterminés (OPTIMA, RATP, SNCF...).
Il nous a paru nécessaire de parvenir aujourd’hui à la production d’un cadre d’ensemble, recueillant
l’adhésion des différents ministères et partenaires concernés et servant de base à la définition plus
précise des métiers, de leurs conditions d’exercice et d’articulation avec les autres métiers. Il ne s’agit
pas de rigidifier des pratiques qui ont fait la preuve de leur pertinence et dont l’intérêt réside le plus
souvent dans leur spontanéité, leur faculté d’adaptation, leur inventivité et leur non-assujettissement à
des normes institutionnelles. Il s’agit en fait de répondre à une demande largement exprimée d’élaborer
un cadre de référence de la médiation sociale qui offre une série de points de repère aux intervenants
pour guider leurs pratiques, à leurs employeurs, ainsi qu’aux pouvoirs publics.
I - Les objectifs et la définition des missions
La médiation sociale est définie comme un processus de création et de réparation du lien social et de
règlement des conflits de la vie quotidienne, dans lequel un tiers impartial et indépendant tente à
travers l’organisation d’échanges entre les personnes ou les institutions de les aider à améliorer une
relation ou de régler un conflit qui les oppose.
D’autres pratiques se sont développées, parfois sous le terme de médiation sociale, poursuivant ces
mêmes objectifs, en recourant à l’intervention d’un tiers, mais sans remplir les conditions de son
impartialité ou de son indépendance. Ces pratiques généralement portées par des institutions, même si
elles renvoient à des interrogations spécifiques liées à l’externalisation de certaines missions, posent des
questions similaires en ce qui concerne les principes de référence et conditions de leur mise en œuvre.
Si les objectifs de ces pratiques sont variés − règlement des conflits de la vie quotidienne, prévention de
la délinquance, intégration des populations en difficulté... −, elles ont fréquemment comme
dénominateur commun leur participation à un réinvestissement collectif des espaces publics.
II - Le cadre déontologique d’intervention
Les médiateurs sociaux doivent se conformer dans leur intervention à un certain nombre de règles
juridiques et éthiques délimitant ce qui leur est autorisé et ce qui leur est interdit dans le cadre de la
loi. Ces règles, qui constituent en quelque sorte les droits et devoirs des médiateurs sociaux, sont la
garantie d’une protection tant pour les usagers et les publics que pour les intervenants et les partenaires
eux-mêmes. Elles constituent aussi une garantie de leur efficacité et de leur pérennité.
1. Principes généraux
La neutralité et l’impartialité
La neutralité et l’impartialité doivent être des principes généraux guidant l’intervention des médiateurs
sociaux, qui ne doivent pas favoriser l’une ou l’autre des parties. En tout état de cause, l’application de
ces principes dépend de la reconnaissance d’un statut du médiateur et suppose une formation adaptée.
L’intervention en binôme peut contribuer à un meilleur respect de ces principes.
La négociation et le dialogue
L’action de médiation se situe dans le cadre de la négociation et du dialogue : à aucun moment elle ne
se situe dans le cadre d’une intervention d’autorité qui serait imposée, même si elle s’applique en
référence à la règle procédant soit de la législation pénale ou civile, soit du respect de règlements ou de
la vie collective.
10
Le libre consentement et la participation des habitants
La médiation sociale repose sur le libre consentement des parties. A tout moment, il est possible pour
l’une ou l’autre des parties de revenir sur ce consentement. La médiation doit reposer sur la recherche
constante de l’adhésion des parties aux objectifs de ses interventions. Elle doit viser à obtenir la
participation des habitants à la résolution du différend qui les oppose ou à l’amélioration de la
communication et du lien social entre elles. Cet objectif impose en contrepartie pour la personne
médiatrice un devoir d’explication sur les conditions de son intervention et sur les limites de celle-ci.
La mobilisation des institutions
En favorisant la citoyenneté et en servant de révélateur de dysfonctionnements des institutions, la
médiation sociale contribue à la modernisation des institutions, à une plus grande proximité de celles- ci
avec les habitants et les usagers de services publics ainsi qu’à leur adaptation aux besoins nouveaux. La
médiation sociale contribue ainsi au bon exercice des missions de service public sans s’y substituer et
sans faire écran entre les institutions et les publics.
La protection des droits des personnes
La médiation sociale tend à une protection des personnes et de leurs droits. Elle ne peut pas se
substituer aux prestations ou aux droits garantis à chacun. Elle conduit à une amélioration des relations
sociales sans jamais obliger quiconque à renoncer à ses droits.
Le respect des droits fondamentaux
La médiation sociale doit offrir toutes les garanties énoncées par la convention européenne des droits de
l’homme et la jurisprudence y afférente, tant dans les mécanismes qu’elle met en œuvre que dans les
solutions dont elle favorise l’émergence.
Elle doit être conduite dans le respect des libertés publiques et des règlements qui protègent la vie
privée.
2. Les attitudes du médiateur
La discrétion et les obligations du médiateur vis-à-vis de la loi
La discrétion et le respect de l’anonymat s’imposent au médiateur, dont la reconnaissance repose sur la
confiance qu’il inspire aux parties. Le médiateur ne peut utiliser les informations recueillies lors de la
médiation (qu’elles relèvent de la confidence ou de l’observation) qu’avec l’accord des parties, dans le
respect des lois existantes.
Dans l’exercice de leurs activités, les médiateurs sociaux sont confrontés à des situations complexes qui
ne les exonèrent pas pour autant de leurs responsabilités de citoyens au regard de la loi (obligation de
porter assistance à personne en péril, obligation de dénoncer les crimes et les violences faites aux
personnes particulièrement fragiles...).
Au regard de ces éléments, il est de la responsabilité de l’employeur de rappeler au médiateur la nature
des informations qui doivent être transmises et les conditions de la transmission de celles-ci, qui doit se
faire selon des modalités garantissant leur protection.
Le désintéressement et la liberté du médiateur
La médiation est désintéressée : hormis la rémunération qu’il peut recevoir de son employeur, le
médiateur ne doit pas utiliser son influence ou sa situation pour obtenir quelque avantage de la part des
habitants, des usagers ou des structures auprès desquels il intervient.
En fonction de la situation, de la nature spécifique du conflit ou du problème, du lieu concerné ou des
personnes impliquées, le médiateur a la possibilité de refuser une intervention dont il est saisi.
Dans certaines circonstances particulières, il peut également être conduit à interrompre une action qu’il
a engagée. Il ne doit cependant pas prendre seul cette décision et, si les conditions sont réunies, il devra
alors passer le relais.
11
III - Les conditions d’un bon exercice de la médiation sociale
D’ores et déjà, les principales conditions d’exercice de la médiation sociale peuvent être recensées.
Elles seront précisées dans le cadre des différents supports professionnels ou partenariaux qui seront
élaborés par le présent groupe de travail.
1. Les aptitudes
Les fonctions de médiation sociale nécessitent des aptitudes ou pré-requis qui sont de deux sortes :
– qualités et potentialités relationnelles, d’ouverture, d’analyse de situations ;
– expérience de la vie sociale, de ses problématiques et de son évolution.
2. La formation
La formation doit en particulier permettre l’acquisition de véritables compétences professionnelles de la
médiation sociale.
Elle doit pour une large part reposer sur l’alternance, les mises en situation, l’analyse des pratiques,
l’intervention d’acteurs professionnels.
Elle doit être régulièrement actualisée et intégrer en particulier des éléments relatifs à la déontologie et
à l’éthique.
Elle doit favoriser l’approche partenariale et pluridisciplinaire des situations.
3. L’encadrement
La mise en place d’un véritable encadrement au sein de la structure employeuse, disposant des
qualifications nécessaires et d’une reconnaissance institutionnelle, est une condition de la mise en
œuvre dans la durée d’un service de qualité. Cet encadrement est un garant de cette qualité, à la fois
contrôle et soutien pour les médiateurs.
Il peut être utilement complété par un travail de supervision.
L’encadrement est également le signe concret de l’engagement de la structure ou de l’institution à
porter, soutenir et intégrer ces services de médiation sociale dans leurs propres organisations et
fonctionnement.
4. Le partenariat
Les médiateurs n’ont pas à faire à la place des autres professionnels. Ils exercent une activité nouvelle et
originale, distincte du travail social ou d’activités éducatives ou de sécurité. Ils doivent développer leur
intervention en articulation, concertation et complémentarité avec les autres intervenants.
L’inscription dans des logiques partenariales et territorialisées est un principe essentiel de la médiation
sociale et une des conditions de sa réussite : sa réussite dépend notamment de la capacité des autres
acteurs à prendre le relais. En ce sens, des protocoles de collaboration interpartenariaux peuvent être
utilement conclus localement.
12
Annexe 1 de la charte
LES DIFFERENTES CATEGORIES D’INTERVENANTS CONCERNEES
Il est ainsi possible d’identifier :
–
–
–
–
des médiateurs sociaux employés dans un cadre associatif dont le statut répond à une exigence
d’indépendance ;
l’intervention de tiers recrutés auprès d’institutions ou d’opérateurs urbains dédiés à de la médiation
sociale ;
des professionnels recrutés dans le cadre de l’emploi partagé ;
des bénévoles souvent porteurs d’initiatives innovantes participant activement au confortement du
lien social et à la citoyenneté sur les quartiers en difficulté.
Dans le même temps, la fonction de médiation met au jour la nécessité de faire évoluer les métiers
traditionnels, dont certains enrichissent leurs missions par la prise en compte de ce nouveau mode
opératoire.
Ces différents cas de figure dessinent la diversité des statuts et des appellations :
– Agents locaux de médiation sociale, recrutés sous contrats emplois jeunes et contractualisés dans le
cadre des contrats locaux de sécurité (environ 7000 en poste, 15000 prévus).
– Délégués du médiateur de la République.
– Correspondants de nuit (au moins 500 sous divers statuts, employés par des régies de quartiers, des
organismes HLM ou encore des municipalités).
– Femmes-relais (environ un millier de bénévoles, vacataires ou emplois aidés, employées par des
associations).
– Adultes-relais (10000 postes prévus en trois ans au titre de ce programme dans le cadre de la
politique de la ville).
– Plusieurs milliers d’emplois jeunes ou personnes employées sous divers statuts par des collectivités
locales, des sociétés de transport public, des organismes HLM, de grandes entreprises publiques (La
Poste, EDF...) ou encore des associations, hors le label ALMS et exerçant des missions de médiation
sociale.
– Médiateurs citoyens bénévoles.
13
Annexe 2 de la charte
LES ACTIVITES DE MEDIATION SOCIALE
Dans le domaine de la prévention de la violence et de la délinquance, le cœur de l’intervention du
médiateur social repose sur l’écoute et la médiation, le dialogue, entre la population et les institutions
et entre les habitants eux-mêmes, et vise à réduire les tensions et à prévenir les petits conflits de la vie
quotidienne.
– Assurer une présence humaine rassurante et garantir l’égalité dans l’usage de l’espace public.
– Permettre une meilleure compréhension réciproque de deux parties et aider à la recherche
desolutions aux conflits qui les opposent.
– Ecouter, secourir et soutenir.
– Participer à l’amélioration ou à la préservation du cadre de vie.
Dans le champ social et culturel
– Etre, à la demande des institutions ou des personnes, un intermédiaire, voire un facilitateur entre
différents interlocuteurs.
– Permettre à la personne de faire connaître ses droits et d’accéder à l’exercice de ses droits.
– Favoriser la reconnaissance de la personne.
– Faire connaître aux populations concernées les exigences et contraintes des institutions.
– Sensibiliser les institutions aux spécificités, et notamment aux approches culturelles différentes de
certains publics.
L’organisation du travail, la nature et la qualité du partenariat pour l’exercice des différentes activités
peuvent varier et peser sur l’articulation de ces deux champs.
Un certain nombre d’activités types communes aux deux champs d’application peuvent être repérées :
– Une activité d’établissement de relation et d’accueil dans un contexte visant à raccourcir une
distance (d’un point de vue temporel, spatial, social ou culturel) par rapport à un public.
– Une activité d’orientation et d’accompagnement par rapport à des institutions ou des structures.
– Une activité de services aux publics.
– L’organisation d’activités supports visant à faciliter les rencontres avec les publics et les mises en
relation avec les institutions et les structures.
Ces différents types d’activités peuvent s’exercer à des niveaux différents de qualification.
14
4. Les activités du médiateur social
(repère : emploi « technicien médiation services »)
Source : Extraits du référentiel d’emploi « technicien(ne) médiation services
À télécharger sur : http://www.fonction-publique.gouv.fr/IMG/TMS.pdf
Parmi les emplois « repères » de la médiation sociale, celui intitulé « technicien(ne) médiation services »
(TMS) se rapproche des missions exercées par nombre de médiateurs inscrits dans le dispositif adultesrelais dans le Val d’Oise. Le TMS a pour mission essentielle de faciliter l’accès aux services et aux droits
de toutes les personnes, qu’elles soient en simple recherche d’information ou confrontées à des
situations conflictuelles récurrentes ou même en grande difficulté. Il (elle) travaille à partir d’une
observation d’un territoire et du projet de la structure, pour cela, ce(tte) médiateur/trice intervient
autour de trois activités :
- mise en œuvre des processus et un service de médiation entre des personnes, ou entre des personnes
et des professionnels spécialisés, ou encore entre des personnes et des structures,
- organisation d’activités temporaires qui contribuent au renforcement du lien social,
- articulation de son action avec celle d’autres acteurs (au sein d’administrations, d’associations, de
services sociaux...) concernés par les mêmes problèmes et dysfonctionnements.
Cet emploi s’exerce dans un local de la structure qui emploie le (la) technicien(ne) médiation services,
ou dans un espace public. Les statuts juridiques des employeurs sont divers : associations, groupements
d’employeurs, collectivités territoriales, administrations... La spécificité de l’environnement peut
amener à valoriser la connaissance d’une langue ou d’un milieu d’intervention (hospitalier, scolaire...).
Activité : « Assurer un service de médiation »
Face à des difficultés, incompréhensions ou relations perturbées entre personne et structure, ou entre
personnes, groupes de personnes, le TMS agit par l'écoute et le dialogue: sa proximité, sa disponibilité,
sa neutralité lui permettent d'établir une relation de confiance, de renouer des liens sociaux, de faciliter
l'accès aux services et aux droits, et d'aider ainsi à la résolution de situations-problèmes, parfois
conflictuelles. C'est dans ce cadre qu'il/elle passe, chaque fois que nécessaire, le relais à des
professionnels spécialisés.
Cette activité est conduite par le TMS seul, face à l'usager, au client, ou à la structure en demande,
dans une relation de proximité. Le TMS peut être amené à partager des informations, notamment avec
d'autres structures ; il/elle le fait toujours dans le respect d'une stricte confidentialité.
Cette activité inclut des échanges et des analyses de pratiques régulières au sein de l'équipe avec l'aide
de l'encadrant ou d'un intervenant externe.
Le TMS accueille les personnes ou les structures en demande et travaille à établir une relation de
confiance par sa disponibilité et la mise en œuvre de conditions matérielles adaptées.
Le TMS prend le temps d'écouter et de dialoguer pour comprendre et analyser la nature de la demande et
du besoin :
- Demande d'information sur les droits, sur les contacts à prendre, sur les démarches à effectuer
- Demande d'aide pour accéder à des services (sociaux, juridiques, administratifs, services publics),
- Demande d'aide pour résoudre des incompréhensions ou des conflits avec une personne ou une
structure
- Demande d'aide parfois difficile à formuler (à cause de la complexité de la situation, par confusion
d'esprit ou par appréhension personnelle). La demande une fois exprimée et reformulée par le TMS,
celui-ci/celle-ci peut proposer l'aide technique correspondante ; si cela ne suffit pas, le processus de
médiation se poursuit par la co-construction d'éléments de réponses, de pistes de solutions.
15
Si nécessaire, le TMS facilite le rapprochement des parties en difficulté relationnelle (personne et
structure ou personnes entre elles) :
- Aide à la prise de contact (physique, téléphonique ou par écrit)
- Participation en qualité de médiateur aux rencontres entre les parties
- Compréhension des enjeux de chacun et restitution
- Aide à l'émergence et à la formalisation des conditions préalables à un accord.
Le TMS peut être amené à rencontrer plusieurs fois une personne, à sa demande, et à la suivre dans ses
démarches. En fonction de la nature et de la complexité de la demande, le TMS passe le relais au
professionnel concerné et habilité
Les compétences :
- Etablir et maintenir une relation de confiance
Par le respect qu'il/elle manifeste aux personnes, par l'application des principes déontologiques liés à
la médiation sociale (voir charte de référence de la médiation sociale), et aussi par les conditions
d'écoute qu'il met en place, le TMS initie un climat de confiance qu'il/elle aura à conforter au fil du
temps. Le TMS explique le cadre institutionnel et déontologique de son intervention.
- Faire émerger le besoin à partir de l'expression de la demande
Le TMS écoute la personne, reformule sa demande ; il/elle facilite l'expression du besoin sous jacent
par la personne elle même, dans toute la mesure où elle peut l'exprimer.
- Assurer un premier niveau d'information ou d'aide à la communication
Les clients ou usagers, les institutions ou associations ou entreprises peuvent formuler toute demande
de renseignement, de facilitation de démarche ou d'aide à la communication ; le TMS y répond :
- directement, dès lors qu'elles entrent dans le champ de sa mission
- ou indirectement, par une mise en relation de la personne ou de la structure avec le bon
interlocuteur ou la ressource disponible adéquate.
Dans les deux cas, il/elle sélectionne les informations en fonction de la situation et de son
interlocuteur.
-
Analyser les différentes composantes d'une situation
En collaboration avec la personne ou la structure en demande, le TMS examine et analyse la
situation présentée dans toutes ses dimensions ; il/elle les pondère, les hiérarchise, pour en
déduire des propositions de pistes d'action.
-
Accompagner les personnes dans la construction de leurs réponses
Dans le respect du cadre, des règles, en explorant les solutions possibles, le TMS aide la
personne ou la structure dans la recherche et l'élaboration de ses réponses, acceptables par
toutes les parties concernées. Ils les formalisent au travers d'un plan d'action co-construit.
-
Etablir ou rétablir par une démarche de médiation, la relation entre des personnes ou entre une
personne et une structure
A partir de l'expression propre des deux parties, le TMS, tiers neutre et impartial, travaille à
établir des passerelles, à mettre ces deux parties en relation, directement ou indirectement.
Il/elle inscrit son intervention dans la durée, en particulier pour accompagner le changement des
représentations.
-
Contribuer par une démarche de médiation, à la résolution de situations conflictuelles entre
deux parties
Le TMS intervient en mesurant les risques potentiels ; il/elle crée les conditions d'un dialogue et
d'une écoute ; il/elle aide à la recherche d'une solution négociée entre les parties concernées.
-
Evaluer les actions menées et rendre compte de son activité
Le TMS rend compte régulièrement de son action et en évalue les effets et les modalités selon
des critères définis à l'avance avec sa structure et/ou ses partenaires ; il/elle peut faire des
propositions d'évolution ou d'ajustement, en fonction des résultats obtenus.
-
Confronter et analyser sa pratique de TMS
Dans le cadre de sa structure, le TMS partage et analyse avec d'autres professionnels les
situations et les difficultés qu'il/elle a rencontrées ; cet échange lui permet de prendre du recul
et de développer son professionnalisme et ainsi d'exploiter au mieux son expérience.
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Activité : «Promouvoir et organiser des activités supports à la médiation sociale »
Le TMS a pour objectif de faire se rencontrer les personnes, de prendre contact avec le public et d'ouvrir
plus largement l'accès aux services de médiation, sur son territoire d'intervention ; pour ce faire, il/elle
impulse et organise, ou se joint à l'organisation d'activités qui répondent aux besoins, aux attentes des
personnes, aux constats de dysfonctionnement. Ces activités peuvent prendre des formes très diverses.
Dans tous les cas, elles concourent au renforcement des liens sociaux et au développement de la
citoyenneté.
Cette activité peut se réaliser à tout moment (périodiquement ou ponctuellement) en articulation avec
les autres activités ou indépendamment d'elles.
Si l'activité support tend à perdurer, le relais peut être pris par un spécialiste de cette activité.
Elle est le plus souvent préparée et réalisée en équipe (organisation, budget, moyens..) et mobilise les
ressources disponibles dans la proximité qu'elles soient à l'intérieur ou à l'extérieur du réseau
professionnel constitué.
Le TMS mobilise et recueille les besoins et les idées, les projets.
Il/elle fédère les personnes (publics visés et partenaires) autour de projets d'action.
Il/elle organise ou aide à l'organisation de cette activité support : contacts avec des partenaires, mise en
place de moyens, autorisations administratives, gestion du budget, recherche d'intervenants,
planification, information des acteurs locaux et des populations...
Il/elle est force de proposition à chacune des étapes.
Il/elle participe à l'animation.
Il/elle évalue avec les usagers, les partenaires et les acteurs locaux la qualité du service apporté et les
conséquences sur le territoire en termes de relation sociale.
Exemples d'activités supports :
- Réunions d'information, de sensibilisation et de prévention ; expositions ;
- rencontres/débats (familles, enfants, adultes) ; groupes de parole
- Fête de quartier ; journée des voisins
- Ateliers hygiène/santé/bien-être ; premiers secours ; gestes qui sauvent
- Echanges de traditions (cuisines, chants, danses, …) ; sortie culturelle
- Aide aux devoirs, accompagnement scolaire ; alphabétisation ; aide à la rédaction de CV
- Bourse aux vêtements, échanges de services, de savoirs
Les compétences :
-
Concevoir un projet d'activité support à la médiation sociale, correspondant à son niveau de
responsabilité
A partir de sa connaissance du territoire, des besoins repérés et des attentes du public, le TMS
s'associe à d'autres professionnels ou habitants pour proposer un projet d'activité qui renforce le lien
social et facilite les relations.
–
Construire une activité support à la médiation sociale, correspondant à son niveau de responsabilité
Le TMS prépare le projet retenu, en déclinant tous les aspects : organisation, personnes ressources,
matériel, financement, articulation avec les partenaires, effets prévisibles,…
–
Mettre en œuvre une activité support à la médiation sociale, correspondant à son niveau de
responsabilité
Le TMS réalise le projet défini en l’adaptant au contexte : il/elle participe à l’animation, avec les
autres personnes qu’il a mobilisées ou sollicitées, en fonction de la forme spécifique de l’activité
choisie.
-
Evaluer les actions menées et rendre compte de son activité
Le TMS rend compte régulièrement de son action et en évalue les effets et les modalités selon des
critères définis à l'avance avec sa structure et/ou ses partenaires ; il/elle peut faire des propositions
d'évolution ou d'ajustement, en fonction des résultats obtenus.
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Activité : « Participer à des réseaux institutionnels et développer ses propres réseaux, en fonction
de sa mission »
Pour optimiser l'exercice de ses deux autres activités, le TMS inscrit son action dans un territoire
d'intervention qui peut être géographique ou lié à une problématique sociale spécifique. Pour cela, en
lien avec son encadrement, il/elle repère et prend en compte les caractéristiques et les logiques d'action
de son environnement ; il/elle fait connaître ses missions à d'autres acteurs, d'autres structures, et
travaille avec eux dans une volonté de complémentarité.
Cette activité s'appuie sur une bonne connaissance des caractéristiques du territoire, de son histoire, de
son évolution et de ses populations ainsi que des politiques qui y sont menées. La création, l'entretien et
le développement de ses propres réseaux demandent un investissement permanent et doivent donc être
conduits par une même personne pendant un temps suffisant. Cependant à tout moment les éléments
relatifs à la cartographie du territoire et de ses acteurs doivent pouvoir être partagés au sein de la
structure, de façon à assurer une continuité dans l'action..
Le TMS prend connaissance de son site d'intervention et en observe l'évolution. Pour cela,
- il/elle rencontre les personnes ayant la connaissance de la mémoire des lieux ou d'informations clés
- il/elle explore les dimensions les plus marquantes de son territoire (démographique, économique,
urbaine, historique, sociale, politique,…)
- il/elle collecte et analyse la documentation accessible (archives, publications, ressources
administratives, cartographies diverses...)
L'ensemble de ces actions lui permet de mieux appréhender son territoire.
Il/elle identifie, crée et maintient des liens avec des acteurs du territoire ; il/elle s'intègre dans des
réseaux institutionnels ou informels (services de sa propre structure, intervenants du quartier,
associations, collectivités territoriales, administrations, structures en charge d'un service public, services
sociaux, entreprises). L'objectif recherché est l'utilisation cohérente et optimale de l'ensemble des
ressources disponibles pour répondre aux demandes ou aux besoins exprimés.
Il/elle contribue à la mise en place de partenariats pour renforcer une action commune, intervenir en
complémentarité ou coordonner des actions. (S’intégrer dans une stratégie d'accueil des nouveaux
arrivants, faire partie d'un groupe action-santé...)
Il/elle participe à la valorisation et au développement des services de médiation de sa structure en
prenant part à diverses rencontres, manifestations, réunions.
Les compétences :
-
S'approprier l'histoire et la vie du territoire d'activité géographique ou lié à une problématique
sociale identifiée
Pour assurer son rôle de médiateur et de relais, le TMS s'appuie sur une bonne connaissance et
compréhension de son territoire (caractéristiques, évolution) et de ses populations (problématiques
sociales et culturelles) ; c'est une condition préalable et la première étape de sa mission.
-
Identifier les acteurs du territoire en lien avec son activité
Le territoire d'activité une fois défini, le TMS repère les acteurs clés, ceux dont il/elle aura besoin
pour mener à bien sa mission ; il/elle initie avec eux une relation qui devra s'inscrire dans la durée,
ce qui nécessite de clarifier au préalable, les objectifs et les missions de chacune des structures.
-
S'inscrire dans des réseaux existants, entretenir et développer ses propres réseaux
Pour maintenir dans le temps cette relation, le TMS s'insère dans des réseaux qui lui permettent
d'être toujours au plus près des acteurs et ressources disponibles et donc de pouvoir les mobiliser
autant que de besoin.
-
Assurer une veille permanente sur le territoire d'activité
Le TMS prend connaissance des diagnostics territoriaux réalisés et contribue à les alimenter par ses
observations et ses analyses du terrain ; ceci lui permet d'être en phase avec les besoins présents ou à
venir.
Il/elle reste aussi attentif aux évolutions des politiques publiques.
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